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 Sujet du message: Le Prozac ne fonctionne pas ?
MessagePosté: 27 Fév 2008, 21:07 
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Source : The Guardian, 26 février 2008.

D'après une étude scientifique récente, le Prozac, un antidépresseur qui a été utilisé par 40 millions de personnes dans le monde, ne fonctionnerait pas mieux qu'un placebo. Cette conclusion est également valide pour trois autres antidépresseurs du même type (mais moins connus).

A noter que l'étude n'arrive à cette conclusion que pour les dépressions "mineures".

Par contre, ces médicaments sont réellement efficaces pour les dépressions les plus sévères.

Lire aussi la réaction (lien) de la responsable française des autorisation des autorisations de mise sur le marché de médicaments.

Je n'ai pas de témoignage personnel à apporter, n'ayant heureusement pas eu à me faire prescrire jusqu'ici ce type de pilules ! Mais je me rappelle que la médiatisation du Prozac a été phénoménale lors de sa sortie, ce qui me semble peu approprié quelque soit le médicament.


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MessagePosté: 29 Fév 2008, 08:05 
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Salut Zart

Cette étude fait beaucoup de bruit dans le petit monde médical. On en discute sur les foras spécialisés et le moins qu'on puisse dire est qu'elle suscite des débats.

Maintenant, si on regarde attentivement cette étude, on constate que le prozac ne montrerait pas de différence d'efficacité signifaicative par rapport au placebo dans les dépression légère!!

Fort bien mais il n'y a pas non plus d'indication à donner un antidépresseur dans les dépressions légère.

Le prozac ne marche donc pas quand on n'en a pas besoin.

C'est un peu comme de dire que l'aspirine ne fait pas tomber la fievre quand il n'y en a pas!!

Bref, cette étude ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes et n'a certe pas réinventé l'eau tiède!


Ceci dit, il est évident, qu'en temps que médecin, je n'attends pas le risque élevé de suicide et l'apathie sévère pour prescrire un antidépresseur car ce ne sont pas des statistiques ou encore des études que j'ai en face de moi mais des patients avec leur souffrance, leurs symptomes complexes et intriqués et une demande d'aide.

Les antidépresseurs de la classe du prozac (SSRI=Serotonin Selective Recapture Inhibitors) ont incontestablement un effet anxiolytique assez puissant et surtout qui démarre plus rapidement que l'effet antidépresseur. Or un patient dépressif est d'abord et quasi toujours un patient anxieux.

Dans ma petite monarchie pourrie, les anxiolytiques purs (qui entrainent dépendance et accoutumance) du type lexotan (lexomil) ou xanax ne sont pas remboursés par la sécu au contraire des antidépresseurs. L'état aura donc tout intéret à déconseiller l'utilisation des SSRI (vu qu'ils font partie des produits les plus prescrits et donc responsable d'un "trou" dans le budget des médocs) et à laisser libre cour à la prescription des anxiolytiques (plus sains financièrement même si plus merdiques médicalement).

Maintenant, je voudrais aussi tordre le cou à une notion très "trendy" dans la médecine; l'EBV!

L'Evidence Based Medecine (médecine basée sur les preuves) est la panacée actuelle de tous les théoriciens de la médecine, spécialistes payés une fortune pour pondre des études et des guidelines qui se voudraient contraignantes et qui nous transforment, nous médecins de base, en Dr Mengélé si on y déroge.

Cette notion est une tentative de modélisation mathématique de la médecine or, si il y a bien un domaine ou les math ne font pas la loi, c'est bel et bien en médecine.

Le modèle symptome A +symptome B = diagnostic C==> traitement D est bien beau mais inapplicable.

Il peut certe passer pour des affections comme une grippe ou encore une fracture mais dans le domaine psy, c'est cata assurée.

Déjà que les traitements habituels seplacent en statistique; un tel traitement antihypertenseur à 70% de répondeurs et 50% de controlés, par exemple.

Cela devient déjà difficilement applicable de manière systématique à un individu. (Et je vais aller mieux, docteur? oui....enfin à 70%! :hum: )

Et ca se complique encoreplus quand on aborde le domaine psy et surtout celui de la dépression.

En effet, cette malade est très correlée à la société dans laquelle vit l'individu qui en est atteint ainsi qu'à des facteurs environementaux.

Tout le monde a des "jours sans", des moments ou il en a marre et où il n'a envie de rien foutre, de ne pas se lever pour aller bosser.

Il suffit parfois d'ouvrir ses rideaux et de voir qu'il fait moche pour déprimer.

Cette déprime devient pathologique uniquement lorsque l'individu n'arrive plus à s(intégrer dans la société. C'est quand même une des rares maladie qui se définit par l'environnement de celui qui en souffre.

Un déprimé qui prend 15 jours de vacances dans les Maldives revient souvent en meilleure forme!

Aucun médicaments ne permettra de faire en sorte que son patron soit moins chiant, que ses gosses arretent de faire des conneries ou que sa femme arrete de se faire sauter par le voisin!

Aucun médoc ne fera surtout que notre société redevienne conviviale et arrete d'être cette broyeuse d'humain tournée vers un but unique, le profit!

Alors, quand des gens (de plus en plus) décrochent de cette situation, je pourrais avec beaucoup de bonheur leur prescrire ces changement mais je doute que l'ordonnace puisse être appliquée. Je pourrais leur prescrire un changement radical de climat/patron/job/femme mais....

Alors, il faut bien qu'ils puissent continuer à "tourner" dans cette putain de société moderne et surtout qu'ils continuent à la "faire tourner"!

Alors, j'utiliserai encore des SSRI chez des patients peut-être pas tous au bord du suicide même si les ggrrrraaanddddssss professeurs ans leurs bureau à l'abri de cette plèbe qu'on appelle "patient" déterminent que c'est une hérésie.

Je continuerai, souvent la rage aux coeur, à essayer de maintenir mes petits patients "en fonction" en sachant pertinament que le problème n'est pas vraiment chez eux mais surtout dans tout ce qui les entoure et contre quoi je ne peux rien.

Et j'enverrai encore chier les études qui me diront qu'il ne faut pas utiliser ces médicaments couteux pour la société mais plutot ceux qui ne coutent qu'au patient car "le budget des soins de santé est de plus en plus étriqué" et qu'on a "une grande responsabilité dans la bonne marche financière de l'état".

Qu'ils aillent se faire traire!!


(C'était ma demi-heure "coup de gueule"! Ca fait du bien, ça vaut bien 2 ou 3 prozac! 8-) )


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MessagePosté: 01 Mar 2008, 15:06 
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Bien d'accord avec le facteur environnemental et social de la "depression" legere !!! Et de plus en plus ..Il n'en reste pas moins que tant que la santé sera pensée avec l'idée du tiroir caisse economique , bin on avancera pas : je m'explique , l'idée est de " soigner " les gens le plus rapidement possible , à moindre frais et d'avoir du resultat .. Si on donne un anti-depresseur au patient et qu'on se contente de cela , sans le faire causer du comment et du pourquoi de la chose , on met un emplatre sur son moral bas et le voilà plus calme ..si on prenait le temps de le laisser causer et de se retrouver , bin là forcement à lui redonner le droit à parler , à exister il reagirait peut être differemment !!
Mais cela suppose qu'on le considere comme un sujet qui a à dire ..Et forcement si avec ou sans mollecules pharma on lui redonne le gout de dire , il risquera de rentrer un peu plus dans le lard de ceux qui l'exploitent ..
Avoir une conscience morale , sociale et politique suppose avoir déjà une conscience de soi ...
enfin ce que j'en dis ...
Perso plus j ' avance dans ce que je suis moins je supportes les injustices sociales et autres et enfin plus j'ai envie de me bouger pour que cela change , et je n'ai jamais pris de mollecules , juste parlé :wink:


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MessagePosté: 02 Mar 2008, 06:14 
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Citation:
Si on donne un anti-depresseur au patient et qu'on se contente de cela , sans le faire causer du comment et du pourquoi de la chose , on met un emplatre sur son moral bas et le voilà plus calme ..si on prenait le temps de le laisser causer et de se retrouver , bin là forcement à lui redonner le droit à parler , à exister il reagirait peut être differemment !!

Oui. Mais pas seulement parler beaucoup.
Sucer longuement c'est important aussi. J'ai toujours été pour les longs rapports entre patients et toubibs. Et pas seulement molles et culs (dures c'est pas mal aussi).

_________________
"Je veux qu'on me prenne pour un con car j'en suis un, qu'on me parle simplement pour que je capte bien car je suis idiot: si on me regarde et qu'on me parle sans égards, c'est déjà me considérer à peu près normal et pas uniquement comme un handicapé physique ou un déficient mental."


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MessagePosté: 02 Mar 2008, 13:00 
Xénophobe, antisémite, et fasciste notoire

Inscription: 02 Jan 2008, 21:06
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Archie Cash a écrit:
Citation:
Si on donne un anti-depresseur au patient et qu'on se contente de cela , sans le faire causer du comment et du pourquoi de la chose , on met un emplatre sur son moral bas et le voilà plus calme ..si on prenait le temps de le laisser causer et de se retrouver , bin là forcement à lui redonner le droit à parler , à exister il reagirait peut être differemment !!

Oui. Mais pas seulement parler beaucoup.
Sucer longuement c'est important aussi. J'ai toujours été pour les longs rapports entre patients et toubibs. Et pas seulement molles et culs (dures c'est pas mal aussi).


Archie Cash,

Ton argumentation est solide. Que les cabinets médicaux deviennent des lupanars !
Voilà une idée qu'elle est bonne !.
Toi qui es très cultivé, pourrais-tu me renseigner sur une question qui me turlupine ? : Pourquoi ?

Ton Epicure

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Je dois 2'000 euros à l'association Fabula, suite à un pari que j'ai perdu.


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MessagePosté: 03 Mar 2008, 14:05 
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Lord Dralnar a écrit:
Les antidépresseurs de la classe du prozac (SSRI=Serotonin Selective Recapture Inhibitors) ont incontestablement un effet anxiolytique assez puissant et surtout qui démarre plus rapidement que l'effet antidépresseur. Or un patient dépressif est d'abord et quasi toujours un patient anxieux.

Ben si tu donnes du prozac à un patient légèrement dépressif et anxieux, tu traites d'abord l'anxiété, et en plus tu utilises l'effet placebo pour sa dépression. Pourquoi tu t'énerves? :mrgreen:

Citation:
Cette notion est une tentative de modélisation mathématique de la médecine or, si il y a bien un domaine ou les math ne font pas la loi, c'est bel et bien en médecine.

Le modèle symptome A +symptome B = diagnostic C==> traitement D est bien beau mais inapplicable.

Les maths sont un peu plus complexes que ça il me semble. :wink:

Citation:
Aucun médicaments ne permettra de faire en sorte que son patron soit moins chiant, que ses gosses arretent de faire des conneries ou que sa femme arrete de se faire sauter par le voisin!

Si, certains médocs à certaines doses, mais on sort du cadre de la médecine et on risque d'en prendre pour perpet :twisted:

Citation:
Et j'enverrai encore chier les études ...

Fais gaffe, si tu refuses les études scientifiques tu vas finir médecin homéopathe :lol: :mrgreen:

Citation:
(C'était ma demi-heure "coup de gueule"! Ca fait du bien, ça vaut bien 2 ou 3 prozac! 8-) )

Ben tu vois que tu peux prescrire autre chose que du prozac :beer:


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MessagePosté: 03 Mar 2008, 16:20 
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Je veux qu'on me prescrive 60 ans de vacances et une île déserte aux tropiques de 3000 hectares, avec lagon, cascade et forêt d'ananas + bungalow.

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"Je veux qu'on me prenne pour un con car j'en suis un, qu'on me parle simplement pour que je capte bien car je suis idiot: si on me regarde et qu'on me parle sans égards, c'est déjà me considérer à peu près normal et pas uniquement comme un handicapé physique ou un déficient mental."


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MessagePosté: 03 Mar 2008, 21:42 
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+ belles vahinés !


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MessagePosté: 03 Mar 2008, 21:48 
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Inscription: 25 Jan 2005, 00:24
Messages: 7403
Surtout pas. :cut:

(pour les protéines, je préfère quelques truites en rivière ou des thons près du rivage, faciles à pêcher)

_________________
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MessagePosté: 15 Juin 2008, 23:09 
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Un topic déjà ancien à propos de Prozac, que je réactive avec une "news" - une expérience intéressante qui éclairerait partie de son mystérieux "fonctionnement" (ajoutant à sa participation à la gestion de sérotonine).

Un cerveau plastique sous Prozac
La fluoxétine est la molécule active du Prozac, un antidépresseur qui augmente la concentration cérébrale en sérotonine, neurotransmetteur impliqué dans de multiples fonctions cérébrales, dont l’humeur. Mais ses effets ne se ressentent que quelques semaines après la prise du médicament. L’équipe de Lamberto Maffei, de l’École normale supérieure de Pise, a montré que la fluoxétine agit en rétablissant la plasticité cérébrale. Le cerveau est « plastique », notamment durant l’enfance : de nouvelles connexions entre neurones se créent et de nouveaux neurones apparaissent, ce qui remodèle le cerveau. Les chercheurs italiens ont élevé de jeunes rats en les empêchant de voir d’un œil, de sorte qu’adultes, ils étaient aveugles de cet œil, ou plutôt amblyopes, c’est-à-dire que l’œil ne voit pas par manque de stimulations. Puis ils leur ont donné de la fluoxétine durant deux semaines et ont constaté que l’œil récupérait : de nouvelles connexions se sont créées dans le cortex visuel grâce à cette substance. L’augmentation de sérotonine engendrerait indirectement un remodelage du cerveau adulte, ce qui expliquerait ses effets sur l’humeur. Un espoir pour traiter l’amblyopie, maladie qui touche certains enfants ?
Bénédite Salthun-Lassalle - (dépêche de l'édition française de Scientific american - 22/05/08 )


Sinon, en revenant brièvement au sujet plus haut, j'ajoute que déjà fin des années 80- début années 90, - comme Lord Dralnar l'a confirmé - on n'ignorait pas que l'effet placebo se mêlait de 30 à 60 % dans l'effet thérapeutique des antidépresseurs. Y compris pour le prozac qui avait été mis sur le marché vers la fin des années 80. Déjà rien que le contact et confiance (ou méfiance :mrgreen: ) patient > médecin est un effet placebo non négligeable. Enfin,trève de vagues-à-l'âme dans ce domaine où je ne connais rien, des éléments, et rien d'autre : en 1994, Edouard Zarifian écrivait que le % de patients chez lesquels les antidépresseurs sont efficaces ne dépasse pas les 60 %. Et déjà à l'époque la distinction d'efficacité entre dépressions légères et plus lourdes était signalée.
Ceci étant dit, ça n'apporte rien à la discussion mais ça alimente (par des traces historiques, wow, difficiles à trouver sur internet) que l'étude plus haut ne semble pas plus significative qu'un parapluie ouvert par grand soleil du moment qu'on est près des zones % de l'effet placebo, ce pour des molécules dont on savait déjà que l' "effet placebo" s'ajoute fortement à son effet moléculaire (entre autres, voir plus haut).
Source historique * : Edouard Zarifian - "Des paradis plein la tête", éd. Odile Jacob, 1994
(* comme quoi, on a souvent besoin d'un bouquiniste qui possède quelques vieux clous de bouquins)


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