Quelques références pas chiantes et très intéressantes sur le sujet, je recommande
Bernard Maris a écrit:
Bernard Maris a publié de nombreux ouvrages d'économie, ainsi que des romans (Prix Leclerc des Libraires en 2003 pour L'Enfant qui voulait être muet). Professeur d'université en France et aux Etats-Unis, il anime la page économie de Charlie-Hebdo, sous le nom d'Oncle Bernard. Doté en 1995 du titre de " meilleur économiste ", connu par des ouvrages comme Lettre ouverte aux gourous de l'économie qui nous prennent pour des imbéciles, Ah Dieu ! Que la Guerre économique est jolie ! ou encore La Bourse ou la vie, ne dédaignant ni l'anthropologie, ni la sociologie, ni la psychologie, L'économie qu'il révèle et que nous vivons nous permet de réfléchir à un au-delà de " l'horreur économique "
en particulier les 2 tomes de son antimanuel d'économie :
Tome 1
Peut-on échapper à l'économie ? Elle imprègne fart, le sport, le sexe et la guerre ; elle engage le quotidien de la ménagère comme celui du manager. La " marchandisation de la vie " devient l'hymne de l'époque, et les économistes sont ses farauds apôtres, capitaines autoproclamés à la proue du " progrès " de l'humanité. Le rationnel est leur sextant, le quantifiable est leur boussole. Entre toi de la jungle et productivisme acharné, cartels et stock-options, la statistique quadrille leur parcours. Des kilos d'équations lestent leur " raison raisonnante ". Tout juste admettent-ils qu'une main invisible leur vient parfois en aide, altruiste ou impérieuse selon les cas. C'est oublier que l'homme n'est pas, mais alors pas du tout, rationnel. Et que l'économie est avant tout une réflexion sur le partage. Qui regarde le gâteau, qui tient le couteau ? Une autre économie est-elle possible ? L'esperanto économique est-il le jargon d'une science dure, le sabir d'une science motte, ou le cache-misère d'une science nulle
Traquant les fioritures et les pseudo-concepts, cet Antimanuel permet à chacun de s'armer pour comprendre la harangue des chefs de la guerre économique. Car dans le monde des comptes, il ne faut pas s'en laisser conter. Sur un ton léger mais incisif, Bernard Maris convoque tour à tour des économistes, de Keynes à Stiglitz, mais aussi, plus inattendus, des philosophes ou des romanciers : Montesquieu, Swift, Jarry, Maupassant, Orwell ou Houellebecq... Ensemble, ils posent enfin un regard neuf sur une discipline réputée austère et répondent à des questions fondamentales : qu'est-ce que la valeur ? la monnaie ? la richesse ? La croissance est-elle une vertu ? Qui osera désormais dire que l'économie est ennuyeuse...
Tome 2
Le premier tome de cet Antimanuel racontait la rareté, l'offre, la demande, la concurrence, le commerce, l'argent... C'était le tome des fourmis : raisonneuses, rationnelles, égoïstes, épargnantes, bref, calculatrices. Le lecteur découvrait, un peu étonné, que la compétition n'était pas le vrai moteur des échanges et qu'elle laissait souvent la place aux phénomènes de pouvoir, de mimétisme et de foule. Voici venue la revanche des cigales ! Et si l'inutile, la gratuité, le don, l'insouciance, le plaisir, la recherche désintéressée, la poésie, la création hasardeuse engendraient de la valeur ? Et si les marchands dépendaient - ô combien ! - des poètes ? Et si la fourmi n'était rien sans la cigale ? Voici venu le temps d'affirmer, contre les économistes, que l'inutile crée de l'utilité, que la gratuité crée de la richesse, que l'intérêt ne peut exister sans le désintéressement. On verra que ce livre ne dédaigne en rien les marchands. Mais pourquoi sont-ils devenus la classe dominante ? Pourquoi sommes-nous sortis de ces sociétés de chasseurs-cueilleurs, qui " marchaient dans la beauté ", comme le chantent certaines tribus ? Nous sommes passés du côté de l'utile et du laid. Et en même temps, le capitalisme fait partie de notre vie, tout simplement, et ne mérite pas d'être méprisé, sauf à mépriser la vie. Si l'on veut approcher l'essence du capitalisme, il faut sortir des sentiers de l'économie et musarder avec l'histoire, l'anthropologie et la psychologie. Ce second tome se situe aux frontières ou au-delà de l'économie.
Et en passant, si vous avez l'occasion de voir le documentaire "J’ai mal au travail " de Jean-Michel Carré, pour ceux qui avaient encore des illusions sur le monde du travail, elles devraient être pulvérisées
Citation:
Le documentaire « J’ai mal au travail », réalisé par Jean-Michel Carré, s’attache à comprendre le rapport des Français au travail. Considéré aujourd’hui comme la deuxième condition du bonheur, il est pourtant facteur de peur, de stress ou de pathologies graves. Le chômage et les nouveaux modes de gestion de l’entreprise, basés sur le résultat, ont fait du salarié un véritable petit soldat, prêt à tout pour ne pas perdre sa dignité.
Récits, publicités, témoignages et analyses à l’appui, « J’ai mal au travail » ne prend pas parti a priori. Ouvriers comme cadres, directeurs comme syndicalistes, psychanalystes, sociologues ou avocats donnent leur vision du travail aujourd’hui. Si l’inactivité professionnelle donne souvent le sentiment de n’être rien, le travail est pourtant une source considérable de souffrance.
« En dix ans, les troubles musculo-squelettiques sont passés de 1000 à 35000 », « durant la dernière année juridictionnelle, les tribunaux des prud’hommes ont traités 250000 litiges », tels sont quelques unes des données apportées par le documentaire. Elles sont d’autant plus alarmantes qu’elles s’ajoutent à un nombre croissant de harcèlements au travail, de dépressions ou même de suicides.
L’organisation du travail a beaucoup évolué. Après le taylorisme et le fordisme, notre société est désormais entrée dans l’air du management, de l’urgence et du résultat, à tel point qu’un sociologue estime qu’on assiste « à la réduction de l’individu à sa seule composante économique ». En multipliant les séminaires de motivation, les week-end d’insertion dans l’entreprise, les nouveaux modes de gestion de l’entreprise s’introduisent de plus en plus dans la sphère privée de l’employé. La pression est d’autant plus grande que l’usage massif du portable, de l’e-mail et d’internet impose un rythme accéléré de travail, associé à un souci d’efficacité.
Trouver le côté gratifiant de ses tâches, avoir la sensation de travailler en groupe, et de partager des liens rapprochés avec ses collègues, semble de plus en plus compromis. Car, ce nouveau rapport au temps induit une performance continue et souvent accrue. Réduit à sa composante économique, l’homme entre donc dans une sphère animée par la concurrence. Le collègue devient un ennemi. Le salarié devient un guerrier déshumanisé.
Cependant, malgré ce constat alarmant, les travailleurs licenciés, comme ceux de Moulinex ou de Mettal Europe ont l’impression de perdre leur vie, ou du moins, le sens de leur existence. Après avoir passé vingt ou trente ans dans leur entreprise, ils se demandent ce qu’ils vont devenir et ce qu’ils sont, maintenant que l’entreprise n’est plus. Que l’on soit actif ou chômeur, la souffrance et la peur sont donc devenues les référents du travail. Vit-on dans un monde organisé pour et par le travail », se demande alors un sociologue ? C’est difficile à dire, mais l’homme en vient à se nier lui-même et le danger se trouve là.