Les conséquences de SevesoNOUVELOBS.COM | 30.07.2008 | 15:32Trente ans après la catastrophe de Seveso, les enfants nés de mères vivant dans la zone contaminée présentent des troubles de la fonction thyroïdienne.Une des victimes de Seveso atteinte
de chloracné. Süddeutscher VerlagLe 10 juillet 1976, un nuage de
dioxine s'échappe d'un réacteur d’une usine chimique, située dans la commune de Meda, proche de la ville de Seveso. Peu après, les arbres de la région commencent à perdre leurs feuilles et les animaux domestiques meurent. Au bout de quatre jours, plusieurs habitants se plaignent d’une éruption d’acné particulièrement virulente, la chloracné. C’est la même affection qui a défiguré le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, suite à un empoisonnement à la dioxine.
Les nombreuses études menées par la suite n’ont pas mis en évidence d’autres problèmes sanitaires immédiats mais sans lever le doute sur de possibles conséquences plus lointaines. Au contraire, les tests animaux ont démontré que l'exposition maternelle aux dioxines peut endommager
la fonction thyroïdienne des bébés. Trente ans après, une étude publiée dans
PLoS Medicine confirme l’existence de perturbations endocrines chez les enfants nés entre 1994 et 2005.
Pour parvenir à cette conclusion, des chercheurs italiens et américains ont suivi, durant cette période, près de 2000 femmes réparties en trois groupes en fonction de la distance entre leur domicile et le site contaminé. Les bébés des femmes les plus exposées présentaient 6.6 fois plus de risques d’avoir un bilan thyroïdien perturbé avec un taux de TSH (une hormone simulant la thyroïde) au dessus de la norme. Sans traitement, cette insuffisance thyroïdienne peut provoquer des troubles de la croissance et du développement cérébral.
Ces résultats démontrent donc que la catastrophe de Seveso a bien engendré des effets à long terme puisque la santé. Les auteurs de l’étude préconisent un suivi de ces enfants afin d’avoir une appréciation plus nette des conséquences sanitaires de cette pollution. Lors de la fuite, entre 1 à 5 kg de 2,3,7,8-TCDD, plus connu sous le nom de
dioxine de Seveso, se sont échappés de l’usine. C’est la plus toxique des dioxines, elle fût l’un des deux composants de
l’agent orange largement employé par les américains au Vietnam pour défolier les forêts.
Suite à la catastrophe de Seveso, les états européens ont adopté en 1982 une directive qui impose le recensement et l’identification des industries à risques ainsi que des mesures de surveillance adéquates. En France, la Direction régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement (DRIRE) assure le contrôle des 1249
sites classés Seveso.
Joël Ignasse
Sciences et Avenir.com
30/07/2008 ).