Euthanasie: l’Oregon préserve sa loiLa Cour Suprême américaine a donné tort à l’ancien ministre de la Justice John Ashcroft qui avait tenté de s’opposer à une loi votée dans l’Etat de l’Oregon autorisant le ‘’suicide médicalement assisté’’, une législation unique aux Etats-Unis. Par 6 voix contre 3, les juges de la Cour ont estimé que John Ashcroft ne disposait pas de l’autorité qu’il prétendait avoir pour menacer les médecins de l’Oregon qui pratiquaient l’euthanasie. Il affirmait pouvoir retirer leur droit de prescrire certains médicaments.
La loi ‘’Mourir dans la dignité’’ (Death With Dignity Act) a été votée en 1994 dans l’Oregon mais n’est entrée en vigueur qu’en 1998. De 98 à 2004, 208 personnes gravement malades ont ainsi sollicité une injection létale pour mettre fin à leurs jours. Dès 1998, le sénateur Ashcroft avait tenté de bloquer cette loi. Devenu ministre de George Bush, connu pour ses opinions chrétiennes conservatrices, opposé à l’IVG comme à l’euthanasie, Ashcroft était reparti à l’assaut contre la législation de l’Oregon.
La décision de la Cour Suprême porte sur une question strictement technique et ne tranche pas la question du droit à l’euthanasie sur le fond. Les Pays-Bas et la Belgique sont les rares pays du monde à avoir légiférer en faveur d’une fin de vie médicalement assistée. La loi adoptée en France en avril 2005 instaure un droit à laisser mourir –les soins ne devant pas faire l’objet d’une «obstination déraisonnable»- mais n’autorise pas l’euthanasie active.
Selon une enquête menée en Grande-Bretagne, les médecins ont aidé à mourir 2.865 personnes en 2004, malgré l’interdiction légale. Cela représente moins de 0,5% des décès annuels, selon le Pr Clive Seale, qui a envoyé des questionnaires aux praticiens pour son étude. Aucun cas de suicide assisté n’a été rapporté, note le chercheur, qui publie ses résultats dans la revue
Palliative Medicine.
Cécile Dumas