Orang_outan a écrit:
J'ai un peu de mal avec ces cordes moi. Tout était tellement simple avec un seul atome Grec et plusieurs dieux.
Arf! On peut parfaitement vivre sans cordes, sans atomes democritiens et sans djieux, en effet. Mais si tu veux tenter d'expliquer certains trucs, t'es oblige de mettre Democrite (je parle meme pas des djieux) aux oubliettes - bien que le modele atomique "usuel" reste une excellente approximation du reel en fonction de l'echelle et des proprietes considerees - et de filer une paire de baffes a ton intuition (du moins celle du sens dit commun).
Citation:
Peut-être qu'avec ce mini bouquin on line je comprendrai un peu mieux ces cordes.
Probable. En fait, les physiciens se cassaient le cul a essayer d'expliquer (= modeliser de facon satisfaisante) diverses proprietes de l'interaction nucleaire forte, i.e. de l'interaction des particules qui constituent le noyau atomique. Y'a presque 40 ans, Veneziano - un brillant physicien rital - remarqua qu'un certain nombre de cesdites proprietes semblaient etre decrites par une fonction concoctee au 18° s. par Euler a des fins strictement mathematiques: la fonction beta d'Euler. Amusant. Mais cette fonction avait l'air de marcher sans qu'on sache vraiment pourquoi. C'est plutot chiant. Quelques annees plus tard, toujours Veneziano - ainsi que quelques autres - montra que si l'on modelisait les particules par des cordes unidimensionnelles en vibration (en fait, des fonctions qui en ont la forme et les proprietes), alors leurs interactions nucleaires etaient parfaitement, precisement decrites par la fonction beta d'Euler. Voila, c'etait ca l'idee de base. Bien sur, la theorie des cordes est aujourd'hui quelque chose de beaucoup plus sophistique. Juste pour avoir un point d'appui, visuellement, lorsqu'une corde fermee (parce qu'il y a aussi des cordes ouvertes) evolue p.e. dans le temps (terme a discuter), elle decrit une surface qui ressemble a un tube. Lorsque des cordes croisent leur chemin, elle decrivent donc un reseau de tuyaux de chiottes. Par exemple, lorsque deux cordes se rencontrent pour n'en donner qu'une, puis que cette derniere accouche de trois autres cordes tout en disparaissant, cela donne ceci ("lire" de haut en bas):
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La theorie des cordes (ou mieux: les theories des cordes, parce qu'il y en a en fait cinq, chacune semblant etre une sous-classe - ou une facette - d'une theorie plus grosse et (encore) un tantinet mysterieuse: la M-theorie) a donc pour but d'unifier toutes les interactions dites fondamentales, de concilier physique quantique et relativite et, enfin, de "completer" le Modele Standard. Bref, elle essaie de fournir un cadre explicatif global. Un peu comme l'electromagnetisme de Maxwell avait permis d'unifier 'electricite' et 'magnetisme' en une seule theorie. Pour le plaisir des yeux et, quelques fois, du cerveau, NOVA a produit un documentaire en collaboration avec Greene, l'auteur du livre 'The Elegant Universe'. Ce documentaire - qui s'intitule lui-aussi 'The Elegant Universe' - est en ligne
ici, avec un tas d'autres documents. Sympa et bien fait.
Ce qui est marrant, c'est que l'idee d'utiliser des cordes et des noeuds n'est pas nouvelle meme si le cadre est different: Dalton - qui n'est pas l'un des quattre illustres freres du meme nom - avait propose au 19° s. un tableau periodique des elements chimiques connus jusqu'alors en utilisant une classification par noeuds (il codifiait ainsi les proprietes des elements). Sans succes. Avant lui, les pythagoriciens affirmaient la verite de l'equation {mathematiques = nombres = musique = physique = nature} (je resume drastiquement pour les besoins de la cause, bien sur). Enorme succes - du moins dans sa version la plus primaire - chez les proto-mystiques, les numerologues, les porte-drapeau du n'importequoitisme aigu et autres toxicomanes de l'insondable connerie. Bref.
Cependant, aujourd'hui, la theorie des cordes a de serieux concurrents qui, eux, ne jouissent pas d'autant de publicite aupres du public (on peut le regretter). Il s'agit de la 'loop quantum gravity' - en francais: de la 'gravite quantique a lacets (ou a boucles)' - (voir p.e.
ici) et de la 'geometrie non-commutative' (voir p.e.
ici), qui ont d'ailleurs une intersection non-vide. Bref, tout n'est pas encore joue, loin de la, et il se pourrait qu'un jour la theorie des cordes ne devienne qu'une "sous-branche" des mathematiques dites - a tort - pures (ce qu'elle est deja en partie, meme s'il est parfois - meme souvent - difficile de distinguer 'physique theorique' et 'mathematiques', aujourd'hui peut-etre plus qu'autrefois (j'en veux pour preuve les incessantes, et toujours plus profondes, interactions et interconnections entre ces deux machins)).
Pyne Duythr