Défioliant |
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Inscription: 25 Jan 2005, 00:24 Messages: 7403
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Je copie in extenso le prologue de ce texte (le lien est ci-dessous), un bon rappel de ce qu'était l'Europe au summum du christianisme, et rappeler aussi que comparée à la panoplie des peines pratiquées en Europe, du Portugal jusqu'à la Russie, la décapitation est une des peines capitales parmi les plus humaines. http://books.openedition.org/pup/3156?lang=frPunition de la violence par la violence : Cruauté des sanctions dans le droit pénal médiéval en Allemagne
Si nous nous représentons le système pénal tel qu’il existait dans l’Europe médiévale, et tout particulièrement en Allemagne au bas moyen âge, celui-ci nous apparaît comme étant un "théâtre de l’horreur et de la terreur" puisque les méthodes punitives se caractérisaient à cette époque par une atrocité et une brutalité extrêmes et atteignaient leur point culminant par l’accomplissement de rituels superstitieux et de cérémonies macabres. A la cruauté des méthodes punitives s’ajoutait également le fait odieux selon lequel les sanctions, qu’il se fût agi de peines mutilatoires, déshonorantes, de condamnations à mort telles que l’enterrement de personnes lors de leur vivant, la noyade forcée, la potence, le bûcher, le supplice de la roue etc..., donnaient lieu à des festivités publiques et joyeuses, à des spectacles très prisés par le peuple et par les classes dirigeantes d’alors.
Or, ce côté pervers du système pénal médiéval, loin d’être arbitraire, reposait sur des fondements très précis et était légitimé par des intentions visant à maintenir coûte que coûte l’ordre dans la société.
1 BLEI, Hermann, Strafrecht. I. Allgemeiner Teil. Ein Studienbuch. C.H. Beck’ sche Verlagsbuchhandlu (...)
Afin de pouvoir comprendre ce monde si complexe et si étrange, tel qu’il se reflétait, entre autres, dans le droit pénal, nous devons tout d’abord nous libérer des idées sur la cruauté du droit médiéval, telles qu’elles ont été inculquées aux générations passées depuis le siècle des lumières. Il est certain que l’ancien système pénal était inhumain et barbare mais l’on ne connaissait pas d’autres moyens que les tortures et les peines de mutilation et de mort. Les sanctions privatives de liberté n’étaient pas considérées comme étant suffisamment effectives et les contrôles policiers s’avéraient irréalisables. De plus, l’ancien droit ne tendait pas, comme de nos jours, à la réinsertion de l’accusé dans la société en lui donnant les moyens de s’améliorer mais au rétablissement du droit au moyen de peines corporelles envers celui ou celle qui avait violé les règles de l’ordre établi. Une certaine idée d’échange dominait dans la conception du droit pénal médiéval : le criminel effaçait la gravité de sa faute en payant de sa personne : plus le délit était important, plus l’inculpé devait endurer des souffrances corporelles. En outre, l’intimidation de la population, l’expiation et la réparation du délit étaient les objectifs principaux qui déterminaient la férocité des peines. De plus, ces dernières étaient soumises à un rituel bien déterminé qui se trouvait sous la surveillance méticuleuse du tribunal. Le droit pénal médiéval offrait encore un lien très étroit entre le désir de vengeance et le sentiment religieux1 ; il avait un caractère sacral car il transposait la sanction d’une sphère toute personnelle dans une autre plus élevée, à savoir au niveau divin ; en effet, afin d’échapper lui-même à un malheur, l’être humain se sentait obligé d’accomplir un acte vengeur à la place de Dieu et pour celui-ci même, sanction ayant pour but d’exorciser le mal par le mal. Pensons à cet égard aux jugements de Dieu, lesquels provenaient d’une croyance selon laquelle Dieu était juste et souhaitait la justice sur terre. Si l’esprit humain n’était pas apte à discerner le juste de l’injuste, il fallait alors se tourner directement vers Dieu. Il y avait plusieurs sortes de jugements de Dieu : l’inculpé(e) devait ou bien porter un fer brûlant ou bien plonger son bras jusqu’au coude dans un seau rempli d’eau bouillante ou alors se battre en duel avec une autre personne payée à cet effet par le tribunal. [...]Lire la suite ici, descriptif des punitions et tortures selon le genre de délit, ça fiche vraiment froid dans le dos : http://books.openedition.org/pup/3156?lang=fr
_________________ "Je veux qu'on me prenne pour un con car j'en suis un, qu'on me parle simplement pour que je capte bien car je suis idiot: si on me regarde et qu'on me parle sans égards, c'est déjà me considérer à peu près normal et pas uniquement comme un handicapé physique ou un déficient mental."
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