Oui, intéressant ; comme il avait été question de NPNS dans un autre fil cela mérite d'être reproduit ici exceptionnellement. Dénonciation des activités de noyautage par des mouvements islamistes et apparentés.
Libération a écrit:
Ni putes ni soumises tourne une page du féminisme
Le mouvement se désolidarise du Collectif pour le droit des femmes et entraîne à sa suite le Planning familial.
Par Blandine GROSJEAN, samedi 05 mars 2005 (Liberation - 06:00)
Rupture, recomposition, trahison : peu importe le terme. Cette année la célébration de la Journée internationale des femmes sera marquée par un passage de témoin douloureux au sein de la mouvance féministe. Sur fond de voile islamique, prétexte et symptôme d'un fossé politique. Le mouvement Ni putes ni soumises (NPNS) s'est désolidarisé du Collectif national pour le droit des femmes (CNDF) qui regroupe une centaine d'associations et organise son défilé ce dimanche, en avance de deux jours sur celui du Collectif. Cette initiative n'aurait été que la concrétisation d'une hostilité entre deux générations de féministes, si, en plus, le Mouvement français du planning familial n'avait rejoint Fadela Amara, présidente de NPNS. Avec tristesse. Mais soulagement.
Complaisance. Le Planning, pilier historique du Collectif, quitte donc un navire qu'il estime instrumentalisé par des groupes communautaristes, islamistes, altermondialistes. Sont ainsi visés le mouvement Une école pour tous (qui défend les filles exclues pour port du voile à l'école), le Collectif féministe pour l'égalité (propalestinien, contre la loi sur le voile), certaines émanations de l'UOIF (Union des organisations islamiques de France) proches de Tariq Ramadan. Fadela Amara reproche ouvertement au Collectif d'entretenir des complaisances à l'égard de Une école pour tous : «Quand on défile à leurs côtés on leur donne une crédibilité. Mais derrière eux il y a toute la mouvance de ces intellectuels qui défendent le relativisme culturel sous la pression des islamistes.» Maya Surduts, du Collectif, accuse Amara de calomnie. «Il y a eu débat et nous aussi avons voté contre la présence d'Une école pour tous.»
Mais si le Planning et d'autres organisations ont décidé de rallier Ni pute ni soumises, c'est d'abord par lassitude : «A chaque manifestation on se retrouve avec le même problème, on voit apparaître l'UOIF ou des satellites, qui piègent les manifestations féministes, dit Fatima Lalem du Planning familial. Nous sommes du combat pour la laïcité que mène NPNS. Il est inconcevable de laisser se développer une conception archaïque de la place de la femme sous prétexte de religion.» De fait, la clarté et la virulence du discours de NPNS sur les questions du voile, de la laïcité, de l'antiracisme font office de cordon sanitaire pour de nombreuses organisations... féministes, juives, syndicales, laïques, et politiques. Défiler sous leur bannière est une assurance de ne côtoyer aucun groupuscule «louche». «J'ai beaucoup d'affection et de respect pour de nombreuses féministes historiques du Collectif, déclare une députée socialiste, mais j'irai manifester avec Ni putes ni soumises. Le Collectif est noyauté par une nébuleuse altermondialiste qui refuse de prendre ses distances avec les islamistes et les antisionistes-antisémites.»
Show-biz. Les priorités diffèrent : le Collectif entend se battre sur tous les fronts (politique, économique, social, international) alors que NPNS défend la laïcité avant tout. Les styles n'ont plus rien à voir. A la mode, voire mondain, mais toujours en phase avec les quartiers et les jeunes, le courant NPNS attire et fédère. De nombreuses associations de terrain luttant contre les mariages forcés, la polygamie, la répudiation, défileront aux côtés de stars du show-biz, d'anciens ministres socialistes. Après avoir manifesté «à côté» des féministes historiques l'an dernier, Ni putes ni soumises assume aujourd'hui son leadership médiatique et populaire sur la scène féministe. Elles enterrent les anciennes avec un manifeste «Pour un nouveau combat féministe». «Nous sommes les héritières des luttes féminines des années 70, mais il y a des femmes aujourd'hui qui ne peuvent pas jouir des libertés acquises grâce à ces luttes, à cause d'une nouvelle forme de violence liée à l'obscurantisme islamique et l'intégrisme religieux», justifie Fadela Amara.