Citation:
Je dirais même qu'il devrait y avoir plus de reportage de ce genre.
Pas d’accord du tout : y en a marre de ces reportages qui sous le couvert d’un triste héroïsme, et sous des airs de neutralité/impartialité suspecte, servent la soupe à des poncifs éculés et entretiennent les préjugés à la mode, en rassemblant pernicieusement toujours les mêmes termes : arabe, dealer, drogue, délinquance.
Même dans un fait divers banal, où la victime n’a dans les faits aucuns liens avec la drogue (selon les faits relatés), est juste le gars qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment (sous ses fenêtres), a tenter de faire cesser une agression qui ne le concernait pas (toujours selon les faits relatés, sans aucune inflexion d’opinion, du début à la fin), il faut qu’on nous balance la sempiternelle association arabe-dealer-drogue-délinquant.
Nous dit-on que les agresseurs sont, ou ne sont pas maghrébins ?
Pas du tout, il n’est rien dit à ce sujet. Les seuls maghrébins connus dans cette histoire, sont la victime morte, son oncle et quelques images de sa mère au début. Le peu d’images (visage caché) et la voix du premier agressé, le second témoin, laisse à penser qu’il n’est pas maghrébin.
Le seul protagoniste maghrébin impliqué directement dans cette histoire, c’est la victime. Pourquoi alors l’association insistante maghrébin-drogue-délinquance plane t’elle du début à la fin (témoignage de l’oncle, commentaire final), si le seul maghrébin dans cette histoire, c’est la victime ?
C’est clair que tout ceci est extrêmement pernicieux, sur le fil du rasoir, plein de non-dit volontairement caché mais habilement suscité comme le fait que les agresseurs sont potentiellement maghrébins puisque selon le second témoin « il [la victime] les [agresseurs] connaissait » (SIC) … de là à dire que ses agresseurs étaient maghrébins, c’est une étape que ne franchi astucieusement pas ce reportage, laissant le doute planer, aux spectateurs de se faire une idée. Par contre, l’association maghrébin-drogue-délinquance ne pose aucun problème au rédacteur, il se complet dedans sans retenue, sûr de son bon droit, ternissant insidieusement et arbitrairement à travers le seul maghrébin connu comme participant directement à cette histoire (
la victime, il faut le rappeler), toute l’image de la communauté maghrébine.
J’ai bien compris qu’on voulait en faire un héros, une icône médiatiquement respectable, mais franchement, ce n’est pas de la paranoïa ou de la théorie du complot, de constater froidement qu’on s’y prend de manière douteuse, jetant pèle-mêle des faits (une agression), et un préjugé qui pue («… alors que Mohamed, lui, ne l’était pas.»).
Et finalement, ce n’est pas un héros qu’on nous montre, c’est le mythe du « bon arabe » que l’on entretient, la perle rare dans une communauté de voyous. Ça ressemble furieusement à la chanson de Didier Super,
« Y en a des biens », sauf que c’est censé être de l’information.