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MessagePosté: 05 Juin 2008, 15:20 
Défioliant
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Il est un des acteurs principaux de la compréhension du vivant, mais le plus souvent cité uniquement comme "réfuté" par Darwin-Wallace (autre oublié de l'histoire)... alors que son travail et contributions énormes allèrent bien au-delà.

Un petit hommage copié-collé du site http://olivier.geoffroy.club.fr/webiolo ... rade3.html

Hommage à Jean-Baptiste Lamarck

Né à Bazentin (Somme) dans une famille picarde peu fortunée, qui voue ses enfants à la carrière militaire, Lamarck débute comme officier d'infanterie sur le front de Westphalie pendant la guerre de Sept ans. Obligé de quitter l'armée à la suite d'un accident, il se passionne pour la botanique lors d'un séjour à Monaco (1764). Il entreprend des études de médecine à Paris, en 1768, vivant d'une maigre pension et de petits emplois. Remarqué par Buffon (intendant du Jardin du Roi de 1739 à 1788), il devient correspondant du Jardin. En 1778, l'Imprimerie royale publie sa Flore française, où il donne des clefs dichotomiques permettant à chacun d'identifier les plantes. Cet ouvrage lui apporte une notoriété immédiate et lui vaut d'être élu à l'Académie des sciences l'année suivante. Les années décisives:
Lamarck a presque atteint la cinquantaine qu'il n'a pas encore de véritable situation. C'est alors qu'on lui donne, un peu par condescendance, la chaire d'enseignement des "insectes, vers et animaux microscopiques", au Muséum national d'histoire naturelle, qui vient d'être créé par la Convention. Nous sommes en 1793, en pleine Révolution. à ce moment commence la vraie carrière de Lamarck. Désormais il ne quittera plus le Muséum, et il se consacrera entièrement à l'enseignement et à l'étude qu'on lui a confiés. Il s'y donne tellement que c'est à lui que l'on doit l'invention du terme qui définit son champ d'activité, le mot d'invertébré (et de vertébré, par la même occasion), qu'il propose pour la première fois en 1797. Ces termes nous sont aujourd'hui familiers, mais à l'époque ils étaient tout neufs, comme l'était l'expression d'animaux sans vertèbres. Jusque-là - et depuis Aristote on n'avait pas fait de progrès - on distinguait les animaux à sang rouge et les animaux à sang blanc. Cette distinction n'était cependant pas satisfaisante, car il y avait des animaux "inférieurs" à sang rouge… Les collègues de Lamarck trouvèrent sa distinction si judicieuse qu'ils l'adoptèrent sur le champ. Il y a peu d'exemples de néologisme qui ait connu un succès aussi rapide. Sur sa lancée, Lamarck allait d'ailleurs en créer un autre, en 1800: celui de biologie, pour qualifier l'étude des phénomènes de la vie. Rappelons encore que c'est lui qui, vers la même époque, en 1802, fixe le sens actuel du mot fossile.

La date de 1793 est donc une date cruciale dans la vie de Lamarck, et, par le fait, dans l'histoire des sciences et de la vie. Lamarck se voit en effet confier une tâche immense: il s'agit de mettre de l'ordre dans une masse à peu près inconnue de 150 000 espèces - 90 % du monde animal! Le nom de Linné domine alors le monde des naturalistes: on reconnaÎt - malgré certaines résistances, en particulier celle de Buffon - que c'est lui qui a su donner la première classification claire des végétaux; mais il n'a fait qu'effleurer celle des animaux. Les animaux dits "inférieurs", en particulier, sont restés à l'état de "chaos", ou de "ramas", selon l'expression de Cuvier, qui a jugé prudent, après y avoir fait une incursion, de ne plus s'en occuper, d'autant plus qu'il est difficile d'y utiliser le scalpel. Cuvier se partage l'étude de 10 000 espèces de vertébrés avec Etienne Geoffroy Saint-Hilaire et Lacépède.
Lamarck, ainsi isolé, mettra une bonne demi-douzaine d'années à maÎtriser l'ensemble des animaux restés jusqu'alors pratiquement en dehors du domaine de la science. Ce n'est en effet qu'en 1799 qu'il se trouvera en mesure de proposer un premier plan de mise en ordre des invertébrés sous la forme d'un Prodrome d'une nouvelle classification des Coquilles. Deux ans plus tard, Lamarck manifestera sa maÎtrise en publiant son Système des animaux sans vertèbres, qui deviendra rapidement le livre de chevet des "invertébristes", surtout lorsque, à partir de 1815, il sera devenu la volumineuse Histoire naturelle des animaux sans vertèbres. Entre-temps, Lamarck aura encore écrit, en 1809, la Philosophie zoologique, œuvre relativement mineure, que l'on cite cependant plus souvent que ses ouvrages scientifiques majeurs.
Il ne suffisait pas en effet de délimiter un champ d'études. Il fallait aussi le défricher. Lamarck s'y attela, et, progressivement, il établit les principales classes d'invertébrés, ou, comme il disait, les principales masses. Il prit comme instrument conceptuel de classification ce qu'il appela des plans d'organisation, définis selon la possession et la disposition des différents appareils ou systèmes d'organes: l'appareil digestif, circulatoire, respiratoire, nerveux, etc. Cette considération l'obligea à des études très poussées d'anatomie comparée entre les innombrables espèces d'animaux qui faisaient partie de son domaine d'enseignement et d'études. Dans les mises et remises au point qui en furent le résultat, il sut en remontrer à plus d'une reprise à Cuvier lui-même, par exemple quand celui-ci confondit, en étudiant la Salpa, la bouche avec l'anus, ou encore quand il commit l'erreur de classer les cirripèdes parmi les mollusques, alors que Lamarck soutenait que ces animaux marins se rattachaient plutôt aux crustacés, ce que les études embryologiques menées postérieurement confirmèrent d'une manière éclatante.

Au lieu des deux ou trois classes fourre-tout de Linné, Lamarck proposa une classification raisonnée des invertébrés en treize grands groupes, des crustacés aux arachnides, ou des mollusques aux infusoires et aux polypes, en passant par les tuniciers et les conchifères, pour ne citer que quelques-uns. Ici encore, le succès de son entreprise fut étonnant. Tous les "invertébristes" adoptèrent sa classification, au point que ceux qui s'obstinaient à la refuser - surtout les Anglais - furent rapidement considérés comme des retardataires, même et surtout par ceux de leurs compatriotes qui, comme Webster dès 1814, proclamaient que les noms donnés par Lamarck sont les "vrais noms scientifiques".
Un tel travail de mise en ordre de la plus grande partie du monde animal eût suffi à la gloire d'un homme. Mais Lamarck avait, au cours de cette entreprise titanesque, découvert une autre " vérité ", celle de l'" évolution ".
Il importe d'abord de préciser que le terme d'évolution que nous employons, et qui nous est maintenant familier, ne l'était pas à Lamarck, comme il ne le fut pas à Darwin, car il n'a été introduit dans le vocabulaire scientifique qu'à partir des années 1870. De même, le terme de "transformisme" n'était pas non plus utilisé à l'époque, puisqu'il n'est devenu courant en France que dans les mêmes années.
Nous avons vu comment Lamarck s'était investi dans la mise en ordre de "ses" 150 000 espèces d'invertébrés. Une classification zoologique (ou botanique) est toujours hiérarchique. Comme le fait remarquer Lamarck lui-même à plusieurs reprises, l'idée ne viendrait à personne, dans une présentation du règne animal, de commencer par les mammifères, de poursuivre par les insectes, de revenir aux poissons, de passer par les mollusques pour terminer par les oiseaux.

A l'époque de Lamarck, les tableaux proposant un panorama du monde animal situaient toujours en tête les mammifères, animaux considérés comme les plus proches de l'homme, et donc comme les plus parfaits. On plaçait ensuite dans l'ordre les reptiles, les oiseaux et les poissons, avant de passer aux insectes et aux vers. Comme on le voit, l'ordre hiérarchique observé était descendant. Dans le tableau des invertébrés qu'il était en train de construire, Lamarck avait commencé par suivre le même ordre: en tête il plaçait les mollusques, puis les annélides, les crustacés, les insectes, les vers, les radiaires, pour terminer, au dernier échelon de la hiérarchie, par les polypes, dont le dernier degré était tenu par les "monades".
C'est à force de considérer ce tableau, de le remanier, et ce faisant d'aboutir toujours aux mêmes polypiers, ou monades, à la partie inférieure, que Lamarck découvrit progressivement, dans les années 1797 à 1800, la théorie fondamentale de la transformation des espèces.
Deux concepts qu'il n'avait pas formulés jusque-là se font jour en effet dans son esprit à cette époque. Tout d'abord, celle de la ténuité de la vie dans les derniers représentants de la dernière classe des invertébrés. Les monades sont, dit-il, des animaux à peine doués de l'animalité: on peut, et l'expression vient sous sa plume, les considérer comme des "ébauches" de la vie animale. La dynamique de la réflexion transformiste est lancée à ce niveau le plus bas des invertébrés: ces "ébauches" sont peut-être, écrit Lamarck, "les formes par lesquelles la vie a commencé sur la Terre". A ce moment, un second concept apparaÎt, comme dérivant du premier. Lamarck renverse le tableau de classification des invertébrés qu'il avait dressé d'une manière traditionnelle, en allant du haut vers le bas, des êtres les plus parfaits vers ceux qui l'étaient moins. Il découvre ainsi "la marche que la nature a suivie dans la production des êtres". La théorie de l'évolution est née. En effet, tout s'éclaire désormais: la vie a commencé faiblement autrefois sur la Terre, par des animaux à peine différenciables de la matière. Une fois qu'il a commencé à animaliser ces premiers êtres, dont on peut à peine affirmer qu'ils sont doués de la vie, le "mouvement vital" - la vie est essentiellement un "mouvement", comme nous le concevons encore aujourd'hui - a progressivement "composé" l'organisation, et amené la production d'êtres vivants de plus en plus complexes.

Le pas le plus important était donc fait par Lamarck: celui de l'affirmation de la transformation progressive et successive des espèces, c'est-à-dire celui de l'affirmation de la réalité de l'évolution. Mais il restait d'autres points à régler, en particulier celui de l'apparition même de la vie. On sait que Darwin reculera devant ce problème, et préférera faire appel à la création directe par Dieu des premiers êtres, attitude qui lui sera reprochée par les naturalistes les plus éminents de l'époque, comme Henri Georg Bronn, ou même par Littré. Lamarck refuse cette faute de logique.

Dans les mêmes années où il conçoit la théorie de l'évolution, Lamarck met en place l'idée de la "production" de la vie par des agents naturels. Il dispose déjà, comme nous venons de le voir, du concept de "mouvement vital" pour faire marcher la "machine" animale. Ce mouvement vital est produit par une force, celle de la chaleur, ou, comme il dit du "calorique". Cette chaleur devient alors, pour lui, non seulement l'agent du fonctionnement de la vie, mais aussi celui de sa production. Le "calorique", en pénétrant dans la matière humide, est susceptible, selon lui, d'y provoquer un début d'organisation, c'est-à-dire cette "ébauche" de la vie dont il a parlé chez les animaux situés au plus bas de l'échelle. Le mouvement, une fois enclenché, continue ensuite à perfectionner l'organisation. Ainsi apparaÎtront progressivement les différentes espèces d'animaux. Il n'y a pas besoin de faire appel à un créateur pour lancer, et relancer, la machine merveilleuse qu'est la vie.
Lamarck s'est bien entendu heurté à la même objection que rencontrent les naturalistes d'aujourd'hui: il ne pouvait fournir d'exemple actuel de production de la vie. Pour essayer de répondre à cet argument, il avait soutenu que la vie pouvait naÎtre encore dans les mares stagnantes des pays chauds. Mais, pour Lamarck, la production des êtres primitifs appartenait en réalité à un passé lointain et révolu. Dans ses écrits, en dehors de la réponse ponctuelle faite à ses détracteurs et que nous venons de mentionner, tout ce qui concerne l'apparition de la vie est toujours écrit au passé, et non au présent. Les êtres actuels sont l'aboutissement d'une très longue histoire.

Il est connu que c'est Cuvier qui est le fondateur de la paléontologie des vertébrés. Mais il l'est moins que Lamarck est celui de la paléontologie des invertébrés. Ici encore c'est par défaut de lecture de son œuvre que cet aspect fondamental de son activité scientifique et de sa théorie de l'évolution a été méconnu. Or Lamarck est celui qui a défini le sens actuel du mot "fossile". Jusqu'à lui, on attribuait cette qualification à tout ce qu'on extrayait du sol, c'est-à-dire surtout aux roches. Lamarck propose que désormais on réserve le sens de fossile "aux dépouilles des corps vivants altérés par leur long séjour dans la terre ou sous les eaux, mais dont la forme et l'organisation sont encore reconnaissables". Ici encore cette proposition connut le plus grand succès, car depuis que Lamarck a donné cette définition les naturalistes ont entendu ce terme dans le sens qu'il lui avait donné. Lamarck ne s'est pas contenté, là non plus, de donner une définition. Il a lui-même étudié et défini plus d'un millier de fossiles, ce qui représente l'étude de la plus grande quantité d'êtres disparus qui ait été réalisée de son temps.

Mais c'est surtout dans la manière dont il considère les fossiles que Lamarck a été exemplaire. A l'inverse de Cuvier, dont le souci principal était de souligner les différences entre les espèces, en vue d'établir la théorie du catastrophisme, Lamarck mettait en évidence les ressemblances, et soulignait les analogies qui existaient entre les espèces fossiles et les espèces actuelles. Pour lui les fossiles représentaient ainsi des étapes de la marche de la vie: les espèces actuelles dérivaient des anciennes par descendance. Les espèces anciennes "analogues" aux espèces actuelles étaient en fait, soutenait-il, les mêmes espèces "changées par le temps et les circonstances". Les paléontologistes évolutionnistes actuels ne s'expriment pas autrement que lui.

Lamarck a vécu jusqu'à un âge très avancé: il avait 85 ans à sa mort, en 1829. Il était aveugle depuis plus de dix ans; il n'assurait évidemment plus de cours et n'assistait plus aux séances de l'Académie des sciences, dont il était membre depuis 1795. Il continuait cependant à toucher son traitement au Muséum, et ses émoluments à l'Académie, si bien qu'il n'était pas dans la misère, comme quelqu'un a eu l'idée de le dire à partir de la fin du XIXe siècle, et comme on l'a répété complaisamment depuis.
Il y a donc une légende de Lamarck pauvre, oublié et méprisé. Ceux qui ont approché Lamarck à cette période de sa vie rapportent qu'il avait gardé un caractère enjoué. Sans doute manifestait-il parfois de l'humeur contre ses adversaires qui, comme Cuvier, lui en voulaient de nuire à leur prestige en insistant sur le temps long des phénomènes géologiques et en ruinant ainsi leurs théories des bouleversements universels. Lamarck doit aussi sans doute une partie de sa légende à ses deux filles, qui l'ont entouré de soins affectueux jusqu'à sa mort. Devenues vieilles à leur tour, elles ont pleuré sur elles-mêmes en faisant pleurer sur leur père, et c'est sûrement à ces deux vieilles filles que nous devons la vision du Lamarck oublié, vision que les disciples de Darwin ont reprise avec délectation, pour faire croire que leur grand homme avait tout inventé cinquante ans après la formulation de l'évolution organique des êtres.


ps : Le texte ne le précise pas, mais l'idée d'évolution avait déjà été esquissée par Buffon et même par des grecs antiques. Le terme "évolution" appliqué au vivant, là par contre je suppose que c'est depuis 1870 comme l'affirme ce texte, bien qu'il me semble avoir lu que Buffon avait déjà utilisé ce texte dans "Théorie de la terre" où il lui donne un âge bien plus ancien que la genèse biblique. Ou peut-être fut-ce dans ses "Histoire naturelle". Mais n'ayant pas lu ces oeuvres de Buffon, c'est peut-être erroné. Savoir si oui ou non n'est pas prioritaire actuellement.


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MessagePosté: 05 Juin 2008, 23:03 
Défioliant
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Inscription: 24 Jan 2005, 21:48
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Un intéressant article ; j'ignorais bien des choses sur cet homme.

Les parisiens peuvent faire pélerinage devant la statue de Lamarck au Jardin des Plantes. Le socle porte l'inscription farouche "Au fondateur de la doctrine de l'évolution. La postérité vous admirera. Elle vous vengera, mon père."

Au dos, un bas-relief représente le noble vieillard consolé par sa fille Aménaïde Cornélie.


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MessagePosté: 08 Juin 2008, 13:50 
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Inscription: 29 Sep 2005, 07:15
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Archie Cash a écrit:
Il est un des acteurs principaux de la compréhension du vivant, mais le plus souvent cité uniquement comme "réfuté" par Darwin-Wallace (autre oublié de l'histoire)... alors que son travail énorme alla bien au-delà.

J'ai beaucoup appris sur les travaux de Lamarck - qui vont effectivement bien au-dela de l'"opposition" Lamarck/Darwin - entre autres en lisant certains articles de Corsi (que l'on peut trouver aujourd'hui, je crois, sur le site que lui et ses collaborateurs dedient a Lamarck: "Œuvres et rayonnement de Jean-Baptiste Lamarck").


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MessagePosté: 22 Juin 2008, 00:28 
Défioliant
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Inscription: 25 Jan 2005, 00:24
Messages: 7403
Pas mal ce site de Lamarck. Plutôt moche au premier abord, mais c'est quasiment un musée et un herbier on line. Accessible à tout moment, même pour un gars sans mobilité. C'est ce genre de sites qui donnent une valeur indéniable à internet.

A propos de Lamarck et du "lamarckisme": sans remettre en cause le raisonnement darwinien, depuis quelques années on sait que le (néo) lamarckisme n'est plus une faribole dépassée mais un truc qui s'intègre très bien dans la Théorie moderne de l'évolution.

En résumé, c'est dû à de nlles manières d'appréhender l'évolution-adaptation, nourrie par des observations :
- observation de plasticité [de l'expression] phénotypique chez certains organismes, constatée sous certaines variations environnementales *
- opposé à l'observation de rigidité [de l'expression] phénotypique pour d'autres, voire les mêmes organismes (appelé canalisation), et toujours selon des variations d'environnement*
(* rien d'autre ici que des événements et/ou variations de l'environnement, comme pour tout organisme ne vivant pas in vitro : ex. chaleur, stress, etc.).

Mais comment expliquer moléculairement que les résultats de phénotypes différents modulés par un changement d'environnement puissent se transmettre aux générations suivantes, ce sans modifier le génotype (et donc sans transgresser quoi que ce soit de connu ?)
Il y avait déjà l'intuition épigénétique, de mieux en mieux connue et corroborée, et actuellement une protéine semble un des bons candidats pour expliquer ces flagrants "lamarckismes" :
HSP90, une protéine dite chaperon "qui se fixe sur des protéines instables et les stabilise. Leur permettant d'assurer leur fonction normale". En quelque sorte, c'est une protéine "masqueur de mutations".
- Si peu de production de HSP90, l'expression phénoypique des organismes part dans différentes variantes.
- Si production augmentée de HSP90, l'expression phénotypique donnera peu de plaisanteries inattendues, c à dire peu de variations morphologiques pour un même génome, ou similaire.

La sélection naturelle va ainsi s'appliquer comme prévu sur les organismes, et sur l'expression phénotypique et en favorisant selon le cas certains individus à l'expression plus facilement variable ou pas, etc. Mais ici, l'environnement est double agent : sélectionneur et moteur des variations. Ca a peut-être l'air de rien ainsi proposé, mais c'est bourré de perspectives explicatives sur l'évolution.
Et ça réhabilite aussi pas mal Lamarck sans pour autant nier les lois de la génétique. Simplement le clivage Darwin-Lamarck devient une chose démodée, posthume.

réf : Massimo Pigliucci pour : Trends in Evol. & Ecology, 2005 + "Phenotypic plasticity: beyond nature and nurture", John Hopkins Univ. Press, 2001

ps : La découverte de cette fonction des protéines Hsp90 - pour Heat shock proteins -, est due à S. Rutherford et S. Lindquist (deux célèbres "Suzannes") en 1998, sur des drosophiles.

_________________
"Je veux qu'on me prenne pour un con car j'en suis un, qu'on me parle simplement pour que je capte bien car je suis idiot: si on me regarde et qu'on me parle sans égards, c'est déjà me considérer à peu près normal et pas uniquement comme un handicapé physique ou un déficient mental."


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