Oui, je comprends bien ton questionnement. Il est intéressant pour réfléchir, et légitime. Il est fort possible, même probable, que quelques lignées d'artiodactyles aient perdu ou plutôt réduit indépendamment entre lignées quelques doigts latéraux, non pas que ce soit une tendance du "taxon" artiodac., mais une sorte de pression sélective subie par tous les animaux coureurs ; tous ceux courant sur de longues pattes en fait. Les mammifères vraiment coureurs (= qui ont besoin de courir vite pour survivre) deviennent en somme digitigrades, la disparition des doigts latéraux est alors une conséquence mécanique facilitée (liée à des événements ponctuels biogénétiques). Que ce soient les périssodactyles (chevaux surtout) ou même les oiseaux très coureurs (autruches, casoars, etc.) ou même mammifères carnivores (canidés ou félins par ex.) la tendance (la pression) est là. Toujours liée à d'autres contraintes +/- sévères et antagonistes, ce qui donne des canidés et félins avec un pouce très réduit, ne leur servant plus à quasiment rien - ou disparu... devenant tous digitigrades, mais avec la contrainte supplémentaire pour les carnivores de garder quelques doigts griffus leur permettant d'autres actions, ou carrément des pattes larges comme chez les félins: 4 bouts de doigts posés sur le sol avec pouce réduit aux antérieures, commun à beaucoup de carnivores digitigrades, absent aux pattes arrière. La contrainte sélective s'exerçant sur 4 doigts digitigrades (réduction au minimum et conservation de surface ou de doigts griffus), cela laisse la liberté aux facéties évolutives: soit de réduire le 5me doigt, le remonter un maximum du sol, le faire disparaître aux pattes arrière, voire le dédoubler parfois n'importe où, car sans plus de grande utilité qu'il soit conservé en quasi résidu ou pas. Ou à l'extrême: ne laisser plus qu'un doigt/patte touchant le sol, comme pour les chevaux, à un doigt central porteur; l'extrême chez les oiseaux étant l'autruche: 2 doigts/patte seulement.
Ce qu'il faut bien retenir à mon avis c'est que A) les "contraintes" (ou pressions sélectives +/- sévères) s'exercent sur des fonctions, morphologies ou comportements, - bref sur des caractères, des phénotypes - mais pas sur les lignées/taxons eux-mêmes. Le taxon (espèce, famille, ordre, etc.) n'a d'importance que pour les humains et leur compréhension systématique de l'évolution, pas pour la nature - qui n'en a cure. Par contre, il est B) des contraintes génétiques, embryo/morphologiques, etc. liées aux taxons, à leur héritage, à leurs patrons fondamentaux (par ex. une colonne vertébrale). Ce sont 2 sortes de contraintes très différentes: la première A, exercée par l'environnement sur les organismes ; la seconde, B, inhérente (intérieure, intime) à l'organisme lui-même, à sa biologie fondamentale. Celle-ci en quelque sorte pose des limites "aux possibles évolutifs". Et la première aussi, mais par d'autres vectorielles.
_________________ "Je veux qu'on me prenne pour un con car j'en suis un, qu'on me parle simplement pour que je capte bien car je suis idiot: si on me regarde et qu'on me parle sans égards, c'est déjà me considérer à peu près normal et pas uniquement comme un handicapé physique ou un déficient mental."
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