Pascal a écrit:
Ne parier point que Dieu est, c'est parier qu'il n'est pas. Lequel prendrez vous donc ? Pesons le gain et la perte en prenant le parti que Dieu est. Si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Pariez donc qu'il est sans hésiter. Oui il faut gager. Mais je gage peut être trop. Voyons : puisqu'il y a pareil hasard de gain et de perte, quand vous n'auriez deux vies à gagner pour une, vous pourriez encore gager. Et s'il y en avait dix à gagner, vous seriez bien imprudent de ne pas hasarder votre vie pour en gagner dix à un jeu ou il y a pareil hasard de perte et de gain. Mais il y a ici une infinité de vies infiniment heureuses à gagner avec pareil hasard de perte et de gain ; et ce que vous jouez est si peu de chose, et de si peu de durée, qu'il y a de la folie à le ménager en cette occasion.
Le "Pari de Pascal" est un sophisme d'une telle absurdité qu'il est ridiculement facile d'en montrer les failles. De nos jours, la plupart des religieux intelligents l'admettent ; c'est seulement un outil pour "remettre dans le droit chemin" des croyants pris par le doute. Il ne s'adresse donc pas aux athées.
Quelques trous au hasard dans le "raisonnement" percé de Pascal :
- De quel dieu parle-t-on ? De Vishnou, Yahvé, Allah ? Ce n'est en tout cas pas celui de Blaise Pascal, car sinon le raisonnement convertirait ses auditeurs au jansénisme. Non : il est sous-entendu que c'est le dieu de celui qui parle : Vishnou pour un hindou, Allah pour un musulman… Mais un athée n'a bien entendu pas de raison d'accorder à ce dieu-là une importance particulière.
- "Ne parier point que Dieu est, c'est parier qu'il n'est pas." Non, on peut aussi hausser les épaules devant tant d'absurdités, affirmées par des zozos sans crédibilité aucune. Tant de stupidités ne méritent même pas que l'on s'attarde à parier.
- En passant, y a-t-il "si peu de chose" à perdre en adoptant les pratiques religieuses de celui qui parle? Certainement pas : interdits alimentaires, décisions de vie dictées par des dogmes et leurs interprètes, perte de prépuce ou de clitoris, abrutissement intellectuel, anxiété devant l'enfer, suicide social, denier du culte, messes interminables etc... Beaucoup d'abandons pour 72 vierges illusoires.
- D'ailleurs, Pascal semble bizarrement considérer que l'on peut choisir de croire. Mais peut-on choisir de croire à un fatras parfaitement absurde, et sans aucune preuve ? Par lobotomie peut-être. Ou alors en suivant un long programme d'hypnose et de lavage de cerveau.
- Ce qui sous-entend que le dieu de celui qui parle apprécie une telle hypocrisie et adore que ses fidèles, par pur intérêt personnel, fassent le "pari" de faire des courbettes devant lui. C'est bien la mentalité du dieu décrit dans la Bible : un point pour Pascal !
- Mais nous, pauvres athées que nous sommes, nous trouvons face à une meute de religieux, chacun énonçant le Pari de Pascal au profit de son seul dieu : Krishna, Jésus, Olodumare... Comment choisir entre tous ces paris ! Devons-nous (a) choisir le dieu qui récompense le plus ou (b) choisir le dieu qui punit le plus ? Dans ce dernier cas, le dieu édulcoré de certains croyants modernes est mal parti : il paraît qu'il ne jette même plus en enfer !
Je comprends pourquoi Blaise Pascal n'a jamais osé publier une telle ânerie de son vivant.
Bon, moi j'affirme que le Monstre Volant en Spaghettis récompense, après leur mort, ceux qui agissent sans mettre systématiquement en avant leur intérêt et sans violer leurs propres convictions. Il jette donc dans la Poubelle Nouilleuse ceux qui ont été convaincus par le Pari de Pascal : pas de Tagliatelles Al Pesto Célestes pour eux !
.