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" Vous ne voyez dans mon exposé que la religion naturelle: il est bien étrange qu'il en faille une autre. Par où connaitrai-je cette nécessité? De quoi puis-je être coupable en servant Dieu selon les lumières qu'il donne à mon esprit et selon les sentime,nts qu'il inspire à mon coeur? [...] Montrez-moi ce qu'on peut ajouter, pour la gloire de Dieu, pour le bien de la socièté, et pour mon propre avantage, aux devoirs de la loi naturelle, et quelle vertu vous ferez naître d'un nouveau culte, qui ne soit pas une conséquence du mien. Les plus grandes idées de la divinité nous viennent par la raison seule. Voyez le spectacle de la nature, écoutez la voix intérieure. Dieu n'a-t-il pas tout dit à nos yeux, à notre conscience, à notre jugement? Qu'est-ce que les hommes nous diront de plus? Leurs révélation ne font que dégrader Dieu, en lui donnant des passion humaines. Loin d'éclairic les notions du grand Etre, je vois que les dogmes particuliers les embrouillent; que loin de les ennoblir,ils les avilisent; qu'aux mystères inconcevables qui l'environnent ils ajoutent des contradictions absurdes; qu'ils rendent l'homme orgueilleux, intolérant et cruel; qu'au lieu d'établir la paix sur la terre, ils y portent le fer et le feu. Je me demande à quoi bon tout cela sans savoir ma répondre. Je n'y vois que les crimes des hommes et les misères du genre humain

Emile ou de l'Education

Intéressant : Rousseau était apparemment déiste, une position très à la mode au 18ème siècle.

En gros, les déistes croyaient en un dieu créateur du monde (à l'époque, dans sa forme actuelle) mais qui, depuis, ne se mêlait plus des affaires des humains. D'où ils en déduisaient que toutes les religions sont des inventions humaines - mais ils n'étaient pas athées.

C'est de la contemplation de la nature qu'ils tiraient leur croyance résiduelle à un dieu.

Cette position philosophique a quasiment disparu avec les découvertes de la théorie de l'évolution et de la cosmologie moderne. Si quelqu'un fait l'effort de mettre en doute sa religion natale, l'étape naturelle suivante est de s'informer un minimum. Et par conséquent, la contemplation de la nature oriente souvent vers des lectures scientifiques, et non vers un spiritualisme béat. Ce n'est bien sûr pas automatique, mais la position énoncée par Rousseau n'aurait aujourd'hui aucune respectabilité intellectuelle.

Certains auteurs scientifico-mystiques modernes essaient de susciter des émotions spirituelles devant la valeur de la constante alpha ou le ratio matière/antimatière... Mais, même pour ceux qui adhèrent à ces sottise, c'est très aride et ennuyeux. Rien à voir avec la profusions de mystères merveilleux dans lesquels certains naturalistes d'il y a trois siècles voyaient la patte de leur dieu.

Il y a eu un autre topic sur le sujet ici.