L'article dont je vous ai parlé (pour ceux que ça intéresse)
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Performances
Le film montre des scènes normalement coupées au montage : une fille qui s’évanouit, qu’on redresse et qu’on secoue pour le plan final d’éjaculation sur le visage. Une autre qui raconte comment elle s’est mise à saigner entre deux prises, ce qui n’a pas empêché le tournage. Tous les films X ne sont évidemment pas concernés par la violence, l’humiliation infligées aux actrices. Mais dans la profusion de films qui défilent sur le net, on surprend parfois de vraies grimaces de douleur. Et on se demande. Que se passe-t-il entre les prises ? Qui sont ces hommes et ces femmes que les spectateurs consomment à échelle industrielle ? Parce que c’est bien d’une industrie qu’il s’agit. Aux USA, l’industrie pornographique rapporte 4 à 6 milliards de dollars par an. Plus que l’industrie du film et du disque réunies. La diffusion de "Playboy" et de "Penthouse" (24 millions d’exemplaires) est deux fois plus importante que celles de "Newsweek" et de "Time" réunies… Toujours aux USA, 75 % des magasins de vidéo vendent des K7 ou DVD pornos, qui assurent entre 50% et 60 % de leur chiffre d’affaires. Et 65 % des connexions sur le net concernent des sites pornographiques. (NB : ces chiffres datent de 2002, ils ont donc dû évoluer à la hausse depuis). Soyons clairs : je ne suis pas abolitionniste et suis personnellement amatrice de certains films X. C’est le processus industriel, la profusion des chiffres, la généralisation de films disponibles sur le net, tournés par des sociétés de production dont le consommateur/internaute ignore tout, cette gigantesque industrie souvent anonyme, que je pense utile de questionner : sous les chiffres, combien de corps ? Et qui sont-ils, ou elles ? Le film Shocking Truth est loin de fournir toutes les réponses. Disons qu’il ouvre certaines pistes de réflexions, pas toujours agréables. En tant que spectateur, il serait plus simple de se dire qu’il n’existe que des films X de qualité, avec des actrices qui s’épanouissent dans le métier. Et c’est sans doute vrai pour certaines. Mais les milliards de dollars de cette nouvelle industrie, en croissance perpétuelle, cachent une réalité à plusieurs facettes. Les questions soulevées par Shocking Truth concernent ces jeunes femmes anonymes, dont le spectateur voit tout mais ne connaît pas le nom. D’après un producteur de films X suédois* : « [Les filles] sont très souvent d’anciennes victimes de viols ou d’inceste. » Un temps : « Bien sûr, dans ces conditions, on peut se demander si elles choisissent ce métier librement ». Et les hommes ? Réponse du même producteur : « Les hommes ne doivent pas être émotifs pendant. Il ne faut pas, par exemple, qu’ils attendent une réponse de leur partenaire, qu’ils soient attentifs à leurs réactions. Alors, s’ils sont émotifs, ils ne peuvent pas vraiment faire ce travail. En fait, les hommes doivent pouvoir agir comme des machines. » Témoignage d’un ancien commissaire, qui a rencontré d’innombrables prostituées et actrices du hard* : « J’ai connu des milliers de filles. En fait, j’ai l’impression d’avoir rempli une fonction de travailleur social. Ce ne sont pas les mêmes filles dans le porno et la prostitution. Mais elles ont le même profil. Presque toutes ont été abusées dans l’enfance. » Que ce soit en France, aux Etats-Unis ou en Suède, la constatation des associations est la même. Les anciennes victimes d’inceste ou de viols, enfants martyrisés, habitués à la douleur comme à la docilité risquent plus que les autres de nouveaux abus, surtout lorsqu’ils / elles n’ont pas pu bénéficier d’un processus d’aide.
Backstage : deux filles interviewées * entre deux scènes, du sperme sur le visage. La première, sourire figé, regard fixe : « Je sais que je suis une grosse pute. Mais je ne me rappelle plus quand ça a commencé » . La seconde : « Peut-être… quand je me suis fait enculer par l’avocat de mon père. Enfin, je ne sais plus si c’était son avocat ou un de ses collègues. J’avais douze ans. » Elle énonce cela d’un ton monocorde, sans cesser de se masturber. Ni de sourire à la caméra. Un autre producteur* : « Il n’y a pas de loi interdisant de faire de l’argent dans un système capitaliste. Je n’ai pas inventé le capitalisme. Je suis innocent. »
Backstage
La plupart du temps, le débat sur la pornographie est centré sur le spectateur, les fantasmes que le film X entretient en lui, etc… La question de ce qui se passe sur le tournage est souvent éludée, faute d’information, surtout dans le cas des innombrables films disponibles sur le net. Prenons maintenant l’exemple d’un film culte des années 1970, "Gorges Profondes". Linda Marchiano, alors connue sous le nom de Linda Lovelace, a déclaré des années après le tournage avoir été battue, menacée d’un pistolet par son compagnon afin de pouvoir accomplir les performances en matière de fellation qui ont fait le succès du film. Pendant les mois qui ont suivi, d’après les associations, de nombreuses femmes auraient été hospitalisées aux Etats-Unis, parce que leurs petits amis voulaient réitérer à la maison l’exploit que Marchiano n’avait pu accomplir que dans un état second… Légende urbaine ou réalité ? Difficile de vérifier. Mais les médecins confirment que des actrices non professionnelles, mal préparées à une fellation de type « gorge profonde » peuvent se vomir sur les bronches, risquant la mort par étouffement. La performance « deep throat » nécessite donc de contrôler le réflexe de vomissement. Le plaisir semble loin. Tournage*. Une petite blonde se fait sodomiser par un homme, puis un autre, puis un troisième. Ils font la queue sans état d’âme. Les larmes font couler le maquillage. Difficile de confondre les cris de la fille avec des cris de plaisir. Entre le deuxième et le troisième type, qui la secoue comme un sac, elle chancelle, ses yeux virent au blanc. Plan coupé. Séquence suivante, la même fille a trois mains plongées dans le vagin, la fouillant sans ménagement. Les mains se retirent, elle manque tomber. On la redresse, on lui plaque le visage sur un sexe pour une fellation. Il faut finir la prise. Interview backstage de la fille. Les larmes n’ont pas encore séché. - Q : Si un inconnu vous mettait son sexe dans la bouche en pleine rue, ça vous dérangerait ? - R : Vous croyez que je les connais, les hommes avec qui je viens de tourner ? Je ne les avais jamais rencontrés avant le tournage. Alors si un inconnu jouissait dans ma bouche, non, ça ne me dérangerait pas. Elle sourit à la caméra, un sourire glaçant après les grimaces de douleur de la scène précédente. Elle ajoute : « Mais n’oubliez jamais que j’aime ça. J’adore le sexe, je suis une vraie pute et j’aime ça. » Backstage, encore. Une autre actrice *, le visage plein de sperme. - Q : De quoi avez vous peur ? - R : De devenir un animal. Je ne suis plus un être humain. Je me sens comme un animal. Même question à une autre fille *, qui suce un gode fluorescent. Elle sort le gode de sa bouche, son regard s’éteint, devient fixe. - Q : De quoi avez vous peur ? - R : De devenir rien. Et ensuite moins que rien. Backstage toujours. Elle doit avoir environ 25 ans *. Elle raconte son expérience d’ex-actrice de X. Elle parle de Cookie en disant « elle », comme s’il s’agissait d’un corps étranger, comme si elle ne pouvait pas raconter à la première personne. Cookie, c’est pourtant elle. Cookie devait tourner une double pénétration. Elle s’est mise à pisser le sang. Il a fallu couper. Les producteurs et les autres acteurs lui ont donné des kleenex, en la traitant de conne parce qu’elle gâchait le film. Après cinq minutes de pause, le tournage a repris, elle a dû finir la scène. Après tout, elle était payée. Elle ajoute, parlant toujours d’elle-même à la troisième personne : « Cookie avait une hémorragie qui nécessitait une hospitalisation d’urgence. » Autre témoignage, celui de Raffaëlla Anderson dans son livre, "Hard" :
« Prenez une fille sans expérience […], loin de chez elle, dormant à l’hôtel ou sur le tournage : faites lui faire une double pénétration, un fist vaginal, agrémenté d’un fist anal, parfois les deux en même temps, une main dans le cul, parfois deux. Tu récoltes une fille en larmes, qui pisse le sang à cause des lésions, et qui généralement se chie dessus parce que personne ne lui explique qu’il faut faire un lavement. De toute façon, c’est pas grave, la merde fait vendre. Après la scène qu’elles n’ont pas le droit d’interrompre, et de toute manière personne ne les écoute, les filles ont deux heures pour se reposer. Elles reprennent le tournage. » Raffaëlla Anderson, encore : « Le matin, tu te lèves, tu te fourres pour la nième fois ta poire de lavement dans le cul et tu nettoies l’intérieur. Tu réitères jusqu’à ce que ce soit propre. Rien que ça, ça fait mal. […] Après ça, j’ai besoin de me mettre sous la couette une heure pour oublier combien j’en souffre. […] Aucune position ne convient. Tu tournes dans tous les sens mais y a rien qui t’apaise. Après quoi, tu te retrouves sur un set et tu suces, tu cambres. On te traite de salope […]. Rien ne vaut une telle souffrance. » [...]
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