Zartregu a écrit:
J’ai lu que, comparées à d’autres disciplines touchant aux sciences, les mathématiques abritent une proportion de croyants relativement élevée. J'ignore si c'est exact
Selon mon experience - subjective et pas forcement representative -, la proportion de croyants chez les mathematiciens est effectivement plus elevee que chez les biologistes, que chez les physiciens ou que chez les maitres-bouchers. En fonction des pays consideres, cette proportion peut meme etre (tres) superieure aux estimations de la proportion de croyants dans la population prise dans son ensemble. Je dirais, au pif, que cette proportion oscille entre 30 et 60%. Dans le recipient "croyants", je mets egalement les individus qui adherent a un "mysticisme" apparemment etranger aux monotheismes abrahmiques et aux differents (poly-)deismes. Bref, je brasse large. Mais pas trop.
Citation:
[Le(s) pourquoi(s)] Goût pour les vérités absolues peut-être. Egalement, un objet mathématique est réputé exister si sa définition n’entraîne pas de contradiction interne.
Doit peut-etre y avoir de ca, en effet. Meme si ces deux choses plaisent egalement aux matheux incroyants (a l'exception peut-etre de la notion d'existence qui, telle que tu l'as definies, ne convient pas auxdits "constructivistes", croyants ou non).
Comment expliquer ces 30-60% de croyants chez les mathematiciens? Reformulons la question de facon a ce qu'elle ait un sens: comment expliquer que la proportion de croyants chez les mathematiciens soit, semble-t-il, plus elevee que la moyenne des proportions de croyants d'autres categories socio-professionnelles scientifiques, voire que la proportion de croyants de la population du pays de reference? Je sais pas. Chacun a sa petite idee la-dessus. Je pense qu'une des causes probable reside dans la
neo-platonite (aka y'a un "
monde d'en-bas", vil et grossier, et y'a un "
monde d'en-haut", eternel et pur, dont le premier n'est qu'une ombre du deuxieme). Cette maladie est benigne a petites doses. Elle a meme alors quelque chose de poetique. A hautes doses, par contre, c'est la porte grande ouverte sur la convergence abrupte vers les aneries religieuses et/ou proto-religieuses de quelque obedience que ce soit. Mais bon, c'est plus "
extra-mathematique" que mathematique: cela a trait a l'idee que l'on se fait des liens entre mathematiques et reel, et non a l'activite mathematique elle-meme (ce qui fait que n'importe qui, du philosopheux au CRS, du lyceen a l'etudiant en DEUG, en passant par un Medaille Fields, un Prix Nobel ou un Premier Prix de l'Anchoiade de Trifouillis-les-Oies, peut-etre atteint de
neo-platonite a differents degres, en la justifiant de facon plus ou moins argumentee). Inoffensif, donc. Et puis, in fine, y'a pas de contre-indications dans le fait d'etre a la fois croyant et matheux, du moins tant que tu ne casses pas les couilles de ton prochain. Comme pour tout, quoi. Inoffensif bis, donc.
Il serait peut-etre interessant de savoir quelle est la proportion de matheux qui sont devenus croyants - = recipient comme defini ci-dessus - par les mathematiques ou qui ont vu leur foi (en j'sais pas quoi) etre renforcee par les mathematiques. Je l'ignore. Mais y'en a. Des celebres et des pas celebres. Pour n'en citer qu'un - mais surtout pour en citer un sur lequel ne plane aucun doute, contrairement par exemple aux cas d'un Goedel ou d'un Rucker -: Tipler. Son dada? La "physique de l'immortalite" et la "physique du christianisme". Bref.
Citation:
des mathématiciens se disent guidés dans leur travail par une intuition esthétique, suite à quoi ils confrontent bien entendu celle-ci à la vérification.
D'un cote y'a l'
esthetique - difficile a definir meme s'il semblerait que les (tentatives de) dedinitions "formulees" par les individus directement concernes comptent plus de points communs que de points de fuite - qui guide souvent les matheux vers une solution ou une bonne idee. Pas que les matheux d'ailleurs. En physique(-mathematique), par exemple, il n'est pas rare que le fait de se laisser porter par un formalisme "elegant", de se laisser envouter par une symetrie particulierement "belle", etc., permette de capturer "theoriquement" un bidule "qui pete de necessite" mais qui ne sera mis en evidence experimentalement que bien plus tard (cf. p.e. le cas archi-connu des antiparticules de Pauli). D'un autre cote, y'a l'
intuition - toute aussi difficile a cerner - qui est en quelque sorte la soeur siamoise de l'
esthetique. Elle donne souvent le meme genre de fruits, mais elle est sans doute encore plus "ambigue" et peut donc recouvrir plusieurs sens allant du plus sain au plus debride. Par exemple, cette
intuition est, pour ceux qui sont atteints de
neo-platonite alpha, le pont ou le point de contact entre la "
realite mathematique" et la "
realite physique". Pour ceux qui sont atteints de
neo-platonite beta, cette intuition est ce truc bizarre et impalpable (sauf pour certains dont Penrose) qui ne se laissera par exemple jamais embrigader par la these de Church ou par l'un de ses avatars. Pour etre un peu plus precis, qu'il s'agisse de
neo-platonite alpha ou
beta, l'
intuition est le machin qui te permettra d'"avoir conscience de l'infini" bien que tu ne puisses le saisir ou qui te permettra de "voir la verite d'un enonce" alors que celui-ci n'est pas algorithmiquement "decidable" (en gros). Tu me diras peut-etre qu'a priori l'
intuition ainsi vaguement definie n'a rien - ou peu - a voir avec les croyances. Oui et non. Pourquoi non? Parce que la
neo-platonite. La boucle est bouclee et j'ai cause pour ne rien dire. Arf!
Citation:
Pour s’en tenir à des Français lauréats de la médaille Fields, A. Grothendieck a révélé dans son ouvrage «
La Clef des Songes » comment ses rêves lui ont prouvé l’existence de Dieu. Sans parler de Laurent Lafforgue, catholique notoire.
Lafforgue est effectivement un catholique notoire, mais il est egalement un laique dans les faits et gestes. Quant a Grothendieck - authentique genie mathematique et monstre inegale de travail -, difficile d'etre concis tellement le personnage est complexe et, disons-le, torture, poils aux pieds. Quoi qu'il en soit, lorsqu'on s'interesse a sa biographie, il semble alors presque evident qu'un jour ou l'autre Grothendieck finirait par rencontrer Dieu.
Archie Cash a écrit:
Zartregu a écrit:
Le carré de Dieu le père est-il égal à la somme des carrés de Jésus et du Saint-Esprit ?
Ben non. Allons, tu sais bien que l'éternel trinitaire (1/3*3/1) est un triangle isocèle. (ça se saurait sinon. Gode est everywhere)
Un triangle peut etre rectangle et isocele a la fois, mais pas rectangle et
equilateral a la fois (ca se saurait sinon).