Déprime partagée quand je vois des félins.
Hans a écrit:
En tout cas c'est un joli coquillage que ce Busycon contrarium, en fait je me demande si on peut pas comparer ces différences exceptionnelles d'enroulement avec les cas de situs inversus chez les être humains ou peut être même avec le retournement qu'on subit nos lointains ancêtres communs avec les arthropodes où notre système nerveux est passé à l'arrière et notre tube digestif à l'avant!
Oui, c'est une bonne question. Pourquoi pas ?
La question se la sont sans doute posée ceux qui cherchent à reconstruire le schéma du plus ancien animal à symétrie bilatérale... J'ignore pourquoi, mais ce genre de sujets me passionne aussi, sans doute la nostalgie de nos vies antérieures, lorsqu'on était incarnés en anchois ou en champignos.
Dans un récent numéro de la revue "La recherche, mars 2009", tu trouveras un court article de quelques pages traitant précisément de ce sujet :
=> en résumé : puisqu'on ne sait pas trop comment était structuré cet ancêtre (si syst. nerveux ventral ou dorsal), une autre possibilité à ta proposition de retournement serait que le plus ancien bilatéral ait eu un système nerveux diffus, de type
acoele (vers plats), sur le pourtour du corps - donc autour des organes internes treès simples. Ensuite une lignée aurait centralisé son système nerveux en situation ventrale, et l'autre en situation dorsale.
Le système nerveux diffus de cet ancêtre pourrait être alors similaire à celui des vers plats (ni anus séparé de la bouche, ni axe ni ganglions cérébraux) et donc les vers plats actuels seraient un intermédiaire structural similaire à l'origine des proto et deutérostomiens, ou alors la seconde hypothèse, les vers annelés (bouche séparée de l'anus, axe nerveux) seraient les plus proches de l'archétype ayant donné deutéro-protostomiens modernes.
Et dans ce second scénario, il y aurait eu d'abord le type protostomiens et ensuite un retournement ayant conduit aux deutérostomiens comme tu l'as suggéré.
Difficle de trancher, mais l'article va t'intéresser car il donne pas mal d'éléments et pistes y compris sur les gènes ancestraux. Ce en peu de pages, mais denses d'informations.
_______
Pour ce qui est de la comparaison entre torsion de la coquille des mollusques et altérations de la symétrie des organes des vertébrés, je ne saurais rien ajouter. Je crois que sur internet se trouvent quelques explications sur la genèse de la coquille des mollusques,
que je n'ai pas lues, et dont je ne sais strictement rien. Des pages sur l'organogenèse sans doute, mais probablement pas sur le
pourquoi de dextres ou sénestres. (*)
Si les "
situs inversus" chez les vertébrés, aux causes et mécanismes divers, sont relativement bien compris par les toubibs, je doute fortement qu'il y ait de vraies et bonnes explications sur ces "anomalies" d'enroulement des coquillages, ni sur le pourquoi certaines familles s'enroulent dans l'autre sens... Manque de sous et/ou d'intérêt.
Voir discussion du dessus sur la chiralité (*) : Il faudrait déjà savoir pourquoi la majorité des coquilles sont droitières, afin de tenter de comprendre pourquoi certaines sont gauchères. (*)
Alors que chez les vertébrés on connait mieux comment se forment les organes dédoublés comme les poumons et coeur p.e., souvent par croissance asymétrique à partir d'une structure sur la ligne médiane, et donc leurs pathologies de développement sont aussi mieux comprises ; je suppose que, malheureusement, pour les pauvres escargots les spécialistes en savent sans doute nettement moins.
In vino veritas, in money fatalitas. (*) Car justement c'est là le hic, et ça complète l'article proposé en haut de topic par Pyne Duythr : si la chiralité moléculaire (protéique p.e.) peut expliquer le pourquoi du sens "droite" de l'enroulement des coquillages, elle ne peut pas expliquer le pourquoi de la torsion inverse chez certaines familles ou individus. Cette anomalie doit donc avoir des des origines génétiques-embryologiques car transmissibles chez les taxons, et non pas de chiralité moléculaire. Si j'étais chercheur dans ce domaine de la chiralité et patata, les coquilles d'escargots et leurs exceptions seraient justement une aubaine extraordinaire pour découvrir la genèse de ces torsions - dans une/des molécules du vivant différente chez les unes et les autres. Or rien de moléculairement différent n'a été découvert entre les différents gastéropdes droitiers-gauchers. Ca se saurait... Car ce serait le Nobel assuré.
Tous les animaux utilisent p.e. aminoacides "gauche", sucres "droite", etc. Ces géométries moléculaires-ci, alors qu'il aurait pu en être autrement, sont peut-être la cause primordiale de pas mal de structures dans un sens-ci, mais pas des exceptions vu que les molécules sont les mêmes.