Nan, pas buggué du tout, c'est pas ça. Tu n'as sans doute buggué en rien et tu as bien fait d'apporter tes synthèses. C'est intéressant.
C'est simplement que Gould a une sacrée tendance à approfondir et développer à l'extrême des réflexions internes de spécialiste philosophique en évolution, qui dépassent un peu le raisonnable. Le raisonnablement
digeste j'entends.
Un peu comme une thèse sur X sujet très très restreint, tellement que seules 3 personnes au monde s'intéresseront à ce niveau de décryptage.
S. Gould, en le caricaturant un peu, me fait un peu cet effet (j'ai lu la plupart de ses best-sellers) : il développe des trucs ou idées - parfois pas vraiment déterminantes ou relativement peu importantes (des réflexions de philo évolutive pure) - à un extrême que cela lui fait parfois perdre le fil de son sujet. Et il se perd alors durant des pages sur des délires accessoires - mais reviendra ensuite au fil de son sujet, heureusement.
Je me souviens par exemple d'un de ses célèbres textes où il faisait une analogie explicative entre un ou des joueurs de base-ball et je ne sais plus trop quoi, ce durant des dizaines de pages. J'en croyais pas mes yeux d'avoir fini le tout.
Mais ce n'est que mon opinion un peu caricaturale sur les bouquins de Gould dont j'étais (et suis encore) un lecteur satisfait et même un fan. Il développe tellement certains trucs évolutifs ou réflexions purement darwiniennes - comme s'il sentait qu'il se devait les défendre - alors que finalement, la bio-évolution s'en passerait peut-être très bien.
Un exemple de cas qui me vient en tête (pas un ex. de Gould mais général, souvent galvaudé par des philosopheux ultradarwinistes, ce que Gould n'est pas vraiment) : l'exigence d'avantage évolutif pour justifier l'existence ou fixation d'un [nouveau] caractère. Pourquoi cet exemple-ci ? Déjà pour amener un autre paragraphe, et aussi car on peut, pour chaque exemple de changement constaté, extrapoler 40 000 pages de +/- bonnes à excellentes réflexions adaptatives, pour et contre x avantage, etc.
Alors que cette nouveauté/caractère - s'il a pu apporter un avantage ou des avantages - a aussi très bien pu se fixer pour d'autres raisons plus primordiales qu'adaptatives, car sans avantage déterminant. On n'a PLUS, à mon humble avis, à exiger d'explication adaptative pour réfléchir sur chaque organe/objet biologique existant. Même si c'est un plus, un argument der haut intérêt lorsqu'il est favorablement étayé, ce n'est pas indispensable.
C'est un peu pour ces raisons que j'aurais de la peine à apporter une modeste contribution à cette problématique que tu soulevais plus haut :
Hans a écrit:
De plus je perçoit bien ce que tu veux dire par le fait qu'au final toute mutation est brutal en soit, en fait la question est plutôt celle de l'ampleur de la mutation sur le phénotype, à savoir est-ce qu'une mutation ayant pareille ampleur peut représenter un avantage sélectif, chose apparemment dure à avaler du premier coup mais paraissant moins absurde quand on se met en tête le nombre de tentatives ratées comme tu l'avais rappelé dans l'autre topic!
C'est dur à avaler si on exige un avantage sélectif ou adaptatif dans la réduction du nombre de segments. Bon, moi je ne me casse pas trop la tête avec ça (à tort, possible).
Un avantage sélectif ou adaptatif n'étant qu'une réflexion humaine sur un processus passé, pas vraiment indispensable car autant les insectes avec "peu" de segments/pattes se sont répandus que les crustacés, qui quant à eux ont conservé leurs nombreux segments/pattes (variables). Sans parler des myriapodes... Du coup, l'intérêt et avantage sélectif/adaptatif d'une réduction de pattes chez l'insecte est relativisé, voire anéanti, par la simple existence d'arthropodes avec de multiples pattes et segments. Ce qui relativise par conséquent l'importance de l'exigence de justifications adaptatives/avantageuses.
Bien entendu, les bons exposés sur l'avantage de la rigidité d'un oiseau ou insecte pour le vol battu, ou autres sujets biomécaniques évolutifs, sont intéressants. Faut pas se priver d'en proposer ni d'en lire - surtout de la plume de bons auteurs -, mais ils sont réflexions plutôt que description de processus passés ou entités biologiques.
Pour finir mon speech: s'il est certain que la pression sélective est omniprésente et primordiale, s'exerçant dans tout phénotype avec plus ou moins de force, il est pour autant abusif d'en déduire que l'avantage évolutif ou l'adaptabilité seraientt une clef sine qua non, ou à exiger dans un raisonnement, pour expliquer l'existence d'un organe ou objet biologique.
Un exemple de réflexion paroxysmique "gouldienne" (dans ton post) :
Synthèse de Gould a écrit:
Pour S.J. Gould l'apparition de structure conférant des réserves exaptatives est aléatoires car la sélection naturelle agissant au niveau de l'organisme ne le fait jamais dans le but de sélectionner quelque chose qui pourrait éventuellement servir à autre chose plus tard, au contraire la sélection naturelle peut même diminuer les réserves exaptatives en spécialisant trop un clade et donc en diminuant les chances de survit de celui-ci à long terme!
Ainsi pour S.J. Gould les conséquences secondaires des innovations structurales (augmentations ou diminution des réserves exaptatives, donc positives ou négatives) seraient dans l'équivalent des mutations (positives ou négatives) à un niveau supérieur de la sélection hiérarchique!
Je dois dire que c'est sans aucun doute très vrai et pas faux, mais je dois dire aussi que... Ben que, tout simplement et par ex., "
réserves exaptatives" est une considération, un concept, dont il a besoin pour sa phrase et réflexion, mais dont franchement on pourrait tous se passer car il s'agit en fait d'une
virtualité (discursive), pas d'une entité biologique-évolutive. Des concepts qui se rapprochent de la "fitness" et autres mots utiles pour des réflexions évolutives, utilisés par certains et pas par d'autres, mais dont on n'a pas de nécessité universelle. Enfin, moi je me comprends...
De mon temps on parlait ainsi chez les montagnards rustiques:
- structure hyper spécialisée => potentiel adaptatif réduit.
- structure peu spécialisée => plus grand potentiel adaptatif en cas de bouleversement écologique. Et on se comprenait quand même. C'est +/- kif-kif.