C'est amusant : le pape vient de démolir un des arguments favoris de ses amis apologistes catholiques ! Laissons la parole à Mgr di Falco,
interviewé en décembre 2006 :
Mgr di Falco a écrit:
"Cela montre aussi que la position de l’Église est méconnue : le Pape n’a jamais parlé du préservatif, mais lorsqu’il parle de fidélité, on en conclut qu’il condamne l’usage du préservatif."
Le même monseigneur, tout penaud, change à présent son fusil d'épaule (
Libération du 19 mars 2009) :
Citation:
l’évêque de Gap, Jean-Michel di Falco, a admis que si l’on ne parvient pas à vivre «l’idéal» de la fidélité, «on ne doit être ni criminel ni suicidaire et on doit utiliser le préservatif»
Cela dit, puisqu'il n'y a pas actuellement de catholiques ici, endossons la casquette de l'avocat du diable.
Quand le pape dit "
Jésus vous aime" il fait une affirmation invérifiable. Mais quand il estime que l'utilisation des préservatifs "
aggrave le problème" il s'expose à la réfutation, ce qui est un progrès.
L'hypothèse pourrait même faire du sens au premier abord. J'ai entendu dire que lors de l'introduction des freins ABS, les assureurs automobiles avaient tout d'abord baissé les cotisations des automobilistes équipés, pour finalement annuler cette baisse. En effet, rassurés par la technologie, les conducteurs adoptaient une conduite plus dangereuse.
Si j’interprète donc la pensée papale, cela voudrait dire que les utilisateurs de préservatifs, se sentant invulnérables, augmenteraient leur activité sexuelle pour finalement annuler l’avantage de la protection. (Suivant cette même logique, le pape devrait fermement condamner la circoncision, dont des études montrent qu’elle réduit de 60% le risque de transmission du HIV.)
Cela me semble tout de même douteux. Selon les études scientifiques dont j’ai trouvé les
références, le préservatif réduit de 87% environ la transmission du VIH.
Si, comme c'est probable, ces chiffres mesurent la transmission sur une population donnée, alors ils contredisent purement et simplement le pape. Ils prennent en effet en compte les changements éventuels de comportement.
Mais même s'ils estimaient la différence de transmission à nombre égal de relations, il faudrait que l’utilisateur (ou utilisatrice) systématique de préservatifs soit incité à multiplier par 8 (voire 100 pour certaines études) son activité par rapport à son comportement précédent. L’hypothèse papale ne me semblerait alors pas totalement déraisonnable – mais elle n’est à ma connaissance appuyée par aucune étude scientifique.
Des chiffres plus récents sur le taux de transmission avec utilisation de préservatif sont disponibles sur ce
lien payant. Il conviendrait d’examiner les hypothèses et ce que recouvre le pourcentage brut qui en est tiré.
Édité le 20 mars 2009 pour préciser les hypothèses.