Juste pour alimenter la discussion.
Cinci a écrit:
L'auteur peut attirer l'attention sur le fait, encore, que le vêtement n'est vraiment pas un petit détail, tout contrairement à ce que l'on pourrait croire. Disons, ce n'est pas un détail insignifiant quant aux types de conséquences que l'on obtient chez les gens, et formant un société humaine donnée. Le Bernard l'ermite se réfugiant dans une coquille abandonnée n'essaiera pas, en se comportant ainsi, d'aller cacher ses humbles génitoires, et ne sera pas mû non plus par une espèce de honte plus ou moins relative. On a beau placer l'humain dans une sorte de continuum biologique : il reste pas moins que, une certaine appréhension (sorte d'expérience vécue) face à bien des choses, demeure un trait typiquement humain; qu'il ne servirait pas à grand chose d'espérer aller pouvoir nier cela. La différence serait comme d'ordre opératoire admettons, sans compter une sorte de répercussion sur la psyché de la bête humaine qui ne se pose pas pour le reste du règne animal. Il peut y avoir quelque chose d'unique ou particulier à l'humain dans l'état actuel des choses, mais sans qu'il faille pour cela sortir d'un ordre animal à la base.
Excuse-moi de corriger bien que tu ne l'ignores pas, mais justement car tu ne l'ignores pas je le rappelle : il existe encore des populations sous les tropiques qui sont et des humains adultes à part entière, et qui vivent entièrement nus, quasiment nus, et qui du moins ne présentent aucune espèce de honte face à leur nudité. Donc ce trait de comportement, l'habit, n'est pas un trait typiquement humain sinon un trait de certaines cultures humaines. La différence peut te paraître insignifiante, mais pour moi elle est fondamentale.
Fondamentale en ce sens que, d'une part cela permet de distinguer ce comportement comme un acquis sociétal et culturel de l'espèce humaine (tout comme le permis de conduire pourrait l'être), acquis et imprégné progressivement mais assez rapidement chez l'enfant à partir d'un certain âge - réversible - et cela fait mieux comprendre qu'il n'est pas plus indispensable pour
être humain qu'il n'est un trait de comportement de notre humanité, sinon un comportement dérivé de/à et propre à certaines cultures humaines, voire sous certaines conditions climatiques, stratégiques, etc.
De plus, cela permet d'évacuer l'ambiguïté qu'une mauvaise langue pourrait mal comprendre à ces propos-ci :
<< The transition from big-brained primates to homo sapiens is also a transition from nakedness to clothes. And as soon as man is clothed he bears a visual sign of his separateness and uniqueness. >>Non. La proposition
"transition primates à grosse tête vers Homo sapiens, est aussi une transition nudité vers habillement " est insultante envers toutes les populations n'ayant pas adopté le vêtement porté en permanence, qui de plus la réfutent ; en plus d'être une proposition aussi intéressante et utilitaire qu'une séchoir à linge sans cordes...
Cinci a écrit:
Il peut y avoir quelque chose d'unique ou particulier à l'humain dans l'état actuel des choses, mais sans qu'il faille pour cela sortir d'un ordre animal à la base.
Il y a quelque chose de particulier et même d'unique à cela, certainement. Mais la honte de la nudité n'est peut-être que la conséquence sur notre psychisme d'un objet plus primordial et fondamental, plus oppressant.
Il y a comme une espèce d'inversion du fondamental dans cette phrase, qui d'ailleurs ne fait que suggérer que tu as une petite idée, mais que tu n'as pas encore formulée.
Cinci a écrit:
Autrement, parler d'une morale pour des singes c'est un peu forcé. Le scepticisme pourrait être de mise, de ce côté. Une véritable morale personnelle c'est bien plus qu'une sorte de sens d'équité par rapport à une distribution égale de récompense. Un singe ne se questionnera pas souvent, en ce sens que lui-même ne se fait pas trop de mouron et quant au sens de sa propre condition de singe poilu (sourire). La bête humaine n'est pas déchargée d'un acte réfléxif qui l'enligne souvent dans une sorte de morale, peu importe laquelle mais une vraie.
Ce paragraphe suit directement le précédent dans ton post. Sans doute n'y a -t-il aucune relation entre nudité et morale, mais on pourrait le mésinterpréter. Peu importe.
Sinon, discuter de ton paragraphe n'est possible que si l'on prend comme acquis des idées comme "véritable morale personnelle", ou même comme acquis que tu saurais
ce que pense un singe... Et les questions qu'il se pose.
Personnellement, j'évite comme la peste de parler à la place "des singes". de prétendre savoir ce à quoi ils pensent ou pas, et en premier lieu j'évite tout simplement ce terme singes car il ne signifie rien si on n'y inclut pas l'Homme. Il y a des primates hominidés, du même taxon que notre espèce, et il y a d'autres primates de taxons plus éloignés phylétiquement. Leur éloignement ou proximité est à tous points de vue, développement psychique, comportemental, motricité, génétique, fortement corrélé et proportionnel à leur parenté.
Les singes étant le nom vulgaire des haplorrhyniens, ce taxon inclut donc l'homme. Entre la plus petite cervelle et psy de primate et le chimp, il y bien plus de distance qu'entre celle du chimpanzé et l'homme. Du coup, opposer l'Homme aux singes dans un discours philosophique ou autre, n'est guère plus judicieux que d'opposer l'Homme aux bêtes à écailles. Généralement, cela ne donne que des grandiloquences telles "l'homme s'habille, pas les bêtes..." qui ne mènent jamais à une discussion anthropologiquement intéressante. Et si oui, je veux bien qu'on m'en indique une.
Du coup et de surcroît, car c'est lié à ce qui précède - lorsque tu parles de véritable morale personnelle, je ne puis te suivre si tu le stigmatises en exclusivité humaine, pour la simple raison - non pas que je sois du genre à bavarder avec mon poisson rouge et croire qu'il me comprend, mais car j'appréhende ce que l'on appelle communément
morale ou éthique, comme des mots opérationnels mais qui ne sont que pontification utilitaire d'un ensemble de stratégies de comportements sociaux que l'homme a intellectualisés, mais qui sont toujours aussi inféodés à notre système de cognition et réaction face à des situations qui nous réconfortent ou nous
déconfortent. Les lois et droits + conditions sociétales , sont les référents et géniteurs principaux de notre éthique - et ces premières ne sont qu'une construction de/pour le "bon fonctionnement" de la société humaine pour le vivre en société. A ce titre là, les tribus de chimpanzés et de gorilles, à leur niveau, ont eux aussi inventé des règles sociales, droits et interdits, indispensables à la bonen marche de leurs petites sociétés tribales. L'altruisme intra-tribu, la protection du chef pour les siens, le partage des proies chez les primates, etc. etc, sont aussi des succédanés altruistes - avec intérêt réciproque, ressentis par les hominidés comme des référents réconfortants/déconfortants. L'éthique d'un individu tire son origine d'objets plus profondément basiques ou psychiquement primordiaux, quand bien même il en a une impression réflexive toute autre. C'est pareil pour l'amour d'une mère vers son enfant : rien ne te permet de mettre un distinguo factuel entre celui d'une mère humaine versus celui d'une maman chimpanzé. Même pas sur leur intensité, que tu ne peux qu'imaginer même chez tes congénères. Les différences évaluées subjectivement déjà ne peuvent être que visionnées, via leurs comportements, car ils ne peuvent nous communiquer leurs pensées sous un langage compréhensible pour nous - mais surtout elles sont des différences de distance, de développement et de degrés, et non de substance.
Tout ce qui précède n'est pas de l'anthropomorphisme, mais la réduction d'une morale (même si je ne nie pas partager moi aussi une éthique avec toi, souvent coordinante) que tu proposes comme un objet hyperlatif, et que je tiens à redescendre à un niveau plus éthologique, car il s'agit bien d'une
intellectualisation verbale sur un ensemble de comportements dictés par notre "psy". Mais un psy auto-construit en partie par notre environnement et vécu social.
ps: je suis sans aucun doute en phase avec toi pour mettre les droits égalitaires et tout ce toin-toin à un niveau "suprême", c'est notre intérêt à tous - mais vu qu'ici la conversation semble partie sur une discussion anthropologique de l'éthique, de la nudité, etc. je me suis permis de remettre cela un peu plus près de son vrai substrat et origine socialo-organique, - plus que transcendante - on ne se refait pas. Rien ne t'empêche de lui ajouter des ailes d'ange (mais pas à plumes d'oiseau, sinon y aura un nouveau bug discursif. Et comme je suis un simplet j'entrerai dans une discussion inutile sur les volatiles, les anges, etc.).