Bien compris Jean Foutre Premier et Herr Doktor.
Simplement, il ne faut pas avoir peur des mots ni craindre de les lâcher comme un caca fumant en plein opéra.
Le mot eugénisme véhicule actuellement un sens restreint, limité à un seul objectif << d'"
amélioration" de l'espèce, par exclusion et destruction de X >>, alors que si on fouine ses origines et ses nombreuses utilisations historiques, c'est aussi et avant tout un procédé d'exclusion (par leur mort) utilitaire d'individus contraignants. Les grecs anciens, les Spartes par ex. avec leurs notions de génétique si poussée, devaient sans doute moins se soucier de transmission héréditaire de caractères peu favorables au bon combattant que de s'embarrasser d'individus qui seraient une charge pour leur société guerrière, à économie de guerre, où butins et prises de guerre remplaçaient un manque de denrées alimentaires dans une société ayant peu de production, d'éleveurs et d'agriculteurs. Ce sont bien avant tout des nouveau-nés spartes qu'ils tuaient à la naissance.
Idem pour les nazis, autre économie de guerre que Hitler fit sortir de la récession économique : en sus du génocide des juifs, tziganes, communistes et homos, l'Allemagne s'était déjà débarrassée des infirmes moteurs cérébraux, déficients graves à légers, handicapés divers, etc. ... qui étaient aussi des allemands.
La préservation de la "
race aryenne" ? Oui, certes, mais en amont il y a aussi aussi le débarras de gens peu utilitaires, qui seraient une charge pour l'économie allemande, et plus en amont encore, une charge familiale pour... pour la famille, pardi. C'étaient aussi de prétendus aryens "dégénérés" qui étaient sacrifiés.
Ce sont bien les deux sens et objectifs véhiculaires de l'eugénisme, l'un plus affiché que l'autre et plus propagandiste ; l'autre parfois moins consciemment avoué puisque l'état nazi prenait sous sa tutelle l'action de se débarrasser des handicapés.
Ceci pour dire que le mot eugénisme n'est pas usurpé pour qualifier certaines argumentations où pognon, coût, et problèmes causés à la famille, sont avancés pour justifier la mise à mort d'un
nouveau-né, un individu né car un désir d'enfant l'a conduit à terme.
Si le cadre de cette affaire est avant tout un jugement dangereusement imbécile contre les pratiques médicales et la non garantie de résultats d'un ensemble de techniques, il a comme fond un double glauque problème où émerge l'intention eugéniste et l'euthanasie, dès lors que la discussion concerne un nouveau-né dont - selon certains internautes - les parents et toubibs "
auraient mieux fait de se débarrasser".
On n'est pas ici dans le cadre de l'IVG, dans ce cadre légal du libre choix, de l'embryon que l'on peut
ou pas mener à terme (car c'est un droit). Ni dans le cas d'une IMG non plus... Mais bien dans un cas de nouveau-né, né à terme, issu d'un désir d'enfant - puis accident de parturition pour X raisons (impliquant pourquoi pas une négligence à un certain niveau, mais laquelle ? Difficile à dire d'après l'article).
Si la société cède à l'aspiration du choix parental de décider de faire vivre ou de laisser mourir un nouveau-né
selon son état de santé supposé à venir, pourquoi pas à 2 semaines, à 3 ans, ou jusqu'à sa majorité sexuelle ? Qu'est-ce qui retient alors de retarder l'échéance et le sursis ? La vie en sursis selon son état de santé et la décision parentale, jusqu'à X semaines ou années après la naissance ? Que va-t-on faire des grands prématurés, tous avec des séquelles allant dans la courbe de légères à graves, si la justice et les parents prennent les décisions médicales ?
ps : on pourrait d'ailleurs se demander jusqu'à quel point les théories eugénistes ne sont que la couverture camouflant un plus profond "problème ou aspiration" qui fait honte : celui de se débarrasser d'un descendant/ou proche parent... embarrassant.
Déguisé sous forme étatique, sous forme d'aspiration "
altruiste d'amélioration/préservation de l'espèce ou de la race", ça peut mieux passer. Mais c'est un déguisement : un état ou idéologie qui assume une volonté personnelle honteuse par sa prise en charge sociétale. Or la médecine est tout sauf eugéniste et les gens ne sont pas toujours dupes.
Pourquoi peut-on se poser la question sur ce transfert ? Ce ne serait pas la première fois. Notre espèce a cette délicieuse faculté de déguiser très hypocritement la plupart de ses sentiments les plus honteux en des termes et notions plus "éclairées et embellies" (eugénisme auquel certains adhèrent encore et toujours, lui trouvant une certaine magnificience et humanisme !! des incompris quoi, les pauvres.). Je pense par exemple à la saine envie et besoin de copulation (de vidange des bourses), que l'
Homo sapiens a réussi à décorer et déguiser en mots comme Amour. Avec A majuscule, comme Avaler.