Frère Marcel a écrit:
Je me disais pourtant que plus que le langage il s'agissait peut être de ... « culture » ? Ou au moins de représentation d'une culture ? Qu'on ne peut – c'est vrai - que très difficilement apréhender sans le langage. Mouais. Pas clair mon truc.
Pas clair, en effet. Je subodore seulement que t'es peut-etre un adepte du relativisme linguistique et de ladite hypothese de Sapir-Whorf. Arf!
Citation:
Je vais essayer de mieux m'expliquer avec les mundurukus. Pour eux c'est un, deux,..,cinq...et beaucoup... Mais c'est ( je crois ) un peu lié à leur environnement, leurs besoins ?
Ils ont - « en revanche »- un « sens de l'espace » à nul autre peuple pareil...
Ta derniere affirmation n'est pas exacte. Les Mundurukus ont les memes aptitudes geometriques que les enfants americains ou francais. Dans un certain nombre de cas, ces aptitudes geometriques sont equivalentes a celles des adultes americains ou francais. Ils n'ont donc pas un "«sens de l'espace» a nul autre pareil".
Citation:
Même si le langage fait partie et fabrique un peu tout ça il est en retour fabriqué par « tout ça » Non ?
Ces travaux - tout comme ce qu'ont pondu Dehaene, Pica, Spelke et quelques autres, mais contrairement au travail de Gordon et a la vaste fumisterie de Whorf - se limitent a mettre en evidence deux choses: 1) l'universalite du sens
approximatif du nombre et du sens geometrique et 2) le lien etroit entre le langage et le calcul
exact (en gros: les calculs exacts, cad ceux qui ont trait a des valeurs numeriques exactes, ne semblent pas pouvoir etre executes sans le support du langage). En soi, c'est un resultat tres interessant de neurolinguistique. Et il ne dit rien de plus que ce qu'il enonce. Les broderies sur ce genre de trucs peuvent tres vite partir en couille. Ainsi, l'affirmation {un groupe humain qui n'a pas la necessite de developper des calculs exacts, n'a pas non plus la necessite de developper, d'activer, un langage structure adapte a ce type de calcul} est plus que raisonnable et difficilement refutable. D'ailleurs, je crois que personne ne la conteste serieusement. Alors que l'affirmation {les Inuits ont X mots - categories grammaticales et non groupes lexicaux - pour indiquer la neige; de ce fait, cela influence leur vision du monde, leurs pensees, voire met en evidence un fonctionnement mental specifique aux Inuits} (c'est, en gros, la these de Whorf et le pivot de ladite hypothese de Sapir-Whorf) est une vaste
fumisterie qui fait les choux gras de ce que l'on a coutume d'appeler relativisme & determinisme linguistiques. Ce sont la, et jusqu'a preuve du contraire, deux options anthropo-ethno-linguistiques (convergentes) infondees. Plus precisement, mais toujours en gros, elles relevent de la banalite grossiere lorsqu'il s'agit d'etablir un lien entre groupes lexicaux et "connaissance(s)" (il est par exemple evident que les amateurs de pinard possedent un vocabulaire plus riche que celui de ceux qu'ont rien du braire du pinard pour decrire les nuances gustatives, olfactives et chromatiques du vin), alors qu'elles relevent du n'importequoitisme aigu lorsqu'elles postulent qu'a des groupes lexicaux differents correspondent des fonctionnements mentaux structurellement differents (les amateurs de pinard n'ont pas un fonctionnement mental structurellement different de celui de ceux qu'ont rien a braire du pinard). Je sais pas si j'ai ete clair a mon tour. Un petit exemple elliptique - ci-dessus - vaut parfois plus qu'un long blabla imbitable, poils a la table. Mais j'avoue ne pas avoir bien pige ce que tu voulais dire. Donc, pas sur d'avoir tire sur la bonne cible.
Au passage, et en plus des quelques references de mon precedent post, une conference de Pica, "Calcul et autres capacités cognitives chez les Mundurucus : Un exemple de « recyclage » cognitif ?", ou il est question de certains themes abordes ici (en particulier: distinction approximatif/exact, langage/calcul) et qui pourrait sans doute t'interesser.