Miette lubrique a écrit:
Je comprends l'agacement de Croquette et du Cap, le terme de rédemption est trop connoté 'religieux' à leurs yeux. Rien à foutre de votre sensibilité de rationaliste casseurs de curés, si ça vous démange appelez ça reconversion professionnelle, c'est pareil, m'en branle.
Oui, Miette lubrique, j'ai en effet un problème avec ce mot "
rédemption". Pas seulement par sa connotation religieuse ; les religions ne pouvant pas s'approprier les termes, on peut donc utiliser toute la palette de mots lorsqu'on en a besoin.
Avec cette espèce de
rachat des fautes (puisque péché est connoté religion), cette notion après laquelle
"on redevient pur, comme avant", c'est tout simplement indécent lorsqu'elle est employée pour un assassinat. Il serait plus judicieux de la remplacer dans cette discussion par
réinsertion,
réintégration,
réhabilitation, etc. car on parle d'assassinats (ou viol + assassinat).
Pourquoi cela ? Pour rien, juste comme ça : Le mot "rédemption", lorsqu'ailleurs on avait parlé de "remettre les compteurs à zéro" à la fin de d'une peine, ça me fait tout bizarre puisque, encore une fois, on parle ici, et uniquement, des plus graves crimes tels que
assassinat (d'enfants p.e.). C'est d'ailleurs la première fois que je lis un mot pareil... dans un registre si angélique.
Catégoriquement, je refuse qu'il y ait "rédemption ou remise à zéro des compteurs" pour un criminel d'enfants, lorsqu'il a accompli sa peine. Attention, je ne dis pas du tout que je refuse qu'il soit réintégré dans la société en recouvrant la liberté une fois sa peine accomplie - quelle qu'elle soit ! Mais assimiler réintégration en fin d'incarcération avec cette espèce d"oubli, de pardon qui est appelé "rédemption", c'est franchement bizarre.
Bizarre, car certains crimes n'ont pas de prescription. Cette imprescriptibilité est une facette de la même idée, que je partage, concernant les crimes les plus graves : Même si le temps a passé, beaucoup de temps sans condamner le coupable car il n'est pas encore passé en justice, son crime passé n'est pas prescrit ; entre autres par respect, par solidarité et en la mémoire de la victime, par compréhension aussi de la gravité du crime en question.
Si on oubliait, si on effaçait tous les graves crimes passés de notre
mémoire collective, de nos archives, autant de l'histoire que de nos consciences, que ce soit par "la rédemption" par la
"remise à zéro des compteurs" acquis par l'accomplissement d'une peine carcérale, la société n'apprendrait plus rien de son passé...
Réinsérer oui, mais le pardon par l'oubli, cette rédemption dont on parle
ad nauseam depuis quelques pages, je ne m'y reconnais pas du tout, ni moi ni non plus les sociétés actuelles, - très perfectibles certes - mais qui sont censées apprendre et progresser entre autres par l'expérience et les faits du passé, par les crimes du passé aussi, et non pas les oublier ni les pardonner. La seule personne qui pourrait pardonner, ce serait éventuellement la victime. Ni la société ni la justice. La justice ne pardonne d'ailleurs rien ni n'oublie rien. Ce n'est pas dans ses attributions.
Un parent de victime n'oublie pas non plus, et je pense que le responsable d'un crime crapuleux, d'autant plus s'il l'a regretté et s'est réinséré dans la société, n'a pas non plus oublié son crime passé. Il le regrette même parfois profondément, et c'est tout à son honneur. La société et la justice ne doit pas non plus l'oublier, ni la ou les victimes, ni le crime, ni le responsable du crime... par cette rédemption assimilée à pardon total et remise à zéro des compteurs.
Ce n'est pas cela la réinsertion, et les casiers judiciaires en témoignent.