D’où venons-nous? Voilà une question qui fascine depuis toujours et qui nous a tous traversé l’esprit. L’être humain est ainsi fait que nous possédons des concepts innés, dont cette énigme. Mais dans son besoin de tout expliquer, incapable d’assumer sa part de mystère, l’homme doit-il pour autant accepter n’importe quelle réponse? Comme le dit si bien Gerald Messadié, les scientifiques s’arrêtent de parler quand ils ne savent pas, tandis que les religieux parlent avant même de savoir. À une époque où la science n’existait pas, ou du moins pas sous sa forme actuelle, des hommes ayant développé l’écriture ont immortalisé dans des livres, ou des codex, les opinions sur la provenance de l’humanité. Le problème, c’est que les religions monothéistes continuent de croire en ces livres rédigés selon des mythes et des théories archaïques. C’est d’ailleurs l’un des problèmes de ces grandes religions : leurs adeptes prennent leurs rêves pour des réalités, c'est-à-dire qu’ils considèrent les personnages mythiques pour des personnages historiques. Bien avant que l’humanité puisse envisager la théorie de l’évolution, il fallait néanmoins trouver une explication à la fameuse Création. Là, on croirait voir un précurseur du vieux cliché littéraire « il était une fois… ». Il faut un début à toute cette aventure, s’est-on dit un jour. Alors, pourquoi ne pas commencer par la création de la planète – le concept de la planète étant cependant encore vague pour l’époque – avant d’enchaîner avec un homme et une femme? Le premier couple, quoi! Bien sur, étant donné la race de ces auteurs, Dieu ne pouvait pas avoir la peau noire ni jaune, mais bien blanche. On sait cependant que les Éthiopiens voyaient leur dieu avec la peau noire et les Thraces avec les cheveux roux. Déjà, on renifle les premières odeurs du racisme. Nombreux sont les débats en ce moment sur ce qu’on a classé avec le temps sous l’appellation des « saintes écritures », que ce soit la Torah, la Bible ou le Coran. Et ils ne cesseront probablement jamais. Si le retour aux origines est nécessaire pour étudier de nombreux phénomènes, alors pourquoi n’en serait-il pas de même pour les religions? Avant de plonger dans les trois grands livres sacrés, il est intéressant de voir que d’autres mentalités ont aussi eu leur conception de la dite Création. Dans la complexité hindouiste, par exemple, à l’époque où la Grèce naissait, le sage Aruni se demandait : « Au commencement, très charmant, ce monde n’était qu’Être sans dualité. Certains, il est vrai, affirment qu’au commencement ce monde n’était que non-Être sans dualité, que l’Être sortit du non-Être. Mais comment cela serait-il possible? Comment l’Être pourrait-il sortir du non-Être? Au commencement ce monde doit avoir été l’Être pur, unique et sans second. » On voit ici la réflexion qui prime sur la précision, tel un poète. Après tout, on pourrait bien classifier les prophètes sous la bannière des poètes, eux qui savent si bien mettre des mots sur l’abstrait. Et les livres qu’ils ont laissés sont d’ailleurs empreintes de poésie. Après tout, le Coran n’est-il pas une sorte de poème récité à voix haute? Étant donné que la Torah est intégré à la Bible, le Pentateuque en fait, ce qui représente les livres de la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome, en citant la Bible on comparera également la version judaïque. Il faut retenir que ces différents livres ont été compilés vers l’an 440 avant notre ère, et peut-être même un siècle plus tôt selon Messadié. Un détail qui nous servira plus tard. Ce qui frappe, dès les premières phrases de la Genèse, c’est que Dieu semble avoir été là dès le début, c'est-à-dire avant l’apparition de l’homme sur Terre : « Lorsque Dieu commença la création du ciel et de la terre, la terre était déserte et vide, et la ténèbre à la surface de l’abîme; le souffle de Dieu planait à la surface des eaux, » (Gn 1 : 1,2). Dieu était donc là depuis le début? Notez aussi l’absence de précisions quant à la forme de la Terre, son mouvement dans l’espace et tous ces détails auxquels on aurait dû avoir droit concernant l’astronomie. Rien. Bien que Platon parlait déjà d’une planète sphérique, il fallut attendre plusieurs siècles avant que Nicolas Coppernic, mort en 1543, démontre que la Terre n’était pas le centre de l’univers, mais qu’elle tournait plutôt autour du soleil. C’est ce qu’on appelle l’héliocentrisme. Selon d’autres, comme les Mormons, c’est plutôt Jésus Christ qui a créé le monde. Mais bon. Passons! Lapsus? Quand il commença la création de la terre, « la terre était déserte et vide ». C’est donc dire qu’elle était déjà là, la terre? Simple lapsus ou confusion dans l’imaginaire des auteurs? Gerald Messadié nous rappelle que « l’idée actuelle d’une religion, c'est-à-dire d’un système de croyances définies, sinon structurées, se situe entre 1000 et 500 avant notre ère (exactement, selon les données actuelles, entre 850 et 450), […] » Pas étonnant, donc, que la plupart des écrits bibliques datent de cette période, une époque où les hommes ont senti le besoin d’immortaliser leurs croyances sur papier. Sachant que la transmission orale était une méthode peu fiable, on sentit le besoin de mettre tout cela par écrit afin de ne pas oublier. Depuis longtemps existait des croyances polythéistes, dont les premiers dieux furent des femmes. Après tout, dans des peuplades dites primitives on accordait beaucoup d’importance aux femmes car c’est d’elles que dépendait la fécondité. Les historiens et les ethnologues nous disent que le premier dieu monothéiste, Ahura Mazda, celui des Perses, apparut vers le 6ème siècle avant notre ère. À la même époque donc, à un siècle près, que les livres du Pentateuque. En l’an 586 avant notre ère, la chute de Jérusalem donc, les juifs furent détenus à Babylone. Quelques décennies plus tard, en 539, les Perses de Cyrus le Grand envahissent Babylone et libèrent les juifs. Durant toutes ces années, il est clair que les juifs ont été influencés par les croyances de leurs persécuteurs, et aussi de leurs libérateurs, avec lesquels ils ont entretenus de bons rapports. Car les Perses, tolérants envers les croyances d’autrui, emmenaient avec eux l’idée du monothéisme. Une fois rentrés chez eux, les juifs se sont appropriés quelques éléments pour ensuite écrire les livres du Pentateuque. Déjà, on peut dire que les premiers livres de la Bible ont été écrits sous l’influence du judaïsme, du mithraïsme, du mazdéisme et du zoroastrisme. Selon certains pseudo-spécialistes, ainsi que les religieux en général, la Création daterait du 4ème millénaire avant notre ère. On ne pouvait donc pas s’imaginer qu’il y ait eu de la vie sur terre avant cela. Nombrilisme oblige, encore une fois! Il y a évidemment d’autres interprétations pour dater la Création, mais elles font sourire lorsqu’on les compare aux nombreuses découvertes scientifiques. Ne nous attardons pas sur ces fabulations d’exégètes. Quant au Coran, on peut lire ceci à la sourate 3, verset 96 : « Voici, la Première Maison manifestée aux humains, celle de Bakkat, est bénie, guidance des univers. » Ce qu’on appelle ici la « Première Maison » est en fait La Mecque et selon la tradition musulmane sa construction remonterait à Adam, sans compter qu’Abraham l’aurait reconstruite. Autant dire qu’elle remonte au début de la Création et qu’elle aurait même survécue au déluge. La Mecque construite par Adam, donc? Dans l’islam, tout est ramené à La Mecque et à la Ka’bat, qu’on prétend même le centre de l’univers avec une idée loufoque d’un rayon lumineux traversant la voie lactée, et prenant ses origines directement de la Ka’bat. Des pseudo-scientifiques islamiques tentent de trafiquer maladroitement des informations de la NASA pour donner crédit à cette fable sans intérêt. Le pire, c’est que de nombreux musulmans acceptent de croire en ces inepties. On ose ici jouer dans le scientifique? Curieusement, je n’ai toujours pas vu de mes yeux un astronaute musulman travaillant pour la NASA. Avec de telles idées, il est évident qu’ils ne réussiraient même pas le test d’aptitudes. Trafiquer maladroitement des données sérieuses pour ensuite regrouper autour de soi des adeptes n’est pas un phénomène nouveau et surtout pas en voie de disparition. De nos jours, on a droit à toutes sortes de théories du complot, les plus récentes concernant les événements du 11 septembres 2001. Malgré des preuves et une logique sérieuse à l’appui, plusieurs continuent de croire que certaines explosions ont été planifiées par le gouvernement américain, un entêtement comparable à la foi religieuse. Évidemment, la construction de La Mecque remontant à la Création ne fait pas de sens, d’autant plus que les fouilles archéologiques sont interdites dans le secteur. Belle preuve de transparence! Mahomet ne se risque d’ailleurs pas dans les dates. Une faiblesse, selon certains. Un atout pour d’autres, ou du moins pour ceux qui préfèrent se laisser une généreuse marge de manœuvre interprétative. Mais puisqu’il reprend la version d’Adam, on en présume logiquement qu’il en reprend l’ensemble de l’interprétation. Sinon, c’était à lui de préciser sa pensée de son vivant. Il en sera de même, entre autres, pour le duel entre David et Goliath, fournissant peu de détails mais ne « corrigeant » strictement rien de précis. Évidemment, le monde n’a pas été créé ni en 7 jours ni il y a 6,000 ans. La préhistoire, période que l’on situe entre l’apparition de l’homme sur terre et les premiers documents écrits, s’est échelonnée sur plusieurs centaines de milliers d’années. Pour les mystiques religieux qui refusent toujours de croire en la science, ou du moins la science occidentale dite impartiale, les archéologues ont collectionnés des millions de preuves. L’Homo rudolfensis et l’Homo habilis, les premiers à marcher sur deux jambes, sont apparus il y a maintenant plus de deux millions d’années. Et que dire pas la fameuse Lucy, dont les ossements, découverts en Éthiopie en 1974, datent d’environ 3,2 millions d’années? Le Coran nous dit à la sourate 2, verset 29 : « Il a créé pour vous tout ce qui est sur terre, puis Il s’est élevé aux ciels harmonisés par Lui en sept ciels, Il sait tout, Lui. » On y reconnaît bien l’égocentrisme d’un dieu monothéiste, en plus du chiffre sept. Justement, si Allah savait tout, lui, il aurait dû savoir d’où provenait la symbolique du 7, que nous verrons plus loin. C’est vers le 10ème millénaire qu’apparut l’agriculture. L’homme se sédentarisait. On sait aussi que les premières divinités furent des femmes, mais, plus tard, les dieux masculins prirent le dessus avec le développement des communautés, et aussi des guerres. Les premiers dieux masculins apparaissent au 8ème millénaire avant notre ère. C’était le début de la fin pour les divinités féminines. Pour sa part, quelques 9,000 ans plus tard, le Coran enfonça les derniers clous du cercueil des déesses : « Allah ne tolérera pas l’idolâtrie : ce sont les païens qui prient des femelles. » Et encore une fois au verset 117 de la sourate 4 : « Oui, ils n’implorent, hors de Lui, que des femelles, oui, ils n’implorent qu’un Shaïtân [Satan] rebelle. » Dans son idée simpliste de la Création, la Genèse finit évidemment par créer l’homme, comme on le sait par la célèbre citation : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa; mâle et femelle il les créa. » (Gn 1 : 27). Quelle image? Celle des Noirs? Des caucasiens? Des indigènes? On aura compris que c’est plutôt l’homme qui créa Dieu à son image. Et si ce concept avait été emprunté? En effet, c’est l’idée que nous soumet Messadié en nous rappelant les écrits de Platon, décédé en 347 ou 346 avant notre ère : « Et plus loin, il [Platon] en déduit que « notre monde doit de toute nécessité être l’image de quelque chose ». En d’autres termes, Dieu a créé le monde à son image. Cette proposition évoque évidemment là, à peu de chose près, le discours de la Genèse […] » Est-il possible que les chrétiens aient plagiés les Grecs? Pire encore, dans un extrait de Sophocle, mort en 406 ou 405 avant notre ère, on peut lire « Ô Zeus! La torture, la torture, c’est tout ce que tu me donnes! » Invocation qui ressemble à s’y méprendre à la célèbre phrase apparemment sortie de la bouche de Jésus : « Eli, Eli, pourquoi m’as-tu abandonné? » Et Messadié d’ajouter « on n’en finirait pas d’énumérer les comparaisons qui s’imposent avec les autres dieux. » Le Coran ne reprend pas cette erreur. Mais ce n’est que partie remise. Il faut comprendre que la lecture du Coran est assez particulière. Ce qui frappe d’abord est son absence totale de chronologie, outil important s’il en est un pour faire de l’histoire. Par exemple, on peut arriver à démentir un événement ou une idée en prouvant qu’une autre s’est présentée avant. Rien de neuf, donc! Voilà l’histoire du Coran : celle de l’emprunt des idées. Cette absence de chronologie sème déjà le doute. Mais ne jugeons pas sur les apparences. Dans la Bible, on construit des récits porteurs de messages et qu’ensuite on peut utiliser comme exemple en disant : « ne faites pas ceci, car il vous arrivera la même chose que tel personnage biblique. » Les messages sont donc subtils. Or, avec le Coran, il n’en est rien. C’est Napoléon qui a déjà dit : « La religion du Christ est trop subtile pour les Orientaux, il leur fallait des opinions plus politiques. À leurs yeux, Mahomet est supérieur à Jésus, on le voit agir. » Plutôt que de construire des récits, l’auteur est direct et met beaucoup d’énergie à dénoncer ceux qui ne croient pas en Allah, que l’on surnomme souvent les « effaceurs » ou les « fraudeurs ». L’ennemi est donc clairement pointé du doigt. En fait, cette insistance est tellement présente que la lecture en devient ennuyeuse dès la deuxième sourate. Pas de récit, donc, mais beaucoup d’acharnement à répéter, entre autres choses, le nom d’Allah, comme par crainte que les adhérents, surnommés aussi les frémissants, puissent l’oublier. Mahomet n’était donc pas un raconteur, mais un marteleur. Marteler une idée jusqu’à ce qu’elle entre dans le crâne. Ne voit-on pas ici une ressemblance avec certaines sectes contemporaines? Car, ne l’oublions pas, toute religion fut d’abord une secte. Et, d’ailleurs, à quel moment une secte devient-elle une religion? Je suis conscient que, récité en arabe, le Coran représente une fascination, voire une perfection phonétique, comme l’admet Messadié et plusieurs autres. Mais ici, je parle de contenu et non de la beauté sonore d’un poème charmant pour les oreilles. Après tout, n’est-ce pas le contenu qui compte? Les apparences, donc l’idolâtrie, ne sont-ils pas dénoncés justement par l’islam? En ce qui concerne la couleur de peau de Dieu, l’islam semble l’avoir compris très tôt, car elle interdit toute représentation d’Allah, ce qui a d’ailleurs empêché un certain développement des arts figuratifs dans les pays arabes, et qui a conduit à la renversante controverse concernant les caricatures de Mahomet, publiés le 30 septembre 2005. La polémique donna lieu à une véritable saga médiatique. Mon dieu est plus fort que le tien! On croirait entendre une querelle enfantine. Manque de maturité? Revenons au Dieu chrétien. Un Dieu raciste, donc!? Après tout, en créant l’homme d’une manière aussi simpliste, il a été confronté au choix d’une couleur de peau. La question se pose, d’autant plus que la Bible a expliqué naïvement la présence des diverses langues par la fameuse histoire de la tour de Babel. Naïve à souhait, car un enfant aurait pu esquisser cette histoire. Pour la Création, le Coran propose l’idée suivante dans la sourate 95 : « Par le figuier, par l’olivier, par le mont Sinaï, par ce pays de l’amen, ainsi créons-nous l’humain en la plus merveilleuse des formes, puis nous le ramenons au fond de toute bassesse, sauf ceux qui adhèrent et sont intègres : ils auront une récompense sans faille. Qui te fera renier la Créance? Allah n’est-il pas le plus Sage des sages? » Évidemment, Allah, dieu du désert arabique, se devait de créer l’homme à partir d’un figuier ou d’un olivier. Comme l’Amérindien adorait des ours, des bisons et des aigles, incapable de s’imaginer que le tigre, l’éléphant ou le chameau pouvait seulement exister. Allah procédait de la même façon, c'est-à-dire qu’il était incapable de créer l’homme à partir d’un sapin ou d’un érable, par exemple. Un dieu incapable d’imaginer ce qu’il y a comme plante ou vie animale sur les autres continents? N’est-ce pas là une autre preuve que la religion est une « création » de l’homme? Il faudrait aussi rebaptiser une partie de la Genèse. Plutôt que de parler de Création de la planète, il faudrait donc parler de la Création du monothéisme par l’homme! Comme on le verra plus loin, le Coran prétend aussi faire de la science. Si Allah savait tout, pourquoi n’a-t-il pas alors prédit une chose toute simple, comme la présence en Amérique du Nord du sapin, du castor, ou de l’érable, si cher aux québécois? Et, plutôt que d’y aller d’appels répétitifs et abrutissants, pourquoi ne pas avoir véritablement aidé les hommes en leur disant comment guérir la lèpre, le cancer et le sida? Il ne le pouvait pas pour une raison bien simple. Le Coran a été créé au 7ème siècle de notre ère, Mahomet étant mort en 632, huit siècles avant l’expédition de Christophe Colomb. Il était loin de se douter que là aussi des peuplades avaient inventé leurs propres croyances, prouvant par le fait même cette idée innée d’un besoin de divinité. Curieusement, dans la Création, autant biblique que coranique, l’homme se révèle rapidement faible. Avant d’accomplir quoi que ce soit d’utile ou d’agréable, Adam s’empresse de mordre dans l’interdit, pour confirmer la fameuse faute originelle et ainsi jeter le blâme sur tous les humains. Est-ce donc dire que la Création humaine de Dieu est un travail bâclé? Dieu serait-il un médiocre fabriquant? Aurait-il dû prendre exemple sur GM et Ford, et ainsi lancer un rappel pour réparer les erreurs de son jouet? « Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-là. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre. » (Gn 1 : 28). Fécondité et prolifération, deux mots largement utilisés par l’Église chrétienne, allant jusqu’à faire pression sur des couples d’antan pour grossir les familles. Plus d’enfants, plus de fidèles, donc plus de dîmes, et ainsi plus de profits pour l’Église. La fameuse loi du nombre. À une époque où le nombre de soldats, par exemple, faisait nettement la différence pour mener à une victoire, on peut comprendre que cette loi ait été prédominante. « Venez! C’est ma religion qui compte le plus d’adeptes! Donc, c’est nous qui avons raison! » Un autre point dans cette idée m’amène vers une autre question. Pourquoi les animaux auraient-ils été créés lors d’une journée différente de celle de l’homme? Pour différencier l’homme de la bête? Depuis Charles Darwin, on connaît cette tendance qui veut que nous soyons de vulgaires animaux, concept difficile à avaler pour les croyants, à qui Dieu a dit « soumettez » les animaux. Ce n’est pas pour rien qu’on interdit l’enseignement de Darwin dans les écoles islamiques. Il se trouve même certains chrétiens illuminés qui la refusent aux États-Unis. Et quand bien même que Darwin est aujourd’hui remis en question par les scientifiques contemporains, ses analyses ont énormément contribué à faire avancer les choses. Et pourquoi soumettre les animaux? À l’époque de ces écrits, il y avait au moins 9,000 ans que l’homme s’adonnait à l’agriculture, et par conséquent à l’élevage. La domestication du chien bats tous les record, remontant à environ 13,500 ou 12,000 ans avant notre ère, alors que celui de la chèvre remonte vers 9,500 ans avant notre ère, le porc et le bœuf viennent ensuite, vers 8,000. Car, en sous-entendu, il est clair que dans le mot « soumettez » on entend ici ce droit à se servir des animaux pour l’élevage et la boucherie, et même à les employer dans les sacrifices. Et j’affectionne particulièrement cette petite phrase : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait. Voilà, c’était très bon. » (Gn 1 : 31). Est-ce donc dire qu’il qualifiait son propre travail de « très bon » ? Un Dieu arrogant, donc? Prétentieux? Fier, certes, et confiant en ses capacités diront les croyants. Évidemment, Dieu n’a pas de défaut et il serait un sacrilège de l’accuser d’arrogance. Allah a aussi cette personnalité, « Il sait tout, Lui », ou encore quand on le qualifie de savant, de sage, et tout le bataclan. Il sait tout et pourtant ne nous apprend rien de nouveau. Puis il y a le fameux chiffre 7, celui qui revient si souvent dans la Bible et le Coran. Il apparaît ici pour la première fois, car Dieu créa le monde en 7 jours. Il s’agit d’une symbolique, car le monde ne se créa évidemment pas en 7 jours. Par exemple, on sait que les dinosaures n’ont jamais vécu en même temps que l’être humain. Cela voudrait donc dire qu’il y aurait eu des millions d’années séparant le « jour » où Dieu créa les animaux et celui où il créa l’homme. Pour être plus précis, on estime maintenant que l’apparition de la vie sur Terre remonte à 600 millions d’années. Donc, le mot « jour » prend aussitôt une forme symbolique. Quelle est justement la symbolique du 7? De nos jours, des idées quelque peu idiotes entretiennent ce symbolisme, comme les fameuses 7 années comptées pour chaque année de la vie animale domestique. On connaît aussi cette superstition des 7 années de malheur après le bris d’un miroir, accidentellement soit dit en passant. Comme si on devait mériter un quelconque châtiment pour un accident! S’il y a des assassins qui s’en sortent très bien, alors pourquoi se sentir coupable de briser un miroir? Dois-je aussi rappeler que des fraudeurs notoires n’ont même pas purgé 7 ans de prison pour avoir dérobé des millions de dollars à des investisseurs innocents? Donc, si vous vous sentez encore coupable d’avoir brisé un miroir, consultez un psychiatre. Et vite! On se rapproche presque de l’illogisme des sciences occultes! Dans son livre « La Bible et l’Histoire », John Romer nous rappelle ceci à propos du chiffre 7 : « Les auteurs classiques avaient toujours vu dans le chiffre 7 un symbole de l’harmonie cosmique; il y avait, en effet, 7 planètes, 7 notes dans la gamme, 7 couleurs dans l’arc-en-ciel, etc. Les chrétiens reprennent le symbole à leur compte en distinguant 7 vertus et 7 péchés et en comptant 7 âges dans la vie de l’homme. La Genèse, déjà, avait utilisé ce nombre, car Yahvé avait créé le monde en 7 jours. Aussi décida-t-on de célébrer dans les cathédrales 7 offices quotidiens à la gloire de Son Saint Nom. Mais les théologiens renchérissaient encore : 7 était la somme de 3 et 4, ce qui permettait d’additionner la Sainte-Trinité et les quatre évangélistes, et d’unir les mystères de la foi et les hommes qui les avaient exprimés dans leurs écrits. Cette arithmétique divine allait toujours plus loin : en multipliant les trois facettes de l’âme par les quatre éléments de l’univers – et en sollicitant un peu les théories d’Aristote – on obtenait le chiffre 12, soit exactement le nombre des apôtres fondateurs de l’Église universelle. Cette symbolique des nombres, on la retrouve aussi bien dans la théologie que dans l’architecture gothique; elle est reprise à l’infini comme les paillettes de lumière d’un kaléidoscope; elle se fonde toujours sur un passage de la Bible. » Le Coran ne fait que reprendre le chiffre, car cette symbolique existait déjà depuis des siècles. À titre d’exemple, le verset 261 de la sourate 2 dit ceci : « Ceux qui prodiguent leurs biens dans le sentier d’Allah sont à l’exemple d’un grain qui fait germer sept épis, chaque épi portant cent grains. Allah multiplie, au bénéfice de qui Il décide, Allah immense, savant. » L’épi, mot utilisé chez des fleurs en tant qu’inflorescence, peut être considéré ici comme un épi de maïs, ou du moins une plante nutritionnelle. Mahomet était-il en train de célébrer le maïs et promettre à son peuple l’abondance? Ce serait alors reprendre des croyances tribales, qui célébraient la fertilité du sol. N’oublions pas que certaines tribus amérindiennes avaient des rites pour célébrer ce genre de chose. Pour certaines tribus, d’ailleurs, le maïs représentait le pouvoir surnaturel habitant la terre, à qui on donnait le nom d’Atira, la mère qui donne la vie. Remarquez ici qu’on adore une divinité féminine. Mais il y a mieux que cela. Dans la Genèse, rédigée un millénaire environ avant le Coran, on retrouve l’histoire du Pharaon qui, après avoir rêvé de sept vaches laides qui en dévoraient sept autres, « il se rendormit et rêva une seconde fois. Voici que sept épis montaient d’une seule tige, gras et appétissants. Puis sept épis grêles et brûlés par le vent d’est germèrent après eux, et les épis grêles absorbèrent les sept épis gras et gonflés. Alors le Pharaon s’éveilla : c’était un rêve. » (Gn, 41 : 5-7) Peut-on en déduire que Mahomet, ayant compris que le chiffre sept captivait les chrétiens, l’ait repris à sa manière? Ayant entendu l’histoire oralement, probable qu’il n’ait pu la retenir dans ses moindres détails. De toute manière, il ne semblait pas être un bon raconteur mais plutôt un marteleur. Car on sait qu’il y avait des chrétiens à Médine et à La Mecque à son époque, de même que des juifs. Il est clair qu’il a entendu les récits bibliques et compris aussi que pour former un empire il lui fallait rassembler ses compatriotes sous un seul Dieu. André Chouraqui, traducteur émérite du Coran, explique que « les sept ciels sont connus de la cosmologie babylonienne, le nombre sept étant le symbole de la totalité du réel. » Ou de l’équilibre cosmique, diront certains. Le mithraïsme, religion à laquelle les chrétiens empruntèrent de nombreuses influences, comportait aussi sa symbolique du chiffre avec 7 stades d’initiation. En Grèce et à Rome il semble qu’on pratiquait le sacrifice humain, appelant 7 vierges et 7 adolescents en Crète, à tous les 9 ans. On serait tenté de croire en lisant l’Apocalypse de Jean, écrit sous oppression romaine vers l’an 95 de notre ère, que le chiffre 7 représenterait les 7 collines de Rome, donc le pouvoir oppresseur. Cette tentation devient d’autant plus intéressante que les Celtes avaient été vaincu par Jules César au terme d’une guerre de 7 ans, de -58 à -51. Cependant, si on comprend que la Genèse date d’au moins 440 avant notre ère, avant l’empire de Rome donc, il faut rejeter cette hypothèse. De plus, comme on vient de le voir, il était également présent chez les babyloniens. Donc, le chiffre 7 a probablement été ramené par les juifs suite à leur captivité à Babylone. L’Ancien Testament est important pour l’islam car les exégètes coraniques en interprètent plusieurs passages comme des prophéties de la venue de Mahomet et de la victoire de l’islam. Les islamiques le considèrent comme un des textes saints que Dieu a révélés aux hommes avant le Coran et il sert à « prouver » la véracité de celui-ci. Comme on vient de le voir, et comme nous le verrons aussi prochainement, le mot « preuve » perd ici tout son sens propre. Si la Genèse est une preuve de quoi que ce soit, alors tout ce qui s’y rattache n’a pas grande valeur. Le Coran ne fait pratiquement jamais de citation littérale de verset biblique mais en donne des versions remaniées ou commentées, comme on vient de le voir avec l’histoire des épis. En fait, tout se passe comme si le lecteur est sensé connaître l’histoire biblique transmise par tradition orale, un moyen que l’on sait peu fiable. À l’époque de Mahomet les religions chrétiennes et juives étaient répandues à Médine et à La Mecque, et il s’efforçait, par ses prétendues révélations, de combattre ces deux monothéistes afin de se faire sa propre place; d’unifier les arabes sous un seul dieu. Cette tendance à remanier des passages de la Bible indique à plusieurs spécialistes que Mahomet n’aurait pas eu accès à une Bible version papier, mais qu’il l’aurait apprise par cœur, ou à tout le moins qu’il en aurait entendu les principaux mythes, ce qui expliquerait ce plagiat partiel mais adapté à sa propre sauce. Ce qui laisse à certains spécialistes croire que le prophète était peut-être analphabète. Ce n’est qu’une hypothèse. Peut-être avait-il compris, par exemple, l’essentiel du message d’Adam et Ève, mais sans pouvoir en retransmettre tous les détails? Après tout, sur un livre aussi volumineux que la Bible, la mémoire humaine a ses limites, quoique plusieurs musulmans contemporains arrivent à réciter le Coran par cœur. Pourquoi Mahomet aurait appris par cœur un livre qu’il cherchait à combattre? Après tout, il ne lui suffisait que d’en connaître les grandes lignes pour ensuite développer son propre matériel. Les experts nous disent aussi que le Coran a été rédigé après sa mort, ou peut-être vers les dernières années de sa vie. Avant cela, la création du Coran s’effectuait oralement, ce qui nous aide à comprendre que c’est un « Appel » (Qur’ân). On pourrait conclure ici en effleurant les croyances africaines, qui ont été tardivement découvertes par les sociétés dites civilisées, mais rapidement contaminées par le christianisme et l’islam. Par exemple, il est très douteux de remarquer au Kenya le dieu suprême Wélé qui se reposa le septième jour après avoir créé l’homme, la femme, les animaux et le reste. L’influence chrétienne, arrivée dès le début du 16ème siècle avec les Portugais, est évidente. Ce que les religions originelles de l’Afrique pensaient de la Création? On ne le saura jamais.
|