Non, en fait je ne vais pas loin. Je reste sur des données fondamentales qui n'ont rien de scoops.
On peut expliquer ce charabia en langage très simple et compréhensible. Avec quelques préludes et rappels minima, sinon cela ne sert à rien car l'explication ne marchera pas. Ce sera la même confusion qu'avec
- les 96 à 98 % de parenté génétique (identité génétique) entre chimps et humains selon la méthode de comparaison,
et
- "seulement"
50 % de parenté avec ta soeur...
Ces 2 données juxtaposées sont justes, mais elles laissent parfois les gens sur le carreau tant elles semblent contradictoires. Un petit déclic les évacue. Je développe ci-dessous par l'exemple des gènes, car je parlais de gènes en commun plus haut, mais même si on restait dans le flou en ne parlant que de 6 % de séquences ADN Neander chez certains humains modernes, c'est pareil, la proportion de gènes en commun est la même:
100/100 de gènes entre groupe Denisova/neander et modernes ; ADN quasi complet, incluant une majorité de chenil > 99 % identique
6% maxi de séquences/variantes (quasi) identiques avec Neander, estimés ou retrouvés +/- disséminées dans la pop moderne, du moins hors Afrique pour l'instant.
Tu vas mieux piger si tu lis ce qui suit attentivement (et dans chaque phrase, identique s'accommode de (quasi) en sous-entendu, car identique à quelques fractions de décimales/approximations près).
Gène-locus ou gène-allèle ce n'est pas pareil. Le génome humain c'est à peu près 25'000 gènes/loci et théoriquement une infinité de gènes/allèles (variantes) dans le pool humain. 25 000 gènes (loci) environ parmi une masse informe de séquences avec fonction inconnue, méconnue ou pas de fonction. On limite le nom "gènes" à ces séquences identifiées qui codent des protéines, comme des enfants bien sages: 25'000 à peu près, OK ?
25 000 gènes donc dans une certaine position (locus comme
localisation si tu veux) kekepart sur les diverses (tranches de) chromosomes, qui peuvent être disposées ici ou là mais qui restent les mêmes tronçons identifiables avec les mêmes gènes aux fonctions équivalentes (lorsque connues). C'est pareil pour nous tous, autrement nous ne serions pas compatibles. Lorsque certaines personnes ont des gènes surnuméraires ou des tronçons de chromosomes mal disposés, cela arrive avec parfois de sévères pépins, ils ont tout de même les mêmes gènes que nous tous. 25'000 gènes-loci donc, parfois mal disposés ou dédoublés, absents aussi, mais ce sont les mêmes: 100 % loci entre humains, malades ou bien portants (y inclus Neander).
Nous avons entre humains et chimps plus de
98 % de gènes en commun (= les mêmes gènes/loci) et pratiquement
100 % entre humains, à quelques millidécimales près. Tu as 100/100 gènes communs avec moi, avec ta soeur, avec ta mère, avec Neander et avec le plus lointain des aborigènes de Sydney.
Par contre tu as un double assortiment (ou presque) de gènes. Ce double assortiment est composé des doublons des mêmes gènes - appelés allèles - qui peuvent au hasard être identiques entre eux: aa, AA ou différents: Aa. Et de plus, pour un même gène, disons, le gène "couilles" parce qu'il concerne les couilles, le pool humain peut avoir un nombre illimité de variantes. A savoir que ton gène couilles peut être le couple couillesA/couilles-a, ou couillesA/A ou couilles-b/couillesA, ou couilles-b/couillesB, ou couillesA/couillesB, ou couilles-m/couilles-n, etc. Une innombrable variabilité de possibilités dans le pool humain, parfois moindre cela dépend de la séquence, et dont tu as hérité une variante de papa et une autre de maman (qui eux aussi en avaient 2 à disposition). Ces versions sont dues à des mutations: parfois sans conséquences sur l'organisme entre les diverses versions, parfois avec conséquences. Certaines dominent, d'autres pas, peu importe ici. "A" est une autre version allélique que a ou que B et b, et on ne retient pas autre chose car c'est inutile dans cet aparté.
Ta soeur peut avoir hérité la même situation allélique que toi pour tel gène, ou une des autres possibles, et je peux avoir la même que toi même si nous ne sommes pas apparentés. De même, un de tes frères peut avoir pour tel gène strictement le couple que tu n'as pas, etc. Si papa avait "A/b" et maman avait "B/c" pour tel gène, toi tu pourrais avoir A/B et lui b/c, soit différentes versions alléliques entre frangins. Mais en prenant en compte toutes les séquences redistribuées aléatoirement, tu hériteras donc de 50 % papa et 50% issu de maman, donc en moyenne tu auras < 50 % d'allèles identiques avec tous tes frangins. (C'est plus en fait, voire bien plus de 50 % si papa et maman étaient très consanguins... mais c'est encore un détail confusionnel ici: il faut retenir que 1/2 du patrimoine te vient de papa et 1/2 de maman, car chacun te file la moitié de son assortiment de chromosomes en tronçons équitablement distribués, peu importe ce qu'ils contiennent génétiquement/
alléliquement.)
... mais sans oublier que tu as toujours quasiment
100/100 de gènes communs avec tous les humains. Ce sont les 100/100 de gènes communs qui font l'espèce génétique, et ce sont (entre autres) les variantes alléliques du/des
mêmes gènes, qui nous font être différents: Fanch, ta soeur, moi, ou un Neander... et non pas des clones.
Et pour ce qui concerne les chimps, ce sont quelques petits pourcentages seulement de gènes qui accusent les divergences sévères entre nos espèces.
Puisque maintenant tout est clair, tu en conclus facilement que les 6 % maximum de gènes communs entre (le génome quasiment reconstitué) des Neander et certains individus actuels, ce sont des
allèles (en fait, ce sont plutôt des séquences partielles de versions alléliques, comptabilisées plus comme séquences que comme gènes). Mais
ce ne sont pas 6 % de gènes (loci) en commun, mais 100/100 puisque, rien qu'avec un lézard nous partageons > 80 % de gènes en commun (loci).
Par l'image, c'est bien plus simple :
- gène "COUILLE" est partagé par tous les humains
- les allèles COUILLE-GATTC, COUILLE-GATTACC, COUILLE-GTTAC, etc. sont les versions allélqiues identifiées, redistribués "n'importe comment" entre humains. Ces versions de COUILLE sont ici, mettons une 40e connues, chez les humains du XXe s.
- mais la séquence COUILLE-
GCTTC correspondant à allèle COUILLE-GCTTC (et donc à gène commun COUILLE) est retrouvée
ET chez Neander ET chez certains humains modernes (cet allèle fait partie du maxi de 6% des gènes/allèles Neander/contemporains... )
Cela signifie,
vu que ce "COUILLE-GCTTC" est un vestige de l'héritage Neander et vu que ces séquences sont bien plus longues que les GCTTC de ma caricature
explicative ,
vu que le hasard ne peut pas expliquer des séquences identiques si longues, cela signifie qu'il s'agit d'héritage commun; probablement par d'assez récents coïts avec des Neander (bah, 40'000 ans ou plus, hein), ou du moins avec ceux, disparus, qui avaient ces mêmes séquences... or ce sont celles reconstituées sur Neander.
Séquences informelles ou gènes, l'explication et les chiffres sont les mêmes: 6% de séquences identiques ou Neander maxi dans la populace actuelle implique donc (quasi) 100/100 gènes en commun. Il ne peut en être autrement puisque les gènes "s'apparient" par couples. C'est parce que nous avons 100/100 de gènes (loci) communs (hypothèse de travail) que le génome de Neander a partiellement pu être reconstitué à partir de bouts rapiécés très rares et partiels:
les nombreux trous/vides manquants du génome Neander ont été remplis par des séquences d'humains modernes...
C'est un peu plus clair ? De rien.