Citation:
J'y vois donc un problème de réfutabilité...
Oui, tout à fait ! Et pas seulement de réfutabilité d'ailleurs : constater
a posteriori une direction évolutive apparente ne signifie pas direction programmée, en marche et prédictive ; mais le simple constat (historique) d'une évolution/phylogénie qui a eu lieu.
Déduire une espèce de "direction déterminée" ici serait donc une erreur d'interprétation vu les éléments (crânes). J'imagine qu'elle a sans doute été inspirée à Dambricourt par d'autres éléments qui lui paraissaient en contradiction avec sa compréhension de l'évolution. On n'a pas tous strictement la même.
Citation:
La question est-elle de savoir si des configurations génétiques induisent des mutations préférentiellement dans un "sens" donné ? Ou alors, que les dites mutations sont plus probables sur un gène que sur un autre, la sélection naturelle faisant le reste ? Oui pourquoi pas, mais tant que ce n'est pas étayé, ce sont des paroles en l'air.
Ben, disons que le sens d'une mutation n'est pour moi que sa conséquence sur la protéine. Normalement, des mutations différentes sur un même gène donneront une (quasi) même pathologie...
Mais on peut aborder l'intuition tout autrement pour se débarrasser de termes comme
"sens" et de la problématique finaliste que tu poses: un mécanisme (code) génétique, apparu on ne sait quand, qui influerait des séries de gènes bien précis (ou pas). Ce code génétique ressemblerait donc à une sorte de gène architecte, donnant par on ne sait quelle subtilité des ordres semblant différés sur une échelle de temps "géologique", et donnant
l'apparence de direction évolutive à ses
conséquences différées sur plusieurs générations.
Le terme "différé" peut sembler un truc sorti du tiroir à alouettes, et c'est le cas ici. Cependant des gènes codant des protéines inhibitrices cela existe, qui peuvent parfois mal fonctionner et laisser émerger un caractère ancien, disparu, mais encore écrit dans la mémoire génétique. On peut imaginer un truc spéculatif du même genre. C'est en réfléchissant à ce genre de spéculations que fut élaborée la double hélice.
Citation:
je pense que l'expression "ultradarwinien" peut être mal interprétée. Beaucoup de gens qui nous lisent sont dans un mode binaire Darwin-Dieu. Toute discussion sur les mécanismes de l'évolution, si elle n'est pas brièvement expliquée, est considérée comme étayant le créationnisme : il y a une illustration de ce procédé en début du reportage. Je pense donc qu'il vaut mieux dire "qui ne considèrent pas le rôle de la dérive génétique" (si c'est là ce que tu veut dire), même si c'est plus lourd.
Oui, mais je prends le risque. Que des créationnistes interprètent mal ce qui s'écrit ici ne m'empêchera pas de dormir.
C'est pas seulement la dérive génique (gènes hérités x 0,5) qui "défie" l'ultra darwinisme excessif, mais aussi des trucs tout cons dont celui qui porte un nom similaire, la dérive
moléculaire par ex., très différente de la précédente, qui affecte les bases notamment, erreurs que peuvent réparer des protéines. Un cumul de ces dernières peut avoir des conséquences "fâcheuses" un jour ou l'autre : des barrières reproductives ou spéciations - ou y contribuer avec d'autres processus.
Y a d'autres bidules qui permettent à un caractère pas franchement avantageux de passer la grille de la sélection naturelle
par survie du plus apte.. et de se diffuser plus que d'autres.
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Pour les créationnistes, un exemple tout simple de l'importance du hasard à plusieurs niveaux, est celui-ci, facile à comprendre.
Dans une île du Pacifique où les filles niquent :
A1 = population de têtards à 80 % futures grenouilles vertes à langue lécheuse rouge, 20 % non suceuses à langue bleue, vivent dans une mare. Les filles du village sont contentes.
A2 = population de têtards à 10 % futures grenouilles vertes à langue lécheuse rouge, 90 % non suceuses à langue bleue, vivent dans une autre mare. Les filles du village sont mécontentes.
Un bloc de pierres assèche la mare de A1, qu'est-ce qui reste ? Plein de filles qui se contenteront des restes.
=> Plus que 10 % de croa-croa à langue rouge. Une sélection draconienne est passée sur la première mare, mais c'est pas le plus apte qui a survécu au détriment de l'autre. Le hasard est intervenu au moins 3 fois dans cette parabole où A2 s'est propagé plus que A1. Etait-il le plus apte ?
Pas vraiment, ou alors le plus apte à être dans la bonne mare, puisqu'il y était. C'est souvent par cette même toto-logie que l'on fait, mais après coup, des scénarios évolutifs où le factuel semble confirmer un scénario darwinien quelconque.
A lire au second degré bien entendu. Je connais rien aux grenouilles moi, je les bouffe pas !