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 Sujet du message: Malade
MessagePosté: 25 Juil 2005, 22:52 
Ver de vase
Ver de vase

Inscription: 02 Avr 2005, 13:14
Messages: 13
Localisation: Europe
L'adresse du site est en bas du post.

Citation:
Monsieur ALLILAIRE Jean-François
Service de Psychiatrie de l'Adulte
Bâtiment Philippe Chaslin
LA SALPETRIERE


Conduite à tenir : devant l'expression d'idées suicidaires, une démarche diagnostique précise s'impose afin de les rattacher à une pathologie psychiatrique, ce qui permettra une orientation thérapeutique précise et adaptée. Cette démarche s'impose pour prendre des mesures préventives vis-à-vis d'un futur passage à l'acte (hospitalisation sous contrainte si besoin).


En d'autres termes, JE suis médecin et JE décide, selon MES critères, que TU es malade, et que même si t'es pas d'accord c'est comme ça et on discute pas.
J'interprète ou je comprends tout de travers en ce moment ?

La suite est toute aussi délectable :

[quote]Devant une tentative de suicide, l'hospitalisation même courte est nécessaire afin d'éviter les récidives. Il est parfois nécessaire d'orienter le patient vers un service de psychiatrie et de lui administrer un traitement sédatif si le risque de récidive immédiate est important pendant le transport.[/unquote]

"Nécessaire" (2 fois en 2 lignes), "administrer un traitement sédatif", que des mots "pas jolis", que des mots qui "font peurs". Nécessaire. Obligatoire ? Administrer un traitement sédatif. Avec mon consentement ?

Est on obligatoirement malade et dénué de raison lorsque l'on souhaite mettre fin à ses jours ? Devient on un malade lorsque l'on doute d'avoir l'envie de continuer tout simplement "parce que c'est comme ça et que c'est mieux que rien" ? J'ai pas le droit de vivre sur une autre planète ?

Quel est ce dieu qui sait ce qui est bon pour moi, et qui voudrait m'interdire, en me faisant passer pour un malade, de fixer librement, selon mes critères et mes convictions, la date de ma mort ?

J'ai 2 mots à lui dire.

J'ai pas lu la suite. Ca m'a gavé.
Si ça vous intéresse : http://www.chups.jussieu.fr/polys/nivA/PsyNivA.html


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MessagePosté: 26 Juil 2005, 07:14 
Défioliant
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Inscription: 24 Jan 2005, 14:00
Messages: 1658
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Bonjour,Reuveu.

Je déplace ton sujet dans ce sous-forum car ce n'est pas du tout, à mon sens, une "stupidité monstrueusement stupide" mais un éventuel point de départ d'un débat intéressant.

La tentative de suicide est en effet considérée comme un symptôme majeur d'une maladie mentale.

Le plus souvent, c'est le symptôme le plus grave d'un syndrome dépressif, mais cela peut aussi se rencontrer dans les psychoses et même dans des décompensations de névroses. On la voit aussi dans les psychopathies ainsi que dans le décours de prises ou de sevrages de drogues.

Quand tu dis: "je suis médecin et je décide...", ce n'est pas tout-à-fait vrai mais ce n'est pas loin.

Dans les textes de lois de mon pays, il existe une mesure de mise sous protection des personnes et des biens.

Cette mesure est prise pas un juge de paix après interpellation par n'importe qui (pas besoin que ce soit un médecin ou un membre de la famille) et doit être appuyée par un certificat médical circonstancié datant de moins de 15 jours attestant que la personne visée représente un danger pour elle-même ou pour autrui. Ce certificat doit être confirmé par un autre dans les 48 heures suivant son "internement". Ce deuxième certificat doit provenir, bien sûr, d'un autre médecin n'ayant aucun rapport avec le premier ni avec le demandeur de l'internement ni avec l'institution où séjourne le patient.

On a donc dans ce cas de figure une levée du secret médical.

Voilà pour le côté légal.


D'un point de vue éthique et scientifique, je considère qu'il est normal de prendre en charge une tentative de suicide et d'essayer d'éviter une récidive. La perte du désir de vivre est en effet pathologique et doit être traitée. Ce n'est pas moi, "le médecin" qui décide cela mais la médecine et la société.

Le suicide est la deuxième cause de mortalité de la tranche d'age 15-25 ans, la première des 25-34 ans et est un véritable fléau. Souvent les motivations sont plus que légères (rupture amoureuse, dispute avec les parents...) J'ai connu beaucoup de personne qui m'ont remercié de les avoir empêché de commettre cet acte définitif. Et si cette perte de désir de vivre est vraiment "incurable", ils recommenceront et ne se "rateront pas" la fois suivante.

Maintenant, il est un fait que les maladies psychiatriques se définissent principalement par rapport à la société et à l'intégration de la personne dans celle-ci, et la tentative de suicide ne peut dans ce cadre n'être que pathologique.

Pour terminer (provisoirement), le texte que tu cites est destiné aux étudiants en médecine, si je ne m'abuse. Il est normal qu'il soit assez froid et technique. (Les cours de médecine atteignent rarement des sommet de lyrisme).

Il ne me semble pas abominable, juste le reflet des pratiques acceptées et considérées comme normales dans ce type de situation.


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MessagePosté: 28 Juil 2005, 00:27 
Défioliant
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Inscription: 19 Juil 2005, 03:28
Messages: 459
La perte du désir de vivre n'est absolument pas pathologique.
Quand j'avais 25 ans, j'ai eu des problèmes qui m'avaient décidé à mettre fin à mes jours. Des relations m'ont convaincu de ne pas le faire, mais si on m'avait interné, c'est sûr que je l'aurais fait. En effet je suis claustrophobe et même actuellement, si il faut que je sois hospitalisé quelques jours, je deviens fou. C'est comme ça, j'aime avant tout ma liberté, ma liberté de penser , ma liberté de mouvement et ma liberté de me tuer, ça ne se discute pas.
A moins de me transformer en légume de force, ce qui est une manière de me tuer sans me tuer tout en se donnant bonne conscience.


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MessagePosté: 28 Juil 2005, 06:50 
Défioliant
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Inscription: 24 Jan 2005, 14:00
Messages: 1658
Localisation: Terre( troisième planète du système Sol)
Bonjour Haddock

Le fait que tu n'acceptes pas l'idée d'une privation de ta liberté ne sort pas "la perte du désir de vivre" du champ pathologique pour la cause.

L'épisode que tu as connu à l'age de 25 ans était un syndrome dépressif majeur avec idées suicidaires.

Tu trouveras peu de médecins qui considéreront cet état comme une variante de l'état normal.

Dans ton cas, tu en as guéri sans traitements médicaux et c'est tant mieux pour toi. La plupart des dépressions peuvent guérir, surtout quand elles sont "exogènes" c'est-à-dire qu'elle ont des causes identifiables (deuils, déceptions amoureuses, accumulation d'emmerdes...).

Certaines par contre sont récidivantes et même parfois, ont des causes génétiques (troubles bipolaires anciennement appelés syndrome maniaco-dépressif). Ce sont ces fameuses "familles à suicides".

La prise en charge des dépressions graves n'implique pas toujours une hospitalisation en milieu fermé mais c'est une voie thérapeutique.

Affirmer que la dépression majeure avec idée suicidaire n'est pas une pathologie par le simple fait que tu t'en sois sorti tout seul, c'est comme de dire que l'infarctus du myocarde n'est pas une maladie car il y en a qui y survivent sans être hospitalisé.


Il ne faut pas faire de ton histoire personnelle une généralité, comme il ne faut pas considérer l'internement comme la seule solution thérapeutique.


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MessagePosté: 03 Aoû 2005, 11:14 
Ver de vase
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Inscription: 02 Avr 2005, 13:14
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La folie peut être logique et inventive.
Le suicide n'est pas uniquement l'effet du désespoir ou de la dépression. La mort volontaire peut être un acte libre et responsable.


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MessagePosté: 04 Aoû 2005, 07:02 
Défioliant
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Inscription: 24 Jan 2005, 14:00
Messages: 1658
Localisation: Terre( troisième planète du système Sol)
Bonjour Reuveu

Peux-tu me dire ce que tu entends par "folie"?

Ce terme recouvre tellement de choses qu'il ne veut plus rien dire.

Je t'accorde que certains schizophrènes ont une production artistique extraordinaire et que certains patients atteints de syndrome d'Asperger (Dustin Hoffman dans "Rain Man") possèdent, par la nature même de leur pathologie, des talents époustouflants, mais de là à en faire une généralisation, il y a un pas que je ne franchirai pas!

Le suicide n'est pas toujours une conséquence d'une dépression, c'est vrai. On le retrouve dans les psychoses (des voix m'ordonnent de me tuer) ou dans certaine névroses gravissimes (mais c'est un acte de désespoir). On les retrouves aussi, en tant qu'acte libre et responsable chez les fanatiques religieux (voir l'actualité).

Il y a aussi tous ces suicides et demandes d'euthanasies qui accompagnent les phases terminales de maladies fatales (cancers) mais c'est aussi un acte de désespoir même si je peux évidement comprendre et accepter ces gestes.

Il n'empêche que les tentatives de suicides restent toujours des actes "pathologiques" ou conséquences d'états pathologiques. Ces actes sont le plus souvent le résultat d'une situation transitoire qui peut être soignée.


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MessagePosté: 04 Aoû 2005, 13:46 
Ver de vase
Ver de vase

Inscription: 02 Avr 2005, 13:14
Messages: 13
Localisation: Europe
Bonjour Lord Dralnar,

J'aurais du écrire : Tout comme la folie peut être logique et inventive, le suicide n'est pas uniquement l'effet du désespoir ou de la dépression. La mort volontaire peut être un acte libre et responsable.

Mais même écrit comme ça, ça me dérange un peu.
Pourquoi ai-je fait un parallèle entre la folie et la mort volontaire ?
Effectivement, je dois être un «grand malade» :D

Je n'ai pas une définition précise de ce que j'entends par le mot «folie», elle évolue fréquemment et je n'ai aucune compétence médicale quelle qu'elle soit.

Je vois le suicide comme une simple «désactivation de la vie» et donc de la mort. Une alternative. Un «court-circuit» de la vie et de la mort.

J'entends très bien qu'il y ait des explications médicales à ma vision (très limitée et très personnelle) du suicide. Je ne connais rien à la psychiatrie mais de vieilles expériences passées me mettent en garde. Plutôt «malade» que sous «Prozac»
Ca fait moins peur. :D


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