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«
Celui qui blasphémera
le nom de lÉternel sera puni de mort,
toute lassemblée le lapidera. Quil
soit étranger ou indigène, il mourra,
pour avoir blasphémé le nom de Dieu.
» (Lévitique, 24.10-16)
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Blasphèmes
et liberté de conscience
Introduction de Patrice Dartevielle, extraite de Blasphèmes
et Libertés, publié en 1993 dans la
collection Espace de libertés des éditions du
Cerf, sous la direction de Patrice Dartevielle, Philippe Denis
et Johannes Robyn.
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Consacrer
toute une action, un livre entier au blasphème, présenter
sa répression comme une question d'actualité
peut apparaître comme une marque d'originalité
un peu vaine, comme une mesquinerie antireligieuse sans objet
dans des sociétés où l'interdiction du
blasphème n'est plus qu'un souvenir lointain.
De fait, il est vrai que depuis une dizaine d'années
l'Europe ne connaît plus de condamnations pour blasphème
sauf en Allemagne et en Grèce. Pourtant rares sont
les pays du continent qui aujourd'hui ne connaissent plus
de législation condamnant le blasphème. A proprement
parler seules la France et la Belgique jouissent depuis longtemps
de cette situation à mon sens privilégiée.
On l'a un peu oublié, mais jusque dans l'entre-deux-guerres,
la lutte contre le blasphème était une préoccupation
constante des Églises.
L'affaire Rushdie est de fort loin le cas le plus retentissant
de condamnation pour blasphème et il est vrai qu'elle
trouve son origine loin d'Europe. Pourtant le cas de Salman
Rushdie dépasse la simple répercussion sur un
pays considéré comme le modèle de la
démocratie d'une décision prise en terre d'Islam.
Il trouble ce pays en le divisant à propos de sa loi
sur le blasphème qu'une commission officielle avait
jugée inapplicable voici une dizaine d'années.
Faut-il abroger la loi ou faut-il étendre aux dogmes
des autres religions une protection qui ne vise que l'injure
faite aux croyances du christianisme ?
Dilemme terrible sans doute, mais surtout révélateur
d'une réalité que l'on retrouve dans d'autres
pays : il n'existe pas de majorité évidente
pour ôter du code une loi que l'on dit archaïque
et dont on veut bien garantir qu'elle n'est pas et ne sera
plus jamais appliquée.
Pourtant plusieurs tribunaux d'Allemagne (de l'Ouest, à
l'époque) n'ont pas manqué en 1988 et 1989 de
tenter de réactiver, à la demande de l'épiscopat
catholique, la législation antiblasphème à
l'encontre d'athées qui avaient dit que l'Église
était le plus grand criminel de l'histoire de l'humanité.
En France, l'Église catholique a tenté d'interdire
en 1989 la projection d'un film qu'elle jugeait outrageant
pour Jésus, La Dernière Tentation du Christ.
Dans Le Figaro du 31 octobre 1991, le cardinal
Lustiger n'hésite pas à faire une déclaration
lourde de signification :
«
D'autres [publications] ont peut-être une intention
plus idéologique lorsqu'elles caricaturent -
par ignorance ? - ce que croit l'Église et ce
qu'elle enseigne. Elles tournent en ridicule, parfois
jusqu'à la calomnie, des hommes et des femmes
qui y ont engagé leur vie. Ou encore elles prennent
pour objet de dérision le récit de la
vie du Christ et ses épisodes que l'inconographie
a le plus popularisés. Cet irrespect d'autrui
est une atteinte plus grave qu'il n'y paraît au
pacte social de toute démocratie. De telles pratiques
pourraient être passibles de tribunaux .»
(1)
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Voilà
bien le fond du problème. Le « pacte social de
toute démocratie », ce que d'autres appellent
peut-être la tolérance, exigerait le respect
des idées de chacun. Cette méprise et ce glissement
de sens doivent être relevés. Aucune idée
ne peut exiger le respect, aucun groupe ne peut exiger le
respect de ses convictions. Seules les personnes méritent
le respect et aucune attaque contre une idée ne justifie
la mise en cause ou l'insécurité de ceux qui
la défendent. Monseigneur Lustiger inverse le raisonnement
et est prêt à sacrifier des personnes au respect
des dogmes.
Contrairement
à ce qu'affirme Richard Webster (2)
dans un pamphlet antilibéral (au sens anglo-saxon du
terme) publié en 1990, la revendication d'une liberté
extrêmement étendue dans la critique des convictions
les plus chères aux personnes n'est pas l'expression
d'un fondamentalisme symétrique au fondamentalisme
religieux. Elle est une forme supérieure de respect
de la personne en même temps que la condition du progrès
et du développement des idées dans la société
pour autant que celle-ci ne refuse pas l'essai de sortir des
sentiers battus. Le refus de la suppression de l'interdiction
du blasphème dans l'Europe occidentale contemporaine,
voire le désir de la rétablir là où
c'est nécessaire, provient sans doute pour une part
de milieux qui s'inscrivent dans des courants qui relèvent
de la "nouvelle évangélisation". Je
doute fort qu'ils parviennent à leurs fins pour ce
qui est d'un rétablissement d'une législation
répressive et peut-être même d'une réelle
réactivation des lois existantes. Pourtant, le péril
n'est pas nul que s'instaure une meilleure protection des
idées dominantes - justes ou fausses, de mérite
ou absurdes, peu importe -, du conformisme et du statu quo
toujours souhaités par les piliers de la société.
Les préoccupations du Parlement européen qui
veut maintenant soumettre à enregistrement et contrôle
les "sectes" définies comme des expressions
religieuses nouvelles (ce doit être le seul domaine
où la nouveauté n'est pas vertu) et le consensus
qui s'établit assez facilement, semble-t-il, autour
de pareilles propositions (tant qu'il ne s'agit pas d'affronter
la pratique avec des concepts aussi impossibles à définir)
sont une autre manifestation, plus douce, plus molle, de l'assurance
croissante des bien-pensants.
Il
est vrai que certains - tel Richard Webster déjà
cité - voient à propos de l'islam et des musulmans
qui vivent en Europe de curieux rapprochements d'idées
entre ceux qui comme moi souhaitent que la défense
de toute les idées soit possible et ceux dont le principal
souci est surtout de bouter hors du contient les immigrés
musulmans. Mais en appeler aux nobles sentiments de ceux qui
se préoccupent de la meilleure intégration des
immigrés de religion et de tradition musulmanes, qui
disposent de forces particulièrement restreinte pour
susciter le respect qui leur est dû, participe d'un
bien étrange sentiment. C'est faire fond sur l'existence
d'un groupe archaïque pour prolonger une situation que
l'on n'ose plus défendre vraiment.
Des groupes existent en Angleterre qui s'occupent spécifiquement
de lutte contre la répression du blasphème.
Il n'existait rien de pareil sur le continent. C'est pourquoi,
prenant en considération l'affaire Rushdie mais aussi
et d'abord, chronologiquement parlant, les poursuites contre
les athées allemands, un groupe s'est constitué
en Belgique en 1989, la Ligue pour l'Abolition des lois
réprimant le Blasphème et le droit de s'Exprimer
Librement (LABEL). Il s'est crée dans une perspective
européenne. Ses buts sont à la fois scientifiques
et de recherche, comme le montrent les premiers textes rassemblés
dans ce livre, et politiques au sens où nous oeuvrons
dans un cadre européen en vue de l'élimination
des lois interdisant le blasphème.
Ceux qui constituent la LABEL, croyants comme incroyants,
n'ont d'autre but que d'ouvrir de nouveaux espaces de libertés.
Patrice
Dartevielle
Président
de la LABEL
(1).
Cité dans Europe et laïcité, n°
131, nov-déc. 1991 - janv. 1992, p. 1
(2). Richard Webster, A Brief History of Blasphemy. Liberalism,
Censorship and « The Satanic Verses », The
Ornell Press, Southworld, 1990.
APPEL
CONTRE LE DELIT DE BLASPHEME
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Blasphèmes
et libertés
Auteur(s): LABEL,
Coéditeur : Espace de libertés
Sous la direction de Patrice Dartevelle, Philippe Denis
et Johannes Robyn
La
question du blasphème ne relève pas de
lhistoire ni dun passé médiéval
révolu. Laffaire Rushdie et quelques autres
dans plusieurs pays dEurope ont montré
que tout nétait pas dit sur la question.
Lacceptation du blasphème est une bonne
pierre de touche de nos positions sinon de nos réflexes
fondamentaux en matière de libertés et
de notre capacité à accepter une mise
en cause irritante de nos convictions les plus chères.
La plupart des pays dEurope occidentale maintiennent
dans leur code pénal une loi réprimant
le blasphème quils ne veulent ou ne peuvent
abroger (en France, cest le cas de lAlsace-Lorraine).
Est-ce si innocent ?
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l'ouvrage :
http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?n_liv_cerf=4167
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Documents
:
Le
délit de blasphème, un délit contre la
liberté d'opinion
par
Guillaume
La
sournoise Censure moderne
Ces propos d'Emmanuel Pierrat sur la censure moderne sont
un excellent début de réflexion. E. Pierrat
est avocat, spécialiste du droit d'auteur et de la
propriété intellectuelle, défenseur de
nombreux éditeurs et écrivains, dont Michel
Houellebecq.
«
Je
pense que l'on est sous un régime de censure. Elle
a changé de visage. Quand on utilise le mot de censure,
on pense au procureur Pinard à ses poursuites contre
Flaubert et Baudelaire. On pense au ministère de l'Intérieur,
à la police, cela est un peu terminé. La censure
- comme à peu près tout le reste de la société
- s'est privatisée. La censure, c'est maintenant les
groupes de pression, les catholiques intégristes, les
écologistes, les anti-écologistes, les gays,
les anti-gays, les féministes, les anti-féministes,
Alain Delon, EuroTunnel
C'est la véritable censure.
Des gens instrumentalisent des lois de police qui avaient
été conçues pour réguler les écrits
dans un souci de bonne tenue de la société.
Ils se servent de la diffamation, de l'atteinte à la
vie privée, du droit à l'image, pour attaquer
des livres qui les gênent. Cette censure est moins visible
qu'autrefois en ce sens qu'il y a moins de livres interdits
et qu'on ne les brûle plus. On les condamne juste à
coups de dommages et intérêts qui sont le visage
moderne de l'inquisition. C'est une censure économique.
On fait 14 000 procès par an dans la matière
dans laquelle j'exerce et c'est à peu près 50
000 francs à chaque fois. Avec 50 000 francs, on fabrique
un livre. Chaque coup porté, c'est un livre en moins.
Puis, cela entraîne un réflexe d'autocensure
très fort chez les éditeurs. On me soumet des
manuscrits, y compris de fiction. On me demande de les relire,
de les caviarder, de les censurer pour qu'ils puissent vivre
en librairie. Cela me semble très inquiétant.
Le vieil ordre moral a cédé le pas à
une privatisation de la censure où l'emprise des marques
semble de plus en plus forte
Parler de dictature des marques n'est pas excessif. On ne
peut plus citer de marques. "Caddie", par exemple,
attaque quand on cite le terme. De même, j'ai découvert
qu'Aqua-Gym est une marque protégée. J'ai défendu
l'année dernière le site jeboycottedanone.com
attaqué par Danone via la propriété intellectuelle.
Le paradoxe est que les marques nous envahissent et sont partout.
Un romancier qui décrit la rue aujourd'hui ne peut
pas contourner les marques. Il y a des enseignes partout,
les gens ne portent plus des vêtements, mais des marques.
Or, ces marques qui sont partout ne veulent pas que l'on parle
d'elles dans une autre optique que celle qu'elles ont décidé
d'asséner. C'est une censure que j'exerce tous les
jours à la demande des éditeurs. Dans un roman,
on devrait dire "Il prend une Safrane" et pas "Il
prend une automobile". Mais si le héros a un accident,
on peut avoir un procès de la part de Renault
Ces marques et ces entreprises - grâce à la concentration
et la mondialisation - ont gagné en pouvoir économique
et nous nous trouvons face à des marques dont la surface
financière dépasse celle de certains États
et dont le pouvoir n'a guère de limites. »
(Propos
recueillis par Christian Authier, L'Opinion indépendante,
no 2496, 1er février 2002 )
Dieu
est Miséricordieux, Jésus-Christ est notre
sauveur
Le
témoignage bouleversant de soeur (Sainte) Épiphanie
Témoignage de notre soeur Christine-Épiphanie,
rédigé à la Polyclinique de Psychiatrie
de Piété-Salpêtrière, où
elle médite avec dévotion, attendant avec
humilité sa future canonisation.
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Sainte
Christine Épiphanie |
|
«
Mes
chers frères, mes chères soeurs, je témoigne
de ce qui m'arriva un soir de dévotion, il n'y
a pas si longtemps.
Je travaillais à l'époque comme préposée
au service réclamations d'une grande société
américaine de restauration du quartier latin
à Paris. Durant ma prière de tous les
soirs dans ma cuisine, une lumière aveuglante
me fit lever les yeux. Une femme merveilleusement belle,
habillée comme par le passé, flottant
dans les airs, me dit: "Christine,
je t'ai choisie comme apôtre du 3me millénaire.
Va témoigner de Jésus ton sauveur, va.
Va témoigner que j'te dis, va ! "
Un peu intimidée je lui expliquai que je suis
très dévote à notre seigneur Jésus
(Halleluiah) mais que mon père étant malade,
je n'avais pas les moyens d'abandonner mon travail.
La Madonne me répondit alors avec une voix d'une
compassion extraordinaire: "
Va mettre quelques cierges à Notre-Dame de l'Assomption
et Jésus notre seigneur pourvoira à tes
besoins. Si tu n'as pas de cierges, demande au concierge.
Va demander-lui les, va"
Malgré mon intimidation (rendez-vous
compte un peu : la Madonne dans ma cuisine !!), je lui
demandai comment je pourrais lui payer ces cierges car
je n'en avais pas les moyens.
La Sainte-Madonne me répondit: "Va
témoigner de ta foi en Jésus ton sauveur,
demande l'aumône aux brebis égarées
de Saint-Denis et offre-leur ta compassion. Pour dix
Euros de plus, mémé peut mater ".
Puis elle s'éleva vers les cieux.
Depuis
ce jour béni (Amen Jésus miséricordieux),
les Romains m'ont arrêtée à plusieurs
reprises pour "ras collage sur la voix publique"
mais j'ignore ce qu'ils veulent dire par là.
Depuis ce jour béni, je porte une auréole
sur la tête et j'attends la réponse de
l'Évêque de France à ma demande
de canonisation. Les responsables du Vatican, d'après
ce que m'a dit mon gentil docteur (le saint homme !),
sont en train d'étudier mon dossier pour déterminer
si c'était la Sainte-Marie mère de
Jésus qui m'est apparue ou seulement la Marie-Madeleine.
Moi je ne suis plus très sûre, elle m'avait
seulement dit s'appeler Marie. »
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Association
FABULA
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Merci !!
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