DOCUMENTS ANNEXES - PÉDOPHILIE
Recopilation d'articles de presse (Janvier 2003)
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Liste des documents annexes

LES PRÊTRES PÉDOPHILES
Recopilation d'articles de presse de diverses sources

Les scandales de prêtres pédophiles accusés par leurs victimes d'abus sexuels se suivent et ne se ressemblent pas. De plus en plus fréquents, ils éclatent au grand jour. Semaine après semaine, de nouveaux cas arrivent devant les tribunaux, et ce n'est pas fini...
Les publications dans les quotidiens et sur internet ne sont que la partie émergée de l'iceberg.
Mais non moins scandaleux est l'acharnement de l'Église pour étouffer ces affaires, cacher et protéger ses ministres déviants. La bête, n'arrivant plus à cacher ses vices immondes, a choisi de les exhiber au grand jour en les dénonçant elle-même. Instinct de survie?

 

> Les directives secrètes du Vatican pour protéger les prêtres pédophiles

Scandale après scandale, l'Eglise catholique s'enfonce à chaque fois un peu plus dans le mensonge et l'ignominie. Les affaires de pédophilie ont révélé depuis quelques années les travers d'une institution qui impose le célibat et la chasteté à ses membres en vertu d'un ordre moral castrateur. Début août 2003, la chaîne de télévision états-unienne CBS a révélé l'existence d'un rapport daté de 1962 destiné à protéger les prêtres pédophiles. Rédigé par le cardinal Alfredo Ottaviani, le document promettait l'excommunication aux personnes qui dévoileraient ces affaires. La responsabilité de ce rapport incombe aux plus hautes sphères du Vatican comme il y a été conservé dans ses archives et qu'il fut probablement approuvé par Jean XXIII.
La pédophilie des prêtres est qualifiée de "pire des crimes" et on mesure mieux le sordide de leur existence quand sont spécifiés avec précision les actes à dissimuler : "l'agression sexuelle commise par un prêtre" ainsi que "la tentative d'agression à l'encontre de jeunes des deux sexes ou avec des animaux". Quelle autorité morale accorder à cette institution quand ses représentants en sont réduits à de telles monstruosités ?
Le secret est imposé aussi bien au coupable comme à la victime, l'un comme l'autre devant "promettre solennellement d'observer sans faute le secret sous peine d'excommunication", le silence étant tenu au nom du Saint Office. Ordre est intimé aux évêques de mener leur enquête "avec le plus grand secret" et "dans un silence perpétuel". [...]
Le rapport a été utilisé jusqu'en 2002, date à laquelle d'autres directives ont été données par une Eglise catholique apparaissant de plus en plus comme une mafia qui protège l'ignoble au détriment de la justice et des centaines de victimes.
Mais l'affaire ne s'est pas limitée aux Etats Unis d'Amérique en vertu de l'étendue planétaire des ingérences papales. Quelques jours après la révélation de CBS, les médias anglais se sont fait, eux aussi, l'écho d'un scandale similaire au sein du royaume anglican. Le document diffusé par le Vatican en 1962 avait, en fait, été transmis à tous les evêques de la planète. Il n'est donc pas douteux qu'une traduction française puisse être exhumée d'un des multiples évêchés de notre pays...

Jocelyn Bézecourt
www.atheisme.org

 

> Un prêtre accusé de pédophilie devant les assises du Territoire de Belfort.
Par Le National

LURE, Haute-Saône (AP) -- Le procès d'un prêtre de 47 ans, accusé d'atteintes sexuelles sur trois adolescents, s'ouvre lundi devant la cour d'assises du Territoire de Belfort, qui siège à Lure en Haute-Saône sous la présidence de Marie-Agnès Crédoz.

En détention provisoire depuis 27 mois, André Montrichard, qui avait été aumonier des collèges et lycées de Belfort puis curé de la paroisse, comparaît pour ''tentatives de viols sur mineurs de 15 ans par personne ayant autorité et atteintes sexuelles sur mineurs de 15 ans par la même personne''. Sa défense est assurée par Me Alain Dreyfus-Schmidt.

Le prêtre est soupçonné de s'être livré à des actes pédophiles sur des adolescents entre 1989 et son arrestation en juin 1998. C'est un médecin qui avait alerté la justice après avoir découvert des traces de sévices sur l'un des jeunes garçons. Par la suite, plusieurs victimes présumées du prêtre se sont fait connaître de la justice.
Pour trois d'entre elles, des garçons âgés de 12 et 15 ans au moment des faits, il y a prescription de l'action publique. Le prêtre comparaît donc pour des gestes commis sur trois autres garçons, âgés de 12 et 13 ans au début des agressions, qui se sont déroulées sur plusieurs années. André Montrichard aurait profité des dissensions entre ces adolescents et leurs parents pour les attirer chez lui ou dans sa chambre lors de camps de vacances.
La première victime, âgée aujourd'hui de 22 ans, a subi les faits lors d'un camp de vacances en 1991 alors qu'elle avait 13 ans. Le jeune homme souffre depuis de graves problèmes psychiques avec l'émergence d'une tendance pédophile. Le second, âgé de 17 ans, et abusé au cours de cathéchisme en 1995 alors qu'il avait 12 ans, présente des tendances suicidaires. Seul le dernier, âgé de 19 ans, semble avoir réussi à préserver son équilibre mental; les faits ont été commis alors qu'il avait 13 ans, le prêtre était un ami de la famille.
Le prêtre ne souffre pas de troubles mentaux, selon les experts qui ont préconisé une thérapeutique chimique.

 

> L'Abbé Bissey

Au premier jour du procès de l'évêque de Bayeux pour "non-dénonciation d'atteintes sexuelles sur mineur de quinze ans", le tribunal est revenu sur l'attitude de l'écclésiastique et de son bras droit, après que la mère d'une victime les eut avertis des "actes de pédophilie" commis par l'abbé Bissey.
C'est la première fois qu'un évêque comparaît pour de tels faits. Le procès de Mgr Pican, accusé de "non-dénonciation" des actes de pédophilie de l'abbé Bissey, s'est ouvert, jeudi 14 juin, devant le tribunal correctionnel de Caen (Calvados). Pour répondre à une question de Me Jean Chevais, avocat des parties civiles, qui cherchait à savoir si aujourd'hui encore l'évêque se bornerait à ne pas dénoncer l'un de ses prêtres accusé de pédophilie, l'ecclésiastique a répondu : "Ma conscience ayant joué dans l'option ultime de mon choix personnel : non." Et d'ajouter plus tard qu'aujourd'hui, face à un tel cas, "(il) le (conduirait) à se dénoncer". "Je m'investirai plus personnellement que par délégation", a assuré Mgr Pican. Le prévenu s'est dit "écrasé par le volume des confidences qui lui sont faites" mais reste néanmoins fier de ce que tous "peuvent s'adresser à (lui) comme à quelqu'un qui n'a pas dénoncé".
Premier à témoigner, Michel Morcel, vicaire général et donc bras droit de Mgr Pican au moment des faits, est celui à
qui la mère d'une victime était venue, en décembre 1996, révéler les agressions sexuelles commises sur son fils par le Père René Bissey quelques années auparavant. Il a reconnu avoir transmis à son évêque toutes les informations, mais il est devenu très évasif quand il lui a été demandé de détailler ces informations.
Les deux ecclésiastiques ont reconnu que les termes d'"actes de pédophilie" avaient bien été employés. "J'ai été convaincu de la réalité des faits rapportés par le Père Morcel, a affirmé Mgr Pican, compte tenu de la nature spirituelle des relations que le vicaire entretenait avec la mère" de cette victime "Pour moi, il s'agissait d'attouchements", a cependant affirmé Mgr Pican, qui a plaidé "une erreur d'appréciation" de la gravité des actes. L'ecclésiastique a assuré avoir découvert ceux-ci comme une "révélation" lors du procès de l'abbé en octobre dernier. Un procès en assises à l'issue duquel le prêtre avait été condamné à dix-huit ans de réclusion pour viol et atteintes sexuelles sur mineur de 15 ans.
"ASSURER LA PROXIMITÉ" AVEC L'ABBÉ BISSEY
Selon leurs dires, ni l'un ni l'autre n'ont cherché à en savoir plus sur la nature des agressions commises par le prêtre ni alors ni plus tard, lorsque le Père Bissey a reconnu devant le vicaire général avoir agressé d'autres jeunes garçons."Nous étions dans une situation très délicate par rapport à l'état de santé de René Bissey, qui était très dépressif", a plaidé M. Morcel. Soumis au feu roulant de questions du président du tribunal, Emile Hector, et d'un des avocats des parties civiles, Me Jean Chevais, Michel Morcel a reconnu n'avoir jamais douté de la véracité des faits rapportés par Mme X... Interrogés également sur les mesures conservatoires prises pour empêcher le prêtre de récidiver, les deux responsables catholiques ont répondu qu'ils pensaient que les faits étaient anciens. Mgr Pierre Pican, toujours par l'intermédiaire de son vicaire général, aurait conseillé à René Bissey de suivre une psychothérapie, mais celle-ci n'a commencé qu'en avril 1997, soit quatre mois après la démarche de Mme X...
"C'est le manque d'investigations autour des autres victimes qui a manqué à notre vigilance", a déclaré l'évêque.
Au président qui s'étonnait que l'abbé Bissey soit resté au contact d'enfants après ses aveux, il a répondu qu'il avait été "attentif au suivi de l'action par (son) vicaire général". Concernant le manque d'intérêt pour les victimes, Michel Morcel a déclaré : "Je devais continuer à assurer la proximité avec cet homme." L'évêque lui aurait seulement demandé "d'être présent, proche de cet homme pour qu'il prenne conscience de la responsabilité de ses actes".
Mgr Pierre Pican, 66 ans, déjà entendu lors du procès de l'abbé Bissey, risque jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 300 000 francs d'amende.
LEMONDE.FR | 14.06.01 | 19h44, Avec AFP et Reuters

 

> Première condamnation d'un évêque depuis la Révolution
04 septembre 200

CAEN (AFP) - Mgr Pierre Pican, condamné mardi à trois mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les actes pédophiles de l'abbé Bissey, est le premier évêque dans ce cas, un jugement qui devrait faire jurisprudence en matière de non-dénonciation dans le cadre du secret professionnel.
Mgr Pican, 67 ans, est le premier évêque de France à être condamné par la justice depuis la Révolution française. Un jugement que l'évêque de Bayeux-Lisieux a accueilli sans un mot avant de quitter le tribunal, sans faire de commentaire.
"J'espère que cette condamnation sera l'occasion pour l'Eglise d'une prise de conscience pour ne plus couvrir ce type de faits, de délits et de crimes", a noté mardi à l'issue du jugement Me Jean Chevais, avocat de familles de victimes.
Du côté des parties civiles, cette nouvelle n'a pas soulevé l'enthousiasme mais plutôt un soulagement à l'issue de trois années de combat contre le silence de l'Eglise. Trois années déjà marquées par la condamnation en octobre 2000 de l'abbé René Bissey à 18 ans de réclusion pour viol et atteintes sexuelles sur mineurs de 15 ans entre 1987 et 1996.
"Il faut qu'aujourd'hui la loi canonique suive la loi républicaine", a déclaré Daniel Rebillard, le père de Yann, la victime principale, en sortant de l'audience.
"La protection des enfants passe avant tout et passe surtout avant la défense de l'image de l'Eglise. Je dis l'Eglise, ça pourrait être n'importe quelle institution, le combat aurait été le même", a noté Me Chevais.
Selon l'avocat "le secret professionnel va évoluer, en tous cas c'est une décision qui va faire jurisprudence". Une jurisprudence qui devrait s'appliquer à tout responsable d'institution, quelle qu'elle soit, soumis au secret professionnel.
"Il y a une remise en cause évidente et il y a une réduction du champ du secret professionnel", a commenté Me Thierry Massis, avocat de Mgr Pican, qui considère que "le contexte d'aujourd'hui sur les questions de la pédophilie a sûrement joué un rôle dans l'évaluation de la question du secret".
Un secret professionnel qui était en effet au coeur des débats lors du procès de Pierre Pican les 14 et 15 juin. Mais le tribunal correctionnel de Caen dans ses motivations a été clair: il n'y avait pas eu confession ni confidence à proprement parler entre l'abbé Bissey et Mgr Pican, René Bissey s'étant entretenu avec l'évêque à le demande de ce dernier.
De plus, le tribunal a considéré que Mgr Pican s'était délibérément abstenu de dénoncer son abbé, le protégeant lui plutôt que les enfants.
Lors de l'énoncé du jugement, l'évêque de Bayeux-Lisieux a également été condamné à verser 1 franc symbolique de dommages et intérêts à chacune des quatre parties civiles, une somme conforme à ce qu'elles avaient réclamé.
L'évêque bénéficie d'une période huit jours pour faire appel.
A Paris, le père Stanislas Lalanne, porte-parole de la conférence des évêques de France, a pris "acte avec regret" de la condamnation de Mgr Pican, "même si la peine infligée est moins importante que celle qu'avait réclamée le procureur de la République"

 

> L'Eglise et la justice s'opposent sur la question du secret dans une affaire de viol *

Un religieux appartenant à la congrégation des frères de Saint-Jean a été mis en examen pour "viols par personne ayant autorité" par le juge d'instruction du tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine), Thierry Bellancourt. Cette affaire, révélée par Le Parisien du 5 octobre (2001), pose à nouveau la question du secret professionnel reconnu aux ministres des cultes. Selon les premiers éléments de l'information judiciaire ouverte le 27 juillet (2001), le religieux aurait abusé d'une jeune fille domiciliée à Boulogne-Billancourt, mineure au moment où les faits ont commencé. Le suspect a été placé sous contrôle judiciaire.
Au cours de ses recherches, la police judiciaire des Hauts-de-Seine a découvert qu'une enquête préliminaire avait été ouverte auprès du tribunal ecclésiastique (ou officialité) de Lyon, à la demande de l'évêque d'Autun (Saône-et-Loire), Mgr Raymond Séguy. Celui-ci est en effet l'évêque responsable de la congrégation des frères de Saint-Jean, fondée en 1975 par le Père Marie-Dominique Philippe. Cette enquête a été confiée au Père Jacques Braux, vice-official (juge ecclésiastique) du tribunal de Lyon, dont dépend le diocèse d'Autun.
Le juge d'instruction de Nanterre a demandé au Père Braux la communication des pièces en sa possession. Celui-ci a refusé, invoquant le secret professionnel des ministres des cultes. Passant outre, le juge a délivré une commission rogatoire à la police judiciaire, qui a effectué, le 6 août, une perquisition dans les locaux de l'officialité. Selon le Père Maurice Bouvier, official de Lyon, les policiers ont saisi "une quantité importante de documents et de dossiers informatiques, relatifs notamment à des procédures canoniques qui n'ont aucun rapport avec l'enquête canonique portant sur un prêtre de la congrégation de Saint-Jean". En particulier, les services de police auraient emporté des dossiers concernant des demandes de nullité de mariage, "touchant au plus intime de la vie des personnes", insiste le juge ecclésiastique. Plusieurs couples auraient déjà écrit à l'archevêché de Lyon, craignant que leurs problèmes conjugaux ne soient divulgués sur la place publique. Parmi les documents saisis se trouveraient également des échanges de correspondance entre l'officialité de Lyon et le Saint-Siège. Leur saisie pourrait être assimilée à un vol de courrier diplomatique.
ENQUÊTE D'UN TRIBUNAL ECCLÉSIASTIQUE
Pour le Père Bouvier, la démarche du juge d'instruction de Nanterre constitue "une violation particulièrement grave du secret professionnel protégé par les lois de la République". L'officialité interdiocésaine de Lyon a donc adressé au juge Bellancourt, il y a deux semaines, une demande de restitution des pièces saisies et d'annulation de la procédure.
Au parquet de Nanterre, on reconnaît que la situation est "inédite". Pour les spécialistes en droit canonique, il ne fait aucun doute que les enquêtes des tribunaux ecclésiastiques sont couvertes par le secret professionnel. "Une des fonctions de l'évêque est de rendre la justice à l'intérieur de son église. Par conséquent, la juridiction ecclésiastique fait partie de l'exercice du culte et doit être protégée comme telle par le secret professionnel", affirme le Père Jean-Paul Durand, doyen de la faculté de droit canonique de Paris. Sur ce point, l'Eglise catholique s'appuie sur un arrêt de la Cour de cassation du 29 mars 1989, rendu dans une affaire concernant l'officialité du diocèse de Nouméa (Nouvelle-Calédonie). La haute juridiction avait rappelé que "nul ne peut être contraint à produire en justice des documents dont il a eu connaissance dans l'exercice de ses fonctions et touchant à l'intimité de la vie privée des personnes".
Dans un communiqué du 5 octobre (2001), l'officialité de Lyon précise qu'elle "entend bien participer, dans la mesure de ses moyens, au travail de la justice". Mais elle se refuse à "trahir la confiance qui lui est accordée par les croyants". Déjà, dans le procès pour "non-dénonciation d'atteintes sexuelles sur mineur de quinze ans" contre Mgr Pierre Pican, évêque de Bayeux (Calvados), en juin, l'enjeu était la question de la "confidence".
* Xavier Ternisien, Le Monde, 09 octobre 2001, p. 22, lemonde.fr | 08.10.01 | 17h15

 

> Monseigneur Pican invite les victimes de l'abbé Bissey au pardon

Non seulement l'évèque de Bayeux et Lisuex, Mgr Pican, condamné en septembre (2001) à trois mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d'atteinte sexuelle sur mineurs, ne fait pas amende honorable, mais il demande aux victimes des actes pédophiles de l'abbé René Bissey "un moment de pardon".
Invité lundi 24 décembre (2001) sur France Bleu Basse Normandie, le prélat les a interpellées en c sens : "Aux victimes du père BIssey ; j'oserai dire : qu'elles aient la patience [...] de profiter de toutes les occasions pour qu'un moment de pardon, peut-être, puisse être formulé dans l'intime de leur coeur en direction de l'auteur", a-t-il déclaré,
Mgr Pican a toutefois nuancé ses propos en reconnaissant que ce pardon ne pourrait probablement pas intervenir 'avant des années".
Interrogé sur sa condamnation, le prélat a déclaré :"J'ai eu le sentiment, qui demeure un peu, des immenses limites de la justice humaine". Et il a ajouté, pour que l'on comprenne bien :"Je ne suis pas de près ou de loin, impliqué dans cette affaire. Je le suis en qualité de responsable."
Libération, 26 décembre 2001, p. 12

 

> Pédophilie: L'Église canadienne se soustrait aux directives de Rome
Jeanne Corriveau, Stéphane Baillargeon, Le Devoir Edition Internet, 10 janvier 2002.

L'Église catholique canadienne n'entend pas faire traiter les cas de pédophilie chez ses prêtres par les tribunaux ecclésiastiques, allant ainsi à l'encontre des directives adressées en novembre dernier par le Vatican à tous les évêques catholiques. Elle laissera plutôt aux tribunaux civils le soin de juger les responsables d'agressions sexuelles, estimant ces juridictions plus aptes à examiner ce type de cause.
Les scandales de moeurs qui ont éclaboussé l'Église catholique au cours des dernières années ont forcé le Vatican à édicter une procédure visant à trancher les cas d'agressions sexuelles et de pédophilie dans les rangs de ses prêtres. Une lettre envoyée en novembre à tous les évêques catholiques du monde, dont le contenu n'avait jusqu'alors pas été ébruité, détaille les procédures à suivre: les clercs fautifs seront soumis à un procès ouvert, soit devant un tribunal ecclésiastique local, soit devant la congrégation vaticane. Ces procédures exemptent donc les évêques d'aviser les autorités judiciaires des cas soumis à leur attention.
Rome exercera ainsi une forme de contrôle sur le problème qui a maintes fois entaché l'image de l'Église catholique. Publiée mardi dans l'Acta Apostolicæ Sedis, la publication officielle du Vatican, la lettre envoyée aux évêques avait été validée par un document Motu Proprio signé par le pape Jean-Paul II.
Au Canada toutefois, pas question de se plier à cette directive, indique Mgr Peter Schonenbach, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Lors d'un voyage à Rome en novembre dernier, le président de cette conférence, Mgr Jacques Berthelet, et Mgr Schonenbach avaient d'ailleurs fait savoir au cardinal Joseph Ratzinger, l'auteur de la directive, que ces procédures ne pourraient pas être appliquées au Canada. "Nous avons déjà une longue histoire de protocole dans chaque diocèse pour que les évêques sachent comment gérer ce genre de problème. Quand il y a soupçon d'activité criminelle, nous travaillons tout de suite de concert avec les autorités compétentes de justice. Et ça, nous ne pouvons y déroger", explique Mgr Schonenbach. Mgr Ratzinger s'est d'ailleurs rendu à leurs arguments, reconnaissant que la qualité du système de justice canadien le permet.
Le recours à un tribunal ecclésiastique pourrait survenir dans le cas d'un évêque appelé à statuer sur le traitement à accorder à un prêtre ayant déjà purgé une peine de prison à la suite d'une condamnation, suggère Mgr Schonenbach. Il rappelle que les tribunaux ecclésiastiques s'apparentent aux tribunaux professionnels des médecins et des avocats et qu'ils peuvent traiter les causes de délits commis contre l'eucharistie et le sacrement de pénitence. Mais selon lui, ils demeurent inadéquats pour les causes d'agressions sexuelles commises à l'endroit de mineurs.
La politique de justice en vase clos du Vatican étonne l'avocate criminaliste Sophie Bourque: "Par contre, la position de l'Église catholique canadienne est conforme à la position de transparence qui prévaut dans la société à l'heure actuelle, où on demande de plus en plus de transparence de nos institutions. Mais il faut dire qu'on a eu notre lot d'incidents, avec les cas de l'orphelinat de Terre-Neuve, d'Hubert O'Connor en Colombie-Britannique et des autochtones dans les orphelinats, un dossier qui n'est d'ailleurs pas réglé. L'Église canadienne a été sur la sellette et obligée de prendre position avant d'autres Églises."
Selon l'avocate, la décision d'intenter des poursuites criminelles contre un agresseur devrait appartenir à la victime et non à l'Église. Le droit criminel canadien n'oblige pas un individu à dénoncer un crime à la police, rappelle-t-elle. La Loi sur la protection de la jeunesse au Québec prévoit toutefois que toute personne ayant connaissance d'un cas d'agression sexuelle commise sur la personne d'un mineur doit le signaler à la Direction de la protection de la jeunesse.
Le père Francis G. Morrisey, professeur à la faculté de droit canonique de l'Université Saint-Paul, juge favorablement les nouvelles directives du Vatican. "Je crois que la décision du Saint-Siège montre une volonté de prendre très au sérieux les cas de pédophilie. D'ailleurs, cette décision n'empêchera pas la poursuite des responsables en vertu du droit civil. [...] En même temps, cette décision témoigne d'une volonté de centralisation additionnelle de la part du Vatican, ce qui constitue un élément négatif."
Il faut situer les directives portant sur la pédophilie dans l'ensemble des nouvelles dispositions annoncées en latin dans le dernier annuaire Acta Apostolicæ Sedis (Actes du Siège apostolique), faisant le point sur l'activité de la Curie romaine en 2001. Selon le nouveau Code de droit canonique promulgué sous l'autorité de Jean-Paul II en 1983, certaines offenses devaient dorénavant s'ajouter à la liste dont le traitement est réservé au Vatican, soit, en fait, à la Congrégation pour la doctrine de la foi, héritière contemporaine de l'Inquisition. "Mais on ne savait pas quelles offenses précisément", a expliqué le professeur Morrisey, joint hier à Ottawa. "Les anciennes normes de 1962 restaient en vigueur jusqu'au 11 novembre 2001. Maintenant, on sait qu'une dizaine de situations, dont celles ayant trait à la pédophilie, devront être référées obligatoirement à la Congrégation pour la doctrine de la foi."
Ces offenses se regroupent sous trois types de délits: ceux contre l'eucharistie (par exemple, "jeter les saintes espèces"), ceux ayant trait aux sacrements de pénitence (par exemple, la violation du secret de confession), les fautes contre la morale en fonction du sixième commandement du Décalogue ("luxurieux point ne sera de corps ni de consentement"), dont, justement, les relations sexuelles avec des mineurs.
Jusqu'au 11 novembre dernier (2001), l'évêque pouvait donc lui-même intenter des poursuites pour ce genre de faute en vertu du droit canonique. Dorénavant, il doit obligatoirement référer la cause au Saint-Siège. D'ailleurs, selon le professeur Morrisey, certains évêques ne sont tout simplement pas "équipés" pour mener de tels procès, qui nécessitent des enquêtes préliminaires et un jugement en bonne et due forme. "Mais si nous avons le document du pape accordant l'autorité à la Congrégation et la liste des offenses, nous ne connaissons pas la liste des procédures à suivre", a ajouté le professeur de droit, qui juge cette situation regrettable. "C'est toujours un secret et c'est très embêtant. On ne sait toujours pas comment seront menés les procès canoniques."
Les situations nationales varient. Certains pays en Amérique latine et en Europe (dont l'Espagne et l'Italie) ont signé un concordat avec le Vatican stipulant qu'une décision ecclésiastique a un effet civil, par exemple dans les cas de divorce. Ce n'est pas le cas aux États-Unis et au Canada, où le droit de l'État conserve sa préséance sur l'Église.

 

> Pédophilie : des instructions difficiles

Les informations judiciaires relatives à des viols ou des atteintes sexuelles sur des enfants, sont des affaires extrêmement difficiles à instruire, pour lesquelles la justice souffre d'un manque de moyens criant.
Selon le ministère de la Justice, le nombre de condamnations pour crimes sexuels (viols) concernant des mineurs est passé de 331 en 1990 à 599 en 2000, tandis que les condamnations pour délits sexuels passaient dans le même temps de 1.861 à 4.425. " Ces dossiers sont, la plupart du temps, de véritables casse-tête chinois. Les accusations portées sont très graves et les éléments de preuves extrêmement difficiles à rassembler ", reconnaît Me Costantino, avocat de l'association Enfance et Partage.
L'administration de la preuve est au cœur de cette difficulté, dans des affaires qui se résument souvent à la parole de la victime, parfois difficile à décrypter ou analyser, contre celle de l'accusé. " Il existe une opposition entre, d'un côté, une logique de souffrance, de passion, de conviction, et de l'autre une logique judiciaire dans laquelle le travail central reste d'établir des infractions et de rassembler des éléments de preuve ", explique Yvon Tallec, de la section des mineurs au parquet de Paris.
Si, dans les affaires de viols, les expertises médicales permettent parfois d'établir clairement les faits, parvenir à des certitudes juridiques est plus difficile dans les instructions portant sur les attouchements sexuels, qui relèvent du tribunal correctionnel.
La Nouvelle République du Centre Ouest - 18.01.2002

 

> L'Eglise catholique américaine face aux abus sexuels des prêtres

Elle vit sa plus grave crise depuis un siècle
En pleine semaine de Pâques, deux des trois principaux hebdomadaires américains, US News et Time, se demandent si l'Eglise peut "sauver son âme" ou "se sauver elle-même". Le troisième, Newsweek, avait déjà consacré sa couverture, il y a un mois, au scandale des prêtres pédophiles, sous le titre : "Le sexe, la honte et l'Eglise catholique". Le sujet ne quitte pratiquement pas la première page des quotidiens.
Les révélations sur les agressions sexuelles commises par des prêtres et, plus encore, la mise au jour des efforts de la hiérarchie pour étouffer ces affaires, en proposant aux victimes de se taire en échange d'énormes indemnisations, provoquent un malaise dans les rangs catholiques et une avalanche de condamnations de la part des non-catholiques.
Cette crise, la plus grave qu'ait connue l'Eglise américaine depuis un siècle, est née de la découverte qu'un ancien prêtre du Massachusetts, John Geoghan, aujourd'hui condamné à dix ans de prison pour avoir abusé d'un enfant, avait fait en réalité 130 victimes au cours d'une longue carrière qui l'avait mené de paroisse en paroisse, l'archevêché de Boston se contentant de le muter à chaque nouvel incident. Le cardinal Bernard Law, archevêque depuis 1984, est désigné comme complice dans certaines plaintes de victimes, et un prêtre de Boston a demandé sa démission.
LA QUESTION DU CÉLIBAT
Un deuxième cardinal, l'archevêque de New York, Edward Egan, est mis en cause car lui aussi, quand il était évêque de Bridgeport, dans le Connecticut, préférait muter les prêtres accusés d'agressions sexuelles plutôt que de les dénoncer ou de les suspendre. Le diocèse de Bridgeport a dû payer, en 2001, entre 12 millions et 15 millions de dollars aux victimes de six ecclésiastiques.
L'archevêque de Washington, le cardinal Theodore McCarrick, n'a pas hésité, lui, quand le curé de Saint-Augustin, la plus ancienne paroisse noire de la capitale américaine, a été accusé par deux femmes d'avoir abusé d'elles il y a vingt ans. Le Père Russell Dillard, bien qu'ami personnel du cardinal, a été suspendu, le 21 mars, sans même être autorisé à s'expliquer devant ses paroissiens.
Son cas montre, d'ailleurs, l'impropriété du mot de pédophilie pour rassembler ces affaires car, le plus souvent, les personnes agressées sont des adolescents ou, s'agissant du Père Dillard, des adolescentes ; les pédophiles, au sens strict, semblent peu nombreux. Cependant, la blessure causée par l'agression est liée au statut de l'agresseur autant qu'à l'âge de la victime. "Qu'un prêtre s'en prenne à vous sexuellement, c'est comme si la loi de la gravitation universelle cessait de s'appliquer", dit David Clohessy, un consultant politique de Saint-Louis, dans le Missouri, qui a créé un site Internet pour les "survivants" (www.survivorsnetwork.org).
Quinze ans après les affaires révélées au milieu des années 1980, il est clair que la hiérarchie de l'Eglise américaine n'a pas pris les mesures qui s'imposaient. "Ce qui l'a emporté, c'est ce que nous appelons la culture du clin d'œil approbateur", n'hésite pas à déclarer Scott Appleby, professeur d'histoire du catholicisme américain à l'université catholique Notre-Dame, dans l'Indiana. "Je ne dis pas, ajoute-t-il, que les évêques sont portés à l'indulgence envers les pédophiles ou envers les prêtres ayant des relations sexuelles avec des mineurs, mais il y a un climat général d'impunité pour ceux qui ne respectent pas le vœu de chasteté."L'explication de ce climat réside sans doute, en partie au moins, dans la baisse du recrutement des prêtres. Aussi la question du célibat est-elle de nouveau posée, non parce qu'il serait la cause de comportements déviants ou agressifs, mais parce qu'il détournerait de la prêtrise de nombreux jeunes gens désireux de vivre pleinement leur vie selon les normes d'aujourd'hui ou bien redoutant de ne pouvoir assumer le sacrifice de leur sexualité.
Les propos de Jean Paul II dans sa lettre aux prêtres pour le Jeudi saint, rendue publique le 21 mars, ont été ressentis par beaucoup comme allusifs et plus soucieux du tort causé à l'Eglise que des souffrances endurées par les victimes. Le pape ayant parlé du "mystère du mal" auquel ont succombé les coupables, la journaliste Maureen Dowd commentait, cinglante, dans le New York Times : "Il n'y a rien de mystérieux dans la pédophilie. C'est un crime."
Comme le dit un prêtre, on ne peut pas imaginer de principes de vie plus à contre-courant de la société américaine que les vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance. En outre, l'anticatholicisme ne dort jamais tout à fait dans un pays où il fut aussi virulent et souvent plus violent que l'antisémitisme. En même temps, souligne M. Appleby, l'Eglise catholique est aux Etats-Unis, en dehors de la puissance publique, l'organisation qui entretient le plus grand nombre d'écoles et d'hôpitaux, ce qui lui vaut un large respect. Encore faut-il qu'elle en soit digne.
Patrick Jarreau, LE MONDE | 27.03.02 | 16h10

 

> Plus de 60 millions de catholiques

Le nombre de catholiques a doublé, aux Etats-Unis, en cinquante ans, passant d'un peu moins de 30 millions en 1950 à 63,7 millions aujourd'hui, selon les évaluations universitaires. Minoritaire dans un pays de 280 millions d'habitants, le catholicisme n'en est pas moins la confession la plus nombreuse. Les autres religions chrétiennes réunissent 94 millions de membres, divisés en 220 dénominations ; le groupe le plus vaste est celui des églises baptistes, également en augmentation et qui comptent 36 millions de fidèles. La progression du catholicisme s'explique, notamment, par l'immigration latino-américaine, qui fait de Los Angeles une ville catholique aussi importante que New York.
Si le nombre des croyants augmente, celui des prêtres et, plus encore, des religieuses catholiques ne cesse de diminuer. On compte 46 000 prêtres dans les 194 diocèses, dont beaucoup de paroisses n'ont qu'un seul desservant. Les religieuses, qui étaient 180 000 dans les années 1960, sont aujourd'hui moins de 80 000.

 

> Un désaveu pour le clergé

Sans qu'aucun chiffre précis puisse être avancé, le nombre de prêtres accusés d'agressions sexuelles sur des mineurs serait d'environ deux mille, les faits s'étant produits au cours des trente dernières années. De nombreuses plaintes ont été déposées après les révélations retentissantes du mois de février concernant un ancien prêtre du Massachusetts. Certaines évaluations situent autour de 1 milliard de dollars le montant total des indemnisations que les diocèses pourraient devoir verser aux victimes et, parfois, à leurs familles.
Les catholiques sont extrêmement critiques quant au comportement de la hiérarchie face aux délinquants sexuels. Une étude menée de l'institut de sondages Zogby International montre que 75 % des Américains se disant catholiques ont un jugement négatif, exprimé aussi par 56 % de ceux qui vont à la messe chaque jour. Globalement, la confiance des catholiques dans leur clergé est tombée de 84 %, en octobre 2001, à 68 % aujourd'hui. A Boston, où de nombreux fidèles demandent la démission du cardinal Bernard Law, une "contre-messe" du Vendredi saint doit être organisée, en signe de protestation, à l'extérieur de la cathédrale.

 

> L'Eglise catholique irlandaise gravement atteinte par un scandale de pédophilie

Trois mille témoignages de sévices
L'Eglise catholique irlandaise est rattrapée par son passé. Le premier scandale public suscité par les révélations d'abus sexuels commis sur des enfants par des membres du clergé irlandais remonte à 1994. Depuis, des centaines d'adultes ont fait connaître les sévices sexuels, voire les viols dont ils avaient été victimes, dans des institutions gérées par l'Eglise : collèges, orphelinats, centres d'apprentissage, maisons de redressement, hôpitaux.
Plus de 3 000 personnes ont proposé de témoigner des abus qui leur ont été infligés. En janvier dernier, l'Eglise et l'Etat se sont entendus pour les indemniser - en échange d'un abandon de leurs poursuites judiciaires - pour une somme qui pourrait s'élever à 500 millions d'euros, dont un quart sera versé par les congrégations religieuses. Ces violences et ces crimes ont, pour la plupart, cessé à la fin des années 1970.
PLAINTES SANS SUITE
Mais des sévices ont continué, ternissant gravement l'image de l'Eglise, à mesure qu'ils étaient rendus publics. Ils étaient le fait de prêtres ou d'enseignants d'écoles catholiques, parmi lesquels plusieurs ont été jugés et emprisonnés. Le cas le plus connu est celui du Père Sean Fortune, qui s'est suicidé en 1999 après avoir été inculpé d'abus sexuels sur 66 enfants. C'est à son propos que ce dossier, si embarrassant pour l'Eglise et, à un moindre degré, pour le gouvernement de centre droit, qui est proche d'elle, défraie à nouveau la chronique, après la diffusion par la BBC le 19 mars - puis par la télévision irlandaise le 2 avril - d'un documentaire accusant le Père Fortune d'avoir poussé au suicide quatre jeunes garçons et mettant en cause Mgr Brendan Comiskey, évêque de Ferns (sud-est de l'Irlande) pour n'avoir donné aucune suite aux plaintes formulées contre le prêtre dès les années 1980.
L'évêque, âgé de 66 ans, a été contraint de démissionner le 1er avril. Il a remis en personne sa démission au pape qui l'a acceptée samedi 6 avril. Dimanche, le cardinal Desmond Connel a reconnu à Dublin le "terrible mal" fait à des enfants par "certains de ceux qui étaient nos frères". Il a présenté les excuses de l'Eglise aux victimes, lors d'une messe de commémoration du bicentenaire de l'ordre des Frères chrétiens. Cet ordre, pilier du système éducatif irlandais depuis deux siècles et présent dans une vingtaine de pays, est l'un de ceux dont la réputation a été flétrie par des actes pédophiles commis en son sein.
Le gouvernement a chargé le juge George Birmingham, l'un des plus respectés du pays, d'enquêter sur les actes pédophiles dont sont accusés plusieurs prêtres. Les victimes demandent que toute la lumière soit faite, rien de plus mais rien de moins. "Je continue de croire en Dieu, mais je ne crois plus du tout dans les institutions de l'Eglise", déclarait au quotidien Irish Times, Marie Collins, une quinquagénaire qui habite Dublin. Un prêtre a abusé d'elle lorsqu'elle avait 13 ans.
Jean-Pierre Langellier, Le Monde, 9 avril 2002, p. 6, LE MONDE | 08.04.02 | 15h23

 

> Jean-Paul II : la pédophilie, " péché effroyable "

"CES ABUS sont immoraux à tous points de vue et la société les considère à juste titre comme un crime ; c'est aussi un péché effroyable aux yeux de Dieu " : c'est en ces termes que, pour la première fois hier, Jean-Paul II s'est exprimé sur la grave crise que traverse l'église catholique aux Etats-Unis en raison des actes pédophiles commis par des prêtres.
Dans un discours adressé aux treize cardinaux américains réunis au Vatican jusqu'à ce soir, le pape qui s'est déclaré " profondément peiné ", a affirmé que " les gens ont besoin de savoir qu'il n'y a pas de place dans le clergé (...) pour ceux qui veulent faire du mal à la jeunesse ".
Exprimant sa " solidarité aux victimes de violences sexuelles et à leur famille où qu'elles soient ", le souverain pontife a invité les fidèles à ne pas oublier " l'immense bonté spirituelle et sociale " d'une vaste majorité des prêtres américains.
" Une grande oeuvre d'art peut être imparfaite mais sa beauté demeure ", a estimé le souverain pontife. Ces deux jours de confrontation pourraient permettre de définir la façon dont l'Eglise américaine sanctionnera les prêtres pédophiles et sa position quant à la remise d'éventuels coupables aux autorités judiciaires. Le Code de droit canon prévoit des punitions pouvant aller jusqu'à l'interdiction d'exercer le ministère.
Quant au président de la conférence épiscopale américaine, Mgr Wilton Daniel Gregory, il a déclaré hier qu'au sein de l'église catholique aux Etats-Unis, " la lutte continue pour s'assurer que les séminaires et la prêtrise ne sont pas dominés par des hommes homosexuels ". En janvier dernier, le Vatican avait autorisé les recteurs des séminaires à recourir à des psychologues pour déterminer la personnalité d'un candidat au sacerdoce.
Philippe Baverel, Le Parisien, mercredi 24 avril 2002, p. 15

 

> Tolérance presque zéro de l'Église catholique américaine
Associated Press - Dallas

Après plusieurs mois de scandales qui ont gravement ébranlé l'institution aux États-Unis, la conférence épiscopale de l'Église catholique américaine réunie à Dallas a renoncé vendredi à exclure les prêtres pédophiles mais a décidé que les coupables se verraient interdire tout contact avec les paroissiens.
Les évêques ont mis plusieurs mois à définir une politique nationale, dont la charte devra recevoir le feu vert du Vatican et être respectée par les 178 diocèses du pays. Elle a été approuvée à Dallas par 239 voix contre 13, sous les applaudissements de l'assemblée.

À lire: les principaux points de la charge

"À compter de ce jour, personne qui soit connu pour avoir sexuellement abusé d'un enfant ne travaillera dans l'Église catholique aux États-Unis", a déclaré l'évêque Wilton Gregory, qui présidait la conférence. Il a présenté des excuses au nom de son institution pour sa "reconnaissance tragiquement lente de l'horreur" de la pédophilie.
En vertu de la politique définie par la conférence, les coupables d'abus sexuels passés ou à venir resteront techniquement prêtres mais se verront interdire tout travail lié à l'Église, de la célébration de la messe à l'enseignement dans une école paroissiale ou aux soupes populaires. Bref, les coupables seront tenus à l'écart des paroissiens.
Les prêtres peuvent toujours être défroqués mais la décision reviendra à l'évêque, sur l'avis d'un conseil composé principalement de laïcs.

Depuis janvier, date où le scandale des prêtres pédophiles a éclaté, au moins de 250 des 46 000 prêtres américains ont été suspendus ou ont démissionné après des plaintes pour abus sexuels. Quatre évêques ont également quitté leurs fonctions mais aucun n'a démissionné pour avoir mal géré les cas de prêtres pédophiles.
Avant la réunion, il y avait des rumeurs selon lesquelles les évêques allaient adopter une politique de "tolérance zéro" et défroquaient tous les prélats accusés d'abus sexuels. Une idée finalement abandonnée par la conférence épiscopale qui a argué qu'il semblait injuste de condamner des évêques en fin de carrière pour des faits qui dataient de plusieurs dizaines d'années en arrière.
L'évêque de Salt Lake City, George Niederauer, membre du comité qui a présenté la charte, a expliqué que ce programme permettrait de protéger les enfants. Mais les victimes se sont dites indignées d'une telle décision.
Sheila Daley, une membre du mouvement catholique libéral "Call to action", a qualifié cette charte de "faible" et "inadéquate". "Tant que les auteurs (de ces abus sexuels) peuvent utiliser le mot "Père"" pour se décrire, ils restent susceptibles de leurrer d'autres victimes", a-t-elle souligné. Son mouvement était favorable à la politique de "tolérance zéro" pour les auteurs des agressions les plus graves et à la politique de "deuxième chance" pour les auteurs de délits moins importants.
Selon le Cardinal Anthony Bevilacqua de Philadelphie, cette politique reflète le besoin de montrer une "compassion digne du Christ" aux évêques.

 

> Le secret de la confession, jusqu'où ?
par Marion Festraëts
L'Express du 10/02/2000

[L'Express en ligne du 06/09/2001 - Le tribunal correctionnel de Caen a condamné mardi 4 septembre Mgr Pierre Pican à trois mois d'emprisonnement avec sursis et 1 franc de dommages et intérêts aux quatre parties civiles pour n'avoir pas signalé à la justice, alors qu'il en avait connaissance, les agissements pédophiles du père René Bissey. Il s'agit de la première condamnation pénale d'un évèque depuis la Révolution française.]

Mgr Pierre Pican avait-il eu connaissance des penchants pédophiles du père René Bissey? Et, si oui, pourquoi l'a-t-il laissé au contact des jeunes sans le dénoncer? La justice tranchera

Depuis le 11 septembre 1998, jour de son arrestation, le père René Bissey, 55 ans, attend son procès en cour d'assises derrière les barreaux de la prison de Caen. Le curé est accusé d'avoir agressé sexuellement et violé une douzaine de jeunes garçons entre 1985 et 1996, profitant des liens d'amitié et de confiance tissés avec leurs familles pour mieux abuser d'eux. Une affaire dramatique, mais presque banale: ces dernières années, on a vu se multiplier les affaires de pédophilie mettant en cause le clergé catholique, du bas de l'échelon aux degrés les plus élevés de la hiérarchie - comme en Belgique, en Irlande, au Canada, aux Etats-Unis et en Autriche, où la révélation des mœurs du cardinal Groer divise l'Eglise depuis 1995.

Mais dans l'affaire Bissey - et pour la première fois en France - l'institution ecclésiastique est directement impliquée, au-delà du simple cas personnel: Mgr Pierre Pican, évêque du diocèse de Bayeux-Lisieux, a été mis en examen le 24 janvier, par le juge d'instruction Antoine Brugère, pour "non-dénonciation de crime" et "non-dénonciation d'atteinte sexuelle sur mineurs de moins de 15 ans", à la suite de la plainte déposée par quatre des familles des victimes, constituées parties civiles. En clair, on accuse Mgr Pican d'avoir su, mais de n'avoir rien dit et pis, peut-être: d'avoir laissé faire. Au nom du secret de la confession?

Dès la fin de l'année 1996, la mère de l'un des enfants agressés aurait alerté l'évêché, sans vouloir entreprendre d'action judiciaire. Convoqué par sa hiérarchie à deux reprises - en décembre 1996 et avril 1997 - le prêtre aurait avoué ses penchants pédophiles avant d'être expédié pour six mois en maison de repos puis réintégré dans une autre localité, avec mission de prendre en charge l'Action catholique de la jeunesse. "Mgr Pican avait eu connaissance des faits dès la fin de 1996, soutient Me Patrick Quentin, l'avocat des quatre familles. Il est inadmissible que René Bisset ait été replacé en paroisse en juillet 1998, pour s'occuper des jeunes. C'était tout simplement l'inciter à recommencer!"

Réagissant à sa mise en examen, Mgr Pican a déclaré dans un communiqué que cette affaire soulevait "des questions graves et délicates ayant notamment trait à la place et au rôle du secret dans notre société, en vue de la protection de la personne humaine". Un exposé qui ne cadre pas avec sa réaction lors du dépôt de la plainte des familles en juillet. Il avait alors affirmé: "Les accusations qui sont portées contre moi [...] ne reposent sur aucune réalité et sont infondées. [...] Je n'avais pas été informé des actes reprochés au père Bissey." Oui ou non, l'évêque savait-il? Et, s'il savait, l'argument du secret est-il recevable?

L'Eglise continue de fermer les yeux
Au moment où l'on évoque enfin au grand jour le drame de la pédophilie, alors que toutes les institutions y sont désormais attentives et n'hésitent plus à dénoncer, que l'Education nationale a fait son mea culpa sur la loi du silence, qui a prévalu pendant des décennies, pour enfin mettre en place une série de mesures de protection des enfants, l'Eglise continue de fermer les yeux sur les affaires qui l'éclaboussent - en n'omettant jamais d'avoir un mot de compassion pour les victimes. A l'annonce de la mise en examen de Mgr Pican, de nombreux membres de la hiérarchie se sont indignés que l'on fasse peser un tel soupçon sur l'un des leurs, et ont mis en garde contre tout amalgame entre les agissements du père Bisset et leur non-dénonciation par Mgr Pican. Certains fulminent même contre "ces juges et ces procureurs qui cherchent depuis longtemps à se payer des évêques" et "qui ont enfin réussi"...

Pour sa part, Mgr Louis-Marie Billé, président de la Conférence des évêques de France, a déclaré être "confiant dans le fait que, si Mgr Pican a tu ces choses, il l'a fait parce qu'il a estimé en conscience être tenu au secret de telle manière qu'il ne pouvait pas faire autrement". De son côté, Mgr Joseph Duval, évêque de Rouen, réclamait le 2 février sur l'antenne de Radio chrétienne en France un non-lieu pour Mgr Pican: "C'est la question du secret professionnel [...] qui est en jeu. Si un prêtre dans l'exercice de son ministère, confession ou autre, connaît un fait condamnable, il est tenu par le secret professionnel et ce secret doit être respecté, c'est la loi." Ou plutôt c'était la loi. L'Eglise s'appuie sur un arrêt de la Cour de cassation de 1891 - antérieur à la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat - indiquant que les prêtres étaient tenus de conserver le secret d'une confidence reçue en confession aussi bien que dans le cadre d'une simple conversation. Mais aujourd'hui cette règle ne prévaut plus dès lors qu'une personne est en danger. Le Code pénal prévoit depuis 1992 que les sanctions prévues dans le cas de violation du secret professionnel ne s'appliquent pas dans les situations de sévices sur mineurs de moins de 15 ans.

Le bulletin du secrétariat de la Conférence des évêques de France rappelait même en 1998 que "le Code pénal réprimant la non-assistance à personne en péril s'applique à l'ensemble des personnes tenues au secret de par leur appartenance institutionnelle. Médecin, mais plus largement chacun des protagonistes d'un secret confié, juge, enseignant, prêtre, directeur spirituel...". Dans un Dictionnaire de théologie catholique de 1941, Nicolas Iung écrivait déjà: "Il sera permis de dévoiler un secret chaque fois qu'il n'y aura pas d'autre moyen d'éviter qu'un tiers ne subisse injustement un tort sérieux." Par ailleurs, l'usage veut qu'un évêque ou qu'un supérieur de séminaire ne soit jamais le confesseur des prêtres de son diocèse ou de ses séminaristes, pour "garder sa liberté de parole et de mouvement". Encore faut-il que cette liberté serve à quelque chose.

Le bénéfice du doute pour les prêtres
Pourtant, l'institution ne semble pas prête à faire la moindre concession sur cette sacro-sainte loi du secret: si le père Stanislas Lalanne, porte-parole de la Conférence épiscopale, reconnaît que "l'Eglise se trouve peut-être en situation de fragilité car elle est en contact permanent avec les enfants et les jeunes", il insiste sur "le respect absolu de la confidence reçue, qui fait partie de la tradition de l'Eglise". En observant que, "pour le dépositaire du secret, celui-ci peut donner lieu à un conflit de conscience entre le respect de la confidence reçue et le bien des personnes", le père Lalanne met en garde contre "une société du droit de savoir, de la transparence, où tout doit être dit". Quant au père Charles Bonnet, supérieur du séminaire d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), il déclare ne pas être "persuadé qu'il soit très sain qu'un évêque aille dénoncer ses prêtres: ce serait trahir leur confiance". Un argument irrecevable aux yeux des familles des victimes, qui ne se satisfont pas des justifications embarrassées de la hiérarchie ecclésiastique et jugent impardonnables les atermoiements des évêques: "Il ne peut pas y avoir de secret professionnel dans ce domaine-là, assène Me Quentin. Chacun se défend comme il peut, mais l'Eglise n'est pas crédible. Elle se trompe en voulant protéger ses moutons noirs."

Pour le père Charles Bonnet, le bénéfice du doute doit s'appliquer aux prêtres mis en cause par des dénonciations potentiellement calomnieuses: "Je suis pour la circonspection. Les rumeurs vont vite. Des cas de vengeance, j'en ai connu. Dans des affaires récentes, on a pu voir beaucoup de fausses accusations. Il faut être très prudent, car, lorsque la justice a quelqu'un dans le collimateur, elle le broie." Dans les affaires récentes, on a surtout vu beaucoup de condamnations. A trop privilégier la prudence, l'Eglise semble finalement se dérober à son nécessaire examen de conscience, protéger les coupables et faire peu de cas des victimes.

Longtemps muette, l'institution ecclésiale se décide à affronter le cas des prêtres déviants

L'Eglise catholique est-elle enfin prête à faire la lumière sur ses affaires de pédophilie? Après la triste chronique judiciaire de cet automne - René Bissey, un prêtre du Calvados, et André Montrichard, un abbé belfortain, condamnés aux assises à dix-huit et huit ans de réclusion; Gérard Mercury, un prêtre récidiviste du diocèse de Bordeaux, mis en examen - l'institution ecclésiale, longtemps accusée d'avoir péché par son opacité et ses réticences à affronter ce sujet, se décide à "prendre la mesure du problème", selon Mgr Louis-Marie Billé, président de la conférence épiscopale. La pédophilie sera ainsi à l'ordre du jour de la prochaine assemblée annuelle des évêques de France, réunie à Lourdes du 4 au 10 novembre. Une première, en forme de mea culpa: "Si nous pensions que tout allait bien, nous n'en parlerions pas", souligne Mgr Billé.
Un moyen de se purifier à bon compte
Alors que l'évêque de Bayeux, Mgr Pierre Pican, est mis en examen pour "non-dénonciation de crime" dans le cadre de l'affaire Bissey, de plus en plus d'évêques rompent avec la "langue de buis": "Nous ne pouvons que dénoncer les crimes sexuels, d'où qu'ils viennent, et qu'empêcher résolument de nuire les personnes perverses", martèle Mgr Marcel Herriot, évêque de Soissons. Pour Mgr Jacques Noyer, son homologue d'Amiens, "les prêtres ne doivent pas échapper aux sanctions que la société prévoit pour ces crimes". Les conclusions d'une commission d'experts - psychiatres, juristes, moralistes et canonistes - qui planche sur le sujet depuis quelques mois, devraient aider les évêques à définir une ligne de conduite. L'Eglise dispose déjà d'un éventail de mesures: un prêtre peut être "suspens", c'est-à-dire interdit d'exercer un ministère et de célébrer l'eucharistie, strictement cantonné à des travaux de bureau ou encouragé à se retirer dans un monastère. Certains évêques vont jusqu'à évoquer la possibilité de "réduire à l'état laïque" les clercs "déviants". Une procédure lourde, dépendant de Rome, qui exclut le prêtre du corps clérical. "On est tenté de détacher le membre pervers de l'institution en le mettant dehors, admet Mgr Noyer. C'est un moyen de se purifier à bon compte. Je n'écarte pas cette solution dans certains cas, mais si cette solution nous libère en tant qu'institution, elle ne rend pas l'homme moins dangereux", prévient-il. En attendant, l'Eglise entend faire en sorte que les prêtres pédophiles ne bénéficient plus du mutisme de l'institution. Quitte à les dénoncer. Une révolution.

 

> Mouvement International Nous Sommes Église
(International Movement We Are Church)

En tant que catholiques, hommes et femmes, nous nous sentons profondément concernés et blessés par les abus sexuels sur des religieuses et d'autres femmes commis par des ministres ordonnés de notre Église dans au moins 23 pays du monde entier. La confirmation officielle de rapports sur des violences sexuelles perpétrées par des prêtres sur des religieuses, rapports connus par le Vatican depuis des années, met le doigt dans la plaie douloureuse du péché structurel de l'Église.
C'est dans les structures misogynes et de profond mépris des femmes qu'il faut chercher les causes principales des comportements gravement dysfonctionnels de ces ministres. L'espace public accordé maintenant a ces faits scandaleux est une nécessité pour briser enfin la résistance contre des corrections urgentes au sein du fonctionnement de l'Église catholique, comme l'a récemment montré le débat public sur la pédophilie de prêtres en France, en Amérique du Nord et en Australie.
Notre solidarité va d'abord aux victimes de cette violence. Le Mouvement International Nous Sommes Église exige des responsables au Vatican et des Églises locales de prendre les mesures nécessaires pour procéder a des réparations au moins matérielles et financières des préjudices infligés aux victimes. C'est une honte que des actes semblables aient été commis par ceux qui incarnent aux yeux du monde l'autorité canonique de notre communauté de foi.
Le Mouvement International Nous Sommes Église exige en outre de tous les Cardinaux convoqués en consistoire par le Pape, au mois de mai prochain, qu'ils assument leur pleine responsabilité pour l'Église universelle et mettent comme point le plus urgent de l'ordre du jour la réforme structurelle de l'Église.Les Droits Humains ne peuvent pas être prêchés au monde de manière crédible sans balayer d'abord devant la porte de l'Église et cesser de refuser aux femmes leur pleine égalité dans l'Église. Aussi longtemps que les femmes continueront a être exclues de la dignité du sacrement de l'ordre - les rapports mentionnés en sont une douloureuse illustration - l'Église pèche, car elle fournit une justification théologique et canonique a toute discrimination des femmes, à toute oppression des femmes et à toute violence contre les femmes.
Le Mouvement International Nous Sommes Église est né a Rome en 1996 de l'union d'initiatives nationales qui promouvaient dans leurs pays respectifs la campagne de signatures pour la réforme structurelle de l'Église initiée en Autriche sous le nom de Kirchenvolks-Begehren (Requête du peuple ecclésial). Avec d'autres forces qui luttent pour le changement de par le monde, IMWAC est engagé à promouvoir un processus conciliaire qui permette à tou-te-s les fidèles de participer à l'aggiornamento urgent des structures ecclésiales.
Samedi 24 mars 2001

 

> Les secrets du Vatican
Marc Rochette
Le Nouvelliste

Le 13 septembre 1996, un ancien évêque catholique de Colombie-Britannique, Hubert O'Connor, était condamné à deux ans et demi de prison pour crimes sexuels à l'endroit de jeunes Amérindiennes alors qu'il était directeur d'un internat. Il devenait du même coup le membre le plus haut placé de l'Église catholique du Canada à être condamné sous de telles accusations.
Il y a également eu ces cas d'abus sexuels commis par des prêtres à l'endroit de mineurs dans un orphelinat de Terre-Neuve. Mais si l'on se fie aux nouvelles directives du Vatican, ces affaires de moeurs auraient bien pu être étouffées en prenant le chemin du Saint-Siège. Car on veut y centraliser toutes ces histoires de pédophilie impliquant des membres du clergé et imposer ainsi la règle du silence.

C'est d'ailleurs avec la même obsession de contrôler l'information que, contrairement à nombre de documents du Vatican, ces règles de confidentialité n'avaient pas été diffusées à la presse au moment de leur élaboration, il y a plusieurs mois.

La lettre envoyée en novembre à tous les évêques catholiques du monde, et dont le contenu n'avait pas été ébruité jusqu'à présent, détaille les procédures à suivre: les clercs fautifs seront soumis à un procès ouvert, soit devant un tribunal ecclésiastique local, soit devant la congrégation vaticane. Or, une telle politique exempt les évêques d'aviser les autorités judiciaires des cas soumis à leur attention.

De cette façon, Rome pourra exercer une forme de contrôle sur le problème qui a maintes fois entaché l'image de l'Église catholique. Et la correspondance expédiée aux évêques avait été validée par nul autre que le pape Jean-Paul II.

Pourtant, celui-ci s'était dit publiquement angoissé, en novembre 1993, d'apprendre le scandale des abus sexuels dont s'étaient rendus responsables certains prêtres au Canada, surtout dans les années 1970.

"Le scandale provoqué par certains membres du clergé qui ont failli dans le domaine du célibat a été une source de grande souffrance pour l'Église au Canada", avait-il déclaré tout en affirmant qu'il avait prié pour "les victimes des mauvaises conduites sexuelles et pour ceux qui en ont été les coupables".

Or, ces propos prennent plutôt des allures de voeux pieux par rapport aux victimes quand, dans la pratique, le Vatican opte pour une politique de justice en vase clos, soumettant les affaires de pédophilie au secret pontifical.

Heureusement que l'Église catholique canadienne fera fi de cette approche fort déplorable. En effet, la Conférence des évêques catholiques du Canada a déjà fait savoir qu'elle ne fera pas traiter ces tristes cas par les tribunaux ecclésiastiques. Elle laissera plutôt aux tribunaux civils le soin de juger les responsables d'agressions sexuelles, estimant ces juridictions plus aptes à examiner ce type de cause.

Le recours à un tribunal ecclésiastique pourrait toujours survenir dans le cas d'un évêque appelé à statuer sur le traitement à accorder à un prêtre ayant déjà purgé une peine de prison à la suite d'une condamnation. D'ailleurs, il s'agirait là d'une juste utilisation de ce fameux tribunal ecclésiastique.

Dans sa déclaration de novembre 1993, Jean-Paul II avait profité de l'occasion pour reconfirmer la doctrine de l'Église sur le célibat sacerdotal. Or, un tel statut, imposé semble-t-il pour des raisons de discipline de vie, n'est pas étranger aux dérapages sexuels observés au sein du clergé. Et la situation est d'autant plus désolante qu'une telle mesure ne repose même pas sur des bases bibliques, les saintes Écritures témoignant au contraire d'apôtres mariés.

Si les secrets de Fatima ont su captiver l'imaginaire, les secrets du Vatican, eux, ont plutôt pour effet de soulever l'indignation.

 

> Un scandale de pédophilie ébranle le clergé californien
mardi 5 mars 8h03 HNE

LOS ANGELES (Reuters) - Une dizaine de prêtres catholiques de l'archidiocèse de Los Angeles ont été limogés dans le cadre d'un vaste scandale de pédophilie, rapporte le Los Angeles Times lundi.
Citant des sources anonymes, le Times écrit que le cardinal Roger Mahoney a demandé à une dizaine de membres du clergé de Californie du Sud de partir à la retraite ou de renoncer à exercer leur ministère. L'archidiocèse de Los Angeles n'a fait jusqu'ici aucune déclaration publique.
Les actes de pédophilie présumés s'étendraient sur les dix dernières années et aucun n'aurait été signalé récemment, ajoute le Times. Tous les prêtres impliqués ont été soumis à un suivi psychologique.
Le clergé catholique américain applique une politique de "tolérance zéro" sur les affaires de pédophilie depuis le cas de John Geoghan, un ancien prêtre de Boston condamné pour attentats à la pudeur sur au moins 130 enfants au cours des 30 dernières années. Geoghan avait été suspendu en 1994 puis exclu de l'Église en 1998.
La semaine dernière, deux prêtres de l'archidiocèse de Saint Louis, dans le Missouri, ont été suspendus de leurs fonctions en raison d'allégations concernant des actes pédophiles dans les années 1980.
Dimanche, un prêtre du diocèse d'Orange County, en Californie, a annoncé à une assistance médusée qu'il avait été contraint à démissionner pour un attentat à la pudeur sur un garçon il y a 19 ans, écrit encore le Los Angeles Times.

 

> Jean Paul II accable les prêtres pédophiles

Dans une allusion aux scandales pédophiles qui frappent l'Eglise, le pape s'est dit, jeudi, profondément blessé par ce qu'il a qualifié de "forme la plus grave de l'expression du mal".
S'exprimant pour la première fois au sujet de la vague de scandales pédophiles qui frappe l'Eglise catholique, le pape Jean Paul II s'est dit, jeudi 21 mars, profondément blessé par ce qu'il a qualifié de "forme la plus grave de l'expression du mal".
Dans sa lettre annuelle aux prêtres publiée traditionnellement à l'occasion du jeudi saint, le souverain pontife souligne que l'Eglise catholique souhaite manifester sa préoccupation auprès des victimes et indique qu'elle s'attachera à répondre à chacune de ces situations douloureuses avec un souci de vérité et de justice. De source proche du Vatican, on précise que la question, à laquelle le pape fait référence dans l'un des paragraphes du document de 22 pages sans mentionner le terme de pédophilie, a été abordée en réponse à des demandes l'invitant à s'exprimer sur les scandales qui ternissent l'image de l'Eglise, aux Etats-Unis notamment, où le clergé catholique est accusé d'avoir sciemment dissimulé des affaires.
"A ce jour également, les prêtres sont personnellement et profondément affectés par le péché de certains de leurs frères qui ont trahi la grâce de l'ordination en succombant à la forme la plus grave du mystère du mal à l'œuvre à travers le monde", a déclaré le pape, estimant que ces scandales ont jeté une ombre de suspicion sur d'autres prêtres innocents. Les prêtres doivent surmonter les faiblesses humaines en s'engageant davantage dans leur quête de sainteté, a-t-il ajouté.
LES ABUS SEXUELS, PRODUIT DE LA CULTURE MODERNE
Plutôt que de répondre spécifiquement aux huit questions sur le sujet qui lui étaient soumises lors d'une conférence de presse au Vatican, le cardinal Dario Castrillon Hoyos, responsable de la Congrégation pour le clergé, s'est contenté de lire un communiqué de deux pages. Selon ce document, les abus sexuels sont le produit de la culture moderne, marquée par une libération sexuelle à laquelle les prêtres n'échappent pas. Le cardinal a réfuté les négligences dont l'Eglise a été taxée et a rappelé chacune des déclarations du pape au sujet des actes pédophiles au sein du clergé.
Mgr Castrillon s'est en outre refusé à tout commentaire au sujet des affaires qui défraient la chronique aux Etats-Unis. Le clergé américain est notamment accusé d'avoir fermé les yeux sur le passé trouble du Père John Geoghan, un prêtre de 66 ans aujourd'hui défroqué, jugé en janvier pour des abus sexuels commis dans les années 1980-1990. Aujourd'hui, pas moins de 200 plaintes ont été déposées contre le Père Goeghan, qui fut déplacé de paroisse en paroisse pour éviter l'émergence du scandale, et contre d'autres prêtres de l'archidiocèse de Boston.
L'affaire a pris une ampleur telle que George W. Bush lui-même a été amené à intervenir. Mercredi, le président américain s'est dit convaincu que l'Eglise saurait trouver les moyens "de mettre de l'ordre dans ses affaires". De nombreuses voix se sont élevées pour réclamer la révocation des cardinaux impliqués dans le scandale et pour demander l'ouverture d'une enquête interne. Ces derniers ont le soutien du pape, a indiqué Mgr Castrillon, ajoutant qu'ils avaient entamé un examen approfondi de leur gestion de la crise. Le Vatican s'est, pour sa part, lancé dans l'élaboration d'un document censé permettre l'identification des profils psychologiques à risques et de leur barrer la route de l'ordination.
Avec Reuter

 

> La plainte qui inquiète l'Eglise de France
par Marion Festraëts et Guillaume Serina

[L'Express en ligne du 22/03/2002 - La plainte déposée contre Mgr Jean-Michel di Falco a été classée sans suite le 21 mars. Les faits qui lui étaient reprochés, des agressions sexuelles sur mineur à l'époque où le prêtre exerçait dans une institution religieuse parisienne, tombent sous le coup de la prescription. La loi prévoyant une période de dix ans à compter de sa majorité pour que la victime se manifeste, le procureur de la République de Paris a constaté qu'aucune poursuite judiciaire n'était possible. Jean-Michel di Falco, quant à lui, a maintenu sa plainte pour dénonciation calomnieuse à l'encontre du plaignant, et déclaré que cette affaire avait été montée de toutes pièces dans le but de lui nuire.]
Aujourd'hui adulte, "Marc" affirme avoir été abusé sexuellement, de 1972 à 1975, par Jean-Michel di Falco, alors aumônier et directeur d'école. Il a décidé de porter l'affaire en justice. Embarras à l'épiscopat.

Il avait 12 ans, de grands yeux bruns ourlés de longs cils, la silhouette gracile de sa soeur au même âge, le visage fin des garçons qui préfèrent le chant à la bagarre. Ses copains de classe le surnommaient "la Fille" - aujourd'hui encore, sa voix tremble lorsqu'il dit la confusion dans laquelle le plongeait ce sobriquet de cours de récré. Marc * dit avoir été, trois années durant, agressé sexuellement, violé, sali. Pas par n'importe qui. Les faits que révèle la revue catholique contestataire Golias dans son numéro de mars devraient faire l'effet d'une bombe posée au coeur d'une Eglise de France déjà secouée par de nombreuses affaires de pédophilie. Car l'homme que Marc accuse devant la justice aujourd'hui se nomme Jean-Michel di Falco. Il porte la mitre et la crosse épiscopales, et, pour avoir occupé le poste de porte-parole de la Conférence épiscopale de 1987 à 1996, est l'un des évêques les plus connus de France. Pendant neuf ans, ce fringant ministre du culte fut très demandé sur les plateaux de télévision, où il exprimait ses convictions avec aisance et persuasion. Son autobiographie (Le Garri, chez Lattès), publiée en 1992, narre ses premiers pas à Marseille, le départ de son père alors qu'il a 4 ans, sa vocation précoce. Mauvais élève, il passe un CAP de fraiseur avant d'entrer au séminaire, puis prend une revanche sur ses souvenirs de cancre en consacrant une partie de sa carrière à l'enseignement et à la pédagogie. Bref, il devient une figure charismatique et médiatique, un porte-étendard de l'Eglise.

Golias rapporte qu'une plainte pour viol et abus sexuels a été déposée contre lui le 14 novembre 2001 auprès du parquet des mineurs du tribunal de grande instance de Paris. Une enquête préliminaire, diligentée par la brigade des mineurs, est en cours. Mgr di Falco devait être convoqué et entendu par les enquêteurs ces jours-ci. C'est la première fois qu'un membre de la hiérarchie catholique française est directement mis en cause pour des abus sexuels commis contre un enfant. Par l'intermédiaire de son avocat, Me Paul Lombard, l'évêque a contre-attaqué en portant plainte à son tour contre Marc, pour "dénonciation calomnieuse". "C'est l'un des cas de diffamation les plus écoeurants dont j'ai jamais été témoin", explose l'avocat, qui affirme qu'il s'agit d'un complot.

Les faits remonteraient aux années 1972- 1975.
A l'époque, Marc est élève de cinquième au collège Saint-Thomas-d'Aquin, à Paris. Ses camarades de classe, qui ont fréquenté l'école primaire attenante, l'entraînent à la rencontre du directeur de cet établissement, un jeune prêtre sémillant de 31 ans, avec lequel ils sont restés en bons termes: Jean-Michel di Falco. Au fil des semaines, le prêtre et l'enfant se seraient liés d'amitié, jusqu'à ce que, sans bien savoir comment, Marc se retrouve, selon lui, dans les bras de l'adulte. "Je me souviens de m'être senti incapable de réagir, alors que ma tête me disait que tout cela n'était pas normal, confie Marc. Mon éveil sexuel n'était pas encore à l'ordre du jour, et je ne comprenais rien. J'étais choqué, comme paralysé, déconnecté, décérébré, sourd, j'attendais que ça se passe. J'éprouve encore aujourd'hui ce réflexe de tétanie muette quand on me touche alors que je ne veux pas que l'on me touche."

Pourtant, Marc va continuer à fréquenter le prêtre, devenu un ami de la famille. Un foyer pas très heureux: "Mon père faisait les trois-huit et se tuait au travail. Il ne causait pas. Je n'ai pas souvenir qu'il m'ait appelé un jour par mon nom." Sa mère, fragile, anémiée, "renfermée sur elle-même", accueille souvent à sa table ce jeune prêtre si moderne qui l'écoute et la conseille.

A l'époque, sa mère ne soupçonne rien
Marc, désespérément seul entre ces parents qui ne se parlent guère et deux soeurs de huit et quatre ans ses aînées, croit trouver en Jean-Michel di Falco l'amour et l'attention qui lui font défaut. Le prêtre l'emmène au théâtre, lui apprend à conduire sur sa R 12 break blanche, lui offre des cadeaux, un magnétophone miniature, un vélo, sa vieille Mobylette grise, avec un phare carré. "Il était doux, permissif, mais surtout il me regardait. J'avais une importance et une attention que l'on ne m'accordait pas chez moi." En échange de ces marques d'intérêt, Marc dit devoir se plier plusieurs fois par mois aux jeux sexuels de l'ecclésiastique.

© J.-P. Guilloteau/L'Express
Marc, le plaignant.
Sa mère s'émeut un peu des histoires "salaces" - "qui ne cadrent pas avec l'âge de l'enfant et la soutane de Jean-Michel", se souvient-elle - rapportées par Marc au retour de leurs virées, s'agace de leurs sorties tardives au théâtre en pleine semaine, s'étonne de voir son fils circuler avec tant d'aisance dans l'appartement du prêtre lorsqu'ils lui rendent visite, s'inquiète des changements d'humeur du jeune garçon: elle dit s'en être ouverte au prêtre. Mais elle ne soupçonne rien. Pas plus que la soeur aînée du garçon, qui ne cache cependant pas "sa gêne et son malaise" face à l'ecclésiastique, dont elle fuit la compagnie. Un incident, néanmoins, s'imprime dans sa mémoire: lors d'un séjour au ski à Rencurel, près de Grenoble, où elle accompagne son frère et Jean-Michel di Falco, elle se heurte violemment au prêtre. Celui-ci insiste pour que l'enfant dorme dans la même chambre que lui, alors que la jeune femme s'y oppose fermement - Marc lui a confié que le père di Falco "l'embêtait"... Les portes claquent, raconte-t-elle, la valise du garçon fait des allers et retours entre les deux chambres, jusqu'à ce que le prêtre obtienne gain de cause.

Jamais, pourtant, la famille de Marc ne se doutera de quoi que ce soit. Il faut dire que l'époque n'est pas à ce genre de révélation. Comme le dit la mère de Marc, "notre société n'était pas prête à entendre le cri d'horreur et la parole d'un enfant contre une soutane. Pas question de mettre la vertu des prêtres en question". Nul ne parle publiquement de pédophilie, au point que Marc lui-même, honteux, ne décrypte pas ce qui lui arrive. Il a 15 ans quand, selon lui, un événement vient mettre un terme définitif à sa "relation" avec le prêtre, qui se délite depuis l'apparition des premiers signes de la puberté: après un mois et demi d'absence - une hépatite le cloue au lit - l'adolescent est, sans la moindre explication, renvoyé de Saint-Thomas-d'Aquin juste avant les vacances de Noël 1975. Ses parents s'en émeuvent auprès du directeur de l'établissement, qui confirme l'exclusion tout en répétant qu'il n'a rien à reprocher à Marc. Désemparés, ses parents l'envoient finir l'année scolaire en Allemagne, histoire de parfaire sa maîtrise de la langue. Lui en profitera pour "connaître des filles, vite!": "J'avais, malgré moi, découvert la sexualité et le plaisir avec un homme. Il fallait que je sache où j'en étais."

Psychothérapies en série
L'adolescent ne reverra le père di Falco qu'à une occasion: la mort de son père. Il a alors 16 ans. Sa mère ne connaît qu'un prêtre pour célébrer la messe d'enterrement: Jean-Michel di Falco. "Je ne pouvais pas m'empêcher de me répéter: "Ce mec-là n'a pas à enterrer mon père! " raconte Marc. Comment pouvais-je accepter que l'homme qui incarnait ce secret parade devant l'autel de la mort de mon père sans m'en rendre complice?" Marc se mure dans la honte, taraudé par la hantise que "ça se voie": "J'y pensais tous les jours, vivant avec l'humiliation d'avoir couché avec un homme adulte et, surtout, la culpabilité d'y avoir pris une forme de plaisir, fût-il mécanique. Jusqu'à maintenant, j'ai vécu en enfer." Il échoue dans ses études, rate ses histoires d'amour, se rend insupportable à son entourage. Comédien - une vocation née à l'âge de 12 ans - il redoute par-dessus tout l'introspection dont se nourrit le théâtre: "A force de me heurter aux autres, j'ai construit une sorte d'autisme."

En 1989, il se décide à entreprendre une psychothérapie, puis une autre, et une autre encore. En 1995, il parvient enfin à mettre un nom sur ce qu'il a subi: pédophilie. Au milieu des années 1990, on commence juste à parler publiquement des abus sexuels commis sur les enfants. Marc se dit alors qu'il a peut-être été viré de l'école à cause de cette histoire, parce que quelqu'un savait: "Je me suis senti abandonné, explique-t-il. Je me suis mis à pleurer, au milieu de la rame de métro, derrière le livre de psychologie que j'étais en train de lire." Pour que personne d'autre ne souffre à cause de son silence, pour que l'histoire ne se renouvelle pas, il voudrait parler. Mais n'y arrive pas. En 2000, après avoir vu Carole Bouquet, marraine de l'association La Voix de l'enfant, marteler à la télévision le devoir de parler de ceux qui savent, il se décide. Il écrit à l'actrice, puis rencontre l'une des responsables de l'association, Martine Brousse, qui lui annonce que, les faits étant prescrits, La Voix de l'enfant ne peut guère l'aider.

Alors, en mars 2001, Marc finit par adresser une longue lettre au cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris et supérieur hiérarchique de Jean-Michel di Falco, qu'il termine par ces mots: "Quand nous savons, jusqu'où va l'approbation?" Depuis 1975, le jeune prêtre a gravi bien des échelons, devenant en 1987 porte-parole de la Conférence épiscopale, puis coiffant la mitre en 1997 pour embrasser les fonctions d'évêque auxiliaire du diocèse de Paris. Le cardinal répond immédiatement au courrier de Marc: "Votre lettre, que j'ai lue avec beaucoup d'attention, m'a surpris et vivement touché, écrit le cardinal. J'imagine aisément la peine et le temps qu'il vous a fallu pour l'écrire." Il lui demande de prendre contact avec le père jésuite Henri Madelin, rédacteur en chef de la revue Etudes, qui fera office de médiateur. Marc le rencontre à trois reprises, le 18 avril 2001, le 16 mai puis le 3 août. Une confrontation avec Mgr di Falco est proposée, que Marc refuse. Selon lui, le père Madelin - qui n'a pas souhaité répondre à nos questions - lui aurait transmis lors de leur dernier rendez-vous un message oral du cardinal Lustiger, lui annonçant qu'il allait "interrompre" la carrière de Jean-Michel di Falco et le "déplacer". Depuis, des bruits circulent avec insistance sur une éventuelle mutation de l'évêque au Vatican, où il a déjà fait un passage éclair en 1996-1997 en qualité de directeur du séminaire français. On lui confierait à Rome une mission liée à l'Afrique francophone.

Marc ne s'est pas satisfait de la réponse du cardinal: "Comment être sûr que di Falco ne nuira plus? Qu'il ne sera pas en contact avec des enfants?" Bien que les faits soient anciens - le délai de prescription de l'action publique s'achève en principe dix ans après la majorité du plaignant - il se résout alors à déposer plainte pour viol et abus sexuels au parquet des mineurs du tribunal de grande instance de Paris. L'avocat de Marc, Me Jean-Baptiste Moquet, s'appuie sur une jurisprudence invoquée dans des affaires d'abus de biens sociaux, selon laquelle "le délai de prescription ne commence à courir qu'à partir du moment où l'action publique peut être exercée par la révélation des faits". Pour l'avocat, "l'impossibilité pour la victime de se défendre fait partie à la fois des conditions de réalisation du crime et du sentiment d'impunité de leur auteur, l'enfant ne pouvant révéler ce qu'il a subi et s'enfermant dans le mutisme". En d'autres termes, le délai ne devrait courir qu'à partir du moment où Marc a eu pleinement conscience que son agresseur était pénalement condamnable, en 1995.

La parole de l'un contre la parole de l'autre
Jean-Michel di Falco, probablement convoqué par la brigade des mineurs ces jours-ci, n'a pas voulu répondre à nos questions. Son avocat, Me Paul Lombard, affirme tout ignorer de la plainte: "Les faits sont faux, martèle-t-il. C'est de la diffamation pure et simple, devant laquelle nous ne resterons pas inactifs. Au-delà de la personne de Mgr di Falco, c'est un véritable complot." De son côté, le cardinal Lustiger n'a pas souhaité s'exprimer officiellement sur cette affaire. A l'archevêché de Paris, où l'on ne nie pas que Jean-Michel di Falco a connu Marc, on déplore les rumeurs qui courent depuis des années sur la sexualité du prélat. On est également convaincu du caractère mensonger du témoignage de Marc. Dans ces affaires-là, insiste-t-on, c'est la parole de l'un contre la parole de l'autre. Certains estiment même que le plaignant est instrumentalisé par des personnes malintentionnées. Les policiers ont d'ores et déjà recueilli les dépositions de Marc et des membres de sa famille, ainsi que celles d'anciens camarades de classe, d'Henri Madelin, de l'ancien directeur du collège Saint-Thomas-d'Aquin et d'un jeune prêtre parisien.

Si cette affaire ne connaît pas de précédent en France, elle fait cependant écho aux scandales qui ébranlent actuellement le clergé catholique américain: l'évêque de Palm Beach (Floride), Anthony O'Connell, a dû remettre sa démission le 8 mars à la suite de la révélation des abus sexuels qu'il aurait fait subir à un jeune séminariste de 13 ans, au milieu des années 1970. Par ailleurs, John Geoghan, un ancien prêtre de Boston, vient d'être condamné à dix ans de prison pour des attouchements. Un autre prêtre, Patrick O'Shea, a été relaxé grâce à la prescription, malgré 224 accusations de pédophilie pour des faits commis entre 1964 et 1980. En Europe, l'Eglise autrichienne se remet à peine de l'émotion provoquée par la révélation des moeurs perverses de l'ancien archevêque de Vienne, le cardinal Hans Hermann Groer, également ancien président de la Conférence épiscopale: entre 1995 et 1998, des moines bénédictins et d'anciens pensionnaires d'un internat où il avait été éducateur avaient révélé les sévices sexuels que leur avait fait subir le primat septuagénaire trente ans plus tôt. Le silence du vieil ecclésiastique avait profondément choqué les catholiques autrichiens, dont beaucoup ont même pris la décision de quitter l'Eglise.

En France, le premier évêque impliqué indirectement dans une affaire de pédophilie aura été Mgr Pierre Pican. Le prélat du diocèse de Bayeux et Lisieux a été condamné en septembre 2001 à trois mois de prison avec sursis pour avoir omis de dénoncer aux autorités les agissements criminels de l'abbé René Bissey. Curieusement, le 24 décembre 2001, l'évêque a invité les victimes du prêtre à un "moment de pardon" pour l'auteur de leurs souffrances.

Pour tenter de détecter les vocations de candidats aux penchants suspects, le pape a annoncé le 4 février qu'il encourageait le recours aux psychologues dans les séminaires, jusqu'alors refusé par Rome. Un pas décisif, à l'heure où certains disent de plus en plus haut ce que beaucoup pensent tout bas: l'acceptation sans réticence par les futurs prêtres d'un célibat imposé devrait inciter l'institution à plus de vigilance sur leur libido.

* Le prénom du plaignant a été modifié pour préserver son anonymat.

Curriculum de Monseigneur Jean-Michel di Falco

1941 Naissance à Marseille.
1960-1963 Titulaire d'un CAP de fraiseur, il entre au séminaire des vocations tardives de Rencurel (Isère).
1963-1968 Après ses études au grand séminaire et l'obtention d'une licence de philosophie, il est ordonné prêtre pour le diocèse de Marseille.
1969-1974 Directeur et aumônier des classes élémentaires de l'école Saint-Thomas-d'Aquin, à Paris.
1974-1984 Directeur et aumônier des classes élémentaires de l'école Bossuet, à Paris.
1982-1987 Délégué général de Chrétiens-Médias, fédération nationale des organismes catholiques d'information et de communication.
1987-1996 Secrétaire général adjoint et porte-parole de la Conférence des évêques de France.
1996-1997 Directeur du séminaire français de Rome; conseiller culturel de l'ambassade de France près le Saint-Siège.
1997 Nommé évêque auxiliaire et vicaire général du diocèse de Paris.

 

> Clergé pédophile et célibat du prêtre
LE MONDE | 22.03.02 | 10h23

Des dégats "incommensurables" ! L'expression vient du président de la conférence des évêques des Etats-Unis qualifiant l'énorme scandale qui a éclaté fin février à Boston et se répand dans tout le pays, provoqué par les révélations quasi quotidiennes de faits de pédophilie imputés à des membres du clergé catholique. Le mot "incommensurable" vise en premier lieu les conséquences psychologiques subies par les jeunes victimes d'abus sexuel, mais aussi l'effondrement de la crédibilité d'une Eglise - qui avait réussi à se tailler une place honorable dans un pays où elle fut si longtemps étrangère - et de celles du prêtre, exclusivement homme et célibataire, et du religieux soumis au vœu de chasteté, figures emblématiques et populaires du catholicisme.
En France, depuis 1995, une trentaine de prêtres ont été poursuivis par la justice et condamnés. En Grande-Bretagne, 21 cas de pédophilie de prêtres ont été recensés entre les années 1995 et 1999. Aux Etats-Unis, des dizaines de prêtres ont été suspendus par leur hiérarchie et certains traînés devant les tribunaux. Tirant avec retard les leçons de la condamnation à dix ans de l'un des siens, le cardinal Bernard Law, archevêque de Boston, a lui-même délivré au procureur de sa ville une liste de 90 noms de prêtres. Certains conservateurs crient à la chasse aux sorcières, mais, dans ses 194 diocèses, l'épiscopat des Etats-Unis entend mener une politique de "tolérance zéro". Et il se fait l'auxiliaire de la justice, sur fond de "repentance" et d'indemnisation coûteuse.
Dans l'océan protestant américain, de plus en plus coloré par un évangélisme intolérant, l'Eglise catholique - 60 millions de fidèles - avait conquis une place originale et estimée grâce à son combat contre la peine de mort, pour sa défense des valeurs familiales et sa contribution à l'intégration de populations pauvres et hispaniques. Aujourd'hui, constate à la "une" l'International Herald Tribune (18 mars), les fidèles doutent, le clergé est démoralisé, la hiérarchie honteuse : tout le capital de sympathie accumulé depuis l'élection du premier président catholique des Etats-Unis (John Kennedy) est en voie de se dilapider par la faute de prêtres pédophiles dont la perversion, longtemps cachée, est jetée en pâture à tous les publics.
Le nombre n'est pas en cause. Le crime sexuel paraît d'autant plus abominable qu'il est commis par des hommes consacrés à Dieu. C'est la contrepartie de l'estime et du respect encore portés au prêtre et au religieux, même si, dans les sociétés d'ancienne chrétienté comme la France, leur prestigieux statut d'hier a été entamé. La nouveauté est que le lien est désormais établi, aux Etats-Unis comme en France, entre l'obligation du célibat des prêtres et les abus sexuels commis par une infime minorité d'entre eux. "Si le célibat était facultatif, y aurait-il moins de scandale de ce type dans le clergé ?" Iconoclaste, la question taboue a été posée, à Boston même, dans la très officielle revue du diocèse d'où est parti le scandale. Autrement dit, le procès du célibat ecclésiastique est intenté de l'intérieur même de l'Eglise.
Malgré une prise de conscience tardive, la hiérarchie catholique se montre déterminée à faire le "ménage" et à traiter plus énergiquement le mal. Après une époque d'assez grande tolérance dans l'accueil des futurs prêtres, des instructions sont données dans toutes les maisons de formation (séminaires, noviciats) pour détecter les tendances pédérastiques des candidats au sacerdoce ou à la vie religieuse. La vigilance a pris le dessus, la direction de conscience a été renforcée, des formations sur la sexualité sont données. Mais le propre d'une personnalité perverse est de se cacher et, malgré les consignes de rigueur, le discernement à l'entrée des séminaires et des noviciats, dans un contexte d'extrême érosion des vocations, se révèle délicat.
LA FIN D'UNE HYPOCRISIE ?
Le célibat est-il en cause ? Les spécialistes assurent que rien ne permet d'affirmer que l'abrogation de cette règle absolue ferait reculer les abus sexuels de prêtres. S'appuyant sur des statistiques qui montrent que la moitié des 5 000 plaintes par an enregistrées en France, pour incestes et autres abus, viennent de l'intérieur d'une famille (pères ou compagnons de la mère), le prêtre-psychanalyste Tony Anatrella assure que"le mariage n'a jamais eu de fonction thérapeutique pour guérir les tendances sexuelles déviantes d'un individu". Autrement dit, il n'y aurait pas de lien entre la pédophilie et la norme du célibat. Le choix libre laissé au prêtre entre le célibat et le mariage ne serait pas la solution de prévention miracle.
Mais ne marquerait-il pas la fin d'une hypocrisie qui porte un tort croissant à l'image de l'Eglise ? Le concubinage et l'homosexualité de prêtres sont des phénomènes aujourd'hui reconnus par des hiérarchies plus ou moins résignées. Aux Etats-Unis, seul un prêtre sur deux (ils sont 40 000 environ) se conformerait pleinement aux normes du célibat. Dans un pays africain comme le Zimbabwe, compte tenu du faible nombre de prêtres vivant en célibataires, le nonce apostolique se disait récemment incapable de proposer à Rome des noms de futurs évêques. Le théologien Eugen Drewermann avait aussi fait scandale en assurant qu'en Allemagne deux prêtres sur trois vivaient en concubinage. Il y a quelques années encore, des affaires de mœurs avaient éclaboussé jusqu'à des membres de l'épiscopat en Irlande (Galway) et en Suisse (Bâle).
Le débat sur le célibat du prêtre risque de resurgir de la pire des manières. Il était soulevé autrefois par ceux qui pensaient que la liberté de choix (mariage ou célibat) redresserait, comme par miracle, la courbe des vocations et soulagerait des communautés pauvres en prêtres. Aujourd'hui, c'est à travers la délinquance sexuelle et l'hypocrisie de quelques-uns que la question est à nouveau soulevée. Elle n'a aucune chance de déboucher sous l'actuel pontificat de Jean Paul II qui, dès le premier jour, avait verrouillé sur ce point tout débat. Elle ne peut pourtant plus être ignorée, tant l'alarme est donnée par des prêtres et des évêques eux-mêmes, déjà surencombrés de tâches et soumis parfois à une odieuse suspicion.
L'Eglise n'a pas pour habitude de changer son droit pour répondre à une situation particulière. Si elle défend la discipline actuelle du célibat (en vigueur depuis le XIIe siècle), ce n'est pas à cause de l'aversion qu'elle aurait pour l'exercice de la sexualité. La vraie raison est la radicalité exigée de la vie du prêtre, dont l'engagement se veut signe de fidélité et de stabilité. Mieux qu'aucun autre, un écrivain comme Bernanos a décrit hier les rapports toujours étroits entre la tentation de la chair et la grâce. On ne peut pas ignorer le respect de la chasteté par la majorité du clergé, ni la lutte à laquelle il contribue contre toute forme d'exploitation sexuelle. Mais peut-on garder un silence devenu pesant et maintenir une règle qui n'est pas de droit divin, alors qu'elle peut être délibérément violée par quelques-uns ?
Henri Tincq

 

> Le clergé américain s'avoue malade du sexe. Les évêques votent l'exclusion des prêtres coupables d'abus.
Par Pascal RICHE - samedi 15 juin 2002

" Nous sommes ceux qui nous sommes souciés davantage de prévenir le scandale que de chercher à prévenir ces abus..."
Mgr Gregory, président de la conférence épiscopale Washington de notre correspondant

C'est un grand hôtel de Dallas, au Texas, qui a servi de cadre au plus spectaculaire acte de repentance collective de l'histoire de l'Eglise catholique. Là, dans une grande salle, près de 300 évêques en robe noire, figés et recueillis, ont écouté les victi-mes d'actes pédophiles com mis par des prêtres, ils ont reconnu leurs fautes, demandé pardon. Les télévisions ont retransmis, souvent en direct, une partie des discours et témoi-gnages. CNN avait pour l'occasion concocté un de ses bancs-titres dont elle a le secret : les mots "Church Sex Crisis" (Crise sexuelle dans l'Eglise) scintillant dans une lumière divine tombant d'un vitrail, avec, en fond sonore, des chants grégoriens.
Jeudi, dans un discours d'ouverture extrêmement abrupt, le président de la conférence épiscopale Mgr Wilton Gregory (évêque de Belleville, dans l'Illinois) a plaidé coupable sans chercher aucune circonstance atténuante : "Nous som mes ceux qui, par ignorance ou par manque de vigilance, ou encore, Dieu nous pardonne, en toute connaissance de cause, avons maintenu dans leur ministère des personnes ayant exercé des sévices sexuels sur des enfants ; ceux qui les avons nommés dans d'autres communautés où ils ont continué leurs abus. Nous sommes ceux qui ont choisi de ne pas rapporter les actions criminelles commises par des prêtres aux autorités. Nous sommes ceux qui nous sommes souciés davantage de prévenir le scandale que de chercher à prévenir ces abus..."
Traumatisés. Puis, quatre victimes, une femme et trois hommes, sont montées à la tribune, racontant leur traumatisme, leur vie sexuelle gâchée à jamais, leurs rapports familiaux faussés, leurs dépressions, leurs pulsions suicidaires... Le premier à parler, Craig Martin, un homme fort de 46 ans, portant une cravate rouge et une raie au milieu, a lu un témoignage bouleversant, la voix par moments entrecoupée de sanglots. Une prétendue partie de pêche, une nuit "horrible" dans un motel : il a été abusé par un prêtre qui "offrait aussi de l'amour et de la gentillesse". Personne ne lui avait alors dit ce qui était bien, ce qui ne l'était pas. Il raconte sa vie gâchée, son alcoolisme, ses pulsions sexuelles mal contrôlées, ce "désespoir qui [le] tue".
Dans la salle, certains des 300 évêques ont pris leur tête dans leurs mains, d'autres prient, d'autres pleurent. Lorsque des actes de pédophilie ont été dénoncés dans leur diocèse, les évêques ont souvent traité avec les victimes sur un plan légal, en passant par des avocats : pour beaucoup, c'est la première fois qu'ils sont confrontés directement au cauchemar des victimes. D'autres orateurs, intellectuels catholiques, dénoncent la culture fermée du clergé, et appellent les évêques à résister aux ordres de Rome et à ouvrir l'Eglise aux laïques. "Vos excuses ne seront pas entendues tant que vous n'aurez pas désigné par son nom l'acte de protéger des prêtres pédophiles : un péché, né de l'arrogance du pouvoir", lance Scott Appelby, professeur à l'université Notre-Dame (Indiana). Dans la salle, le cardinal Bernard Law de Boston, qui a couvert plusieurs scandales et refusé de démissionner, écoute, visage fermé. Les prêtres étaient venus débattre à Dallas des sanctions à prendre contre les prêtres pédophiles (1), mais la journée de jeudi les a obligés à discuter de leurs propres responsabilités.
Tolérance "presque zéro". Une "Charte pour la protection des enfants et des jeunes" a été adoptée vendredi à l'issue d'un vote à bulletin secret, par 239 voix pour et 39 contre. Le nouvel article 5 prévoit désormais non plus l'exclusion "immédiate" mais l'exclusion "permanente" du ministère pour les "prêtres et diacres" reconnus coupables d'abus sexuels. Ce terme remplace celui d'"ecclésiastiques", qui englobait les prêtres, les diacres mais aussi les évêques eux-mêmes, au motif que les évêques relèvent directement de l'autorité papale et ne sauraient faire l'objet de sanctions disciplinaires de la part de leurs pairs.
Mais le texte prévoit aussi que les prêtres ne seront pas nécessairement défroqués et auront la possibilité de recevoir une simple "dispense des obligations des ordres saints". Autrement dit, ils ne pourront plus célébrer la messe (sauf en privé), mais conserveront le droit de porter le col romain et d'administrer, dans certains cas, les derniers sacrements. "A partir d'aujourd'hui, quiconque étant connu pour avoir abusé sexuellement d'un enfant ne travaillera pas dans l'Eglise catholique des Etats-Unis", a assuré l'évêque Gregory .
(1) A ce jour, 250 prêtres américains ont été impliqués dans de tels actes

 

> Prêtres pédophiles : Après les USA, l'Allemagne

En réponse à la multiplication des plaintes d'adolescents contre des prêtres pédophiles, l'Eglise catholique allemande a annoncé qu'elle allait prendre des mesures de prévention et de traitement des cas existants en son sein.

En mars dernier, un diacre allemand, qui avait reconnu des abus sexuels sur 45 adolescents âgés de 13 à 16 ans, était emprisonné sur décision du Parquet de Hanovre (nord). Dimanche soir, on apprenait la suspension d'un prêtre exerçant au diocèse de Mayence (ouest), suite à la plainte d'un adolescent de 14 ans. Devant la multiplication des accusations portées contre des prêtres pédophiles, l'Eglise catholique allemande a décidé de prendre des mesures. Dans un communiqué publié hier soir et qui fait suite à un long article de l'hebdomadaire Der Spiegel, paru ce lundi sous le titre Pédophiles sous la robe de prêtre - Etouffer et muter, le cardinal-archevêque de Mayence, Karl Lehmann, indique que la conférence des évêques adoptera en septembre un texte sur la pédophilie au sein de l'Eglise catholique.
En France, les évêques ont rédigé en novembre 2000 une déclaration dans laquelle ils s'engagent à collaborer activement à la lutte contre la pédophilie. Cette déclaration a été suivie de la mise en place d'un Comité consultatif en matière d'abus sexuels sur mineurs. Sa mission : répondre aux questions des évêques, émettre des recommandations, attirer l'attention sur les différents aspects de la lutte contre la pédophilie et notamment les attitudes à adopter envers les enfants, les familles et les communautés chrétiennes, la formation initiale des différents acteurs de la pastorale et le contrôle de leurs activités, le suivi et l'avenir des personnes condamnées. Une brochure a par ailleurs été rédigée à destination de tous ceux qui ont une responsabilité éducative dans les mouvements, les services, les aumôneries, les paroisses et l'enseignement.
Le plus haut dignitaire religieux catholique allemand se déclare "très préoccupé" par les cas révélés par Der Spiegel. "Nous allons vérifier rapidement et intensivement les faits évoqués dans cet article et, éventuellement, nous ne reculerons pas devant les nécessaires conséquences. Plus particulièrement me touchent les souffrances endurées par les victimes", ajoute-t-il. "Par ailleurs nous devons nous demander, avec un esprit auto-critique, si nous ne devons pas agir dans ce domaine de manière encore plus décidée", déclare encore le cardinal, qui souligne être "à l'unisson avec les demandes du Pape Jean Paul II et la réglementation mise au point par la conférence des évêques américains".
Le précédent américain
Jusqu'à présent, c'est surtout l'Eglise catholique des Etats-Unis qui a été ébranlée par des affaires de pédophilie, le Pape Jean-Paul II ayant convoqué au Vatican les 14 plus hauts dignitaires du clergé US pour les tancer sévèrement quant à leur laxisme sur ce dossier. Dans la foulée, trois évêques avaient dû démissionner, plus de 200 prêtres ont été suspendus, tandis que plus d'un millier de plaintes sont en cours d'examen devant des tribunaux.
Par Alexandra GUILLET avec Afp

 

> Les secrets du cardinal Law
Richard Hétu
collaboration spéciale, La Presse - New York

Le cardinal Bernard Law
Le cardinal Bernard Law, archevêque de Boston, voulait s'attaquer au problème des prêtres pédophiles dans son archidiocèse, mais sans que cela se sache, histoire de ne pas soulever un nouveau scandale.
Il s'est mis à l'oeuvre en 1993, dans la foulée d'un procès retentissant impliquant un ancien prêtre, James Porter, accusé par un procureur du Massachusetts d'avoir abusé sexuellement d'enfants "dans l'église paroissiale, dans la sacristie, dans leurs propres maisons, dans sa voiture et dans divers autres lieux", à l'époque où il exerçait ses fonctions ecclésiastiques (il a été reconnu coupable).

Le cardinal a fouillé les dossiers des quelque 700 prêtres de l'archidiocèse. Il a identifié ceux qui avaient déjà fait l'objet de plaintes d'abus sexuels. Il en a mis plusieurs hors d'état de nuire en les envoyant poursuivre leur ministère dans des prisons ou des hôpitaux où il n'y avait pas d'enfants. Ce n'était peut-être pas le goulag, mais c'était quand même plus contraignant qu'un simple transfert de paroisse, le sort souvent réservé aux prêtres fautifs de l'archidiocèse (après une "thérapie" dont ils sortaient miraculeusement "guéris").

Parallèlement à cet effort, le cardinal Law a donné le feu vert aux avocats de l'archidiocèse pour qu'ils règlent à l'amiable les plaintes formulées par des paroissiens contre au moins 70 prêtres. Dans leur empressement à éviter toute poursuite civile ou criminelle, ceux-ci sont allés jusqu'à payer 400 000 $ à des parents qui s'étaient plaints des appels obscènes d'un prêtre à leurs enfants.
Mais tous les paroissiens n'ont pas accepté les sommes des avocats de l'archidiocèse. Certains ont choisi d'intenter des poursuites civiles ou criminelles contre une vingtaine de prêtres ou d'ex-prêtres, dont John Geoghan, accusé d'avoir abusé sexuellement plus de 130 enfants. Défroqué depuis 1998, Geoghan a subi à la mi-janvier le premier des deux procès auxquels il doit faire face.

C'est au cours de ce premier procès, qui s'est soldé par un verdict de culpabilité, que la plupart des secrets du cardinal Law ont été éventés (les autres ont été révélés par les médias locaux). Depuis, les catholiques de Boston s'indignent contre le prélat, l'accusant d'avoir voulu camoufler le problème des prêtres pédophiles dans son archidiocèse. Près de la moitié d'entre eux pensent qu'il devrait démissionner, selon un sondage publié la semaine dernière par le Boston Globe.

Et les révélations embarrassantes continuent.
Le 25 janvier dernier, le cardinal jurait avoir fait le ménage dans son archidiocèse. "Il n'y a plus aucun prêtre... qui ait, à notre connaissance, été responsable d'abus sexuels."
Depuis cette déclaration, le cardinal a suspendu huit prêtres en raison des plaintes dont ils avaient déjà fait l'objet.
Il a également remis au procureur général de l'État deux listes contenant les noms de plus de 80 prêtres soupçonnés de pédophilie au cours des 40 dernières années dans l'archidiocèse de Boston, qui comptent deux millions de catholiques.

Dans une lettre lue en chaire le mois dernier, le cardinal Law a reconnu avoir failli à sa responsabilité première, qui est de "protéger notre bien le plus précieux, nos enfants". Il a qualifié d'"imparfaite et inadéquate" sa réponse au "grave problème de l'abus sexuel des enfants".
"Nous ne pouvons confier de ministère à des gens qui se sont rendus coupables d'abus sexuel", a-t-il écrit.
Et pourtant, le cardinal l'a fait à plus d'une reprise avec John Geoghan, dont le deuxième procès s'ouvrira ce mois-ci. En 1984, un de ses évêques lui écrivait pour protester contre le transfert de Geoghan dans une nouvelle paroisse, notant que le prêtre avait un "passé d'activités homosexuelles avec des jeunes garçons".

L'opinion de l'évêque a été ignorée.
Deux années plus tôt, une paroissienne avait été encore plus directe dans une lettre au cardinal Law, accusant Geoghan d'avoir abusé sexuellement de ses sept neveux.
"Peu importe ce qu'il dit, ou ce que le docteur dit, je ne crois pas qu'il soit guéri", écrivait la paroissienne, en apprenant que le prêtre venait d'être transféré dans une nouvelle paroisse.
L'opinion de la paroissienne a été écartée, comme l'ont été les autres plaintes contre Geoghan.
Geoghan avait l'habitude de choisir ses victimes parmi les jeunes écoliers de l'élémentaire. Il ciblait surtout les enfants pauvres vivant dans des familles monoparentales. Une de ses victimes avait quatre ans.
Notons que ce scandale survient quelques semaines seulement après que le Vatican eut émis, dans la plus grande discrétion, ses nouvelles directives relatives aux affaires de pédophilie impliquant des prêtres. Ces affaires sont soumises au secret pontifical, disait le Saint- Siège aux évêques du monde, et seuls des prêtres devront être impliqués dans la gestion des cas.

L'Église catholique canadienne s'est opposé en janvier à cette directive, disant vouloir laisser aux tribunaux civils le soin de juger les responsables d'agressions sexuelles.

 

> Archevêché de NY: liste de prêtres accusés d'abus sexuels
Associated Press - New York

L'archevêché de New York a fourni au procureur du district de Manhattan Robert Morgenthau une liste des cas impliquant des prêtres accusés d'abus sexuels sur des mineurs. Selon le communiqué publié mercredi par l'archevêché, cette liste se fonde sur les dossiers du personnel catholique des "35 à 40 dernières années".

Ces informations sont parvenues mardi au bureau du procureur, a confirmé Barbara Thompson, une porte-parole de Robert Morgenthau.

La liste indique "la date et le lieu des faits présumés, l'issue des poursuites judiciaires s'il y en a eues, ainsi que le statut de l'accusé s'il est connu", précise le communiqué.

L'Église catholique américaine a été secouée par plusieurs scandales ces dernières semaines. Mgr Edward Egan, archevêque de New York, est notamment accusé d'avoir étouffé des affaires sexuelles impliquant des prêtres lorsqu'il était évêque de Bridgeport (Connecticut) entre 1988 et 2000.

L'archevêque assure au contraire avoir tout fait pour que de tels cas soient immédiatement communiqués à la police.

 

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