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« Développé autour des Veda propagés par les prêtres brahmanes aryens, l'hindouisme intégra peu à peu les cultes locaux dont les divinités - souvent féminines -, les pratiques dévotionnelles et les offrandes végétariennes prennent une importance croissante, avec Vishnu ou Shiva pour Dieu suprême. »


Le Fil(m) Rouge de l'Hindouisme
Brahmanisme, Histoire & Islam - Partie I

La charade de l' Hindouisme, Brahmanisme et Bouddhisme s'imbrique dans tous les sens du terme : mon premier est l'ensemble de superstitions et de rites basés sur une thèse philosophique du soi individuel - soi universel ; mon deuxième est l'ensemble de rituels et traditions auxquelles est liée, entre autres choses, la pensée d'une division en castes héréditaires règlant la société... Mon troisième est une philosophie sans dieux, simplette et pacifiste, dérivée des premières, mais dont la conversion en religion fut plus que malheureuse... Trève maintenant de philosophies védistes non dichotomiques, et regardons une part des réalités de cette tragédie cinématographique orientaliste du sous-continent indien : des débuts du parlant par les restes archéologiques, jusqu'au cinéma haut en couleurs de la démocratie indienne, en passant par le drame noir et blanc du peuple tibétain. Un film sans happy end.

 

Les Castes Hindoues
Les Castes Hindoues
Les Castes Hindoues
Les Castes Hindoues

[ Castes ]

 

 

Les Intouchables
Les Intouchables
Les Intouchables
Les Intouchables

[ Intouchables ]

L'Inde en contact avec le monde.
A
lexandre, comme Cyrus, n'a guère pénétré que dans le vestibule de l'Inde. Des dépôts commerciaux qu'il a fondés au long de l'Indus, des ports qu'il a aménagés dans ces " échelles " d'Orient, rien ne subsistera matériellement, si ce n'est peut-être quelques établissements de Grecs désormais perdus dans un monde étranger. Mais, tandis que l'Europe garde le souvenir émerveillé de cette Inde à peine effleurée, l'Inde retient l'idée perse et macédonienne de l'unité impériale, et il lui arrivera quelquefois de sortir de son émiettement traditionnel, pour s'essayer, elle aussi, au rassemblement, voire à l'expansion.
La vocation indienne reste la dispersion. Elle tient pour une part à des raisons géographiques : l'Inde du Nord est naturellement coupée de l'Inde du Sud par des déserts, des chaînes de montagnes et des fleuves orientés de l'est à l'ouest ; les deux Indes diffèrent aussi par leur peuplement, aryen au Nord, dravidien au Sud. Le système religieux et social, enfin, tout en impliquant une rigoureuse hiérarchie chez les dieux comme chez les hommes, compartimente et cloisonne si bien la société, qu'elle aboutit à une autre forme de dispersion. Au total, les Indes sont la règle, l'Inde est l'exception, et l'hindouisme confirme le tout...
Développé autour des Veda propagés par les prêtres brahmanes aryens, l'hindouisme intègre peu à peu les cultes locaux dont les divinités - souvent féminines -, les pratiques dévotionnelles et les offrandes végétariennes prennent une importance croissante, avec Vishnu ou Shiva pour Dieu suprême.

Les castes héréditaires.
La division en classes et en castes, héritée des indo-européens, a les Brahmanes pour gardiens vigilants. Eux-mêmes composent la première classe, la caste des prêtres, organisateurs et bénéficiaires du système. La deuxième caste est celle des nobles, qui sont faits pour la guerre, les Kshartriya. La troisième est celle de tous les autres Aryens, ou hommes libres - commerçants ou paysans, les Vaishya. La quatrième comprend tout le bas peuple non aryen, les Shudra, qui s'adonnent aux travaux manuels.
Sur ces blocs élémentaires mentionnés dans le Rig Veda, le plus ancien des textes sacrés, se sont greffées et multipliées les castes et les sous-castes (jatis), groupes corporatifs, héréditaires et fermés, que tout sépare : défense, sous peine de souillure, de se marier en dehors de la caste, d'exercer un métier autre que celui de la caste, de prendre un repas avec un membre d'une autre caste, et même de consommer un aliment touché par un membre d'une caste inférieure ! En principe, la caste est irréductible, et ses membres, qui descendent d'une même souche humaine ou "divine", sont liés indissolublement par un code de droits et de devoirs, auxquels ils ne songent pas à se soustraire.
Sortir de sa caste, ce serait tomber dans l'abjection. Accepter le sort de sa caste, ce n'est pas subir une servitude, c'est se plier à la loi des ancêtres. Qu'on soit brahmane, ouvrier qualifié ou scribe, on adopte privilèges, interdits, incapacités ou tabous de la caste, sans aspirer ni à une inconcevable liberté ni à une inimaginable évasion. On consent à l'immobilisation sociale, comme à toutes les immobilisations : ce serait encore se souiller, pour les membres de beaucoup de castes, que de voyager en mer. D'avance, le système décourage donc la colonisation lointaine, comme les contacts avec l'étranger.

Les parias, ou Intouchables.
A ces quatre Varnas, s'ajoutent un cinquième groupe à part, les Dalits, groupe en dehors des castes, appelés "Intouchables", "Harijans", "Enfants de Dieu". Les Intouchables sont considérés comme impurs, et effectuent les besognes les moins nobles, comme le travail du cuir, le nettoyage des rues, etc...
Ils occupent la plus basse place dans l'échelle sociale, sont rejetés de la population, et vivent en général dans la misère, à l'écart des autres castes et même des zones urbaines.

Rien d'étonnant à voir pulluler dans l'Inde les Etats et les clans, les monarques héréditaires et les rajahs élus, avec des réseaux complexes d'alliances et de vassalités. L'étonnant, c'est au contraire que, de ce chaos, puisse surgir un homme, qui va fonder une dynastie et, pour la première fois, ébaucher un Empire.

 

L'Empire indien, entre mythe et réalité.
Cet homme, Chandragoupta, apparaît dans le royaume de Magadha, riverain du Gange; il en renverse les souverains, et y installe sa famille, celle des Maurya. Chandragoupta, passe pour être entré en contact sur l'Indus avec Alexandre, et pour avoir organisé la révolte contre les garnisons grecques après le départ du Macédonien. Après quoi, endormi dans la jungle, Chandragoupta est veillé, léché, et réconforté par un lion. Plus loin, un éléphant s'offre pour lui servir de monture à la bataille. Chandragoupta conquiert alors le trône de Maghada. De ces beaux récits, il faut seulement retenir que l'exemple d'Alexandre a pu l'inspirer, et que le courage ne lui a pas fait défaut. La chronique indienne ne dédaignera pas d'en faire le vainqueur des Grecs et l'ami des lions.
Le nouveau roi rassemble ainsi la vallée de l'Indus et la vallée du Gange; écartant une menace des héritiers séleucides d'Alexandre, il en obtient même, au prix de cinq cents éléphants, les satrapies (provinces perses) de la rive droite de l'Indus, en direction de la Perse. L'unificateur est aussi le libérateur.
Son fils Bindusâra poursuit le rassemblement des terres indiennes en repoussant les frontières loin dans le sud. Et le troisième des Maurya, Açoka, petit-fils de Chandragoupta, porte l'Empire à son apogée : il conquiert le Kalinga (Orissa), sur le golfe du Bengale, si bien que toute l'Inde ne fait plus qu'un seul bloc, entre l'Himalaya et la mer, à l'exception de l'extrême pointe du Decan, face à Ceylan (Sri-Lanka).
Cet Empire comprend d'abord les provinces directement administrées par le Roi, à commencer par le Maghada, cellule-mère : la capitale, Pâtalipoutra, sur le Gange, est enclose d'un mur de palissades, flanqué de 570 tours et percé de 64 portes; le palais impérial est à la fois tribunal, caserne et ministère. Des comités y règnent sur l'armée, l'économie, les finances.
D'autres provinces sont administrées, pour le compte du souverain, par des vice-rois ou des princes royaux ainsi le Kalinga, le Pendjab, l'Avantî. D'autres enfin ne sont que vassales, et le Roi y est représenté par un résident ou un Haut-Commissaire : ce sont les provinces-frontières, au-delà de l'Indus, ou le pays Andhra, sur le golfe du Bengale.
L'Administration, avec son habituel réseau de fonctionnaires, tend à faire partout respecter l'autorité royale et à imposer l'unité de l'Inde, grâce au concours de la police et de l'armée (infanterie, cavalerie, éléphants et chars).
Elle perçoit les impôts, contrôle les prix, frappe la monnaie, entretient les routes (la voie royale relie l'Indus au delta du Gange), veille à la sécurité du commerce et des villes, stimule les exportations, cherche par-dessus tout à grossir les réserves d'or, dont l'Inde a la passion. La machine serait robuste, s'il s'agissait de tout autre pays que l'Inde.

L'adhésion au bouddhisme.
Açoka a-t-il le sentiment qu'une organisation administrative ne saurait suffire à vaincre la traditionnelle tendance à la dispersion? Il cherche à réaliser l'unification par une stratégie religieuse. Ou, plus précisément, sa subite conversion au bouddhisme et sa fervente pitié le portent inconsciemment à changer les structures spirituelles de l'Inde.
L'histoire classique noircit à plaisir les premières années du règne d'Açoka, pour mieux faire ressortir sa sainteté ultérieure. Il aurait assassiné son père, tué ses 99 frères, multiplié les meurtres et les cruautés, noyé le Kalinga dans le sang, pour sombrer ensuite dans le remords, et proclamer l'avènement de la seule vertu. Le fait certain est qu'Açoka, brusquement acquis à la doctrine du Bouddha, mais sans renier la foi brahmane, se met à répandre les principes d'amour et de bonté, en prêchant d'exemple.
Ses édits, gravés sur le roc ou sur piliers, ses sermons, lus solennellement lors des fêtes, visent à faire régner le dharma, qui est la justice dans la douceur. « Les conquêtes faites les armes à la main ne méritent pas le nom de conquêtes ; seule la victoire remportée par le dharma peut être appelée une vraie conquête ». Açoka enjoint aux sectes de se respecter; aux hommes d'être charitables et bons ; il protège le vieillard, la veuve et l'orphelin ; il accorde aux criminels trois jours de grâce pour se préparer à la mort; il pardonne à ses ennemis, envoie aux peuples voisins des remèdes pour les hommes et pour le bétail, il prend pour lui le sixième des péchés de ses sujets, puisque l'Empire prélève le sixième de leurs récoltes. Brahmaniste, il le demeure, puisqu'il honore les brahmanes instruits et fait respecter la loi des castes. Mais bouddhiste, il l'est par sa tolérance et par l'ambition qu'il a de viser au bonheur de toutes les créatures.

L'expansion culturelle.
Autant le brahmanisme est une doctrine de cloisonnement, autant le bouddhisme a le sens de l'universel. Dans la mesure même où Açoka incline l'Inde vers Bouddha, il l'appelle à l'expansion : sur l'élan qu'il imprime, des missionnaires bouddhistes iront répandre la bonne parole, dans le Turkestan chinois, en Chine, en pays Khmer, en Annam (Viet-Nam), dans les îles de la Sonde. Derrière eux, comme toujours, se glisseront les commerçants et s'avanceront les conquérants. On verra des Indiens du Pendjab coloniser des provinces de l'Asie Centrale - Turkestan, Khotan, Tourfan ; des princes du Bengale régner au pays Khmer ; on verra le bouddhisme, alors même qu'il décline dans l'Inde, prospérer au Tibet, en Chine, au Japon ; le trafic indien pénétrera à Sumatra, à Java et jusqu'aux Célèbes.
Sans doute, la pression des Parthes, des Scythes, puis des Huns favorisera-t-elle l'émigration indienne. Sans doute aussi, les terres et les îles d'Extrême-Orient appâteront-elles les Indiens par l'espoir de l'or, exactement comme l'Inde appâtera les Occidentaux. Mais le zèle des missionnaires de Bouddha aura frayé la route.

Le remorcellement.
A ces excroissances du bouddhisme indien, il ne manquera qu'une tête : l'Inde. Car après Açoka, les forces de morcellement reprennent leur prépondérance. L'Empire maurya est partagé, disputé, la dynastie maurya est évincée. Peut-être Açoka, sans le vouloir, l'a-t-il affaiblie, en se souciant de charité plus que de puissance : les saints sur le trône sont souvent débilitants...
Mais il n'est pas douteux que l'Inde unifiée contre son gré retourne à sa nature en s'émiettant. Les clans et les castes, les républiques et les royaumes n'ont fait que subir le pouvoir central. Ils retrouvent avec dilection l'écartèlement qui est dans la ligne du brahmanisme.
Avant longtemps, les Indes - puisqu'il faut reprendre le pluriel - ne connaîtront plus l'insolite cohésion que leur ont donnée les Empereurs Maurya.
Prophétique ? Que nenni..

La Déesse Vivante Kumari
La Déesse Vivante Kumari
La Déesse Vivante Kumari
La Déesse Vivante Kumari

[ Kumari ]

 

 

Le Bouddhisme vaincu par la féodalité
Ce que le bouddhisme gagne en Chine et au Japon, il va le perdre dans le pays qui l'a vu naître. Les Huns Hephthalites viendront, apporteront leur lot de désolation, puis échoueront à s'établir. Les rudes hommes de la steppe n'avaient pas tort de se méfier de ce pays amollissant, « chaudière de l'enfer ». Un demi-siècle passe, et ils se laissent vaincre par les Perses et les Turcs coalisés. Mais ce demi-siècle a suffi pour donner le coup de grâce à l'Inde bouddhique.
Dans les ruines encore fumantes, les râjas batailleurs ne désarment pas ; la guerre est leur raison sociale, ils guerroient, tantôt contre les Huns, tantôt contre le râja d'à côté.
Il s'en trouva un plus fort que les autres, qui eut un fils encore plus fort, lequel lui succéda en 605 : Harsha, qui n'avait que seize ou dix-sept ans. En cinq ans, il soumettra toute I'Inde du Nord à son autorité.
Car le valeureux Harsha était un saint bouddhiste, il était le «Soleil de vertu » dont son ami Hiuantsang a écrit : « Il était juste dans son administration et s'acquittait ponctuellement des devoirs de sa charge... La journée du roi était divisée en trois périodes : une pour les affaires de gouvernement, et deux pour les devoirs religieux... Il fit cesser l'usage de la viande dans les "Cinq Indes" et interdit de prendre la vie sous peine de sévères châtiments... Il édifia des auberges dans tout son royaume, où l'on trouvait de la nourriture, de l'eau et des médecins qui soignaient gratuitement les pauvres. » Et encore ceci : « L'administration est douce et le pouvoir exécutif simple. Les revenus des terres royales sont divisés en quatre parts : la première est destinée aux affaires de l'État, la seconde à payer les ministres et les fonctionnaires de la cour royale, la troisième à récompenser les hommes de génie et la quatrième à pourvoir de donations les ordres religieux... Les taxes que le peuple paye sont légères et leurs obligations sont modérées ». Le royaume de Harsha n'était-il pas l'Eldorado de Voltaire ?
De l'Inde entre 600 et 650, Sylvain Lévi a dit qu'elle fut la fleur du monde. Mais la fleur d'arrière-saison d'un millénaire.

La Justice du Roi.
Le roi est toujours le mainteneur de la Loi, le responsable de la morale, de la justice, des récoltes, des bonnes relations avec les forces cosmiques - comme tous les rois de l'Orient ancien, comme tous les rois néolithiques. Par lui l'ordre règne : théoriquement, du moins, mais l'esprit indien sait se satisfaire de la théorie si elle est conforme à la tradition. Ses législateurs sont des prêtres, ses chroniqueurs des poètes ; c'est pourquoi il est insuffisant de dire que l'Inde ne change guère : quand elle change, personne n'oserait signaler un phénomène si choquant.
Le roi traque le mal « comme le chasseur suit au sang répandu la piste d'un gibier blessé », mais il doit parfois y perdre le souffle : Hiuan-tsang affirme que les voleurs sont assez nombreux, conscients et organisés pour former une caste spéciale et pratiquer leur " art " comme un devoir religieux. Le roi entretient des routes ombragées, des relais et des points d'eau, mais il n'est point de caravane que ne guettent les bandits de grands chemins. L'administration de Harsha est douce, dit son ami Hiuan-tsang ; c'est-à-dire que les supplices coutumiers tombent en désuétude, on n'empale plus un criminel, on ne l'enfouit plus dans la terre jusqu'au cou, debout, mains liées, avec liberté d'éloigner par ses cris les oiseaux de proie - après quoi ils picoraient les yeux et la cervelle d'un homme sans voix : sous le " Soleil de vertu ", on se contente de le torturer un peu et de le laisser finir ses jours à sa convenance, pieds et poings liés dans un cachot, assisté de sa femme et de ses enfants (car la famille va en prison avec son chef). Les médecins soignent gratuitement les pauvres ? Mais il semble difficile d'être plus pauvre que ces pauvres-là : quand il est admis que le prix moyen d'entretien d'un homme est de 4 pana par mois, un vacher gagne 1 pana 1/4, un médecin, 2.000, le chef des prêtres ou le premier ministre, 48.000 (un bœuf vaut 12 pana, un cheval 24. Une femme esclave s'achète 50 pana, un homme 500).

L'endettement endémique.
Certes, les petits propriétaires sont légion sous Harsha comme aujourd'hui encore et comme ils l'étaient mille ans auparavant ; le Bouddha lui-même, contemplant un jour une plaine cultivée, l'avait comparée à une robe de moine faite de pièces et de morceaux ; mais ces pièces doivent subvenir à la subsistance de " familles jointes ", c'est-à-dire d'une vaste parentèle groupée dans l'indivision de l'indivisible ; l'État taxe lourdement le paysan, les corvées communales s'accumulent, le pauvre s'endette et, s'il meurt sans avoir remboursé, il deviendra esclave de son créancier dans ses vies futures. Ce qui pourrait être, d'ailleurs, une bonne affaire ; il risquera d'être battu mais aussi d'être bien nourri et son maître paiera ses funérailles s'il meurt sans postérité ; s'il tient à s'évader, il aura le droit de tenter sa chance une fois : non repris, il réintégrera sa caste ; mais s'il n'a pas de caste, s'il est un paria, un intouchable, un chândâla ? Il ne devra circuler hors de son village ou quartier réservé qu'en agitant des claquettes, afin que les hommes de caste aient le temps de s'écarter de sa vue et même du vent qui l'aurait effleuré ; s'ils se laissent souiller par mégarde, ce sera sa faute, un brahmane pourra le tuer sans qu'il lui en coûte plus cher que de tuer un chien et il renaîtra dans le corps d'un animal ; or il est sans exemple qu'un homme réduit à cet état ait réussi à s'affranchir de la transmigration.
Ces hommes-là ignoraient peut-être qu'ils participaient de la fleur du monde. Mais quoi ! il est tant d'épines sans rose ! Ne serait-il pas plus raisonnable d'admirer quand des épines s'avisent le fleurir?
Dans l'Inde de Harsha, pour les hommes des castes privilégiées, Brahmanes, Kshartriya, Vaiçya, qui ont droit à l'enseignement du Veda et relèvent du dhatma, la Loi, la vie peut n'être pas sans charme. Certes, les Vaiçya ne sont que des commerçants, des artisans qui ne songent pas à s'égaler aux brahmanes ni aux nobles mais il arrive qu'ils les dépassent par la fortune et par le savoir ; tisserands, charpentiers, potiers, forgerons, caravaniers, armateurs, banquiers se sont groupés en de puissantes corporations, les çrenî, et tout l'esprit de caste de l'Inde n'empêche pas qu'un riche bourgeois s'élève jusqu'au conseil du roi quand un noble-guerrier descend à la forge, quand un brahmane s'abaisse à dire la bonne aventure. Par la route de la soie les caravanes, sur le golfe Persique et sur le golfe du Bengale les convois de navires importent peu de produits, sinon pour la réexportation - l'Indien n'a-t-il pas chez lui tout le nécessaire, du moins officiellement ? Et ils exportent l'ivoire, les bois de qualité, les pierres précieuses, les parfums, les épices : l'Indien est le grand fournisseur du luxe. C'est pourquoi il vit dans le luxe, quand il n'est pas dans la misère.

La dévotion de la Femme mariée.
La Femme est soumise à son mari et elle ne s'en plaint pas (nous sommes véritablement dans la fleur du monde). La lignée et la famille n'ont pas moins d'importance que la caste ; les familles de même caste et de lignée égale se promettent leurs enfants en bas âge si leurs horoscopes s'accordent, ou avant qu'ils ne soient nés, et marient les filles le plus tôt possible - pas avant l'âge de six ans, toutefois, alors qu'il est bon que son fiancé soit trois fois plus âgé qu'elle ; c'est qu'un garçon rapporte, qu'une fille est à charge et que sa nature féminine, donc perverse, la met en péril de perdre sa virginité sans laquelle point de mariage. Sa mère l'a élevée dans la conviction qu'il n'est rien de plus beau que de faire le bonheur d'un mari et de lui donner des enfants ; elle s'adresse à lui avec respect, l'appelant « fils du vénérable » (le vénérable étant son beau-père) ; et lui, « maître de la maison », il lui laisse la haute main sur la maisonnée, laquelle atteint des effectifs importants dans les « familles jointes »; si son mari épouse d'autres femmes - surtout chez les nobles guerriers assez fortunés pour assumer les charges de la polygamie - la première épouse a la préséance, c'est toujours elle qui est responsable (avec son mari) des rites qui gouvernent la vie familiale : les légumes poussent sous sa direction, elle seule peut préparer la nourriture de son mari, même si la maison compte de nombreux serviteurs ; avant le repas, les enfants lavent les pieds de leurs parents puis le père s'assied seul, par terre ou sur un coussin, devant une large feuille de bananier où sa femme dépose les mets, qu'il porte à sa bouche avec la main droite exclusivement ; lorsqu'il en a terminé, sa femme à son tour s'assied, servie par ses enfants qui déjeuneront après elle. Si son mari part en voyage, elle renonce au bain quotidien, aux bijoux, aux fleurs, aux parfums ; plus de parure, plus de noir à ses beaux yeux, et elle couche sur le sol, à côté du lit, attendant que son seigneur revienne la convier aux voluptés permises, recommandées, codifiées par le Kâmasûtra.
Germinations, nourriture, sexe, dieux intégrés par les rites aux heures du jour et de la nuit, cette femme soumise "s'épanouit" dans ses responsabilités de thaumaturge. Elle ne voit qu'une ombre au tableau, celle de sa belle-mère qui refuse d'abdiquer. Mais patience, elle aussi, un jour, elle sera belle-mère...
Il advient que cette femme parfaite commette des fautes : elles sont prévues dans un tarif, assorties d'amendes qu'elle paie à son mari. Adultère, elle est tondue et promenée dans les rues, à califourchon sur un âne, symbole de la lubricité, la tête tournée vers la queue de l'animal.

Le sort de la Veuve.
Et puis elle sera veuve, et ne sera plus rien. En perdant son mari, elle perd ses pouvoirs mystiques. La sortie honorable est d'accompagner sur le bûcher crématoire le corps de son mari et de se faire brûler vive ; exemplaire fidélité qui reconstitue dans l'au-delà le couple indissoluble ; celle qui a ce courage est la " femme vertueuse ", la Satî..
Si elle préfère survivre, elle est exclue des rites familiaux, il n'est pas question qu'elle se remarie, elle reste à la maison, soumise à l'autorité de son fils aîné ; plus de bijoux, plus de parfums, le visage sans fards, les cheveux sans henné, ni coiffés ni même démêlés, elle ne prend qu'un repas par jour, sans viande, sans sel et sans miel, elle dort sur le sol pour satisfaire l'âme de son défunt mari.
Si son mari est un brahmane d'une vertu particulière, elle risque aussi de se trouver un jour veuve d'un vivant. « Vieillards, ils pratiquent l'ascèse et c'est dans le yoga qu'ils achèvent leur existence » disait le poète Kâlidâsa.

Le sacrifice rituel - Sati
Le sacrifice rituel - Sati
Le sacrifice rituel - Sati
Le sacrifice rituel - Sati

[ Sati ]

 

Conflits
Conflits
Conflits
Conflits

[ Conflits ]

 

 

 

 

Massacres de Godhra
Massacres de Godhra
Massacres de Godhra
Massacres de Godhra

[ Massacres ]

Islam et hindouisme
Malgré son paganisme, ses djinns et ses anges, son animisme endémique et la rigidité de sa facette juridique, légiférant chaque instant de la vie ; l'islam est une vraie religion monothéiste. Une des plus épurées qui soit ; aspirant à une perfection d'ascétisme rigoureux au bénéfice exclusif des mâles ; aspirant à un "communautarisme universel" et mercantile dont le dieu idéalisé et informe - qu'il faut craindre et aimer - n'est que pure abstraction mathématique.
A l'inverse, coloré de symboliques forces antagonistes, destructrices et créatrices, véhiculées par de facétieuses divinités aux chatoyantes couleurs, aux complexes comédies ramifiées ; l'hindouisme est un brouhaha sectaire, difforme et confus, empreint d'un simulacre de philosophie où s'emmêlent toutes les nécessités qu'il n'a pas les outils pour combler. Mais l'hindouisme aspire lui aussi à la sérénité par l'ascétisme.
Contradictoires et insidieuses toutes deux, au final et par différents chemins, les religions aspirent toutes, par l'anéantissent du sens critique, à l'enfer ou au paradis monothéiste pour l'une, à la roue des réincarnations pour l'autre. Au nirvana ? Peu importe, c'est la liberté de conscience et d'action qui sont muselées par des images de cruelles déesses ou des menaces d'enfer. Et c'est un imaginaire de terreur qu'elles remplissent dès l'enfance...
Comment concilier ces deux mouvements, si différents mais si similaires par leur imprégnation sur la société ? Une nouvelle religion d'islam dure, impitoyable, répressive et pragmatique, et si contraire à l'instinct grégaire ne peut qu'exploser et réprimer une croyance aussi grotesque à ses yeux que l'hindouisme. Un hindouisme millénaire, héréditaire, si résistant à s'incliner face à un credo qui ne peut que l'exclure et l'éradiquer !? L'hindouisme doit absorber et étouffer l'islam ou bien disparaître ; l'islam doit éradiquer l'hindouisme ou bien partir : il ne peut en rester qu'un dans le sous-continent indien ! L'impossible métissage, l'inconciliable et provisoire osmose est le prélude à l'explosion. C'est la fatalité, et c'est ce qui arrivera.

L'Islam traverse l'Indus
Les Arabes traverseront donc l'Indus, atteignant l'Inde déjà promise à la décomposition, et lui apportent l'Islam. Les Goupta ne sont plus là pour défendre l'Inde : la conquête du Sind par Muhammad ibn al-Qasim, pour le compte du califat omeyyade, et les massacres du port de Debal (embouchure de l'Indus) durant trois jours laisseront entre 6'000 et 16'000 personnes tuées à Brahminabad.
C'est un aspect de la foudroyante expansion arabe dans les premières décennies de l'Islam, mais elle se produit alors que partout l'élan retombe : la nouvelle province arabe ne peut servir de base de départ pour la conquête du reste de l'Inde.
Les 3 siècles qui suivent laisseront un goût mitigé, amertume et nostalgie. Les Arabes dans leur façon de traiter leurs sujets hindous, font preuve de tolérance et d'habileté : ils leur accordent le statut de dhimmi, les "protégés" (qui ne s'applique, en principe, qu'aux "gens du livre") et laissent les hindous libres de pratiquer leur religion et de vivre selon leurs coutumes tant qu'ils paient l'impôt spécial, le jiziya. En outre, ils s'intéressent à la culture et surtout à la science des Indiens. Pendant les trois siècles qui suivent, l'Islam reste donc en bordure de l'Inde.

Les Turcs en Inde
La situation change quand le Turc Mahmud de Rhazni (dit de Ghazna) inaugure une série d'expéditions de pillage et de massacre contre les villes indiennes et les temples hindous.
En vingt-neuf années de règne (998-1030), Mahmoud envahit l'Inde dix-sept fois. En 1008,
l'Inde du Nord assiste à une levée en masse des Râjpouts. Les princesses vendent leurs bijoux et travaillent de leurs mains pour équiper l'armée. L'islamisme et l'hindouisme se rencontrent dans la région de Peshâwar. L'armée musulmane plie sous le nombre, déjà les Râjpouts voient le croissant de l'Islam rebrousser chemin dans le ciel de l'Occident… Mais l'éléphant du général en chef, le Râjpout Anandapâla de Lahore, prend peur et tourne court ; ses hommes, croyant que leur chef s'enfuit, sont pris de panique, une charge de cavaliers afghans change la défaite en victoire. Le pillage de l'Inde livre aux Turcs un butin fabuleux et de milliers de prisonniers pour le coltiner jusqu'à Ghazna - ceux du moins qui ne trouvent pas la mort dans les défilés entre l'Inde et l'Afghanistan, si nombreux à périr que fut donné à ces montagnes le nom qu'elles portent encore: Hindou Koush, « le tombeau des Hindous ».
De raid en raid, Mahmoud le Terrible étendit son empire jusqu'à Bénarès. Chaque fois, il retournait à Ghazna gavé d'or. Il n'en avait pas moins le culte des sciences et des arts; comme les princes de la Renaissance, il entretenait à sa cour des savants, des artistes et quatre cents poètes, dont le plus illustre de l'Iran Firdousi, et al-Birouni, l'homme complet de la civilisation musulmane.
Quand meurt Mahmoud, en 1030, l'Inde du Nord est aux mains des Turcs Ghaznévides. Mais les jours des Ghaznévides sont comptés par les Seldjoukides qui vont déferler jusqu'à Bagdad, jusqu'aux portes de Constantinople. L'Inde du Nord pourra encore s'adonner à ses tournois guerriers, Râjpouts contre musulmans, jusqu'à ce qu'un nouveau Turc soit assez fort pour refaire le chemin de Mahmoud.

L'État musulman
Quelque deux siècles plus tard ce sera Muhammad de Ghor, ses campagnes d'extermination, la création du sultanat : la progression de l'Islam recommence, portée cette fois par des guerriers venus d'Asie centrale et prenant appui sur des principautés afghanes. Elle aboutit à la création d'un État musulman qui dominera l'Inde mais ne deviendra indien que lentement et partiellement, au prix de profondes transformations de la société indienne. On distingue trois étapes. La dynastie des "Esclaves" d'abord. Iltutmish met en place la bureaucratie, le pouvoir du sultanat sur toute l'Inde du Nord. Les Khilji ensuite. Le sultanat, sous Ala-ud-din, atteint le plus haut degré de sa puissance politique, territoriale et culturelle. Les Turhluq, enfin. Des États musulmans régionaux se constituent : l'Islam indien n'est plus une simple émanation du sultanat (dont la dislocation est précipitée par le raid de Tamerlan).
À la fin du XIII siècle, les musulmans forment, semble-t-il, un quart de la population : il y a les musulmans d'origine, Turcs et Alghans de la cour, serviteurs que le sultan récompense en tenures héréditaires (jagir), et les soldats d'Asie centrale, venus grossir et renouveler leur famille et parfois leur clan, l'armée des conquérants. Leur langue commune est le persan, qui devient langue de chancellerie et de prestige (même pour les hindous), et la culture persane est leur idéal. Mais la masse est composée de convertis, nombreux tout dans le Nord, concentrés surtout dans le Panjab et le Sind, et au aussi au Bengale où l'islam a éliminé le bouddhisme dominant. Plus solidement lié à la structure sociale, l'hindouisme a mieux résisté. Nombre d'hindous se convertissent cependant, et le cas le fréquent n'est pas, comme on l'a cru, celui des basses castes aspirant ainsi à échapper à l'oppression du système (dans la société musulmane, égalitaire en principe, les castes se reconstituent en quelque façon : c'est ainsi que l'islam s'intègre à l'Inde). Les Indiens hindous adoptent des manières musulmanes comme l'enfermement des femmes (parda), et surtout dans les classes supérieures. Un style indo-musulman se crée dans les arts. La langue urdù (mélange de hindi et de persan) apparaît alors.
La sauvagerie des guerres et des complots, la cruauté de certains sultans n'empêchent pas l'Inde d'être prospère. Le pays se couvre de monuments admirables; l'artisanat, le négoce maritime sont florissants. Pour la fin de cette période, un témoignage éloquent de ces splendeurs indiennes est la description que le musulman Abd al-Razzaq a laissée de la ville hindoue de Vijayanagar.

 

Nota bene.
Ces textes étant quelque peu édulcorés, on tient donc à rappeler et souligner que le plus barbare et durable affrontement de cultures que la société ait connu, le plus impitoyable et saignant génocide contre l'enfance - et contre la femme aussi - c'est très certainement en Inde qu'il eut lieu.
Un génocide sans comparaison, de part et d'autre, qui continue de nos jours. Islam et hindouisme n'ont jamais fait autant de victimes que dans le sous-continent indien.

[ voir ces chapitres pour des détails objectifs et bien saignants : Chronologie ]

Shakti Krishnan
Sûryâ Krishnan
Rafael Terrón

 

 

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