Divers Sources et Références Pétitions Liste de Diffusion Nous contacter Documents Liens Back home page FAQ Home Page Association FABULA Forums
Chapitres ¬
• La Théorie Darwinienne
• Dogme & Sciences I
• Dogme & Sciences II
• Dogme & Sciences III
• Dogme & Sciences IV
• Dogme & Sciences V
• Dogme & Sciences VI
• Racisme Scientifique
• Neurologie & Croyances
• Mysticisme
• Déluges
 
Voir aussi ¬
• Homo & autres Primates
• Evolution & Cladistique
• Preuves de l'Évolution
• 2 espèces & Néoténie
• Embryologie & Coran

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le mythe du Déluge et de l'arche de Noé, commun aux 3 religions monothéistes, revêt une importance capitale pour les défenseurs des religions.
Cette page sera utile autant aux fondamentalistes faisant une lecture littérale des écritures qu'à ceux cherchant désespérément une concordance historique entre les mythes bibliques et l'histoire.

Le Déluge de Noé, ou les Sciences face au Mythe

Le Déluge biblique

L'histoire biblique du déluge a beaucoup influencé les travaux des premiers géologues jusqu'à l'avènement des nouvelles théories sur l'âge de la terre et la dérive des continents. Jusque-là, les traces d'organismes marins et de coquillages trouvés en montagne étaient perçus comme autant de résidus du déluge universel... Un déluge ordonné par Dieu qui aurait submergé la terre toute entière, éradiquant toute la faune sauf les couples embarqués par un certain Noé dans son arche. Ce récit propose aussi que les humains actuels seraient tous les descendants des trois fils de Noé : Sem, Cham et Japhet. Mais avec l'avènement de la géologie moderne, ce récit doit bien entendu être écarté du domaine de la science pour rejoindre celui des mythes. Un mythe qui se retrouve aussi dans le Coran.

Lire le Déluge selon la Bible (Genèse 6 à 9)

Le Déluge coranique

Voici le mythe de Noé tel qu'il est raconté par le Coran, mythe disséminé sur différentes sourates :

71. Sourate Noé (Nuh) .
1. Nous avons envoyé Noé vers son peuple:
2. Il [leur] dit: « Ô mon peuple, je suis vraiment pour vous, un avertisseur clair,
3. Adorez Allah, craignez-Le et obéissez-moi, [...] »
5. Il dit: « Seigneur ! J'ai appelé mon peuple, nuit et jour. 6. Mais mon appel n'a fait qu'accroître leur fuite.
21. Noé dit: « Seigneur, ils m'ont désobéi [..] »
25. « A cause de leurs fautes, ils ont été noyés, puis on les a fait entrer au Feu, et ils n'ont pas trouvé en dehors d'Allah, de secoureurs ».
26. Et Noé dit: « Seigneur, ne laisse sur la terre aucun infidèle. 27. Si Tu les laisses [en vie], ils égareront Tes serviteurs et n'engendreront que des pécheurs infidèles ».
28. « Seigneur! Pardonne-moi, et à mes père et mère et à celui qui entre dans ma demeure croyante, ainsi qu'aux croyants et croyantes; et ne fait croître les injustes qu'en perdition ».


29. Sourate L'araignée (Al-Ankabut).
14. Et en effet, Nous avons envoyé Noé vers son peuple. Il demeura parmi eux mille ans moins cinquante années. Puis le déluge les emporta alors qu'ils étaient injustes.
15. Puis Nous les sauvâmes, lui et les gens de l'arche; et Nous en fîmes un avertissement pour l'univers.


26. Sourate Les poètes (As-Shuaraa)
105. Le peuple de Noé traita de menteurs les Messagers,
117. Il dit: « Mon Seigneur, mon peuple me traite de menteur.
118. Tranche donc clairement entre eux et moi: et sauve-moi ainsi que ceux des croyants qui sont avec moi ».
119. Nous le sauvâmes donc, de même que ceux qui étaient avec lui dans l'arche, pleinement chargée.
120. Et ensuite nous noyâmes le reste (les infidèles).


11. Sourate Hud.
36. Et il fut révélé à Noé: 37. « Et construis l'arche sous Nos yeux et d'après Notre révélation. Et ne M'interpelle plus au sujet des injustes, car ils vont être noyés ».
38. Et il construisait l'arche. Et chaque fois que des notables de son peuple passaient près de lui, ils se moquaient de lui. Il dit: 39. Et vous saurez bientôt à qui viendra un châtiment qui l'humiliera, et sur qui s'abattra un châtiment durable! »
40. Puis, lorsque Notre commandement vint et que le four se mit à bouillonner [d'eau], Nous dîmes: «
Or, ceux qui avaient cru avec lui étaient peu nombreux. [...]
42. Et elle vogua en les emportant au milieu des vagues comme des montagnes. Et Noé appela son fils, qui restait en un lieu écarté (non loin de l'arche): « Mon enfant, monte avec nous et ne reste pas avec les mécréants ».
43. [...] Et les vagues s'interposèrent entre les deux, et le fils fut alors du nombre des noyés ».
44. Et il fut dit: « Terre, absorbe ton eau! Et toi, ciel, cesse [de pleuvoir]! ». L'eau baissa, l'ordre fut exécuté, et l'arche s'installa sur le Joudi [...]
48. Il fut dit: « Noé, débarque avec Notre sécurité et Nos bénédictions sur toi et sur des communautés [issues] de ceux qui sont avec toi. Et il y (en) aura des communautés auxquelles Nous accorderons une jouissance temporaire; puis un châtiment douloureux venant de Nous les toucheras ».
49. Voilà quelques nouvelles de l'Inconnaissable que Nous te révélons. Tu ne les savais pas, ni toi ni ton peuple, avant cela. Sois patient. La fin heureuse se sera aux pieux.


17. Sourate Le voyage nocturne (Al-Isra)
3. [Ô vous], les descendants de ceux que Nous avons transportés dans l'arche avec Noé. Celui-ci était vraiment un serviteur fort reconnaissant.

Vous l'avez observé : si la science et le bon sens contredisent la Bible, ils contredisent aussi le Coran. La lecture minutieuse du Coran et des livres de célèbres exégètes tels Ibn Kathir et Attabari montre que les versions islamique et chrétienne du déluge ne différent guère... Et certains démagogues musulmans cherchent désespérément une issue de secours pour leur religion :

  • En prétendant que le déluge de Noé, selon la version Coranique, ne fut pas universel, concernant uniquement une partie du monde, là où vivait le peuple de Noé.
  • En expliquant qu'il ne concerne que quelques animaux domestiques (et non pas un couple de chaque espèce) dont Noé aura besoin à la fin de son voyage...
  • En proposant que les transgressions marines survenues dans les plaines mésopotamiennes, il y a 7000 ans, sont les preuves "scientifiques" et "archéologiques " du déluge.

Pour ce qui concerne les phénomènes géologiques survenus en Mésopotamie [ lire l'aticle ], cela pourrait démontrer que les mythes ont souvent pour origine des phénomènes réels, mais qu'avec le temps ils seront enrichis et nourris par l'imaginaire.
Quelques remarques concernant des contradictions sur le sujet en Islam : Selon Ibn Hicham dans la Sirah (biographie du prophète Mohammed), Mohammed serait approximativement le cinquantième descendant d' Adam ; soit qu'il y aurait cinquante générations séparant Adam (le premier homme !) et Mohammed. D'autre part, Ibn Abbas d'après Ibn Kathir affirme qu'il y aurait dix siècles entre Adam et Noé. Si Noé avait vécu il y a 7000 ans, d'après ceux qui parlent des preuves archéologiques, Adam aurait ainsi vécu il y a 8000 ans... Comparons cette date avec l'apparition des premiers Homo sapiens sapiens il y a plus de 50 000 ans, sans compter neanderthal et leurs prédécesseurs.
Concluons provisoirement pour nos amis croyants : pour mieux comprendre les écritures dites sacrées, il faut les voir comme un produit de la culture humaine, et non pas comme parole d'un quelconque dieu.

Ali Hajouji

[ Consulter le Mémento chronologique ]

 

Les Mythes de Déluge originels

De nos jours, il faut être particulièrement endoctriné et illettré pour ignorer les autres mythes de déluge ayant précédé ceux proposés par le Coran et la Bible.... Et dont ces derniers se sont inspirés, pour ne pas dire "ont généreusement pompé". En voici un échantillon, parmi les plus célèbres et explicites.

Inspiré par les inondations dévastatrices du Tigre et de l'Euphrate, le mythe du Déluge trouve sa version la plus complète et la plus ancienne dans la "Genèse" paléo-babylonienne de l'humanité, le Poème d'Atrahasis, apparu vers l'an 1700 avant J.C., copié ou transposé ensuite pendant plus de mille ans.

Un des plus anciens, le Poème d'Atrahasis.
Créés afin d'épargner aux dieux tout travail et de les servir, les hommes se multiplièrent au point que leur tapage incommoda le dieu-souverain Enlil. Celui-ci voulut leur envoyer Epidémies et Pestilence puis Sécheresse et Famine mais, instruit par son dieu protecteur Enki/Ea, le Supersage Atrahasis, roi de Shuruppak (Fâra aujourd'hui), se concilia les dieux responsables des fléaux. Enlil décida décida donc de déchaîner un déluge. Enki révéla le projet d'Enlil non pas au Supersage en personne mais à la paroi de sa hutte de roseaux. Sur ses conseils, Atrahasis construisit alors le bateau hermétiquement closqu'il appela Sauve-vie, et y embarqua les siens et tous les animaux envoyés par le dieu bienveillant. Le cataclysme dura sept jours et sept nuits. Les dieux réalisèrent alors qu'en détruisant l'humanité ils s'étaient privés de toute subsistance. A la fin du déluge, le bateau ayant échoué sur une montagne, Atrahasis libéra les animaux et offrit un grand sacrifice aux dieux affamés. Bien que rassasié lui aussi, Enlil entra en fureur car on avait, une fois encore, désobéi à sa volonté. Pour le calmer, Enki et la déesse-mère Nintu proposèrent de limiter la prolifération des hommes en introduisant la mort naturelle, la stérilité féminine, la mortalité infantile, et en interdisant aux prêtresses de procréer.

Ci-dessous une traduction d'après J. Bottéro et S.N. Kramer, "Lorsque les Dieux faisaient l’homme" :

« Les dieux ayant malgré tout pris la décision finale, ENKI en songe prévint ATRAHASIS, le Supersage, un homme de bien qui avait toujours mérité sa confiance :" ATRAHASIS, jette à bas ta maison, détourne-toi de tes biens pour te sauver la vie . Construis un grand bateau selon l'épure que j'ai tracée sur le sol. Cette embarcation aura forme équilatérale de 60 mètres de coté. Le bateau sera entièrement clos et toituré solidement. Que son calfatage soit épais et résistant. Tu appelleras ton vaisseau Sauve-Vie. Après y avoir chargé ton froment, tes biens, tes richesses, embarques-y ta femme, ta famille, ta parenté et tes ouvriers ainsi que des animaux sauvages, grands et petits, et des oiseaux du ciel ». Supersage n'avait que 7 jours pour construire Sauve-Vie.
Les siens et les animaux venaient juste d'embarquer quand un vent furieux rompit les amarres et libéra le bateau. Alors le soubassement de la terre se décolla. Les étoiles elles-mêmes furent déplacées. De profondes ténèbres cachèrent le soleil. Le fracas du Déluge épouvanta les dieux eux-mêmes, pourtant tous réfugiés en la demeure céleste d 'ANOU. ENKI, blême de colère, vit ses enfants emportés par les eaux. NINTU la déesse mère éclata en sanglots : " Comment ai-je pu dans l'assemblée des dieux laisser prendre cette décision finale ? C'est ENLIL qui, par un discours habile, a rendu vaines mes paroles ".

Au bout de 7 jours, le vent se calma, le bateau cessa d'être ballotté. Supersage lâcha une colombe, elle revint, ne sachant où se poser. Il lâcha une hirondelle qui revint également. Enfin il lâcha un corbeau qui ne revint pas. Alors Supersage lâcha tous les oiseaux.

Lorsque les eaux se furent retirées du haut de la montagne, Supersage débarqua et prépara un banquet à la gloire d'ENKI, le dieu ingénieux qui l'avait sauvé. L'odeur de la bonne chère attira également les grands dieux, qui, en l'absence des hommes, n'avaient ni bu ni mangé pendant tout ce temps. On peut supposer qu'ils n'en avaient pas vraiment besoin pour vivre, mais que ça leur manquait quand même. ENLIL voyant alors le bateau, entre en colère : « Nous les grands dieux nous avions prêté serment, d'où vient alors qu'un homme ait échappé à la destruction ? ». ENKI : " Oui, j'ai fait cela contre votre volonté à tous, j'ai sauvé ATRAHASIS. Calme-toi ENLIL, si tu as pu manger et te régaler, c'est bien grâce à cet homme. Grâce à lui la race humaine peut être sauvée". NINTU la déesse mère prit alors la parole : « ENLIL, tes solutions sont trop définitives. Trouvons un moyen terme. Afin que la descendance de Supersage ne perturbe plus les dieux, ENKI l'ingénieux doit bien avoir une solution ". ENKI : " O ! Divine Matrice, nous avons donné aux hommes presque l'immortalité, c'était inconsidéré. Toi MAMMI, qui arrête les destins, impose donc aux hommes la mort pour qu'un équilibre s'installe. Afin que chez eux, outre les femmes fécondes, il y ait maintenant les infécondes, afin que chez eux sévisse la Démone Eteigneuse pour ravir les bébés aux genoux de leurs mères ". ENLIL approuva : " C'est entendu. Ce fut une erreur de vouloir les exterminer. Mais que les hommes ne vivent pas au delà de 120 années, afin qu'ils ne puissent jamais percer à jour nos connaissances. Ainsi, ils ne seront plus une menace pour nous ! Veillons à ce que les hommes ne s'installent jamais dans l'allégresse. Surveillons de près leur prolifération, leur prospérité et leur joie de vivre. Et pour cela, que chez les hommes un temps de malheur succède toujours à une ère de bien être ".

On constatera à la lecture du Déluge ci-dessous, celui de l'Épopée de Gilgamesh, combien il est proche du récit de la Bible... Mis à part qu'il a précédé la rédaction de celle-ci de plus de mille ans :

Le Déluge dans l'Épopée de Gilgamesh
Sauvé du Déluge et devenu immortel, Utanapishti décrit en détail à Gilgamesh comment il bâtit un bateau en forme de cube parfait où il rassembla les siens et les animaux. Quand les pluies eurent cessé et la décrue commencé, il envoya successivement, en reconnaissance au-dessus des flots, une colombe, une hirondelle puis un corbeau qui, lui, ne revint pas. Ayant échoué sur une montagne, il fit un sacrifice aux dieux affamés qui, "humant la bonne odeur, s'attroupèrent comme des mouches".
Ayant décidé d'enrayer la prolifération des hommes par l'envoi de famines, d'épidémies et de bêtes sauvages, le grand dieu Enlil accorda cependant l'immortalité à Utanapishti et à sa femme et les envoya " là où tous les fleuves se rejoignent", par-delà la mer de Mort, où Gilgamesh finit par le trouver.

Les différents versions du Déluge lues jusqu'ici ont toutes un même prototype, dont témoigne aussi le seul récit de cette catastrophe écrit en sumérien qui nous soit parvenu : une tablette incomplète découverte à Nippur, datant d'environ 1700 av. J.-C.

Le mythe du Déluge en Sumérien, sur tablette (texte incomplet)
(Lorsque le texte devient intelligible)
Le dieu Enki décide de protéger les hommes et de les aider à atteindre leur plein développement en les encourageant à construire des sanctuaires, des villes des systèmes de canalisations et d'irrigation, en instaurant la royauté et des lois sociales, en leur assignant des capitales (Eridu, Badtibira, Sippar, Shuruppak…)
Ayant dû, de toute évidence, jurer de ne pas révéler le Déluge projeté par les dieux An et Enlil (une cassure de la tablette ne permet pas d'en connaître la cause), Enki parvient néanmoins à en avertir son dévot, le pieux roi Ziusudra, "vie de jours prolongés", en s'adressant à la paroi du temple où celui-ci se recueille ; (après une nouvelle cassure de la tablette), on retrouve Ziusudra dans son bateau balloté sur les eaux pendant sept jours et sept nuits. Puis Utu, le soleil, réapparaît, illuminant l'intérieur de l'embarcation grâce à une ouverture pratiquée par le roi qui se prosterne devant lui et lui offre un sacrifice. (Après une nouvelle cassure), on voit An et Enlil, ayant pris Ziusudra en affection, lui accorder l'immortalité et l'installer "là où se lève le soleil".

Cela vous paraît-il plus évident maintenant ? Le Déluge des 3 grandes religions dites "monothéistes" est directement copié de mythes suméro-babyloniens polythéistes l'ayant précédé... De la simple retrancription.

Mais voici d'autres exemples de déluges, très ressemblants pour certains, et très différents pour d'autres, avec d'autant plus de similitudes si la culture dont ils sont l'origine est géographiquement proche l'une de l'autre :

Récit de déluge dans le Satapatha Brahmana, le Mythe de Manu ou Satyaavrata (le 1er homme). En Inde, Manu est sauvé du déluge par un poisson, ce poisson tire le bateau de Manu jusqu’à une montagne ou prévenu de l'imminence d'un déluge par Vichnou, qui a pris la forme d'un poisson, selon d'autres récits. Sur les conseils du dieu, l'ascète construit un bateau pour abriter les espèces vivant à la surface du monde ; il échoue sur une montagne après le reflux des eaux. Dans certaines versions, l'ascète lâche un oiseau, qui revient branchage au bec...

Au total, 13 récits différents viennent d'Asie, et neuf d'Océanie, surtout d'Australie... Le déluge australien est provoqué par un dieu grenouille (lunaire) qui, ayant bu les eaux de la terre, les recrache brusquement.

Récits de Déluge en Amérique. 14 versions en Amérique du Sud donnent comme origine du cataclysme la brouille entre les deux dieux jumeaux fondateurs du monde ; l'un d'eux, frappant du pied sur le sol, fait jaillir les eaux qui viennent recouvrir le monde entier.
7 autres d'Amérique centrale, et 16 récits d'Amérique du nord donnent pour origine au déluge universel de fortes pluies...

Une dernière curieuse tradition des méso-américains : Selon eux, ils descendraient d'un autre peuple, les hommes artisans, disparus il y a longtemps dans un déluge. Les méso-américains étaient sensibilisés par la fragilité du monde. Selon eux, celui-ci n'était qu'une suite de constructions et de destructions, dont notre monde serait le cinquième épisode. Leur tradition expliquait qu'il y avait eu cinq mondes. Le premier avait été détruit par les jaguars, le second avait été détruit par un souffle transformant tous les hommes en singes, le troisième avait été détruit par une pluie de feu. Le quatrième avait été détruit par un déluge qui a duré 52 ans ...

Une question se pose maintenant, tous ces déluges mythiques ont-ils été inspirés d'inondations bien réelles, comme celles que subissait la Mésopotamie par des débordements du Tigre et de l'Euphrate, par ex.? Ou de cataclysmes plus violents, tel celui décrit par la récente hypothèse des géologues William Ryan et Walter Pitman ?
Bien sûr que non, ils ont été inventés indépendamment dans au moins trois continents, alors que d'autres ont de nettes concordances les uns les autres, mais toujours en relation avec une parenté géographique.
Mais q
uelles "inondations diluviennes" les aborigènes d'Australie auraient-ils connues ? Et par quel moyen de communication magique, ou radio-émetteur d'ondes longues, ces mêmes aborigènes, qui entrèrent en Australie il y a environ 40'000 ans, auraient-ils eu vent du déluge universel entre le Tigre et l'Euphrate survenu il y a quelques millénaires, derrière la colline, dont ils relatent une version par ailleurs totalement différente ?
Rappellons-nous que les Aborigènes ne parlent pas aux mêmes dieux, ni ne dansent sur les mêmes musiques...
Si l'on en croit l'archéologie et la géologie, les mésoaméricains, descendants d'Asiatiques qui rejoignirent le Nouveau Monde par le détroit de Behring, avaient eux aussi coupé le contact avec l'Ancien Monde bien avant le supposé déluge mésopotamien, à l'origine des "mythes diluviens"... Et pourtant, ils parlent eux aussi de déluge, d'un déluge très différent des autres...

Le Déluge et la Mer Noire

Des preuves de plus en plus convaincantes semblent indiquer qu'il y eut un "déluge" localisé au niveau de la Mer Noire, mais pas n'importe quelle inondation comme il pouvait s'en passer si souvent en Mésopotamie, aussi violentes fussent-elles. Ici, l'échelle de l'inondation est sans commune mesure avec une inondation causée par l'Euphrate ou le Nil, et, c'est précisément pour cette raison que l'on peut effectivement parler de déluge.

Mais de quoi s'agit-il au juste ?
Il y a environ 7500 ans un cataclysme submergea la Mer Noire et ses bords. Or, 7500 ans, ce n'est pas si loin des temps dits historiques (= apparition de l'écriture, env. 3500av J.C), suffisamment proche en tous cas pour que l'on s'en souvienne et qu'on en fasse un mythe.

Alors que l'ère glacière touchait à sa fin il y a de cela 12000 ans, la Mer Noire n'était alors qu'un lac d'eau douce, moins grand d'ailleurs que la Mer Noire actuelle. Tandis que les glaciers fondaient durant les millénaires suivants, le niveau global des mers montaient progressivement mais sûrement ; on pensait jusqu'à maintenant que le niveau de la Mer Noire était monté de la même manière. Il semblerait qu'en fait ce soit un barrage naturel à l'endroit actuel du Bosphore qui ait retenu les eaux montantes de la Mer de Marmara jusqu'au jour où le barrage céda, laissant se déverser dans la Mer Noire, alors 150 mètres en contrebas, de un à deux mille mètres cubes d'eau de mer par jour !! La mer aurait donc progressé dans les terres de 1 à 2 kilomètres par jour, et ce, pendant des mois, forçant ainsi les habitants à fuir.

Cette théorie fut présentée pour la première fois en 1993 par les géologues des fonds marins William Ryan et Walter Pitman, suite à leur découverte, au large des côtes nord de la Mer Noire, de sédiments et de faunes marines tendant à suggérer l'existence d'un tel déluge. A l'appui de cette théorie, durant l'été 1999, l'explorateur des fonds marins Bob Ballard découvrit une plage sous 150 mètres d'eau à proximité des côtes sud de la Mer Noire. Les sédiments contenaient des roches et des coquillages qui indiquaient que l'eau douce du lac avait été submergée par de l'eau de mer. En effet, dans les sédiments se trouvaient à la fois des coquillages d'eau douce vieux de 7800 ans et des coquillages d'eau de mer datant seulement de 7300 ans. Il y avait donc bien eu un lac avant la mer.

Encouragé par cette découverte, Ballard projette de monter une expédition pour trouver des traces de présence humaine le long des bords inondés de la Mer Noire...
[ extrait de http://home.nordnet.fr/~caparisot/html/mernoir.html ]

Il est tout à fait raisonnable d'imaginer que cette invasion - par l'eau de mer - d'un lac d'eau douce, puisse être à l'origine de mythes diluviens de cette région du monde. Mais il est tout aussi raisonnable d'imaginer que l'inondation d'un village, la noyade d'un enfant, ou un rêve de vieil ivrogne ait pu fleurir l'imaginaire de nos ancêtres d'où le début d'un mythe a pu germer, car un "cataclysme originel" ne pourra pas être un dénominateur commun à tous les mythes de déluges si différents pour certains, dont le seul point commun entre eux est la matière première, l'eau...
Tenter de remplacer la version littérale d'un "déluge universel divin" par un fait historique géologique déterminé est une démarche tendancieuse, voire quelque peu dogmatique.
Deux questions pour conclure d'un point de vue rationnel : Est-il vraiment indispensable de trouver une cause originelle historique pour expliquer LE mythe diluvien unique qui, en réalité, n'a jamais existé ? Les groupes d'hommes seraient-ils incapables d'inventer un mythe de déluge inspiré par un événement local, une mare ou un ruisseau, chacun dans sa région, et indépendamment les uns des autres ?
Certes non, un enfant en est très capable, les enfants ont de l'imagination... Mais les adultes aussi : qu'en est-il de l'Atlantide, le continent disparu ? Combien de livres, de films, d'oeuvres poétiques et artistiques, ce mythe du continent englouti - dont un seul et bref paragraphe de Platon en suggère l'existence par l'affirmation de sa disparition - n'a-t-il pas inspirés ?
Et pourtant, la chaîne de l'Atlas (Maroc) se nomme ainsi suite à ce murmure d'une célébrité grecque ; les Touaregs se prétendent descendants des Atlantes, suite à cette phrase de Platon. Et ainsi de suite depuis plus de 2000 ans.
R.T & S.K.

 

Sûryâ Krishnan
Rafael Terrón

Sources :
Roy Willis - Mythologies du monde entier. Bordas 1994
H. H. Hofstätter & H. Pixa - Histoire Comparée des Civilisations. Tome I, R.Laffont, 1962
A. Pasquel & F. Guevara - Subconsciente colectivo, mitos y sueños. Ediciones del H.U.P. Cienfuegos, 1977
Jean Bottéro & Samuel Noah Kramer - Lorsque les dieux faisaient l'homme. Gallimard, 1989

Association FABULA

www.rationalisme.org
- free of copyrights -
Veuillez simplement citer la source de ces documents si vous les utilisez, Merci !!

Association FABULA

contact