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Il n’y a pas de « part » respective des gènes et de l’environnement, pas plus qu’il n’y a de « part » de la longueur et de la largeur dans la surface d’un rectangle, pour reprendre une métaphore classique. L’exposition à l’environnement commence d’ailleurs dans le ventre maternel, et inclut des événements biologiques comme la qualité de l’alimentation ou l’exposition aux virus. Génétique et milieu ne sont pas en compétition, mais en constante interaction: on dit qu’ils covarient. Le comportement d’un individu serait donc à la fois 100 % génétique et 100 % environnemental.
Richard C. Lewontin

Le Racisme « scientifique »

Exposé thématique critique, historique et biologique, du racialisme

Démontrer que les études racialistes (a) sont scientifiquement biaisées ; démontrer que le concept de races (b) ne s'applique pas à la situation combinatoire de notre espèce ; ne sont sans doute pas les meilleurs ni les plus faciles arguments contre les racismes. Nous avons pourtant fait le choix de nous attaquer objectivement à ces points relativement difficiles à faire intégrer, plutôt qu'en raisonnements éthiques et "moralineux" contre les racismes. La raison en est simple: il n'existe pas de bon argument contre les racismes pluriels. On ne lutte pas arguments objectivés à l'appui contre un sentiment souvent profondément engrammé et/ou nourri de mauvaises justifications théoriques, de stupidité, de ressentiment, de haine, de préjugés et d'ignorance.
Si le raci(asli)sme est, (pourquoi pas ?), plus une classification qu'une idéologie, les
convictions et idéologies inspirées ou confortées de racisme entraînent toujours hiérarchisations, discriminations, injustices, et ont abouti en crimes les plus graves, parfois en génocides. Les sciences ayant bien peu de portée contre les convictions dogmatiques et les valeurs subjectives, il faut par conséquent se défendre contre celles-ci non pas par de bons ou mauvais arguments scientifiques, mais civiques et éthiques, avec fermeté , - notamment en légiférant -, contre les actes racistes, l'incitation à la haine raciale, et contre toute forme de discrimination. Pour nous, il est clair que la lutte contre les racismes est des plus légitimes, et qu'il est utile de comprendre le pourquoi du racisme - si endémique à l'humanité : c'est protéger l'autre et soi-même contre l'autre et soi-même, nous protéger contre nous-mêmes.
Si les racismes peuvent parfois s'expliquer comme une réaction naturelle de méfiance envers "l'autre, le différent" du moins en apparence moyenne, jamais ils ne peuvent être justifiés ni argumentés : ils ne sont pas plus rationnels que ne le sont les aspirations et idéaux de justice
sociale, d'égalité, d'équité, de solidarité, de liberté. Tous sont modulés par le vécu et l'effort; mais ce sont avant tout des choix personnels que l'on fait durant sa vie.
On se limitera, dans cette page ni philosophique ni éthique, à l'incursion d'une certaine forme de racisme dans les sciences ; car après avoir utilisé durant des décennies les arguments tirés de la Bible - en un temps où elle dominait les esprits -, les raci(ali)stes tentent depuis le XIXe siècle de se parer des vêtements de « la Science » pour continuer à faire vivre leur nauséabonde idéologie. Attitude et idéologie que les principes égalitaires ont voulu envoyer aux oubliettes de l'Histoire ; mais le racisme, lui, ne nous oublie pas... Nous allons démontrer que l'habit ne fait pas le moine, surtout lorsque ce sont de vieux tissus rapiécés et usés jusqu'à la corde : le concept de races humaines, de Quotient Intellectuel, de corrélation, etc. seront épluchés et déshabillés pour en observer la matière bien nue...

 

Introduction : de l'alibi historique de l'esclavage...

Aujourd’hui, il ne reste plus qu’une espèce humaine sur Terre, l' Homo Sapiens. L’humanité est donc unique, ce qui ne signifie pas qu’elle ne soit pas diversifiée. Nous constatons tous qu'il existe des personnes de petite et de grande taille, d'autres robustes et certains plus graciles, à la peau claire ou à la peau plus foncée, etc. Ces caractères présentant toute une palette de variations intermédiaires se répartissent géographiquement pour certains de façon assez nette, et pas pour d’autres. Lorsque les variations visibles sont caractéristiques de régions données, comme la couleur de peau, la texture des cheveux et certains traits du visage, elles ont souvent joué une grande importance historique. Elles concernent en effet des populations dont la culture a évolué indépendamment et qui, pendant très longtemps, n'ont jamais été en contact. Quand ces populations se rencontrèrent enfin, leurs différences physiques furent considérées comme très importantes ; associées subjectivement à des divergences culturelles, avec tout ce que cela implique comme différences de comportements.
C’est ainsi que l’on commença à attribuer des qualités et des défauts innés à des populations en fonction de la couleur de la peau. Notamment, on affirma que les "Noirs avaient des aptitudes cognitives et des comportements innés très différents des Blancs". Cela prit des tournures très graves, au point même de considérer certaines populations comme non humaines, ou pas encore humaines. On justifia notamment l'esclavage des populations subsahariennes appelées d'antan les "nègres" et, même si de toute évidence ce racisme extrême était avant tout un prétexte à des dispositions et intérêts purement économiques, cela eut un impact terrible sur la façon dont ces individus et diverses populations furent traités.

L’esclavage fut par la suite aboli, mais l’expansion coloniale de l’Europe réclama à son tour une justification que les préjugés raciaux hérités de plusieurs siècles d’esclavagisme pouvait satisfaire. Parallèlement, l’essor de la science donna naissance à la pensée scientiste (c) ; la rencontre de ces éléments étant à l’origine du « racisme scientifique », parfois appelé racialisme ou raciologie. C’est ainsi que d'éminents scientifiques du XIXe siècle apportèrent régulièrement de nouvelles "preuves" de la supériorité de l’ « homme blanc » sur l’« homme noir » : mesures de la taille du crâne, de la position du trou occipital, du prognathisme et de l'angle du front, voire de la distance entre le nombril et le sexe... Le Noir étant toujours placé tout en bas de l'échelle de classification des "races humaines". Parfois relégué au rang de sous-espèce, voire classé comme une autre espèce de primate ou singe dont la position évolutive serait intermédiaire entre l' "Homme blanc" (aussi appelé Caucasien) et le chimpanzé.

Au début du XXe siècle, les mesures corporelles (biométrie anthropologique) perdirent partie de leur prestige. Mais un nouvel outil de mesure allait permettre de justifier les mêmes convictions raciales : les tests de quotient intellectuel (QI) inventés par le français Albert Binet, qui n'avaient originellement pas de propos discriminant ni même biométrique.
Lorsque les Américains adoptent les tests de QI, ils remarqueront vite que les populations économiquement défavorisées avaient moyennement de moins bons résultats que les populations mieux loties. La conclusion de nombreux chercheurs américains fut sans appel : les capacités intellectuelles des populations défavorisées sont génétiquement inférieures. Et comme le statut social des "Noirs" américains était moyennement plus bas que celui des populations et communautés de "Blancs", cette interprétation des tests de QI servit à entretenir les préjugés raciaux.
Cependant qu'en Europe, le national-socialisme préparait l'apogée de la biométrie, du racisme et de l'eugénisme, aboutissant en Holocauste; la seconde moitié du XXe siècle vit les mouvements des droits civiques remporter un succès croissant aux États-Unis. Mais des scientifiques tels qu’Arthur Jensen continuèrent à clamer que "les Noirs étaient intellectuellement inférieurs en raison de leurs gènes, tests de QI à l’appui". Cela servit d’argument « scientifique » à ceux qui voulaient maintenir les politiques ségrégationnistes.

Si les lois ségrégationnistes furent finalement abolies aux USA, une forme endémique et récurrente de ségrégation sociale, raciale et communautaire, y persiste toujours, qui n'est pas exclusive aux USA : certaines couches sociales, certains quartiers, communautés, et tranches de population - surtout les plus pauvres et socio-économiquement défavorisés - sont très majoritairement habités par les maintenant dénommés Afro-américains ou autres origines géographiques; tandis que les plus beaux quartiers ont une majorité de résidents de souche européenne. Toujours la persistance d'inégalités sociales entre les différentes populations et souches, toujours des traces de discriminations entre les diverses populations.
Mais pour expliquer ces inégalités sociales, nous l’avons souligné, c'est l'alibi du déterminisme biologique qui fut utilisé dès le début du XXe siècle sous couvert de scientificité et l'aberrante logique "s’il existe une inégalité sociale entre les Blancs et les Noirs, cela prouverait l’existence d’une inégalité biologique". Beaucoup de personnes, dont des scientifiques, eurent et ont encore recours à ce déterminisme génétique - frère/parent de préjugés et d'une causalité arbitrairement énoncée - pour expliquer voire justifier la plus grande pauvreté des populations défavorisées.


... aux justifications des inégalités du XXIe siècle ¬
C
ela nous ramène au racisme, à savoir ce besoin quasi obsessionnel de diviser la population mondiale en races bien distinctes qu'il faudrait préserver du métissage, souvent vu comme dégénérescent ou destructeur. Pour illustrer ce courant nourri de préjugés, il faut encore une fois se retourner vers les tenants du racisme « scientifique » moderne, dont le psychologue canadien John Philippe Rushton est un cas d’école : Universitaire et l’un des principaux apôtres du racisme « scientifique », pour Rushton les races existent et sont inégales en termes de capacités intellectuelles. Il serait selon lui "important d’éviter que trop de Noirs émigrent en Occident, car ils affaibliraient génétiquement les sociétés occidentales où se répandraient alors les gènes conférant une moindre intelligence que ceux originaires d’Europe ou d’Asie du Nord Est" (*).
(*) Nota bene: sur le même schéma, des affirmations similaires sont proposées - toujours par des racialistes niant l'aspect économique et socioculturel -, au sujet de la plus forte criminalité statistique de certains groupes humains par rapport à d'autres. Criminalité "expliquée " selon eux par l'hérédité, comme de bien entendu...

Quid des infrastructures éducatives différentes selon les quartiers, régions et communautés ethniques, dans ces études et affirmations ? Rien. Quid des différences de revenus dans ces propositions ? Rien. D'accès aux soins, de santé publique ? Rien. Rien.
Si la caractéristique de Francis Galton fut de réduire les faits sociaux à des faits biologiques, l'acquis à l'inné - " La caractéristique de Galton est de ramener, dans un véritable acte de foi, les problèmes sociaux à de simples problèmes biologiques et de mésestimer ainsi les aspects culturels et psychologiques de la vie humaine. Cette attitude se fonde sur sa méfiance envers la sphère du spirituel et sa croyance que les phénomènes à l'oeuvre dans les sociétés humaines ont forcément une origine héréditaire ou biologique, l'environnement ne pouvant engendrer, selon lui, que des causes accidentelles, sans régularité"
(1) - , la caractéristique de ces gourous modernes de la "psychométrie comparative inter races" est bien de ne pas s'éloigner d'un iota des méthodes et schémas de pensée de leurs célèbres prédécesseurs eugénistes. Notamment aussi du tristement célèbre Joseph Arthur de Gobineau, qui dans son ouvrage « De L’Inégalité Des Races Humaines » (1853-1855), proposa à son tour ces mêmes visions racistes et décadentes de la société.

Des thèses et raisonnements qui sont toujours répandus et largement diffusés, encore plus rapidement véhiculés aujourd’hui grâce notamment à Internet. Mais sur quels éléments se basent ces idées; et ont-elles réellement une base scientifique solide ? Examinons les arguments des racistes « scientifiques » modernes.

 

QI et Races humaines, biais statistiques et biais culturels

Pour les tenants modernes du racisme « scientifique », les différences de moyenne de QI entre les groupes sont un moyen efficace de déterminer l’intelligence innée moyenne des groupes en question. Bien évidemment, les groupes dont ils calculent les différences de QI sont ceux que l’on définit habituellement pour décrire différentes « races » à savoir les Noirs, les Blancs, les Jaunes, etc. Plus précisément, selon la tradition et particularisme anglo-saxons, il s'agit parfois de divisions en Blancs, Noirs, Jaunes, Hispaniques, Juifs...

En 1994 fut publié un livre nommé « The Bell Curve » dans lequel les auteurs (Richard Herrnstein et Charles Murray) comparaient notamment le QI moyen des "Noirs et des Blancs". Le plus haut QI de ces derniers était, selon les auteurs, en partie dû à un avantage génétique des Blancs sur les Noirs en matière d’intelligence. Pour défendre ce point de vue pour le moins contestable, Richard Herrnstein et Charles Murray affirmaient qu’il n’y avait pas de biais statistique dans les mesures de QI, et qu’un haut QI augmente réellement les chances de réussir en société....

Pourtant ce livre fut loin de convaincre la majorité des scientifiques : il n’apportait entre autres aucun élément de preuve génétique expliquant, même en partie, la différence moyenne de résultats aux tests de QI constatée entre les Blancs et les Noirs américains. Une des premières personnes à avoir critiqué avec virulence « The Bell Curve » fut le célèbre paléontologue Stephen Jay Gould, qui dans son ouvrage « La Mal-Mesure De L’Homme » dénonça et pointa, arguments et démonstrations développées à l'appui, la faiblesse des comparaisons de résultats au test QI entre les groupes, donnant notamment l’exemple suivant :
"
L'héritabilité de la taille est beaucoup plus importante que celle du QI. Supposons que la taille moyenne soit de 1,56 mètre et l'héritabilité de 0,9 (valeur réaliste) dans un groupe d'agriculteurs indiens sous-alimentés. Une forte valeur de l'héritabilité signifie simplement que les petits fermiers auront des enfants de petite taille et les grands des enfants de grande taille. Elle ne s'oppose pas à ce que la moyenne de cette population indienne s'élève jusqu'à 1,80 mètre (au-dessus de la taille moyenne de la population américaine blanche), grâce à une nourriture adaptée. Elle prédit seulement que les fermiers plus petits que la moyenne (peut-être mesureraient-ils alors 1,75 mètre) continueraient d'avoir des enfants plus petits que la moyenne de leur groupe." (2)

J S Gould revint également sur une étrange confusion concernant l’absence de biais statistiques des tests de QI :
"Pour ce qui concerne le second point avancé par Mickey Kaus, celui de « biais social » imposé aux tests, la position de « The Bell Curve » est similaire à celle d'Arthur Jensen et d'autres héréditaristes, et consiste à entretenir la confusion entre la notion technique (parfaitement légitime) de « biais statistiques » et celle de « biais social », entièrement différente et vernaculaire, qui est celle à laquelle on se réfère dans les débats destinés au grand public. Tous ces auteurs jurent leurs grands Dieux (et je suis complètement d'accord avec eux) que les tests de QI ne comportent pas de biais statistique. Cela veut dire que les individus appartenant à différent groupes ethniques qui ont obtenu la même note de QI, auront la même probabilité d'accomplir toutes les choses que le QI est censé prédire." (2)

J S Gould ne remet pas en cause la valeur prédictive du QI. Il ne prétend pas que les tests de QI soient statistiquement biaisés. Il explique en revanche qu’il existe des biais sociaux qui influencent le QI moyen des populations. Si celles-ci évoluent dans des environnements sensiblement différents, cela peut se traduire par des différences de QI moyens entre les différentes populations.

A la question de savoir ce qui peut influer le QI, il suffit de citer un psychologue bien connu, James Robert Flynn. Ce dernier a démontré qu’en trente ans seulement, le QI des pays occidentaux a augmenté de façon considérable (3). Cette variation est bien sûr due à des évolutions sociales importantes. Dès lors que l’on réalise que le QI peut varier à ce point lorsque l’environnement social change, comment peut-on sérieusement affirmer que les différences de QI entre des groupes évoluant dans des environnements sociaux sensiblement différents soient d’origine génétique ?
A ces éléments, les tenants du racisme « scientifique » n’ont rien à répondre par manque de preuve et d'éléments que les différences intergroupes en matière de QI soient héréditaires. Souvent, ils usent alors d'un discours trompeur et tendancieux, citant des études qui leur donneraient raison. Mais il suffit de consulter un peu attentivement ces études pour s’apercevoir qu’elles ne réfutent nullement les arguments s’opposant à leurs idées de différences génétiques de QI entre les groupes.

Encore une fois, il est clair que des différences et de performances et de prédispositions intellectuelles existent entre individus - le contraire serait bien surprenant. La subtilité étant ici de bien comprendre qu' "évaluer différentes performances interindividus" n'est pas à amalgamer avec une prétendue "quantification des différences héréditaires d'intelligence moyenne intergroupes, "mesurées" par des résultats aux tests du QI.." Ce sont deux réflexions très différentes. La seconde parsemée de prémisses et énoncés arbitraires, sans aucun fondement scientifique.

Qu'est-ce que l'héritabilité ?
« L’héritabilité est une statistique estimant le degré d’influence probable des facteurs génétiques pour un phénotype donné, dans une population donnée. Par exemple, 1 % de la population générale est atteint de schizophrénie. Mais prenons une population de 100 personnes, ayant toutes un frère, une sœur voire un faux jumeau déjà diagnostiqué comme schizophrène : dans ce cas, environ 17 développeront également la maladie. Prenons à présent 100 autres personnes dont le vrai jumeau, cette fois, est schizophrène. Environ 48 seront frappées à leur tour. On dit que l’héritabilité est de 48 % pour la schizophrénie, c’est-à-dire que les facteurs génétiques sont prépondérants dans 48 % des cas de la population évaluée, à environnement semblable.
Les frères, sœurs et faux jumeaux ont à peu près 50 % de gènes en commun, tandis que les vrais jumeaux sont génétiquement identiques. Par conséquent, plus le patrimoine génétique est proche de celui d’un malade, plus le risque de développer la schizophrénie est important : l’héritabilité augmente avec la proximité génétique. L’héritabilité, valable pour une population, n’a pas de sens pour un individu seul : une héritabilité de 20 % pour un comportement (dans une population) ne signifie donc aucunement qu’il soit transmis à 20 % par les parents (pour un individu). De même, si l’héritabilité est de 60 % pour le QI, cela n’entraîne pas que l’intelligence soit à 60 % héréditaire. L’héritabilité n’explique donc pas comment, dans quelles proportions, avec quelle probabilité, avec quels gènes un caractère se développe dans un organisme. Enfin, elle constitue paradoxalement un excellent argument en faveur du rôle de l’environnement. Car si la génétique suffisait à tout expliquer, le risque d’être atteint, pour un vrai jumeau schizophrène dont le frère ou la sœur est malade, serait de 100 %, tous deux portant les mêmes gènes. »
Jean-François Marmion

 

... évolution divergente du cerveau, intelligences et adaptation à d'autres milieux ¬
L
’idée que les différentes populations humaines ont dû forcément diverger en matière d’intelligence et de comportements [héréditaires] - si elle n'est pas loufoque en soi - est le fruit d’un raisonnement simpliste ignorant aussi bien la complexité entourant la notion floue d’intelligence, que la complexité des comportements humains et de l’évolution biologique :

À chaque comportement son gène ?
« Un gène agit à un niveau élémentaire bien éloigné de la complexité d’un comportement. Il programme en effet la fabrication d’une ou plusieurs protéines. Celles-ci sont à la base du développement et du fonctionnement de nos cellules, qui composent elles-mêmes nos tissus et organes, grâce auxquels nous évoluons dans notre environnement…
De plus, il n’y a pas de correspondance terme à terme entre gènes et phénotypes. Un gène peut coder des protéines intervenant dans plusieurs phénotypes, de même qu’un phénotype peut résulter de plusieurs gènes : on connaît par exemple, chez la souris, un gène lié aussi bien à l’agressivité qu’à la formation de l’émail dentaire. Certains gènes agissent différemment suivant leurs interactions avec d’autres gènes, leur environnement cellulaire, leur localisation dans l’organisme. Ils ne s’expriment parfois qu’à certaines périodes de la vie (à la puberté) ou de la journée (pendant le sommeil). Ajoutons à cela que certains auront un effet différent selon qu’ils sont transmis par le père ou la mère, et il apparaît évident que leur action est probabiliste, et non déterministe. Les hasards combinatoires sont tels qu’il est illusoire de tenter de prédire le comportement d’un individu à partir de son génotype ou de celui de ses parents.
Par conséquent, inutile de rechercher le gène de la fidélité ou de la compassion ! Dans les années 1960, on croyait la criminalité induite par un chromosome Y surnuméraire. Plus tard, on la décrivait liée à une configuration particulière du chromosome X, visible chez les enfants atteints du syndrome de l’X fragile, et dont l’excitabilité aurait auguré des comportements délinquants. En 1993, on annonçait la découverte du gène de l’homosexualité.
Ces proclamations tonitruantes sont considérées aujourd’hui comme autant de modèles à ne pas suivre. » (4)

C'est tout aussi vrai pour l’intelligence humaine, qui est extrêmement "malléable" et succube du vécu contingent, du passif, de l'effort investi; mais dont la compréhension est bien mal cadrée scientifiquement. C’est même très probablement cette malléabilité qui a permis à notre espèce de si bien s’adapter à des environnements très différents. De plus, l’intelligence n'a guère de sens au singulier : elle est plutôt un vaste ensemble de différentes capacités intellectuelles interactives. Comment alors quantifier objectivement celle-ci à partir d’un seul nombre (le QI) , résultat d'une simple division, et affirmer que "les populations ayant développé leurs capacités différemment que d’autres sont plus ou moins intelligentes les unes des autres de par leurs gènes ?" Si les sciences et l'esprit scientifique, c'est avant tout user de méthode, de rigueur et d'objectivité, on en est loin avec les raccourcis des racialistes...

Quant à l’évolution biologique de ces capacités au sein des différents groupes humains, pourquoi aurait-il fallu qu’elles divergent de façon conséquente durant ces environ 60 000 dernières années (d), comme ce fut le cas avec la couleur de la peau ? La structure de l’oreille interne aurait-elle divergé au sein des différentes populations de chasseurs ? La structure du cerveau aurait-elle divergé ?
Le cerveau en particulier a cette caractéristique unique, la plasticité cérébrale (e) , lui permettant de se remodeler en quelque sorte au fur et à mesure des besoins : des informations et émotions, de la nécessité d'enregistrer des données, d'acquérir et d'apprendre des gestes et des connaissances. Remodelage qui fait l'individu, qui construit l'homme et le suit tout au long de sa vie : plasticité structurelle héritée, lui laissant les possibilités de renforcer certains circuits en acquérant de nouvelles aptitudes. Mais ces acquis, résultats spectaculaires de cette "auto-organisation" adaptative ne seront pas transmis génétiquement à la descendance : nos enfants devront tous réapprendre à lire, à parler, à marcher, à jouer du violon, etc. Ils devront donc se construire et s'éduquer entièrement, grâce à leurs préaptitudes biologiques leur facilitant l'acquisition, mais ne pourront se passer entre autres de leurs parents qui leur transmettront la matière première... L’évolution de certaines particularités biologiques d’un organisme n’implique pas que d’autres particularités biologiques aient évolué de façon conséquente ni de la même manière. Surtout lorsqu’il d’agit de capacités biologiques complexes qui nécessiteraient d’importants changements de « mécanismes et structure biologique » qui les engendrent, ce qui est très probablement le cas des différentes capacités formant cette aptitude plurielle, ni définie ni stigmatisée objectivement, que l’on appelle communément l’intelligence...
Les quelques rares "enfants sauvages" qui ont été découverts, des enfants ayant passé toute leur enfance isolés des humains et d'une vie sociale avaient tous un retard mental qu'ils ne rattrapèrent pas une fois "éduqués" ou "sociabilisés", du moins revenus en contact avec la civilisation humaine. Ce qui démontre l'extrême importance de l'apprentissage, sociabilisation et du langage - appris donc acquis - pour le développement intellectuel.

 

Objection : Des études démontrent que le QI est en grande partie héréditaire, notamment parce qu'il est corrélé à la taille du cerveau et avec le développement de certaines parties du cerveau. Il a été déterminé que ce développement est héréditaire.

Il est essentiel de rappeler que ces études insistent avant tout sur l’importance de la structure du cerveau et du développement de celui-ci en matière d’influence sur l'intellect (pas nécessairement sur le QI). enfin, il existe également des études démontrant la très grande importance du développement embryonnaire ultérieur du cerveau (les événements de la vie de la mère durant sa grossesse ont une influence maintenant démontrée sur le développement intra-utérin du futur bébé), et donc des diverses anomalies et/ou facultés intellectuelles. Facultés intellectuelles au sens large, dont les test du QI ne sont pas une mesure - ni biologique ni physique.

Mais surtout, les études auxquelles les tenants du racisme « scientifique » se réfèrent (généralement des études mettant en corrélation QI/taille du cerveau, QI/développement de certaines parties du cerveau, et hérédité des particularités cérébrales ainsi corrélées au QI) ne concernent pas les différences entre des groupes évoluant dans des environnements très différents. Et pour cause : aucune de ces études n’est parvenue à démontrer que les différences de QI par exemple entre les "Noirs et les Blancs", soient d’origine génétique. Ces études n’ont fait que mettre en avant des corrélations démontrant l’importance de l’hérédité sur le développement du cerveau et certaines prétendues aptitudes et/ou performances intellectuelles. Elles ne démontrent nullement que ces dernières ne peuvent pas énormément varier si l’environnement change, ni même que le développement ne peut pas être considérablement influencé par l’environnement (voir l’Effet Flynn et l’exemple de S J Gould, cités plus haut, sur l’hérédité et la comparaison de la taille moyenne de deux groupes évoluant dans des environnements sensiblement différents).

Pour en terminer avec cette objection, il est très important d'insister sur le fait que corrélation n'est pas lien de causalité. Une corrélation est la quantification entre deux valeurs, un fort coefficient de corrélation s'expliquant par une troisième variable non mesurée dont dépendent les deux autres. Une corrélation peut ainsi induire une relation de cause à effet mais pas nécessairement; en aucun cas un ou des liens de causalité ne se déduisent par une corrélation : la corrélation entre deux variables peut être attribuable à une relation fortuite, commune, ou à une causalité, et non pas une causalité attribuable à une corrélation.

Causalités héréditaires attribuées abusivement à des corrélations.
Les causalités attribuées à des corrélations entre "QI, volume cérébral et différentes populations" sont la Bible et le principal produit d'appel du racisme scientifique. Or celles-ci ne tiennent que sur des corrélations fortuites auxquelles ils attribuent une causalité. Décryptons une tirade de ces fameuses corrélations :

A) Volume cérébral corrélé aux populations [Noires/Blanches]
B)
QI corrélé aux populations [Noires/Blanches]
Transposé abusivement en liens de causalité par les racialistes, cela donne :
C)
Plus faible QI dû au volume cérébral moindre des populations [Noires/Blanches]... !

La double tromperie du point C est d'inventer des causalités héréditaires de plus faible QI ainsi que des liens de cause à effet entre deux corrélations indépendantes, par leur mise en parallèle. Des corrélations qui ne comportaient aucun élément d'hérédité ni indice de causalité entre elles. Par un autre exemple similaire où un objet est remplacé par un autre (le QI remplacé par "pointure des pieds"), on comprendra plus facilement cette tromperie méthodologique du point C :

A') Volume cérébral corrélé aux populations [Noires/Blanches]
B')
Pointure des pieds corrélée aux populations [Noires/Blanches]
Transposé abusivement en liens de causalité selon le même schéma, cela donne :
C')
Plus faible pointure des pieds due au volume cérébral moindre des populations [Noires/Blanches].... !

C'est strictement la même erreur intellectuelle et méthodologique qui a servi dans les exemples verts et bleus pour proposer en C et en C' des causalités factices !

 

Objection : Bruce Lahn, généticien que l’on ne peut pas qualifier de raciste, a démontré que les Africains, contrairement aux Européens et aux Asiatiques, ne sont pas pour la grande majorité dotés d’une particularité génétique conférant une plus grande intelligence à celui qui la porte.

Cette objection n’en est pas une. Bruce Lahn n’ayant pas apporté la moindre preuve à son affirmation, elle n’était qu’une superbe spéculation et interprétation orientée, basée sur pas grand chose. Mieux, il fut démontré par la suite que la spéculation de Bruce Lahn était fausse. Les particularités génétiques auxquelles Lahn attribuait des vertus en matière de taille du cerveau et d’intelligence ne se sont pas avérées avoir le rôle déterminant qu’il affirmait. Lahn s’était trop avancé et les tenants du racisme « scientifique » ne peuvent que déchanter :
"Surfant sur la même cécité idéologique, un auteur américain [Bruce Lahn, ndlr] pouvait ainsi publier en 2005, dans la prestigieuse revue Science, que des modifications survenues au niveau de deux gènes il y a 30000, puis 5000 ans, avaient sans doute augmenté les capacités intellectuelles d’ Homo sapiens... Ces innovations « heureuses » étaient présentes chez 85 % des personnes d’origine européenne et asiatique et chez seulement 10 % des Africains et Afro-américains noirs. Ces résultats venant à l’appui des pires stéréotypes du racisme scientifique, apparaissaient d’emblée d’une incroyable faiblesse à tout lecteur impartial. Ils furent néanmoins commentés et loués par la grande presse du monde entier, avant d’être définitivement démentis par de très nombreuses équipes"
(5).

1re réfutation scientifique de la thèse de Bruce Lahn, publiée sur Human Molecular Genetics :
http://hmg.oxfordjournals.org/cgi/content/abstract/ddl487v1s

2me réfutation de la thèse de Bruce Lahn, publiée elle aussi sur Human Molecular Genetics :
http://hmg.oxfordjournals.org/cgi/content/full/15/12/2025

 

Races humaines et études interraciales « scientifiques » ?

Les chercheurs incriminés et accusés ici de « racisme scientifique » sont le plus souvent psychologues de formation. Toutes leurs études, toutes leurs interprétations et toutes leurs déductions, ont pour point commun la segmentation de l'espèce humaine en agrégats qu'ils appellent races. Division par groupes raciaux, soit les "Noirs", les "Blancs (ou Caucasiens)", les "Orientaux", les "Amérindiens", les "Hispaniques", et quelques autres selon les besoins. Parfois même l'ensemble Hispanique inclut tous les amérindiens, ou autres variantes... Classifications en races - ensembles d'individus regroupés selon leur couleur et apparence moyenne ou origine/parenté supposées - sont pour ces "scientifiques" de la pycho/biométrie, la matière première pour leurs études. Analyses statistiques "scientifiques" de différences de QI moyen ou de caractères inter races, mais races qui jamais ne sont justifiées ni étayées scientifiquement ! Réparons cette grave lacune à leur place...

Toutes les données démontrent que l'être humain est une espèce animale comme les autres, par ses nombreuses homologies (similitudes héritées) avec les lignées les plus apparentées, ses caractères ancestraux partagés avec d'autres moins proches, mais du même taxon, et notamment aussi par ses quelques caractéristiques propres la distinguant des autres. Ce sont les marques indélébiles, parfois transformées ou même résiduelles de l'évolution, démontrant origines communes, diversification et spéciation, auxquelles les sciences doivent appliquer les mêmes critères et accorder la même importance qu'aux autres espèces. Les classifications de la diversité des populations humaines doivent être effectuées libres de préjugés culturels, avec la même approche et les mêmes méthodes que si l'on étudiait des félins, des oiseaux, ou des algues marines.

Races de chiensEn termes biologiques, lorsque l'on ne se résoud pas à accepter l'amalgame réunissant toute subdivision sous un même terme faussement synonyme, une race est une variété obtenue par sélection et croisements endogames, afin de conserver les caractères désirés (b). Les éleveurs ont donc fixé certains caractères morphologiques et comportementaux par des croisements consanguins successifs, qui les rendront aussi "homozygotes" que possible, en excluant de la lignée domestique les variantes non opportunes (= sélection et croisements). C'est ce procédé qui a permis de créer les différentes races de chiens, chats, chevaux, les variétés de pommes de terre, etc. A force de sélection et croisements endogames, les variétés de rats de laboratoire sont pour ainsi dire des quasi clones, tellement ils sont similaires au sein de leur propre variété... Une race est ainsi obtenue artificiellement, par "main d'homme", et ses caractères sont ensuite maintenus par un isolement génétique du reste de l'espèce souche, tout aussi artificiellement.
A
insi, rien que par la bonne compréhension du concept de races, on peut déjà affirmer qu' il n'existe pas plus de races humaines qu'il n'existe de races de corneilles américaines, de lions d'Afrique ni de dauphins des anciens. Puisque notre espèce ne se reproduit pas de cette manière sélective et consanguine, typique à l'élevage, et qu'aucun isolement génétique n'est fonctionnel entre populations humaines ; le concept de races est donc à réserver à ces variétés d'espèces domestiques bien connues, qui toutes ont (ou ont eu) une souche sauvage d'où elles furent créées artificiellement.

Comme nous venons de voir, malgré ce que nous dit le "bon sens" fortement orienté et dominé par le visuel, le concept de races n'est pas valable scientifiquement pour expliquer ni modéliser la situation de l'espèce humaine. Si celle-ci est, ou résulte, de "mouvements" (mouvements ici : dérives et flux génétiques, par brassages migratoires, contacts géographiques, etc,) d'un ensemble de populations ou ethnies parfois très isolées, c'est un continuum sans frontières absolue de nature inter groupes mais plutôt de nature culturelle - avec son succédané de différences moyennes, présence/absence moyenne de Z ou Y gènes/caractères inter populations, inter villes, et inter familles. Ce qui n'existe pas dans notre espèce sont l'isolement génétique et les modalités reproductives (ou volonté) permettant d'obtenir certains caractères en en éliminant d'autres, qui aboutit à des résultats tels que celui des races canines. Il n'existe par conséquent pas de résultante comparable aux races, toutes issues des modalités et méthodes qui ne sont pas coutumières dans notre espèce. Pas plus de volonté de préservation/obtention de « races pures » par sélection... Normalement ! Mais cette intention existe néanmoins, comme une aspiration endémique qui devrait rappeler de très mauvais souvenirs historiques lorsqu'elle déborde de l'élevage sélectif domestique.

 

Objection : Il existe des sous-espèces chez les animaux, c'est reconnu par tous les scientifiques. Si des sous-espèces existent chez les animaux à l'état sauvage, pourquoi des races (sous-espèces) n'existeraient-elles pas aussi chez les humains ?

Cette objection joue notamment sur la confusion entre deux sens du mot "races", bien différents l'un de l'autre : "races" est souvent utilisé pour désigner des sous-espèces, voire des espèces, particulièrement chez les anglo-saxons. Or même en acceptant une synonymie « races = sous-espèces », cette objection n'en serait pas une : l' Homo sapiens, tout comme le rat surmulot (Rattus norvegicus) ou la mouche domestique (Musca domestica) répandus eux aussi sur quasiment toute la terre, n'ont pas de sous-espèces connues.
Néanmoins, nous récusons cette synonymie entre races et sous-espèces, car ces deux termes différents correspondent à deux concepts différents - subtilement nuancés, - mais dont l'importance est déterminante. Dans les paragraphes au-dessus, nous avons déjà expliqué ce que race signifie. Récapitulons, et comparons maintenant races à sous-espèces :

Races: Variétés de l'espèce souche au pool génétique restreint, issues de procédés de sélections artificielles*croisements endogames successifs*isolement reproductif artificiel strict avec la souche naturelle et les autres variétés.
Résultante: tendances vers 1:1 d'homozygotie et 1:1 de proximité génétique interindividus.

Sous-espèces: Variétés géographiques de l'espèce (toujours interfécondes), issues de relatif isolement génétique (souvent géographique)*conditions environnementales/évolutives favorisant l'apparition de caractères distinctifs intergroupes.
Résultante: tendance hypothétique vers la spéciation (non accomplie), avec conservation de polymorphie génétique dans le groupe.

Ainsi, selon ces différentes définitions, très précises, écartant la polysémie du mot "races", les lions d'Asie et les lions d'Afrique sont des sous-espèces du Lion (Panthera leo) et non des races de lion. Bien d'autres espèces animales ont des variétés géographiques actuellement considérées comme sous-espèces, mais peu d'entre elles ont des races (issues de procédés d'élevage) : les différentes variétés de chiens sont, toujours selon ces définitions cadrant bien les différents concepts, des races de chien. Le chien étant, lui, la variété domestique de Canis lupus. Idem pour le rat noir et ses différentes races de laboratoire : elles ne sont pas des sous-espèces en tant que « pool génétique différent des autres », mais bien des races, en tant que "pool génétique restreint", résultant de l'exclusion des caractères indésirables et des autres procédés de reproduction endogame.
Ajoutons que plus que le concept lui-même, le statut de "sous-espèces" est à son tour souvent sujet à subjectivité, polémiques et mauvaises interprétations. Certaines sous-espèces traditionnellement considérées comme telles, parfois depuis le temps de Linné, gagneraient dans bien des cas à être qualifiées de « variétés géographiques » ou parfois même de « populations nicheuses », au cas par cas. Bien des sous-espèces disparaîtront de la taxinomie lorsque des analyses génétiques fines seront effectuées.

 

Il n'existe aucun gène (ni caractère du phénotype) commun et exclusif à un groupe d'individus ¬
L'inadéquation des classifications raciales de notre espèce est corroborée par notre biologie en général et les données de la génétique en particulier, ainsi "Toute tentative de classification en races humaines est soit impossible, soit totalement arbitraire" (6).
Si nous traçons sur une mappemonde la distribution d'un certain nombre de caractéristiques (pigmentation cutanée, fréquence des groupes sanguins, tolérance au lactose par ex.) nous observerons que chacune a une distribution propre et qu'aucun ne corrobore l'autre lorsque plusieurs caractères sont considérés et comparés : le flux génétique entre populations humaines étant très élevé, si nous cherchions à diviser l'humanité en groupes clairement différenciés nous n'arriverions qu'à créer des milliers de races, voire une race par individu... Cette problématique concerne moins les races de chiens par exemple (dont le pedigree est un des outils d'isolement génétique, du moins permettant de suivre une généalogie jusqu'à 4 générations), puisqu'un individu croisé (ou bâtard), ou ne présentant pas les caractéristiques type d'une race, n'en fera tout simplement pas partie. On considérera alors que ce n'est pas un chien de race...

La situation morphologique et génétique de l'espèce humaine - à force de croisements et métissages intergroupes géographiquement proches, et à force de vagues de migrations - est une polymorphie assez remarquable, mais reflet d'homogénéité génétique : l'espèce humaine est une mosaïque combinatoire où chaque individu est le représentant d'une combinaison différente, toujours différent de la moyenne (si cela était possible d'établir une valeur) de fréquence allélique de la population où il vit, de la "race" supposée à laquelle il appartiendrait. Chaque individu humain étant grosso modo une combinaison propre ne représentant pas les caractéristiques prêtées à "sa race", l'individu fait donc éclater les divisions raciales : à titre d'exemple chiffré, un individu "Julien" serait à 5 % ci, à 12 % cela, à 2 % ceci, un autre individu "Marc" serait à 16 % ci, etc. Le "etc." étant tellement vaste - l'ensemble des allèles/caractères, soit des millions de données - qu'une catégorisation d'appartenance raciale en devient simplement absurde, ou alors un nuage de probabilités et d'approximations arbitraires. Cette notion d'appartenance - qui induit un cloisonnement hermétique obligatoire - induit simultanément l'éclatement du concept racial et son inapplication, par la mosaïque combinatoire que présente l'individu : la race humaine n'est pas une entité biologique.

Combinaisons

Prenons 2 populations A et B dont on représente graphiquement les variations de quelques caractères.

Pour population A
gène Z, fréquence des caractères z1 = 30 %, z2 = 50 %, et z3 = 20 %
gène V, fréquence des caractères v1 = 5 %, v2 = 25 %, et v3 = 70 %

Pour population B
gène Z : z1 = 20 %, z2 = 30 %, et z3 = 50 %
gène V : v1 = 70 %, v2= 25 %, et v3 = 5 %

Oublions maintenant les fréquences dans les groupes et tentons de trouver des individus de la population A et de B, qui aient le couple de caractères "z2 et v2" :
1.
Il y en a ! Il existe en effet statistiquement 12,5 % d'individus dans la population A et 7,5 % d'individus dans la population B qui sous les deux critères/caractères considérés sont strictement identiques ! Ni ces 12,5 % de A ni ces 7,5 % de B ne peuvent, d'après leurs combinaisons, être assignés à A plutôt qu'à B, mais aux deux populations A ou B... et c'est d'ailleurs le cas pour chaque combinaison quelle qu'elle soit. Seules les fréquences varieront.
2. Prenons maintenant quelques couples mixtes entre population A et B qui font des enfants. Y aura-t-il la possibilité des combinaisons z2 - v2 ? Bien entendu !
3. Et maintenant quelques couples non mixtes de la population A qui font des enfants. Y aura-t-il des combinaisons z2 - v2 ? Aussi !
4. Idem avec des descendants de couples de la population B. C'est statistiquement quantifiable pour ces 4 situations.

Les combinaisons de A et B, les descendants de tous ceux-ci (2, 3 et 4) auront toutes les combinaisons possibles de gène/caractère Z et V, sous différentes fréquences. Dont certains individus issus de la population A comme B, d'autres issus de couples A et B , qui seront "z2 - v2" quelle que soit leur origine. Idem pour n'importe quelle variation. Au vu de ces combinaisons identiques retrouvées partout, certains individus issus de métissage et d'autres pas, à quelle "race" appartiennent-ils ?? Aucun n'appartient à 100 % à un groupe : les individus appartiennent à une combinaison de ces ensembles !

Un exemple concret par la couleur de la peau - reflet des origines comme tout trait physique hérité -, mais donné par de nombreux facteurs ajoutés; et qui est surtout un résultat évolutif par la sélection de préadaptations : obscurcissement progressif de la peau selon la latitude (hormis le bronzage, qui quant à lui est une adaptation) au fur et à mesure que les populations s’éloignent des pôles (f). Déterminer l'appartenance catégorique à une race selon la couleur de la peau d'un individu est une double ineptie : la couleur de la peau - si cruciale et déterminante pour les thèses et divisions raciales -, est aussi la meilleure réfutation de leurs catégorisations simplistes. Tout autour de la planète, quel que soit le continent et les origines des populations, elles ont toutes subi de notables variations de pigmentation.
Idem lorsque l'on tente d'organiser l'espèce humaine sous d'autres caractères, comme les groupes sanguins ou facteur rhésus : s'ils sont bien des groupes et sous-groupes sanguins et bien évidemment un critère naturel héréditaire, le problème est le même que pour tout autre critère, comme le profil du menton, la forme ou présence/absence des lobes d'oreilles, etc.. On retrouvera chaque groupe sanguin dans chaque population humaine, dans des proportions variables : un kenyan de Nairobi peut parfaitement être de type A+ tout comme un londonien; alors qu'un autre kenyan de la même ville et du même quartier (et de sa propre famille !) peut être d'un autre groupe sanguin... Selon ce critère (groupe A+), le kenyan de Nairobi appartient au même groupe naturel que le londonien.
Moins amusant, on se confronte à l'inadéquation des divisions raciales lorsqu'on est en liste d'attente de greffe d'organes : hormis dans sa propre famille, on n'a pas plus de chances de trouver un donneur compatible venant de sa propre région que d'une autre partie du monde.

 

L'examen génétique des populations humaines démontre l'unicité, en mosaïque combinatoire, d'Homo sapiens sapiens, sans aucune sous-espèce actuelle ¬
La génétique des populations humaines fournit des résultats surprenants. D'un côté les études les plus récentes démontrent que l'être humain a une moindre diversité génétique que bien d'autres espèces (l'ADN de deux humains diffère d'une paire de bases sur 1000, tandis que ce serait de l'ordre de 1/500 chez le chimpanzé) et d'autre part, que la plupart de changements se trouvent entre deux individus, n'importe lesquels, de n'importe quelle origine "La proportion moyenne de différences de nucléotides entre deux humains choisis au hasard est systématiquement estimée entre 1/1000 et 1/1500. Cette proportion est basse, comparée avec beaucoup d'autres espèces, des drosophiles aux chimpanzés".
(7)
Ce casse-tête s'explique en partie par les vagues migratoires et un flux génétique constant. Comme déjà dit et répété, cela n'exclut pas l'existence d'un certain nombre de différences génétiques (et morphologiques) inter populations, des différences de fréquences, qui ont d'ailleurs été utilisées pour reconstruire l'arbre phylogénétique-migratoire des populations humaines. Arbres à ne pas mésinterpréter, d'une part comme reflets graphiques de (l'existe des) races humaines, ni d'autre part comme d'une phylogénie au sens strict : ces arbres sont construits à partir d'échantillonnages d'individus et de fréquences - de présence ou absence - de caractéristiques déterminées (échantillonnage ici aussi) : les résultats sont alors le reflet d'un mix entre migrations et proximité paléogéographique, rassemblements en agrégats ethniques bio-culturels, et leur cascade de flux et recombinaisons génétiques.

A) Arbre simplifié des populations humaines, sous une présentation classique par clades. Cet arbre est la synthèse d'une analyse génétique de 120 allèles polymorphes, parmi 42 populations. Il présente les relations de parenté/proximité entre populations. (L. Cavalli-Sforza et A. Piazza, 1988). Cet arbre n'est donc pas faux, il est scientifiquement correct puisqu'il représente les relations et distances moyennes qu'il lui est demandé de représenter sur les critères considérés.
B) Sur la base du même arbre ont été ajoutés (en rouge) une partie grossièrement esquissée des grands échanges de migrants entre populations. Plus complet, cet arbre comble graphiquement la lacune de l'arbre A, à savoir qu'il ne consiste plus en une simple fission de populations, valable pour représenter les relations entre taxons avec barrière reproductive accomplie mais peu démonstratif de la complexité de la généalogie des populations humaines - toutes interfécondes et le fruit d'échanges continus.
C) Toujours le même arbre mais encore plus complet et raffiné : on y superpose d'autres métissages interpopulations et flux génétiques.

On pourrait continuer avec un graphique D, puis E, etc. augmentant le réalisme et opacifiant encore plus la représentation... Mais l'idée et tendance se dégagent déjà dans le graphique C: "L'évolution des groupes humains peut être comparée aux bras d'un fleuve qui se séparent et se recombinent de nombreuses fois" (8). Qu'est-ce qu'un Péruvien de Lima ? Le résultat d'une de ces recombinaisons de multiples bras : amérindien inca + sénégalais + espagnol de Séville ? Mais qu'est-ce qu'un espagnol de Séville ? Le résultat d'autres recombinaisons wisigoths, ibères, berbères, etc. Le natif de Lima est avant tout lui-même, une combinaison unique issue d'un puzzle de caractères...

S'ils sont utiles pour tenter de reconstituer les grandes lignes de l'histoire de notre espèce, les arbres de l'humanité ne montrent pas l'absence/présence de caractères déterminant une population, mais les mouvements et proximité relatives, bio-culturelles et géographiques de populations - par la fréquence de ceux considérés entre populations. Conséquence : "Lorsque le nombre de populations étudiées et que l'échantillonnage d'individus considérés dans chaque population est augmenté, on observe alors que seul existe un gradient de variation entre les extrêmes géographiques". (9). D'autre part, ces tentatives de reconstitution phylogénique sont toujours victimes d'un certain passif culturel et de préconceptions du chercheur lui-même (!) qui s'immiscent à plusieurs niveaux, tant dans la méthodologie que dans l'interprétation de l'étude. On ne peut totamenet se débarrasser de ces intrusions à l'intérieur d'une espèce : l'hérédité biologique est quantitative et fractionnée, alors que les classements - même en populations très réduites - sont qualitatifs. Les catégorisations tranchées de l'esprit humain ne se concilient pas avec les gradients combinatoires biologiques naturels : "Chaque individu est génétiquement unique et présente une combinaison originale de caractères physiques et génétiques. On peut donc dire qu’il y a actuellement 7 milliards de races, ce qui ne sert pas à grand chose. Sinon, il est très facile de constituer des systèmes de races en donnant de l’importance à certains caractères et en oubliant les autres. Mais les multiples tentatives en ce sens montrent que la diversité humaine est telle que l’on obtient ainsi des classifications très différentes selon le choix des caractères utilisés. On peut retenir que la diversité génétique humaine varie de manière continue, d’une population à l’autre, principalement en fonction de la géographie, de l’histoire des peuplements et des conditions écologiques de leurs lieux de résidence passés et actuels. Ce que l’on appelait types raciaux autrefois ne constitue que les extrémités idéalisées d’une variation continue. Au sens scientifique, il n’y a donc pas de races chez les humains, bien que beaucoup de caractères varient d’un individu à l’autre. La situation est différente dans d’autres espèces où des populations ont été séparées pendant longtemps et a sans doute été différente chez les humains fossiles. Les Néandertaliens constituaient au moins une race et peut-être même une espèce différente." (10)

Les fréquences génétiques mesurent la proportion d'une variante génétique sur le total de variabilité présente dans une population. Pour cette raison, les fréquences génétiques peuvent être appréhendées comme la probabilité qu'un individu ait une variante génétique selon son origine ethnique-géographique. La génétique des populations humaines peut alors être d'une aide certaine à la médecine et au diagnostic comme catalogue de facteurs de risque par exemple - certaines maladies génétiques sont plus fréquentes chez certaines populations. Toujours en gardant bien en tête qu'il s'agit de fréquences et probabilités pour des populations, on en déduit facilement que rien ne remplace les cartographies familiales et encore moins un éventuel profil génétique du patient.

A B C D E F

Légende

A ) Schéma simplifié des migrations/diversification des populations humaines.
B) et C). Ont ici été ajoutés, par des points de différentes couleurs, les résultantes des recombinaison/redistribution moyenne des allèles/individus, suite à ces mouvements de populations (flux, migrations, séparations, recombinaisons, etc.) donnant des couleurs moyennes plus accusées aux extrêmes - de flux continus allant dans différents sens - qui ont bien entendu été très grossièrement illustrés.
Chaque petit groupe de points dans ce graphique peut représenter à l'envi une famille, une tribu, ou un individu avec son pool génétique. De (A) à (C), ce sont donc des graphiques représentant les gros traits de l'histoire puis de la situation de l'Humanité (C) en agrégats divers, à partir de leur passé (A) à un temps et localisation donnés.

D) A partir de ce schéma, commence la racialisation des agrégats, c-à-dire la transformation mentale de l'humanité et de ses combinaisons et populations en des groupes ordonnés, avec leur part d'artificiel et d'arbitraire. Dès le schéma D, la scientificité de l'étude phylogéographique est transformée et aliénée.
E) Les regroupements sont ici encore plus grossiers, et à F). On superpose simplement des types raciaux idéalisés (en couleurs) et encore plus grossièrement symbolisés (en N/B) selon les 3 à 5 anciennes divisions traditionnelles. Ces regroupements en races sont - on tente du moins de l'illustrer graphiquement ici - un concept inadéquat, un contresens, et aurtout un plombage pour comprendre l'histoire de notre espèce et de sa diversité actuelle.

A remarquer dans cette approche graphique : pour sa fabrication grâce à un logiciel de traitement d'images assez simple, les schémas D, E, et F ont été recomposés par une texturisation en mosaïque où les valeurs des pixels sont calculées et assemblés en carrelages de valeur moyenne. On se rend compte ici de l'extraordinaire analogie entre la manière dont le logiciel calcule la moyenne de différentes colorations d'une zone d'image pour en faire un pavé uniforme avec une seule couleur moyenne, et la manière dont les humains font mentalement des regroupements avec part d'artificiel et d'arbitraire d'individus et/ou de petits agrégats populationnels (ensemble d'allèles/individus ou petites populations/agrégats) , pour assigner ces individus à un plus grand groupe donné. Photoshop assigne donc des pixels de différentes couleurs à un pavé de couleur moyenne calculée (D et E), et notre cerveau fait à peu près pareil, nous invitant à oublier la réalité (A à C) de ce qui se passe sous cette apparence "raciale" : les extrémités d'une variation biogéographique continue, transformés en races idéalisées ou divisions raciales.

 

 

Objection : Il existe maintenant des cartographies des maladies selon les races humaines, comme par exemple la maladie de Tay-Sachs, qui est très répandue chez les Juifs Ashkénazes.

Cette affirmation est le typique tissu d'approximations et de contrevérités où des éléments d'hérédité élémentaire sont déguisés en démonstration raciale.
Cette grave maladie génétique dite de Tay-Sachs, est autosomique récessive, et se développera chez les enfants homozygotes pour le gène incriminé. Les porteurs d'un seul allèle n'en sont pas affectés. Les Juifs Ashkénazes sont une communauté religieuse dont les membres sont d'origines diverses mais qui, par la coutume religieuse de mariages intra communautaires (des communautés souvent de petits effectifs), ont considérablement augmenté l'homozygotie du gène mutant. La fréquence habituelle de porteurs du gène est de 1/250, alors qu'elle est moyennement dix fois plus élevée dans les communautés ashkénazes. D'autres maladies génétiques récessives sont à leur tour plus répandues dans des petites populations ou communautés pratiquant le mariage intra communautaire que chez les autres. Rien de moins étonnant, puisqu'il s'agit d'une prédiction élémentaire d'hérédité mendélienne.
Il s'agit donc encore ici de fréquence dans les populations et non pas de "caractéristiques d'une race humaine" : cette fréquence très élevée de porteurs, et par conséquent des individus exprimant la maladie, se retrouve d'ailleurs chez d'autres populations tels que les Canadiens français et les Cajuns de Louisiane... Ajoutons que puisque cet allèle récessif est répandu - sous des fréquences diverses - dans toutes les populations, cela démontre autant l'aspect combinatoire des populations humaines que l'inanité de l'objection transférée en "démonstration raciale".

 

Objection finale : Stephen Jay Gould était, comme Albert Jacquard et bien d'autres, un de ces culturalistes gauchistes défenseurs de la pensée unique et du "politiquement correct". Il était lui-même scientiste puisqu’il se réfèrait à la science pour justifier ses vues idéologiques et sociales. Il avait un agenda politique, ce qu’il disait est biaisé et orienté.

Cette affirmation n'est qu’une classique et récurrente attaque ad hominem dépourvue de toute argumentation sur la problématique du déterminisme biologique et du racisme rattaché à ce dernier. Stephen Jay Gould n’a jamais nié ses préférences politiques et idéologiques ; il les a toujours admises et a affirmé être conscient qu’elles ont influencé ses travaux et même motivé l’écriture de son livre « La Mal-Mesure De L’Homme ». Mais il estime ne s’être pas fourvoyé pour autant, car les scientifiques sont eux aussi des hommes avec leurs préférences et avec leurs motivations qui influent inéluctablement leur travail.
Il est préférable qu’un scientifique admette dès le départ que ses préférences influent voire motivent son travail et qu’il prenne alors toutes les précautions nécessaires pour que ni préférences ni motivations ne faussent les résultats de ce travail. On ne peut guère reprocher à Gould d’avoir eu une attitude malhonnête ou déplorable dans ses travaux ; ceux-ci peuvent bien sûr être soumis à la critique, mais les préférences idéologiques de leur auteur ne sont pas un motif valable de réfutation.
Par ailleurs, S J Gould était un scientifique, pas un scientiste : il a toujours insisté sur le fait que même si les population humaines s’avéraient moyennement franchement inégales face à ci ou à cela, on ne doit pas s'en servir comme prétexte à des inégalités sociales ni à des discriminations. Et corrélativement aussi au niveau de l'individu, où les différences ne sont plus des moyennes sur un échantillon de critères, rien ne saurait justifier des inégalités de traitement dans une société civilisée.
Il ne prétendait pas plus être le détenteur de la Vérité avec un grand « V ». Il savait que la science pourrait peut être un jour lui donner tort (ce qui jusqu’ici n’a pas été le cas) concernant les prétendues différences héréditaires interpopulations en matière de capacité intellectuelle et comportements, affirmations qu'il refusait et réfuta, et c’est également pour cela qu’il a toujours affirmé que les choix moraux ne doivent pas se baser sur les découvertes scientifiques :
"Ce serait un raisonnement extrêmement pauvre et une stratégie pire encore, d’utiliser ce simple énoncé des faits de la biologie humaine pour appuyer une doctrine morale ou politique concernant l’égalité des chances ou des droits. Il se peut en effet que des conclusions fondées sur l’observation auxquelles nous sommes parvenus soient un jour remises en cause – comme c’est souvent le cas en science. Nous nous verrions alors obligés de justifier préjugés et apartheid (et peut être même pour notre propre perte, car qui sait qui se retrouverait au bas de l’échelle). Je ne suis pas philosophe de l’éthique. Mais je peux seulement considérer l’égalité des chances comme un droit inaliénable, universel et sans rapport avec le statut biologique des individus." (11)

 

Conclusion provisoire ... ¬
Certaines personnalités défendant avec acharnement le concept de races humaines ne sont pas idéologues ni racistes pour un sou, y adhérant malgré leur notoire incapacité à pouvoir l'expliciter ni le justifier avec clarté : elles y adhèrent par les mêmes sempiternels mauvais raisonnements et les mêmes amalgames examinés dans cette page, dont le fumeux "races = n'importe quelle subdivision". Leurs discours et raisonnements sont parfois difficiles à déconstruire vu la polysémie entretenue du terme "race", dont le sens véhiculaire est versatile et variable selon les langues mais aussi, parfois, par la conviction primordiale et fondatrice que les gens niant la pertinence scientifique du concept de races humaines, seraient en fait des idéologues égalitaristes, aveuglés par leur bien pensance... Si certains le sont, que peut bien signifier "égalité biologique" et "égalitaristes" dans une société qui maîtrise et pratique les transfusions sanguines ? Mystère.
L'égalitarisme biologique, si souvent invoqué en guise d'objection définitive, n'a pas plus de sens que l'inégalitarisme : Ce sont avant tout les droits, les lois, qui font l'égalité (et l'inégalité à combattre) entre les humains. Du moment qu'aucun individu n'est biologiquement identique à un autre ; que nul ne nie l'existence de différences génétiques et morphologiques entre les individus ; ni les différences moyennes entre n'importe quel regroupement d'humains - la question n'est tout simplement pas là. Objecter le présupposé de leur "idéologie égalitariste" à ceux réfutant le concept de races biologiques divisant l'Homo sapiens, est une mise au vestiaire de la réflexion et compréhension mais aussi une insertion d'idéologie par des gens se défendant de toute immersion idéologique dans les sciences...

Comme nous l'avons vu dans cette page faisant un modeste tour de la question sous différentes vectorielles : Ni les données du racialisme/racisme « scientifique » n’ont de base scientifique solide ; ni les divisions de notre espèce en "races" n'a de sens ni utilité biologique et scientifique ; ni les récurrentes propositions d'organisation de la société relatives à leurs données, n'ont de justification autre que des aspirations et idéaux personnels. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’incursions idéologiques dans le domaine scientifique. Ces incursions sont particulièrement dommageables et dangereuses : ce sont des idéologies rac(ial)istes et discriminatoires, politisées, le plus souvent ultra-libérales et parfois ouvertement eugénistes, qui cherchent aujourd’hui à regagner aussi bien en crédibilité politique qu’en légitimité scientifique. D'aucuns appellent "la nouvelle droite" ce mouvement néo-conservateur.

 

Hans, Rafael Terrón,
collaboration de Thomas Zartregu et Mouette

 

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Quelques réflexions et objections de sommités :

http://www.snes.edu/observ/spip/IMG/pdf_Racisme_-_Tort.pdf

PATRICK TORT
(extrait d’un entretien publié en 1998)
UNE ARGUMENTATION EFFICACE CONTRE LE RACISME
(Schéma d’une démonstration)

Question : Existe-t-il plusieurs « races » humaines ? Quelle est la pertinence de ce concept et quelle peut être aujourd’hui l’argumentation efficace contre le racisme ?

PATRICK TORT : Même s’il est entendu que dans le mouvement de l’évolution, les divisions classificatoires n’ont qu’une valeur temporaire et technique, il y a encore un sens naturaliste à dire qu’il y a une seule espèce humaine, et que cette espèce, comme à peu près toutes les espèces biologiques, comprend des variétés. Dans la tradition naturaliste, « race » est un synonyme de « variété ». Aucun naturaliste sérieux n’ira prétendre qu’il n’y a pas de variétés (de « races ») dans l’espèce humaine. Or depuis une vingtaine d’années, une mode, fortement soutenue par une opinion humaniste-progressiste en quête de certitudes faciles et répétables, a imposé l’idée que les races, en dépit de l’évidence visible, n’existeraient pas, eu égard à des déterminants cachés révélés par la génétique biochimique et l’analyse des échantillons sanguins. Et que, en conséquence, le racisme serait une sottise réfutée par la biologie. Cette idée, puissamment vulgarisée, a constitué l’argumentaire d’un antiracisme accordé au réductionnisme biologique dominant, et porté par quelques personnalités médiatiquement agréées (Albert Jacquard, André Langaney, etc.) dont la culture épistémologique n’était sans doute pas à la hauteur de l’excellence affichée de leurs intentions. On a ainsi fondé toute l’argumentation antiraciste sur l’affirmation qu’il est absurde d’être raciste puisque les races n’existent pas.

La conséquence logique de cette argumentation est qu’elle se retourne immédiatement contre la cause qu’elle prétend servir : si d’aventure les races existent, alors on peut être raciste sans être forcément un sot. Or il n’y a vraiment aucune raison sérieuse pour en démentir l’existence (même si le mélange a fait son oeuvre depuis des temps immémoriaux, ce qui condamne absolument toute idée de « pureté »), et le choix artificiel de micro-critères hémotypologiques ou génétiques n’est qu’un artifice classificatoire qui ne saurait effacer la réalité des différences morpho-anatomiques, voire physiologiques héritables (il y en a, telle la présence ou l’absence de lactase intestinale suivant les populations humaines) qui persistent à se manifester entre les variétés qui composent la mosaïque de l’espèce. Ceux qui ont défendu comme une réfutation scientifique sophistiquée et d’avant-garde cette version de l’antiracisme fondée sur un déni parfaitement suspect en tant que tel, ont non seulement engagé l’opinion publique progressiste sur une voie désastreuse (celle d’une « idéologie progressiste dominante » dont il faudra creuser le concept), mais permis tous les succès à venir de la propagande des extrêmes-droites racistes, qui n’a plus qu’à affirmer brutalement la réalité biologique des races (qui est un fait « visible », accessible au « bon sens ») pour autoriser le racisme. En outre, cette argumentation oublie que le racisme s’adresse à des individus entiers - c’est-à-dire à des organismes complets, à des phénotypes (biologiques et culturels) -, et non à des caractères biochimiques relevant d’un niveau d’intégration inférieur (et du reste « invisibles »).

J’ai appris de Darwin (qui était, contrairement à ce que prétend une tapageuse ignorance, vigoureusement opposé au racisme, et qui était bien placé pour savoir que ce qui est condamnable dans cette idéologie, c’est, à la base, l’idée fixiste d’une permanence héritée de l’origine et porteuse d’une destinée identitaire) quelle peut être l’argumentation juste et efficace - car une argumentation fausse ne peut être efficace que momentanément, au risque d’apparaître ensuite comme une tromperie - contre cette « pragmatique des pulsions » (autre concept à creuser) qui constitue le discours-action du racisme.

Dans l’anthropologie de Darwin, la sélection naturelle sélectionne les instincts sociaux, qui engendrent au sein de l’humanité l’épanouissement des sentiments moraux, et en particulier celui d’une « sympathie » altruiste et solidaire dont les deux principaux effets sont la protection des faibles et la reconnaissance indéfiniment extensible de l’autre comme semblable. Ce mouvement, corrélé à celui du développement de la rationalité, caractérise le progrès de la civilisation, au sein de laquelle l’éducation et la morale ont supplanté la sélection naturelle. Un « civilisé » qui traiterait un homme d’une autre race ou culture comme un animal domestique ou comme un inférieur-né régresserait donc vers la barbarie.

Il y a là de quoi faire réfléchir l’extrême-droite, si jamais elle en est capable. Et de quoi convaincre les antiracistes « médiatiquement agréés » qu’au lieu de nier l’existence et la réalité évolutive des races, il eût été, pour eux comme pour elles, plus honorable et plus utile de les reconnaître et de les aimer.

Patrick Tort

 

Réponses et commentaires de rationalisme.org, au texte de Patrick Tort ¬ :

Réponse de Hans :
L'affirmation qu'il n'y a pas de races humaines est souvent mal comprise et décriée, à mon avis pour deux raisons principales :
1. Il existe des différences phénotypiques visibles interindividus, intergroupes ethniques et interpopulations.
2. Certains bien pensants ont en effet abusivement utilisé l'absence de races humaines comme argument contre le racisme en général; d'autres ont en effet dit que le racisme est con, simplement parce qu'il n'y a pas de races humaines, ce d'une manière si simpliste que cela pouvait laisser sous-entendre que si il y en avait, le racisme serait intelligent...

L'inexistence des races au sein de l'espèce humaine, telle que nous la soulignons dans cette page se situe sur le plan scientifique, biologique et taxinomique. Nous ne nions pas l'existence de variations génétiques et phénotypiques, ce serait effectivement stupide, mais nous nions que ces différences permettent de définir des "races", telles que nous l'entendons pour les races domestiques, aux modalités particulières. Quelles seraient concrètement les "races" en question ?!
Le problème est que Patrick Tort semble mettre en équivalence le terme races avec l'existence de variétés (entendons par là par l'existence de variabilité ou polymporphie) au sein de l'espèce humaine. Confusion assez commune à l'époque de Darwin, mais néanmoins fausse. Car le fait qu'il y ait de la variabilité au sein d'une espèce, d'une population, ou interpopulations d'une même espèce, ne suffit pas à la diviser objectivement en différents groupes biologique ni en races. La division risque d'être arbitraire et, paradoxalement, de ne pas donner une image correcte de la variabilité et de sa répartition au sein de l'espèce étudiée. C'est le cas lorsque l'on tente de diviser l'espèce humaine en "races".

Pour le comprendre, prenons l'exemple d'une division en race communément admise au sein de l'espèce humaine - à savoir "Race Noire, Race Blanche et Race Jaune" Pareille division fausse totalement la diversité réelle et la répartition réelle de la diversité au sein de l'espèce humaine, et j'ai bien dit totalement. Ceux qu'on appelle "Race Noire" par exemple, même en se limitant aux seuls subsahariens, est constitué de populations très diverses entre elles. En fait, certaines populations ou individus subsahariens peuvent même - selon la tranche de critères considérés - être plus proches génétiquement et phénotypiquement d'autres population dites "Blanches", "Moyen-orientales", que d'autres populations dites Noires elles aussi !
Beaucoup d'adeptes du classement de l'espèce humaine en races l'avaient bien compris, il multiplièrent alors le nombre de races au sein de l'espèce humaine en allant jusqu'à en définir plusieurs dizaines voir même plusieurs centaines : les classements se contredisant les uns les autres et rendant d'autant moins appréhendable la diversité réelle existant au sein de l'espèce humaine.

Aujourd'hui, nous le savons, la diversité de notre espèce, vague reflet de notre histoire palogéographique et évolution passée, se répartit de manière floue notamment de part les flux génétiques et recombinaisons, géographiquement disparate et, contrairement aux races d'élevage comme le chien, avec une diversité en mosaïque combinatoire, majoritairement située intragroupe, avec des ascendances géographiques plurielles dont on retrouve les traces dans le génomes d'individus sensés appartenir pleinement à une race supposée. Nous voyons qu'en fait la division en "races" pour l'espèce humaine est inutile, illusoire, et n'apporte rien d'autre que confusions et fausse représentation de la diversité phylogénétique de l'espèce humaine.

Quelles races ces jeunes femmes ? En êtes-vous sûr ?

Et donc, objectivement, nous ne pouvons qu'oublier toute idée de classement de l'espèce humaine en races. Mais attention, cela ne constitue pas un argument contre les racismes. Le racisme ne se base pas sur des réalités objectives et scientifiques pour se justifier et exister, mais plutôt sur des préjugés, sur des éléments contingents et locaux constitués en généralités, sur des propagandes idéologiques et politiques, ainsi que sur certains aspects particulièrement bas de notre Nature Humaine !
Le racisme est un travers malheureusement endémique qui, souvent, tente de se justifier par les sciences. Et c'est ce point-là que nous avons traité dans cette page consacrée au "Racisme Scientifique". Comme précisé en prologue sur cette même page, il ne s'agit pas de la réfutation du ou des racismes."

Hans

 

 

Réponse de Rafael :
Monsieur Patrick Tort, vous dites : "Dans la tradition naturaliste, « race » est un synonyme de « variété ». Aucun naturaliste sérieux n’ira prétendre qu’il n’y a pas de variétés (de « races ») dans l’espèce humaine. On ne saurait comprendre en vertu de quel privilège contraire à la loi de diversification l’espèce humaine, répandue sur toute la surface de la Terre, serait à peu près la seule à n’en pas comporter. "

Je suis bien navré Monsieur Tort, mais tradition [naturaliste] et sciences ne font pas bon ménage. Navré encore, car "variétés" est un terme généraliste et indéfini, pouvant faire référence aux variétés de n'importe quel taxon, allant jusqu'à l'individu... Si race est pour vous synonyme de variété, vu qu'un individu est lui aussi une variété unique de l'humain, il est donc une race unique lui aussi avec sa propre combinaison allélique, unique, qui le distingue de tout autre (excepté peut-être d'un éventuel jumeau monozygote...). En poussant votre réflexion traditionaliste, nous serions alors 7 milliards de races : la mienne, la vôtre, celle de vos amis respectifs, celles de chacun de nos enfants, etc. Bref, les divisions sous amalgame se mordent la queue ad eternam et ne peuvent pas s'en sortir.
Si démontrer que le concept de races ne s'applique pas à une espèce n'ayant jamais subi de procédés d'élevage domestique (ce par des critères bien précis sur les modalités et conséquences de l'élevage domestique et sélection artificielle) mais subissant au contraire un flux génétique interpopulations plutôt continu, bien que variable et discontinu par le passé, ajouté à une assez récente origine chez un groupe fondateur très restreint (quelques milliers d'individus il y a environ 70 000 ans) comme c'est le cas de notre espèce, ne va pas certainement pas supprimer le racisme sur terre - ce qui est exact - ; persévérer dans l'amalgame frisant l'illettrisme scientifique ne va pas non plus contribuerà réduire le racisme. A la limite, on pourrait dire que la fabrication artificielle des races humaines participe plus au racisme que l'inverse.

Quelle race ce jeune homme ?

Jusqu'à aujourd'hui, encore personne n'a réussi à encadrer précisément le moindre groupe d'objets, - les individus, composés à leur tour d'allèles recombinés - allèles ou caractères qui existent dans chaque population en des % variables. C'est mathématiquement impossible de faire des groupes distincts qui ne soient pas artificiels : ils seront tous des regroupements sous critères choisis, avec leur part d'arbitraire obligatoire. Regroupements et arbitraire, tel que je l'entends ici, est un concept proscrit en taxinomie. Ces recombinaisons/redistribution d'allèles faisant de chaque groupe un ensemble d'individus aux combinaisons moyennes et auxquelles aucun individu ne correspond ; cela donne à chaque individu sur terre une appartenance à chaque groupe de part sa combinaison allélique unique, par proportions quantifiées en %, pour chaque critère considéré !
C'est une loi mathématique élémentaire, qui était valable à l'époque d'Albert Jacquard, et qui sera valable dans 2000 ans. Ça ne changera jamais. Les Jacquard, Lewontin et Co avaient raison il y a 20 ans, et ce n'est pas demain la veille qu'ils auront tort. Ne vous en déplaise Patrick Tort, qui aviez
pondu cette merveille de pamphlet il y a déjà une bonne dizaine d'années.

On ne l'a pas ainsi formulé dans cette page de synthèse, mais on peut le faire à travers cette réponse : la race n'est qu'une conception psychogénérique, formulée en groupe défini seulement sur les résultats d'organismes croisés desquels on exclut les caractère non désirés. Lorsque ce concept race est posé sur, ou est tenté de s'appliquer à la situation d'Homo sapiens, de Rattus norvegicus ou de Musca domestica p.e., ces groupes raciaux seront tous fracturés, justement par ces caractères portés par des individus que l'on ne peut en exclure. Car il est impératif, selon le principe de divisions raciales humaines, de faire appartenir tout le monde à une race ou une autre. Or si on peut en effet le faire pour les races domestiques de chiens en excluant un individu hors du canon [de son qualificatif] de race avec pedigree etc. => un chien qui sera déclaré bâtard en quelque sorte, et exclu de reproduction p.e. ; nous ne pourrions le faire pour l'homme car nous serions sinon tous des "bâtards". Si on appliquait ce principe d'exclusion selon X critères convenus pour les races domestiques, tous nos caractères étant justement susceptibles d'exclusion, chaque individu serait ainsi exclu de son groupe - par un ou de nombreux caractères. En fait, c'est la division en races qui éclate en pièces, car elle n'est pas ici division scientifique, pas plus que la "race des albinos".

Monsieur Patrick Tort, vous dites : "Et qu’en conséquence le racisme serait une sottise réfutée par la biologie. Cette idée, puissamment vulgarisée, a constitué le fonds de commerce de généreux antiracistes (Jacquard, Langaney, etc.) dont la culture épistémologique n’était sans doute pas à la hauteur de l’excellence affichée de leurs intentions. On a ainsi fondé toute l’argumentation antiraciste sur l’affirmation qu’il est absurde d’être raciste puisque les races n’existent pas. Insistons là-dessus : dans ce type d’argumentation, le racisme n’est pas scandaleux (ou s’il l’est, il l’est en plus et par ailleurs, mais on ne dit pas pourquoi) : il est bête."

La culture épistémologique de Jacquard ou Langaney, je n'en sais rien et je n'ai pas le goût aux supputations gratuites. En revanche, à lire vos propos ici, ajoutés à ce que je connais de vous à travers vos écrits (je vous lis car j'aime ce que vous faites), ça donne tout de même l'impression que la vôtre est un peu inondée de relation fusionnelle avec Charles Darwin, non ?
Votre interprétation qu' "il serait absurde d'être raciste car les races n'existent pas", n'est que votre interprétation toute personnelle de réflexions scientifiques d'autrui que, si vous les avez lues n'avez en aucune manière critiquées ici, ni réfutées, et pas même abordées - excepté par votre cocasse argument sur la tradition naturaliste. Argument que vous auriez mieux fait d'énoncer comme ordre ou raison d'état car - à la limite - il aurait été moins ridicule que lorsque par la suite vous essayez de le justifier par le raccourci "races = variétés".

Vous reprochez à Albert Jacquard et André Langaney de se laisser induire en erreur, de se laisser guider par leurs positions et leur bienpensance en quelque sorte.
Or à lire la vacuité de vos réflexions, on pourrait tout autant se dire que vous vous laissez guider par les vôtres; c à dire par cette construction mentale que la couleur de peau et les différences que vous percevez interindividus et interpopulations humaines, génèrent dans votre esprit : en fait, vous répétez ici que les races existent, vous basant sur l'évidence qu'elles existent car des différences existent entre humains... C'est sans doute cela que vous appelez "la tradition naturaliste" ?
Mais si on vous pose la question : Quelles races existent ? Combien ? Lesquelles ? Sous quels critères ? Je suis persuadé qu'une longue hésitation guidera elle aussi vos éventuelles réponses pour le moins balbutiantes... Là il n'y aura plus de tradition naturaliste, car vous n'oserez sans doute pas énoncer "les jaunes, les noirs et les blancs", n'est-ce pas ? Alors, 3 races ? 5 races ? 7 races ? 15 races ? 40 races ? 489 ? 490 avec les Basques ?

Puisque vous êtes un épistémologue mondialement reconnu en République française, vous devriez fort bien comprendre - c'est le minimum syndical - qu'en sciences biologiques, les objets et entités biologiques sont tous matériels. Comprendre que la taxinomie, généalogie, phylogénétique, traitent de groupes naturels et physiques, d'ascendants ou descendants ayant ou ayant eu une existence avérée, même si elle peut être formulée hypothétiquement (le cas des ancêtres communs p.e.), en probabilités (la quantification en % d'allèles zY) ou graphiquement (les nœuds dans les clades p.e.) car elles répondent à des règles précises. Et que d'une manière plus générale, lorsque l'on affirme que quelque chose de biologique existe, sans pouvoir ni le délimiter ni même le décrire, c'est en fait la démonstration que son existence est plus fantasmagorique ou rêvée, que physique. Si les groupes races humaines sont des entités scientifiques, des groupes naturels, et ne sont pas un regroupement ou assortiment artificiel, quelle difficulté y aurait-il à proposer la race des 6 jeunes femmes illustrées dans cette page ?

Plus en rapport avec notre sujet, si vous dites que les "races humaines existent", en vous basant sur l'évidence qu'elles existent, sans les énumérer ni les décrire, ni proposer quelques éléments de délimitation et description ayant un minimum de précision, c'est tout simplement un blablatage avéré. Epistémologiquement, je ne saurais pas vous dire comment cela s'appelle, mais au basket ça s'appelle "zéro panier". J'ai la sensation à vous lire (une donnée physiologique) que parmi les personnes ici citées, la plus succube de ses préjugés et victime de simplisme, n'est pas Jacquard ni Langaney.

Plus étonnant encore, vous dites : " La conséquence logique de cette argumentation est qu’elle se retourne immédiatement contre la cause qu’elle prétend servir : si les races existent, alors on peut être raciste sans être forcément un sot. Or il n’y a vraiment aucune raison valide pour en démentir l’existence (même si le mélange a fait son oeuvre depuis des temps immémoriaux), et le choix artificiel de micro-critères hémotypologiques ou génétiques n’est qu’un artifice classificatoire qui ne saurait effacer la réalité des différences morpho-anatomiques, voire physiologiques héritables (il y en a, telle la présence ou l’absence de lactase intestinale suivant les populations humaines) entre les variétés qui composent la mosaïque de l’espèce. "

Avant de démentir ou avaliser l'existence de "n" races humaines, il faudrait que l'on sache de quoi vous parlez, en quelle époque, et en les désignant clairement (puisque c'est si clair que cela à vos yeux....) . Je réitère donc (hormis les métissages, pour vous faciliter le travail) : Lesquelles ? Combien ? Qui en fait partie ? Où sont-elles localisées, et à quel moment de notre histoire ?

Vous parlez aussi de mosaïque de l'espèce, termes que j'approuve. Mais est-ce cela que vous appelez "races humaines" ?
Un déficit de lactase permettrait-il de définir les "races" lui aussi ? Carence, absence ou présence, selon les populations de l'espèce ? Ou selon les races ? Ne vous mélangez-vous pas un peu les pinceaux ?
La formule suivante "Selon les individus, à des prévalences diverses selon les échantillons de population", y avez-vous réfléchi ? Populations = race, aussi ?
Mais qu'est-ce qui n'est pas "race" pour vous ? Et pourquoi cette difficulté à les désigner ?

Je vous présente Celia : Elle a un déficit en lactase et je n'en ai pas. Il s'agit d'une de mes 2 soeurs. Au fait, à quelles races appartiennent ces 3 filles d'après vous ? En êtes-vous sûr ?

Monsieur Patrick Tort, vous dites aussi : " [...] Ce mouvement, corrélé à celui du développement de la rationalité et de l’organisation de la vie sociale, caractérise le progrès de la civilisation. Un « civilisé » qui traiterait un homme d’une autre race comme un animal domestique ou comme un inférieur ne régresserait donc vers la barbarie. Il y a là de quoi faire réfléchir l’extrême-droite, si elle en est encore capable. "

Très belle idée ! Je me joins à votre rêve. Ajoutons quelques lapins roses, un chat transparent, des reines de coeur rouges peintes en blanc, et l'extrême-droite - n'y voyant que du feu - peindra le reste du monde en jolies couleurs de l'arc-en-ciel aux courbes bien courbes. Ce sera l'avènement de l'extrême-courbe.

A quoi vous ajoutez : " Et de quoi convaincre les antiracistes de laboratoire qu’au lieu de nier l’existence des races, il eut été pour eux plus honorable, moins dangereux et plus utile de les reconnaître et de les aimer. "

C'est très aimable à vous de conclure en disant au monde entier ce qui est utile et moins dangereux, et ce qu'il devrait aimer. Permettez-moi tout de même de vous rappeler que l'idée de races humaines n'a pas été inutile à l'esclavage, ni à la ségrégation raciale, ni aux colonisations, ni aux discriminations sociales, raciales, ni aux grands théoriciens des races humaines, dont Adolph Hitler fut sans aucun doute un éminent épistémologue théoricien puisqu'il se basa sur l'évidence raciale et sur la tradition naturaliste, raciale et antisémite... En attendant qu'on me démontre l'existence scientifique des races humaines, avec si possible claire et nette délimitation, je patienterai avec un peu de matière sur les dégâts et la dangerosité, la vacuité aussi, de l'idée "d'inexistence biologique des races humaines"... Voyez-vous, non seulement votre argumentation dans ces deux sens est vide de matière, mais le mot race appliqué à l'humain est lourd de symboles et de mauvais souvenirs. Pourquoi vouloir le réhabiliter envers et contre tout bon sens - parce que certains idiots considèrent que nier l'existence de races humaines serait une manière de réduire le racisme ? C'est là tout votre raisonnement, dont je me permets ici de synthétiser l'argumentation : << 1. Les idéalistes niant l'existence des races humaines ont tort car les races existent. 2. Les races existent donc ils ont tort de se laisser aveugler par leur idéalisme. 3. Car si les races existent alors cette négation est inefficace. 4. Il vaut donc mieux reconnaître les races humaines et les aimer. >>
Y reconnaissez-vous un peu votre texte ? Moi je l'y reconnais - j'ai pourtant tenté d'éviter la caricature mais cela y ressemble tout de même ; et vous n'êtes pas le premier ni le seul à réfléchir ainsi. Un best seller sur le racisme (12) , propose à peu près la même réflexion dans un de ses chapitres, vectorisable comme argument corroborant l'existence des races humaines, qui est justement de proposer que les autres sont des idéalistes aveuglés, et bien mal inspirés. Réflexion amplement répétée par d'autres, et trop souvent formulée en insinuation que, "en vrai", les races humaines seraient une réalité. Ce que vous proposez ouvertement dans votre texte.
Mais où va-t-on avec ce genre de réflexions en ellipse M. Tort ?

Pour conclure, je vous propose à mon tour d'apprécier les différences individuelles, sans pour autant stigmatiser ni réduire des individus à un amour d'opérette de par leur soi-disant appartenance raciale supposée ou (pas mieux) par la sensation de regroupement que vous souffle leur couleur de peau ...
Non, je n'aime vraiment aucune race humaine monsieur Tort ; je ne les aime pas ni ne les déteste non plus. Je comprends bien que vous êtes rempli de bonnes intentions, mais vous en reprochez aux autres les leurs. Non, je ne suivrai pas vos conseils. Non seulement car ils sont nourris d'idéologie et/ou de stratégie, mais plus simplement car je ne les trouve pas de bon sens et, surtout, car la division de l'humanité par races (voir cette page dédiée au racisme scientifique pour plus de détails) n'a tout simplement aucun sens à mes yeux. Encore moins lorsqu'un impose un sentiment dessus.
Aucun sens pour moi que d'aimer les races, sauf peut-être esthétiquement lors d'expositions félines, en admirant ce que la sélection et fixation de caractères peut faire sur les chats. Mais sélection n'est pas synonyme de recombinaison. Combinaison de caractères qui, chez les femmes ci-dessus par exemple, sont extrêmement séduisantes. Chaque combinaison étant unique, je me passe fort bien du concept de race pour admirer leur beauté individuelle. Lesquelles de races ici, par ailleurs ?

Rafael Terrón

 

http://acces.inrp.fr/santo/pedagogie/entretiens/entretien-avec-guillaume-lecointre

ENTRETIEN AVEC GUILLAUME LECOINTRE (SYSTÉMATICIEN) (extrait)

Question posée à Guillaume Lecointre : Peut-on, en quelque sorte, enseigner la biodiversité de façon plus neutre ? Est-ce que l'on a intérêt et est-ce qu'on peut le faire facilement ?

GUILLAUME LECOINTRE : [...] Pour prendre un autre exemple, il relève de la biodiversité de ce qui relève également de la notion de race. Il est vrai que le mot « race » est tellement chargé sur le plan moral et politique qu'il est quasiment impossible d'en parler scientifiquement. Alors qu'en réalité, la question de la race en sciences n'est qu'une affaire de conventions de langage. Si l'on admet que l'homme, Homo sapiens sapiens, a une histoire à travers les âges et les continents, car comme toute espèce l'Homme a des trajets paléogéographiques et une histoire phylogéographique, des groupes ont dû, au cours de l'histoire, se distinguer sur le plan des gènes, sur le plan du physique, sur le plan de la langue. Aujourd'hui, les populations humaines se croisent à nouveau grâce à la multiplicité des moyens de transports existants. Donc, effectivement, nous pouvons dire que nous faisons tous partie d'une seule et même espèce. Mais que nous appelions les groupes paléogéographiques passés et encore identifiables aujourd’hui « groupes », « races », « ethnies », « entités » X, Y ou Z, l'historien, le préhistorien, le paléoanthropologue ou le généticien des populations humaines doivent pouvoir en parler. S'ils utilisent le mot « race », il y a une levée de boucliers. En fait, c'est parce que le mot race est chargé lourdement d'un sens moral et politique. Si on ne dissocie pas le champ moral et politique du champ scientifique, la science ne peut plus s’énoncer, ou, bien pire se fait dicter de l’extérieur, par le moral et le politique, ce qu'elle doit trouver sur le monde réel. Dès lors c'est une science corrompue. Car je vous rappelle qu'en science, ce qui motive les chercheurs, c'est d'abord un scepticisme initial sur les faits : ce que l’on démontre finalement n'était pas écrit, ni dans un texte sacré, ni dans un texte de loi, ni dans une injonction morale.

Certains pensent qu’il ne faut pas être raciste car « la science a démontré que les races n'existent pas ». Il n'y a pas pire raison à évoquer. Est-ce que ça voudrait dire que si la science disait que les races existent, alors il faudrait être raciste ? Les raisons pour lesquelles il ne faut pas être raciste, ce sont des raisons morales et politiques, essentiellement, ce ne sont pas des raisons scientifiques. En fait la science ne traite que de faits, elle n'a rien à dire sur le plan moral et politique.
Il y a donc nécessité, à mes yeux, et dans l'éducation en particulier, à différencier les discours moraux et politiques des discours sur les faits scientifiques. Comme les bonnes raisons de ne pas être raciste sont morales et politiques et non scientifiques, les bonnes raisons de protéger la biodiversité sont morales et politiques, elles ne sont pas scientifiques.

Guillaume Lecointre

 

Réponses et commentaires de rationalisme.org, au texte de Guillaume Lecointre ¬ :

Réponse de Rafael :
Monsieur Lecointre,
je suis conscient que l'extrait choisi est celui d'une interview n'ayant pas pour thème la division en races chez les espèces. Mais permettez-moi de m'en servir pour quelques réflexions.

Je suis en phase avec vous que les scientifiques doivent pouvoir parler de tout ce que l'on pourrait appeler des ensembles ou, plus précisément pour ce qui nous concerne ici, des ensembles phylogéographiques. En parler, car les sciences du vivant en particulier ne sont pas que des schémas, des graphiques, des chiffres et formules mathématiques, des données et observations brutes, mais aussi et surtout des explications et réflexions fortement verbalisées.
En parler certainement donc, mais en parler avec les termes les plus appropriés serait plus judicieux : Si un texte ou une personne montrait deux ensembles comprenant l'un un lézard et un dinosaure, l'autre un oiseau, et les dénommait "Ces 2 reptiles-là et cet oiseau", vous réagiriez sans aucun doute pour lui corriger ses erreurs n'est-il pas ? Vous la lui corrigeriez peut-être par des termes comme lépidosauriens, archosauriens, groupe paraphylétique, etc. Non ?
De même, si une homoplasie était indûment appelée synapomorphie lors d'une discussion, vous seriez en droit de réagir, car la nuance est scientifiquement très importante ici aussi, pour ce qui concerne la systématique phylogénétique. Non ?
Tout cela pour vous rappeler ce que vous n'ignorez pas : les termes ont une importance capitale en sciences ; les distinguer et les utiliser à bon escient, tout autant.

Vous dites plus haut : " Mais que nous appelions les groupes paléogéographiques passés et encore identifiables aujourd’hui « groupes », « races », « ethnies », « entités » X, Y ou Z, l'historien, le préhistorien, le paléoanthropologue ou le généticien des populations humaines doivent pouvoir en parler. "

Monsieur Lecointre, auriez-vous l'idée de désigner des chiens de la race Dobermann par le qualificatif d'ethnie ? "L'ethnie des chiens Dobermann ?". Par le qualificatif de "groupe paléogéographique" ? "Le groupe paléogéographique des chiens Dobermann" ?
"La population des Saint-Bernard" ? Mais où se trouve-t-elle ?
Non monsieur Lecointre, vous constatez facilement que ces termes ne sont pas appropriés ici. Et vous diriez comme tout le monde "la race des Dobermann", sous peine de risquer le plus grand ridicule scientifique. Et des ricanements tout ce qu'il y a de plus scientifiquement mérités.
Un bon éleveur canin ricanerait, un bon vétérinaire et un bon généticien ricaneraient, un bon contrôleur de bus ricanerait tout comme un bon médecin, et comme toute personne avec de bonnes connaissances en cette matière, sur les procédés de sélection et création de races domestiques.
Ils auraient tous raison de rire puisque la race Dobermann fut créée autour des années 1865 par Louis Dobermann à partir du croisement et sélection de caractères de Rottweiler, Pinscher et peut-être quelques autres.

Quelle est la pertinence d'amalgamer ici race et ethnie ? Race et groupe phylogéographique ?
S'il est vrai que les Rottweiler actuels descendent bien de leurs ancêtres du XIX s., en quoi est-ce que la race Rottweiler est le reflet de la phylo-paléogéographie ? En quoi est-ce utile de tout mélanger monsieur Lecointre ?
Mêmes questions, par d'autres exemples : quelle est la pertinence d'appeler ethnie ou groupe phylogéographique la race de souris blanches de laboratoire, issues de leur homozygotie à l'allèle exprimant leur forme d'albinisme ? Quelle est la pertinence d'appeler groupe phylogéographique ou ethnie plutôt que race, des souris dites RIII qui ont comme caractéristique bien connue leur prédisposition à développer le cancer vers la seizième semaine d'âge ?

Le terme race, comme vous le dites si bien, est très chargé moralement et politiquement lorsqu'on l'utilise pour l'espèce humaine, et je n'entre pas dans cette problématique puisque je suis en phase avec vous à ce sujet. Mais il n'y a pas que cela. Le fait est que le terme race désigne bien, scientifiquement parlant, un ensemble d'individus dont l'origine n'est pas plus paléo-phylogéographique que la nation ou population française...

Et c'est à cela que je veux vous rendre attentif : non pas à l'aspect ou intention militante, politique, du terme race, de sa non pertinence appliquée aux grands groupes humains (ou mieux dit regroupements), mais à la non pertinence et non synonymie scientifique de ce terme race avec les autres termes que vous réduisez en une ligne à des synonymes, d'un revers de main dédaigneux. Si population souche ou groupe phylogéographique reflète bien (grosso modo) origines géographiques et idée de divergences génétiques moyennes, voire grands groupes fondateurs ayant accusé des différences de par leur relatif isolement entre eux durant une bonne période de temps, mais avec flux migratoire rarement négligeable - ce que je ne nie pas une seconde - je tiens à vous rendre attentif au fait que des termes bien plus adéquats que race ou ethnie existent, pouvant être utilisés à bon escient en nuançant et en les modulant avec adresse et avec des données.
Actuellement on peut même distinguer, par des traceurs sur le chromosome Y, les nombreux apports mâles sur des groupes issus de quelques rares mères fondatrices, (à leur tour reconstitués par l'ADNmt). Ces nuances, distinguant même les genres ayant apporté leur grain de sel, ces avancées de la recherche généalogique et phylogénique, le terme race appliqué à l'homme les balaie comme une tornade.

La connotation historique raciste du terme races humaines, j'en suis tout comme vous bien conscient. Je suis tout aussi conscient que notre éthique ne doit pas influer ni guider ni dénaturer les données scientifiques. Et comme vous pouvez l'observer, je n'ai pas fait appel à la moindre moraline ni à la moindre idéologie pour récuser la validité biologique du terme races sur les regroupements phylogéographiques humains ni sur nos ascendances, mais uniquement en coordonnant mes idées, en évitant l'amalgame entre des termes non synonymes, et en usant de rigueur envers le sens biologique et scientifique des termes utilisés : si "races" s'applique fort bien aux résultantes de procédés de sélection et croisements endogames, comme p.e. pour les résultats obtenus chez les races domestiques, il ne reflète pas bien, n'est guère adéquat pour refléter les procédés d'isolement ethnique-géographique originels, ni les migrations ayant conduit aux résultantes en diversité et similitude inter humains, ayant donné les populations humaines (ou de bien d'autres espèces). Toutes les autres espèces n'étant pas elles-mêmes divisées en races non plus.
Laissons aux anglophones le soin de se dépêtrer avec le double sens de certains mots, mais ne suivons pas l'amalgame populaire qui, indistinctement, assimile race à ethnie, à population, à sous-espèce, etc. Pourquoi le faites-vous à votre tour ?

Malheureusement aussi, je le regrette, vous persévérez à "célébrer" l'argument unique, par la diabolisation des "Jacquard et compagnie" (vos propres termes *), que les gens niant la pertinence du terme race seraient tous des idéologues bien pensants aveuglés par leur antiracisme.
Le plus dommageable, est que votre argument récurrent (vous ne cessez de le réitérer, vous-même, Patrick Tort, et bien d'autres) n'en est pas un : quand bien même je ne doute pas que A. Jacquard, feu J.S. Gould, Lewontin, Luigi Luca, Axel Khan, André Langaney (pour ne citer que quelques-uns) ont des idées politiques (qui n'en a pas ?) ils sont aussi des scientifiques - certains d'entre eux des généticiens de premier ordre. Mais vous les soupçonnez tous, et in fine, les accusez sans détours de laisser s'immiscer le moral dans les sciences ?
Mais n'ont-ils pas avant tout apporté des éléments et réflexions scientifiques fortes ?
Je dirais que leurs réflexions, globalement, sont d'une force herculéenne face à vos soupçons et vos synonymisations de termes qui ne sont pas synonymes... Est-ce que pour autant, vos soupçons - exprimés et réitérés par d'autres -, cela valide l'existence de races humaines ? Invalide leurs réflexions ? Est-ce que cela rend le terme "race" aussi valable qu'un autre pour nommer le parcours paléogéographique (j'adore ce terme composite, je l'ai adopté sans procédures administratives), ayant abouti à la diversité interindividus et interpopulations des Homo sapiens actuels ?

Je ne suis pas aussi persuadé que vous de la validité logique et encore moins scientifique de votre réflexion ici. Je constate moi aussi (sinon, comment le saurais-je ?) que vous affichez ostensiblement votre position de libre penseur, d'athée et de bright. Cela ne me dérange en rien. Devrais-je soupçonner que votre travail en cladistique est détérioré par votre compréhension et vision, votre philosophie des causalités du monde ?
Je ne commettrais pas pareil amalgame à votre encontre. Non pas parce que je suis moi aussi un libre penseur et un incroyant, mais parce que je préfère le raisonnement clair et la rigueur intellectuelle à l'argument d'autorité, à l'amalgame et à la confusion de termes qui ont différents sens, même si la nuance peut être légère.

Une race (domestique), Monsieur Lecointre, est le résultat d'une décision donnant une variété aux caractères souhaités. Je ne relève ici qu'une de ses connotations sociales, la volonté humaine. Habituellement fabriquée donc par la volonté de l'Homme ; avec intention utilitaire voire esthétique, mais toujours arbitraire ; pour décider, choisir, exclure ou favoriser - tout aussi arbitrairement - quels caractères l'on veut considérer, préserver et fixer, et lesquels on ne veut pas considérer et/ou exclure. Ce par divers procédés bien connus, qui bien entendu sont eux aussi de la reproduction/sélection, c à dire le même principe que celui donnant la biodiversité actuelle chez les diploïdes, mais dont les résultantes en variabilité génétique intrarace et interraces ne sont pas "la même chose" que les groupes naturels donnant les sous-espèces naturelles, et in fine (parfois) des espèces différentes. Et encore moins une race domestique donnée ne se maintient de la même manière que les sous-espèces ni que les groupes fondateurs ni que les populations.
Ce que l'on peut faire avec un chien, le considérer bâtard ou l'exclure de la reproduction car un de ses caractères ne correspond pas à au type désiré, on ne le retrouve pas dans ce qui a donné naturellement la diversité de l'espèce humaine, ni d'ailleurs des autres espèces.
Les races de chiens sont bien délimitées (un outil comme le pedigree est efficace); au pire on en exclut un individu par décision de caractères exclusifs. Retrouve-t-on cette délimitation entre les populations d'Afrique subsaharienne orientale jusqu'au Golfe persique ? Pouvons-nous localiser et stigmatiser des races entre les populations partant du Portugal jusqu'au Japon ? Mais quels critères considérer dans ce continuum, qui n'est mieux illustré que par un flux continu, génétique et géographique, de l'Ouest jusqu'à l'Est ? Quelles catégorisations et sur quels caractères physiques, faire ici pour que ces races humaines deviennent un objet, une entité biologique ?
Quel silence oppressant lis-je habituellement quand il est l'heure de passer à l'identification biologique. Quel ridicule simplisme dans les réponses, lorsqu'elles jaillissent parfois !

Si à votre tour vous simplifiez ma réflexion proposée ici par "Tous ces groupes c'est la même chose finalement", on se demande alors pourquoi ne pas aussi ajouter le concept de sous-espèces, de familles, de groupes tribaux par exemple, dans votre liste précédente ! Car finalement, sous une approche très grossière, tous ces différents concepts "sont la même chose"... n'est-ce pas ? Des ensembles, des groupes...
Les amalgames de termes, la mise en égalité de concepts scientifiquement différents, subtilement différents, dont certains ne sont pas des entités biologiques, amenuisent la rigueur scientifique. De vous-même aussi, en quelque sorte.

Vous dites aussi : " [...] Il n'y a pas pire raison à évoquer. Est-ce que ça voudrait dire que si la science disait que les races existent, alors il faudrait être raciste ? Les raisons pour lesquelles il ne faut pas être raciste, ce sont des raisons morales et politiques, essentiellement, ce ne sont pas des raisons scientifiques. En fait la science ne traite que de faits, elle n'a rien à dire sur le plan moral et politique. Il y a donc nécessité, à mes yeux, et dans l'éducation en particulier, à différencier les discours moraux et politiques des discours sur les faits scientifiques. Comme les bonnes raisons de ne pas être raciste sont morales et politiques et non scientifiques, les bonnes raisons de protéger la biodiversité sont morales et politiques, elles ne sont pas scientifiques. "

En effet ! Je suis parfaitement en phase avec vous à ce sujet ; mais tout en regrettant d'autant plus que votre fine analyse - si fine qu'on la retrouve quasiment à la lettre sur pratiquement chaque publication abordant la problématique des races -, ne soit ici que véhiculaire d'une induction en aucune manière argumentée. Induisant par défaut que, "par conséquent, les races humaines seraient ainsi une division scientifiquement valable... mais tabou".
Regrettable, d'autant plus que vous avez de nombreux contacts avec des acteurs de l'éducation nationale, via notamment des colloques avec des enseignants de SVT, et enseignez vous-même.
Pourquoi ne pas soumettre aussi ces objections à la réflexion et discussion, plutôt que de constamment vous référer aux désormais célèbres poncifs plus haut, en bleu, qui sont cause entendue ?

(* ) " Et d'ailleurs, les Jacquard et compagnie, c'est bien de cela dont on les soupçonne ".
(Citaton lors d'une intervention de Guillaume Lecointre, en bas de document - dans un colloque composé notamment d'enseignants de SVT)
http://www.snes.edu/observ/spip/IMG/pdf_9-_Tort-Fortin-Questions.pdf

Rafael Terrón

 

NOTES

(1) Note de lecture d' Eric Bacque sur "Les fondements de l'eugénisme" de Jean-Paul Thomas - collection Que sais-je ?, 2007
(2) Stephen Jay Gould - La Mal-Mesure de L’Homme - Editions Odile Jacob, 1997
(3) James Flynn - What Is Intelligence? Beyond the Flynn Effect - Cambridge University Press, 2007
(4) Pierre Roubertoux - Existe-t-il des gènes du comportement ? - Odile Jacob, 2004
(5) Axel Kahn - La vieille obsession de la nouvelle droite - publié dans Marianne, 31 mars 2007
(6) Luigi Luca Cavalli-Sforza - Gènes, peuples et langues - Editions Odile Jacob, 2001
(7) Lynn B Jorde & Stephen P Wooding - Genetic variation, classification and "race" - Nature Genetics, 36, S28 - S33, 2004
(8) Rachel Caspari - Diversité multimillénaire, fruit d'échanges continus - La Recherche, n° 32, 1997
(9) David Serre et Svante Pääbo - Evidence for Gradients of Human Genetic Diversity Within and Among Continents - Genome Research 14,1679-1685, 2004
(10) André Langaney - Evolution et races humaines : que disent les gènes ? Propos recueillis par Louis Barda et Marie-Pierre Boisserie, 1er août 2007
(11) Stephen Jay Gould - Le Sourire Du Flamand Rose - Editions du Seuil 1988
(12) Pierre-André Taguieff - La Force du préjugé. Essai sur le racisme et ses doubles - La Découverte, 1988 ; rééd. Gallimard, 1990

Quelques lectures :
Bertrand Jordan - Les Imposteurs de la génétique - Editions du Seuil, 2000
Albert Jacquard et Axel Kahn - L’avenir n’est pas écrit - Bayard, 2001
Robert Plomin, John C. DeFries, Gerard E. McClearn et Michael Rutter - Des gènes au comportement. Introduction à la génétique comportementale - 3e éd., De Boeck, 1998
Bertrand Jordan - L'humanité au pluriel : la génétique et la question des races - Editions du Seuil, 2008

 

Glossaire

a) Racisme et racialisme sont volontairement confondus et parfois contractés en raci(ali)sme dans cette page. Racisme et Racialisme sont synonymes; la subtilité académique entre les deux n'étant qu' un doux euphémisme : "Si la génétique moderne démontre que les races humaines ne sont pas, le racisme est une triste réalité : ce ne sont pas les « races » qui créent le racisme, mais le racisme qui crée les « races humaines ». Le racisme a des origines historiques et sociales. C’est une idéologie qui réduit les hommes à leur nationalité, à leur appartenance ethnique, à leur religion, sur la base de caractères réels ou fictifs de nature culturelle ou physique, et qui considère les « autres » comme moralement et intellectuellement inférieurs. Le racisme revalorise ses partisans, leur permet de conserver des privilèges et de justifier leurs agressions. Le racisme peut être, mais n’est pas forcément violent. La marginalisation et la discrimination subtiles, au quotidien, sont blessantes pour les personnes qui en sont victimes et leur portent préjudice".

b) Race est une subdivision (variété morpho génotypique) d'une espèce animale provenant d'une sélection artificielle. En principe, les animaux d'une race doivent être conformes à un type (standard de la race). Une race pure est le résultat d'une endogamie répétée conduisant à une population génétiquement homogène. En langage vulgaire le terme race est parfois appliqué à une population humaine ayant un ensemble plus ou moins spécifique de caractères génétiques. Dans ce cas le terme n'a pas de signification précise parce que le polymorphisme génétique des populations humaines est trop grand pour que l'on puisse définir des standards".
(Dictionnaire de la Biologie, De Boeck 2006)

c) Le scientisme est un "point de vue apparu au XIXe siècle selon lequel la connaissance scientifique permettrait d'échapper à l'ignorance dans tous les domaines et donc, selon la formule d'Ernest Renan (1823-1892) d'organiser scientifiquement l'humanité. Il s'agit d'une foi dans l'application des principes de la science dans tous les domaines. Dans cette perspective, le politique s'efface devant la gestion « scientifique » des problèmes sociaux et toute querelle ne peut dès lors que relever de l'ignorance, de l'idéologie, ou d'une volonté de nuire : il existerait une « bonne solution » qui s'imposerait sans que la volonté, les desiderata ou la subjectivité d'un décideur n'aient à intervenir." (source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Scientisme ). Le Scientisme est donc une croyance irrationnelle en "la Science" - en majuscule et au singulier -, qui serait la seule à même de résoudre tous les problèmes existants ou à venir, y compris de société, d'éthique, etc.

d) - 58 000 ans est le chiffre proposé par l'équipe de Peter A. Underhill, Peidong Shen, Alice A. Lin, comme date du plus récent ancêtre commun de tous les hommes modernes. Étude publiée en 2000 dans la revue Nature, basée sur des polymorphismes binaires associés à des régions non recombinantes du chromosome Y humain : http://www.nature.com/ng/journal/v26/n3/pdf/ng1100_358.pdf

e)
La plasticité cérébrale est la capacité du cerveau à remodeler les branchements entre ses neurones. Elle est à la base des processus de mémoire et d’apprentissage, mais intervient également parfois pour compenser les effets de lésions cérébrales en aménageant de nouveaux réseaux. Ces modifications locales de la structure du cerveau dépendent de l’environnement et lui permettent de s’y adapter. Elle consiste à aménager dans le cerveau des chemins privilégiés pour faire circuler les informations importantes. Pour cela, il faut recruter des neurones, augmenter le nombre des connexions, libérer plus de neuromédiateurs ... Et cela se voit ! Plus un violoniste s’entraîne, plus la zone du cortex qui dirige son auriculaire gauche s’étend au détriment des zones allouées aux autres doigt, ce qui rend ce petit doigt d’autant plus agile ! Ce modelage des connexions inter-neurones est particulièrement actif chez les jeunes individus. Il permet par exemple la maturation du système visuel chez les nouveaux-nés, l'apprentissage des langues, etc. Mais pour certaines aptitudes, il intervient aussi tout au long de la vie : apprendre à conduire, à discerner 2 sons très proches... c’est la plasticité qui permet tout cela !
(Dictionnaire de la Biologie, De Boeck 2006)

f) Plus la peau est foncée, mieux elle filtre les dangereux rayons UV du soleil et protégera contre l'excès d'irradiations et ses graves conséquences. A l'inverse, plus la peau est claire, mieux elle synthétise la vitamine D grâce à l'action du soleil, vitamine indispensable entre autres à la calcification et croissance osseuse.
- En régions très ensoleillées, une peau foncée protège mieux des rayons du soleil => forte pression sélective sur les peaux ayant peu de mélanine.
- En régions peu ensoleillées, une peau claire absorbe ainsi mieux les faibles rayonnements solaires => forte pression sélective sur les peaux ayant beaucoup de mélanine.
Conséquences : inouites, lapons, scandinaves, et autres peuples nordiques ont tous, indépendamment les uns des autres et au fil des générations, "obtenu" (*) une coloration de peau moyennement plutôt très claire ; alors que tamouls, subsahariens, aborigènes, méso-amérindiens, indonésiens, et autres peuples de régions tropicales-équatoriales, ont tous une couleur de peau moyennement plutôt foncée. Avitaminose et rachitisme, tumeurs cancéreuses et trop fortes irradiations successives se sont occupés, au fil des générations - dans toutes les régions simultanément - de réduire progressivement les effectifs des extrêmes les moins préadaptés au taux d'ensoleillement.
* Obtenu entre guillemets, car il s'agit de la résultante - dans les populations -, de la diminution progressive puis quasi disparition des individus dont la quantité de mélanine était contextuellement moins bien adaptée. Il s'agit ici d'un schéma évolutif classique de réduction des effectifs des plus défavorisés, par une forte pression de l'environnement.

 

 

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