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La mort de Jean-Paul II
par Bruno Alexandre

( communiqué envoyé à la presse locale)

Après le débordement médiatique sans précédent et les drapeaux en berne de la république dite laïque, il y a de quoi s'inquiéter sur ce qu'il adviendra de la laïcité française, d'autant qu'elle devra bientôt faire face à l'assaut du conglomérat européen... Mais revenons à Jean-Paul II dont les médias, aussi objectifs que d'habitude, ont délibérément choisi de parler selon le registre bien pensant.
Si l'on dissocie l'homme de ses croyances, il faut reconnaître que Jean-Paul II fut un homme très courageux jusqu'à la fin. Les côtés positifs de son pontificat ont été tellement survalorisés que je voudrais ici, pour un peu plus d'objectivité, dire tout haut ce qui n'a été que susurré ou tu.
Je ne retiendrai, à titre d'exemples, que quelques points qui sont en contradiction avec l'annonce du caractère "sacré et inviolable" de la vie, de la conception à la mort. (Encyclique "Evangelium vitae": § 61)

1) Le refus de la contraception par préservatif comme moyen de lutte contre la pandémie du S I D A est responsable de milliers de morts dont les plus scandaleuses sont celles de petits enfants.
Nul n'a eu le courage d'attaquer le pape pour non assistance à personne en danger, comme l'a d'ailleurs fait remarquer Mgr Gaillot.

D'une façon plus générale, le grand théologien Hans Küng critique le pape pour son refus de toute contraception, faisant valoir qu'indirectement Jean-Paul II favorise le recours à l'avortement et qu'ainsi son intransigeance dogmatique donne objectivement un résultat inverse de celui recherché.

2) Le génocide du Rwanda : Jean-Paul II est resté silencieux sur le génocide le mieux monté et le plus rapide de l'histoire. L'Eglise a délibérément voulu cacher ses responsabilités dans ce monstrueux ethnocide dont les acteurs furent majoritairement catholiques.

On cache que l'Eglise, par ses missionnaires, a été à l'origine de la "raciation", chez un peuple qui vivait en équilibre. Elle a bien sûr commencé par privilégier la race désignée comme"supérieure" par ses ethnologues inspirés, les Tutsis, au détriment des Hutus…on connaît la suite.

3) La réconciliation avec les juifs est l'une des décisions les plus positives qu'ait prise Jean-Paul II mais cela est tempéré par le fait qu'il n'a jamais voulu reconnaître que l'Eglise en tant qu'institution avait eu une part de responsabilité dans le développement de l'antisémitisme.

De plus Jean-Paul II a eu l'ardent désir de béatifier Pie XII dont on connaît le silence sur la Shoah. Cette béatification se fera un jour, comme s'est faite celle du cardinal Stépinac, allié objectif , sinon de cœur, du régime croate oustachi pro-nazi qui a sur la conscience, selon les estimations minimales, 700 000 morts, tsiganes, juifs et serbes orthodoxes (des frères chrétiens!..)

4) Jean-Paul II a signé le Catéchisme officiel où il apparaît (§ 2309) que la doctrine de la guerre juste est conservée. (Au fait peut-il y avoir des guerres justes pour un chrétien qui sait qu'il sera amené à supprimer la vie de son ennemi qu'on lui a demandé d'aimer?…)

Cette doctrine qui vient du concile d'Arles (314), et a été concrétisée par St Augustin après la collusion du christianisme, initialement pacifiste, avec le politique, sous Constantin 1er, au 4ème siècle, a permis de justifier pratiquement toutes les guerres, justes ou non, où souvent des croyants au même Dieu, se sont entretués!

Comment ne pas rappeler aussi que Jean-Paul II est spécialement venu en France pour commémorer le 1500ème anniversaire du baptême de Clovis; ce faisant il a honoré rien moins qu'un criminel, car comment qualifier autrement un homme auteur d'injustes guerres d'agression et qui a sur les mains, selon les historiens, le sang de plus de douze de ses parents?

Jean-Paul II n'hésite pas à rencontrer les dictateurs de la planète. S'il est chrétien d'apporter la bonne nouvelle à tous, cela l'est moins de sympathiser en s'affichant par exemple avec le Général Pinochet à la fenêtre de son palais. Ce général est-il fréquentable au point qu'il mérite d'être décoré de la médaille des familles chrétiennes?…

Si Jean-Paul II admoneste les théologiens de la libération pourquoi ne fait-il pas de même avec certains de ses prélats qui soutiennent des dictateurs sanguinaires, suivant en cela l'exemple donné par de l'archevêque de Valparaiso qui en son temps s'était publiquement félicité du coup d'Etat militaire chilien?

5) Enfin dans son encyclique "L'Evangile de la vie" Jean-Paul II admet encore la peine de mort "en cas de nécessité absolue, lorsque la défense de la société ne peut être possible autrement" (Encyclique "Evangile de la vie": § 56 - Voir aussi le § 2267 du Catéchisme.)

Vraiment, est-ce bien Jean-Paul II qui a écrit: "La vie humaine est sacrée et inviolable dans toutes ses étapes et en toute situation."?!…(Encyclique "Evangile de la vie": § 87)

Bruno ALEXANDRE
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