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Lae Léman en hiver - vue satelliteLa formation du lac réserve encore quelques surprises et maints mystères à élucider pour les scientifiques. Nombreuses et variées sont les thèses écrites sur la genèse du Léman..

Le Léman, un peu de géophysique et d'histoire

Le lac Léman est traversé, d'est en ouest, par le Rhône, qui colmate de ses alluvions la partie amont – où il édifie un delta (la Bataillère) – et qui en sort à Genève par une percée de l'arc morainique qui retient le lac. Un système d'écluses, établi à Genève, permet d'atténuer les variations du niveau du lac dues aux irrégularités des régimes des torrents qui l'alimentent (Rhône, Morge, Veveyse, Venoge, Versoix, Dranse).
La température de l'eau atteint 20 °C en moyenne, en été, jusqu'à 30 m de profondeur. Le lac connaît de rapides variations de niveau (seiches), quasi quotidiennes, dues à une brusque dépression causée par le vent ou la pression atmosphérique, qui ont pour effet de comprimer la nappe. Le lac Léman appartient ainsi à la catégorie des lacs dimictiques, c'est-à-dire que ses eaux se mélangent complètement deux fois par an, au printemps et à l'automne, renouvelant ainsi l'oxygène des eaux profondes. Ce phénomène lui permet d'avoir une faune et une flore très riches, menacées par la pollution urbaine et industrielle, contre laquelle luttent des stations d'épuration.

Le Léman, une eau courante et dormante ?
Par définition, l'image d'une eau dormante est celle d'une eau où rien ne semble bouger. Tout dort inexorablement. Les objets flottant à la surface sont immobiles, les objets trop lourds pour être portés gisent sur le fond. L'eau dormante est donc caractérisée par un courant hydraulique nul ou tellement proche de zéro mètre/seconde que le mouvement qu'il crée reste imperceptible. Ce courant est si faible que le transport de tout matériau est impossible. L'eau dormante est par excellence une zone d'accumulation des particules transportées au préalable par une eau courante. Parce qu'elle sert de lieu de dépôt d'alluvions ou de colluvions, le comblement de cette zone est parfois très rapide. Elle sert aussi de bassin de décantation des déchets organiques et inorganiques des colonies de bactéries en suspension. L'apport de la matière organique a la particularité d'enrichir le milieu et ainsi favoriser la croissance d'autres organismes (zooplancton, phytoplancton, plantes, macro-invertébrés, etc.). Une conséquence indirecte de cette eutrophisation [voir chapitre protection] est, par suite de la prolifération d'êtres vivants, une importante consommation d'oxygène. Cette série d'événements successifs montre la différence importante qu'il existe entre le système de fonctionnement d'une eau dormante et celui d'une eau courante.

L'eau dormante est donc un système dynamique caractérisé par un courant dont la vitesse est égale à (ou très proche de) zéro mètre par seconde et dont les forces hydrauliques mises en jeu permettent en tout cas le transport des plus petites particules vers l'aval.
L'eau courante est un système dynamique caractérisé par un courant dont la vitesse est continuellement plus grande que zéro mètre par seconde dont les forces hydrauliques mises en jeu permettent en tout cas le transport des plus petites particules vers l'aval.

Ces définitions sont très réductrices. Il arrive parfois qu'une eau, dont la vitesse du courant est supérieure à zéro mètre par seconde, ne puisse transporter le matériel du fond. Une eau courante peut, par exemple, se transformer en eau dormante pendant une certaine période, à l'instar de certains bras de rivières isolés en période d'étiage. A l'inverse, une eau dormante peut momentanément être traversée par un cours d'au en période de crue. Les particules du fond sont alors transportées vers l'aval. Une pièce d'eau dormante est donc un système ouvert, c'est-à-dire dont l'évolution dépend des relations qui existent avec les systèmes avoisinants. Dans ce sens, l'équilibre n'est jamais atteint.

Origines

[ Extrait de "Le lac Léman" de O.Gonet ]
Il y a deux cent cinquante millions d’années, le lac Léman et son ourlet de montagnes n’existaient pas ! En ce temps-là, le Brésil, l’Afrique, l’Europe, l’Inde et l’Australie ne formaient qu’une seule et immense terre émergée : Le continent de Gondwana. Un point minuscule, perdu quelque part à l’horizon de ce continent : la Suisse Romande et la Savoie couvertes d’une forêt primitive, spongieuse, exubérante et peuplée, notamment, de grands reptiles. Mais les choses de la nature ne restent jamais immobiles. Imperceptiblement, le climat de la région se réchauffe, le soleil se fait plus pesant, les forêts s’éclaircissent, quelques traces de désert apparaissent, grandissent, s’étalent. Devant elles, la vie s’étiole puis disparaît. Il ne reste plus alors à la surface de ce très ancien Pays qu’une morne étendue de cailloux secs et brûlants. Et puis, le continent s’affaisse. Inexorablement. L’océan envahit tout ce qui deviendra plus tard le domaine des Alpes. Une mer gigantesque qui s’étend même jusqu’aux Indes, jusqu’à l’Himalaya. Elle est profonde et instable. Avec une extrême lenteur, ses fonds ne cessent d’onduler. Une respiration infiniment puissante : celle des bouillonnements qui brassent les tréfonds du globe. A certaines époques, des îles émergent en Suisse et en Savoie. Des petites îles de terre rouge, frangées de lagons verts et de corail, sur un horizon bleu de mer tropicale. Puis, elles disparaissent de nouveau sous les vagues, englouties pour des millions d’années. Pendant ce temps, des sédiments s’entassent lentement sur les fonds.

Ce sont les résidus de la vie et de la mort dans l’eau. Une couche qui s’épaissit de un à dix centimètres par millénaire... mille à dix milles mètres d’épaisseur par cent millions d’années. Ces énormes couches de sédiments seront la matière première des futures Préalpes. Car de nouvelles et formidables révolutions géologiques se préparent. Il y a vingt cinq millions d’années, le fond de la mer se soulève, un pays tout neuf sort de l’eau, se développe, grandit. Toujours plus haut. C'est le sommet des Alpes. Au coeur de la montagne en formation, un énorme noyau de granit. Un poing colossal venu directement des très grandes profondeurs incandescentes du globe. Voici maintenant les Alpes dans toute leur jeunesse. Les hauteurs sont majestueuses : huit, dix, douze mille mètres... on ne sait pas très bien. Mais d’où proviennent de pareils bouleversements ? ...On ne sait pas très bien non plus ! L’effrayant chaos qui règne au centre de la planète est inimaginable : des bouillonnements monstrueux, des digestions colossales, des températures effroyables...
Vous pourrez suivre la suite de cette histoire dans le livre de O.Gonet "Le lac Léman" publié par les éditions Costa Nova.

Hautement recommandé aux amoureux du Léman, ce livre est également en vente sur Internet.
D'autres extraits du même auteur sont disponibles à l'adresse suivante:
www.ctv.es/USERS/ogonet/leman/naissance.htm

 

3 lacs

Le Léman est, du point de vue géophysique, un des lacs les mieux connus et étudiés du monde. Ses fonds n'ont plus de secrets et il peut être considéré, suite aux différents aspects géo-électriques et géomagnétiques, d'étendue, de profondeur et de courants, comme constitué par trois lacs en un: Le Petit Lac, le Grand Lac et le Haut Lac. D'autres spécialistes préfèrent le diviser en seulement deux zones, comme nous le verrons plus loin.
À une altitude de 375 mètres, entre le Jura et le Mittelland au nord et les Préalpes du Chablais au sud, le lac Léman dessine la forme d'un croissant long de 72 km. Il se divise en deux à la hauteur de Nyon: le Grand Lac à l'est (largeur maximale de 13,8 km) et le Petit Lac, ou lac de Genève, à l'ouest. Le lac Léman occupe une dépression qui résulte du surcreusement effectué par l'ancien glacier du Rhône dans une région où les roches, affectées par des mouvements tectoniques contemporains de la surrection alpine, offraient une moindre résistance.

Fonds

Le mésoscaphe Auguste-Piccard a permis d'examiner les fonds lacustres et leurs sédiments. La gravimétrie étudie la répartition des roches profondes en mesurant leurs différences de densité quant à la sismique-réflexion, par écho-sondages depuis des bateaux, elle permet de dresser le profil des bassins avec l'épaisseur de leurs sédiments.
La profondeur du lac est actuellement de 310 m, mais les terrasses caillouteuses qui le bordent indiquent qu'il a connu, lors des périodes froides du Quaternaire, une plus grande extension.

Fiche signalétique du Léman

Type
Lac périalpin
Volume total d'eau
89 km3, ou 89 milliards de mètres cubes, soit le plus grand lac d'Europe occidentale
Superficie du plan d'eau

582,4 km2
Largeur maximum
13,8 km
Longueur dans l'axe
72,3 km
Périmètre
167 km de rives dont 95 km pour la rive nord et 72 km pour l'autre
Température minimum de l'eau
5° C
Temps moyen de renouvellement des eaux
12 ans
Superficie du bassin lémanique
18'890 km2
Position géographique moyenne
46° 27' N et 6° 32' E
Altitude moyenne
372 mètres
Profondeur maximum
309 mètres
Délimitation politique
Cantons suisses de Genève, Vaud et Valais, et départements français de la Haute-Savoie et de l'Ain
Affluents
Le Rhône principalement ainsi qu'une vingtaine de petites rivières et ruisseaux dont aucun n'est navigable
Bilan hydrologique des affluents
68% par le Rhône
7,5 % par la Dranse
8,9 % par les affluents secondaires
7,8 % par les apports d'origine atmosphérique
Le Léman est considéré équilibré avec un apport de 240 m3/s

Des compléments d'information très précises sur le Léman peuvent être obtenues sur le très intéressant site de l'ASL - Association pour la Sauvegarde du Léman : www.asleman.ch

 

Le nom du Léman

Dans toutes les langues étrangères, on connaît ce plan d'eau comme " lac de Genève ", " lake of Geneva ", " Genfersee " et j'en passe ! Cette pratique n'est pas sans soulever de vives protestations et réactions d'amour-propre chez les Vaudois et autres riverains du lac. Pourquoi donc le nomme-t-on ainsi ? Puisque c'est Le Léman ! Ainsi dénommé par les anciens géographes.
La question relative au nom authentique de notre lac a été soulevée par le professeur E. Plantamour dans une lettre adressée au Journal de Genève, le 11 mai 1880. Ce savant genevois se moquait agréablement du terme de " Léman " et lui trouvait un caractère à la fois archéologique, pédant et enfantin. Une polémique longue, vive et très nourrie, a suivi cette lettre, que dis-je, cette pierre, que l'astronome avait jetée dans le lac ! et qui a soulevé des ondes qui ont pendant longtemps oscillé d'une rive à l'autre…
Le Grec Strabon a appelé ce lac Lacum Palamenam. Pour Pomponius , c'était le Lacus Lamannus. Pline l'a appelé Lemanus. Ammien Marcellin l'a désigné par Palus nomine Lemannus. Dans l'itinéraire d'Antonin au Ier siècle après J-C., entre Nyon et Orbe, nous trouvons la mention Lacus Lasonio.
La plus ancienne carte de géographie que nous possédons de la région, la carte Théodosienne, dite de Peutinger, dessinée à Constantinople, vers l'an 393 selon certains historiens, en l'an 161 à en croire d'autres, désigne le lac sous le nom de Lacus Losanate. Il semble qu'au cours du moyen-âge, des désignations de Lac de Lausanne aient prévalu. Le sieur D'Anglure dans son Saint voyage à Jérusalem nous raconte : " Le lundi, 12e jour de juin 1396, nous passâmes le Rosne au port de Saint-Moris et venismes au giste à Viviers, sur le lac de Lozanne." Une ancienne gravure, faite à Venise en 1567, porte " Lago di Losanna ". Le nom de " lac de Genève " apparaît assez fréquemment au XVIe siècle. En 1538, le naturaliste suisse F. von Tschudi a inscrit Lacus Lemannus, der Losner- oder Jenfersee ". Le nom de " lac de Genève " se trouve inscrit en 1570 sur une carte du Père Ignazio Tanti ainsi que sur la carte manuscrite du syndic Jean Du Villard, dessinée à Genève, en 1581. Une gravure de Luca Verdelli faite vers 1590 et intitulée " Il vero disegno del lago di Geneva " montre un groupe de galères du duc de Savoie. La Chorographica tabula lucus Lemani, par J. Goulart, de Genève, en 1609, porte le nom " Lacus lemanus, nunc lac de Genève, Helvetiis Genfersee " Ainsi s'établit progressivement l'usage de mot lac de Genève dans les langues étrangères. Au contraire, le nom de Léman est devenu d'un usage général en Savoie et en France où il a reçu une implication officielle par le nom du département du Léman, donné au pays annexé à la France en 1798 comprenant le Faucigny, le Chablais et le Genevois, soit le Pays de Gex et Genève. Genève était le chef- lieu du département du Léman. Il y a eu l'éphémère République lémanique qui a duré du 24 janvier au 9 février 1798, puis le canton du Léman, appelé aussi " canton Léman " qui dura jusqu'en 1803.
Tant les poètes que les écrivains, genevois, vaudois ou étrangers n'ont mentionné le lac que sous le nom de Léman. C'est également le cas de toutes les cartes officielles.
Je cite F.-A- Forel qui a écrit à ce propos :
" Un lac est un individu géographique en lui-même et par lui-même. Il a sa vie propre et indépendante de toute action humaine ; ses relations avec les cités des hommes transitoires et passagères en comparaison de la durée bien supérieure du lac sont d'importance accessoire. On doit dire le Léman."

Paul Schauenberg, Le Léman vivant

 

Villages lacustres, revus et corrigés

Le peuplement préhistorique des bords du léman et des autres lacs alpins évoque immédiatement, pour le public, l'image des cités lacustres, que les spécialistes préfèrent nommer maintenant "village littoral ". Ces rivages ont été occupés, avec une intensité variable, du néolithique moyen au Bronze final, pendant plus de trois millénaires. Le palafitte (de l'italien palo : pieu et figgere : planter, ficher, en terre ) apparaît dans la préhistoire alpine avec le rapport de l'archéologue Ferdinand Keller décrivant les habitants mis au jour en 1853-1854 par la baisse des eaux du lac des Zürich. Dans la rade de Genève, on décélera également la présence de centaines de pieux immergés. Par analogie avec les villages côtiers de la Nouvelle-Guinée, référence à une population " primitive" dont on pensait qu'elle pourrait expliquer les genres de vie des néolithiques, Keller écrit que "toute une série de découvertes ont rendu évident le fait que, dans les temps très primitifs, des groupes de familles ou probablement des tribus entières, tirant leur subsistance de la chasse et de la pêche, avec quelque connaissance de l'agriclture, ont vécu sur les bords des lacs suisses, dans des huttes construites non pas sur le sol, mais sur des pilotis dans les bas-fonds près des rives". Cette théorie, parée de la caution de l'exotisme et passée dans l'imagerie populaire, connut un succès prodigieux et fut vulgarisée par le dessin et le livre. De nos jours, on en est revenu à des idées plus nuancées. Il semble que les villages aient été construits sur un rivage abandonné depuis peu par le retrait des eaux, à la suite d'une baisse de niveau liée à une phase de sécheresse. Les pilotis, dont seule la partie inférieure s'était conservée dans l'eau, représentent en réalité les pièces verticales soutenant la charpente des cabanes.