Les
PREUVES EXPÉRIMENTALES
Preuves à conviction,
en laboratoire, de l'évolution
| Autres
preuves | |
Les pinsons de
Darwin, à la coloration sombre et de la taille de moineaux, se répartissent
sur toutes les îles des Galápagos. Très bruyants, ils nont
quasiment aucune crainte de lhomme et constituent la sous-famille des Geospizae,
que lon ne trouve quaux Galápagos et sur lîle des
Cocos plus au nord. Treize espèces sont endémiques à larchipel,
toutes issues dune espèce originelle, Melanospiza richardson,
le pinson de Ste Lucie, aux Caraïbes. La ressemblance entre ces pinsons est
très frappante : à part le bec dont la forme est très variable,
difficile pour le non spécialiste de les distinguer. Les pinsons peuvent
être regroupés en plusieurs genres, suivant la forme caractéristique
de leur bec et, suivant leurs habitudes alimentaires. On distingue donc 4 groupes
et 6 genres, avec le pinson de lîle des Cocos. Le
gène Bmp4 et les pinsons de Darwin Preuve absolue d'évolution La
diversité de structure du bec dans ce petit groupe doiseaux éveilla
lintérêt de Darwin en 1835, qui réalisa, longtemps après
son voyage, quune espèce-mère sétait modifiée
à des fins différentes et pour des adaptations spécifiques.
Deux cadres conceptuels théoriques, ou interprétations différentes,
se dégagèrent, inspirées des réflexions de Darwin
sur les pinsons : lisolement et la compétition
entre individus - la
différence de nourriture entre les îles. Nous
allons voir maintenant que seules et telles quelles, ni l'une ni l'autre explication
ne sont complètes pour expliquer les becs des pinsons. En revanche, toutes
exercent une pression sélective ayant abouti, bien entendu de pair avec
l'isolement géographique, à la fixation des caractères et
des différents becs des pinsons... Et donc à la spéciation
des différents pinsons. On retiendra déjà que dans cet
exemple des pinsons de Darwin, les microévolutions que l'on développe
ci-dessous aboutiront à la macroévolution des pinsons... D'où
la nécessité d'intégrer que micro et macroévolutions
sont imbriquées, la dernière n'étant guère plus que
le qualificatif donné sur des microévolutions ayant résulté
en spéciation. Charles
Darwin n'avait pas les éléments qui vont suivre en sa possession
et ses réflexions se firent donc toutes sur la pression de la sélection
naturelle, mais sans aucun des mécanismes de variation actuellement connus,
qui tous précèdent le filtrage de la sélection naturelle.
Ces mécanismes de variation, intuitivement soupçonnés par
Darwin, complètent et confirment le bien fondé de la Théorie
de l'évolution darwinienne ; bien qu'ils relèguent le plus souvent
au dernier plan (dernier dans son sens chronologique) la pression sélective.
|
De gauche
à droite: Geospiza
magnirostris, G. fortis, G. parvula, Certhidea Olivacea |
Sur
des oeufs de 6 espèces de pinsons du genre Geospiza, Arhat Abzhanov
et ses collègues de la Harvard Medical School, Université de Princeton,
ont cherché quels facteurs protéiques de croissance étaient
exprimés lors du développement facial du crâne des oiseaux
(dont Geospiza magnirostris, G. rostris, G. fortis, Certhidea). Voici les
résultats : -
Sur les dix facteurs protéiques examinés, un seul - le Bmp4 -
est corrélé avec la croissance du bec. - De plus, une variation
d'expression en fonction des espèces fut découverte pour ce
gène codant la protéine Bmp4. - Variation en nette augmentation
pour l'espèce au plus gros bec, G. magnirostris. En
clair, cela signifie que les espèces aux becs les plus robustes et conséquents,
ceux brisant les graines, expriment plus tôt et plus fortement le gène
Bmp4 durant leur développement embryonnaire, que les espèces au
bec plus fin. Même si d'autres facteurs génétiques interviennent
probablement dans les différences entre pinsons, les variations d'expression
de Bmp4 sont responsables de la morphologie du bec des pinsons !
Désormais,
les bases moléculaires de la variation d'un caractère visible sont
connues ! C'est-à-dire que
pour la première fois, dire «Tel gène
est modifié, tel caractère sera changé» n'est
plus une spéculation basée sur quelques éléments forts
- dont la plupart étaient des pathologies observées sur des multicellulaires
-, mais une réalité de la biologie évolutive où le
raisonnement et processus évolutif est observé et expliqué. Les
variations d'expression d'un gène durant le développement embryonnaire
expliquant la variabilité du bec des pinsons, ce n'est rien de moins que
la théorie de la « ftalisation » de Bolk, qui est aussi
démontrée/confirmée, mais surtout la Théorie synthétique
de l'évolution, qui est de nouveau prouvée.
Dans le même registre, une découverte similaire portant sur les
variations de plumage hivernal de deux espèces d'oiseaux de genres et familles
différents, habitant tous les deux le Grand Nord, le Labbe parasite (Stercorarius
parasiticus) et l'Oie des neiges (Chen caerulescens). Skua
et Oie présentent tous deux un plumage hivernal noir et blanc. Similitude
de plumage qu'on expliquait jusqu'ici d'un point de vue théorique par l'
évolution convergente, mais sans aucune donnée génétique.
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Labbe
parasite (phase
sombre et hivernale) à gauche, Oie des neiges (phase claire) à
droite | La
génétique explique maintenant, pour ce cas précis, que ces
similitudes de plumage sont dues (en amont de la pression sélective), à
une même mutation sur un même gène, qui donnera une même
variation sur le plumage de ces deux espèces très différentes
phylogéniquement, par une variation de la quantité de mélanine
dans leur plumage. La mutation impliquée n'est rien d'autre qu'une
toute petite différence, un seul acide aminé, dans le gène
Mc1r. Gène codant pour le récepteur d'une hormone impliquée
dans les mélanocytes. Ainsi,
l'idée que de "multiples et innombrables variations successives,
qui par de nombreux gènes pouvant donner aléatoirement, et au fil
des générations, n'importe quelle forme d'organe, mais dont les
moins aptes seraient éliminés par la sélection"
tombe en poussières. Des contraintes génétiques existent
bel et bien dans le processus évolutif au niveau le plus fondamental, mutationnel
et embryologique ; elles semblent beaucoup plus restrictives et déterministes
qu'on ne pouvait le penser en donnant un choix de formes possibles moins large
que prévu. N'importe quel gène ne pouvant pas donner un nouveau
caractère, il semblerait plutôt que, au moins dans certains cas,
le chemin génétique est réduit ou semble plus ou moins le
même pour différentes espèces sans grande parenté entre
elles. Il
reste néanmoins que, bien que l'importance des différentes expressions
protéiques, limitées, prenne une place prépondérante
dans l'évolution par rapport à l'ancienne compréhension plus
darwinienne ; celle-ci est néanmoins confirmée et démontrée,
mais affinée, par ces toutes récentes découvertes qui furent
publiées au cours de l'année 2004. Références
et sources Abzhanov A, Protas M, Grant
BR, Grant PR, Tabin CJ. Bmp4 and morphological variation of beaks in
Darwin's finches. Science.
2004 Sep. + Quelques extraits de la revue Science&Vie, décembre
2004 La
drosophile à 4 ailes Preuve absolue d'évolution
Observez bien les
deux paires d'ailes de la mouche du vinaigre représentée ci-dessus.
Ce n'est pas anodin : toutes les mouches sont caractérisées par
une seule paire d'ailes fonctionnelles (la deuxième paire s'est transformée
en petits balanciers qui l'aident pour son vol très rapide et acrobatique)
d'où le nom de l'ordre auquel appartiennent mouches et moucherons, les
diptères (di = deux, ptera = ailes). Cette petite mouche
à l'avant-plan détruit à elle seule toute la thèse
créationniste... La
tête de gauche (ci-dessous) appartient à un individu sauvage de mouche
du vinaigre Drosophila melanogaster, celle de droite à un
mutant Antennapedia de la même espèce : à la place
des antennes, on peut facilement apercevoir des pattes parfaitement formées.
En moins de deux semaines, temps nécessaire à l'éclosion
des oeufs et à la métamorphose des larves en adulte, de profondes
variations ont surgi au sein d'une espèce. L'évolution à
vue d'oeil, par une simple mutation, sur l'animal de Satan - il est amusant de
le remarquer - comme il est amusant de souligner que des gènes indispensables
au développement de l'Homme sont interchangeables avec ceux de la mouche
! Les
gènes Hox de l'Homme sont interchangeables avec ceux de la mouche
Tous les animaux se
développent à partir d'une cellule unique qui, en se divisant, produit
des millions de cellules embryonnaires. Ces cellules s'arrangeront en un organisme
complet, où les os, les muscles, le cerveau et la peau s'intègrent
dans un tout harmonieux. Le processus fondamental est le même, mais des
organismes différents se formeront Au
vu des différences entre hommes, souris, mouches et vers, les embryologistes
pensaient que des mécanismes génétiques tout aussi variés
commandaient le développement embryonnaire de ces différentes espèces.
Aujourd'hui ils reconnaissent qu'une famille de gènes homologues - les
gènes HOM chez les invertébrés et les gènes
Hox chez les vertébrés - commandent des phases du
développement similaires chez tous les embryons d'animaux.
Si l'on ne considère que certains systèmes
moléculaires de la morphogenèse, les hommes ressemblent beaucoup
plus aux vers et aux mouches qu'on ne l'aurait cru. L'homme
et la mouche se ressemblent même tant que l'on peut remplacer les gènes
HOM de la drosophile par des gènes Hox de
l'homme ou de la souris sans perturber le développement embryonnaire des
drosophiles ! L'histoire
des " architectes moléculaires universels" que sont les gènes
HOM et Hox a commencé avec les études d' Edward
Lewis, de l'Institut de technologie de Californie, colauréat du prix
Nobel de médecine 1994 : depuis 1950, E. Lewis étudie le complexe
bithorax, un petit groupe de gènes "homéotiques"
de la drosophile. Ces gènes ont été nommés d'après
la racine grecque homeo, "semblable", car leur mutation provoque
la transformation d'un segment du corps à l'image d'un autre segment. Les
mutations des gènes du complexe bithorax entraînent généralement
de telles anomalies du développement dans la partie postérieure
de la mouche. Thomas Kaufman et ses collègues de l'Université
d'Indiana ont étudié un autre groupe de gènes homéotiques
de la mouche, le complexe Antennapedia: les mutations dans ces gènes
engendrent des anomalies du développement de la moitié antérieure
du corps; par exemple, certaines mutations dans Antennapedia, le gène
qui a donné son nom au complexe, provoquent la transformation des antennes
de la mouche en une paire de pattes supplémentaire. Ces mouches anormales
survivent parfois, et sont même capables de se reproduire. Le
développement des embryons porteurs de mutations antennapedia jusqu'au
stade adulte constitue une exception, car la plupart des mutations des gènes
homéotiques causent des malformations mortelles pour les drosophiles. Toutefois,
même les embryons qui ne survivent pas apportent de précieuses informations
aux embryologistes. A l'Université de Madrid, Ernesto Sanchez-Herrero et
Gines Morata ont découvert que l'élimination de trois gènes
du complexe bithorax (Ultrabithorax, Abdominal A et Abdominal
B) est mortelle. Cependant les embryons mutants survivent assez longtemps
pour développer des structures spécialisées : on a alors
constaté que les huit segments abdominaux étaient remplacés
par des segments thoraciques. Les
embryologistes s'intéressent aux défauts bizarres de certaines drosophiles
et aux conséquences de mutations des gènes homéotiques parce
qu'ils espèrent élucider les mécanismes de l'embryogenèse,
et percer ensuite le secret de la morphogenèse de tous les êtres
vivants. (Extrait de l'Évolution - Pour la Science, 1998) L'évolution,
une évidence sous nos yeux Preuves
à conviction, sur le terrain, de l'évolution
Dès
les débuts de l'agriculture et l'élevage, l'Homme s'aperçoit
que l'hérédité des caractères est une constante de
la vie, très rapidement il sélectionnera les graines ou les animaux
de son élevage qu'il préfère faire reproduire et expérimentera
les principaux mécanismes de l'évolution, la redistribution du patrimoine
génétique et la sélection des individus les plus adéquats
(artificielle dans ce cas, puisque de main d'homme). Sans même avoir donné
de mots ni d'explications précises à ces phénomènes,
l'Homme préhistorique manipulait la nature et faisait les premières
expérimentations biologiques qui infirmeront la création et la formation
du monde telle que la décriront, des millénaires plus tard, les
inventeurs des religions.
Ovis
orientalis,
le mouflon d'Europe (à gauche), est probablement à l'origine de
nos moutons domestiques et de toutes ses variétés d'élevage
que l'on trouve de part le monde, y compris en Australie où il fut, bien
entendu, importé récemment par les colons. Il ne se rencontre désormais
plus que dans des réserves, en Sardaigne et en Corse, où il est
insuffisamment protégé contre les braconniers et le métissage
avec le mouton domestique. Le même processus d'élevage, de culture,
puis de sélection pour obtenir des races et des variétés
de plus en plus particulières et différentes de leur souche fut
faite par les éleveurs, les agriculteurs, les jardiniers, etc. depuis au
moins 9000 ans. Les fruits, les légumes, les céréales,
le vin, la bière, nos chats, nos chiens, les chevaux, nos poissons rouges,
les fleurs dans notre jardin sont tous une flagrante démonstration de l'évolution
; une absolue
réfutation au créationnisme, au fixisme et au déterminisme,
que nous avons quotidiennement
sous les yeux. Le
prêtre Johann (Gregor) Mendel, botaniste et enseignant de physique
et sciences naturelles, voulut en savoir plus. Et ses expérimentations
sur l'hérédité des caractères chez les petits
pois, poursuivies de 1849 à 1864, le rendirent célèbre -
une célébrité posthume. Croisant des pieds de plante,
différents par un seul caractère (graine lisse ou ridée,
fleurs blanches ou colorées, etc.), il va suivre au fil des générations
et en fonction des nouveaux croisements effectués les lois de la réapparition
de ce caractère, donc de sa transmission. Ayant obtenu des résultats
décisifs, il entreprend des croisements entre plantes différant
par deux caractères. L'ensemble de ses conclusions, publiées en
1865 dans une revue à faible tirage, passera inaperçu et c'est seulement
après sa mort, en 1900, que seront redécouvertes par divers auteurs
(De Vries, Correns, Tschermak, Bateson, Cuénot) les lois fondamentales
de la génétique, désormais appelées lois de Mendel.
Ses successeurs découvriront les mutations, la double hélice,
les gènes architectes, etc. Tous les mécanismes et preuves de l'évolution
que nous connaissons n'auraient pu être étayés
sans les lois de Mendel. Rafael
Terrón
«
Depuis environ cent ans, on a montré, en laboratoire, qu'on pouvait changer
plusieurs caractères mesurables des bactéries et des mouches drosophiles,
par exemple. De même, en quelques milliers d'années d'élevage
sélectif, l'humain a changé plusieurs caractéristiques des
espèces qu'il a domestiquées. Ces faits démontrent que les
espèces peuvent être modifiées, qu'elles peuvent évoluer.
C'est une preuve directe, expérimentale, que les espèces peuvent
être transformées, qu'elles ne sont pas immuables. L'existence même
du grand nombre de races de vaches ou de chiens appartenant à la même
espèce et produites par sélection artificielle en relativement peu
de temps par l'humain contredit l'affirmation voulant que les espèces soient
immuables. Il en est de même des formes de bactéries qui, au cours
des dernières années, sont devenues résistantes à
nos antibiotiques. » Extrait
du livre « Le Miroir du Monde » de Cyrille Barrette
Avec son aimable
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