La
BIOGÉOGRAPHIE
Preuves à conviction
de l'évolution
| Autres
preuves | |
Chameaux, dromadaires,
vigognes et lamas se ressemblent-ils ? Répartis en 3 genres, Camelus,
Lama et Vicugna, ces quatre espèces appartiennent toutes à
une seule et même famille, les Camélidés. Étroitement
apparentés, ils dérivent tous d'un ancêtre commun qui vivait
il y a environ 3 millions d'années, vraisemblablement en Amérique
du Nord. Les descendants de cet ancêtre ont colonisé l'Asie, en passant
par l'Amérique du Nord, puis l'Afrique. Ils s'y sont adaptés et
se sont diversifiés, tout en conservant bien des caractéristiques
communes et des particularités propres à la famille, dont quasiment
les mêmes espèces de parasites ! Le
poux des chameaux Preuve à conviction de coévolutions Malgré
leurs ressemblances anatomiques, les camélidés semblent extérieurement
assez différents, une ou deux bosses, ou absence de bosses, accentuent
cette impression. L'une des lignées regroupant dromadaires et chameaux,
du genre Camelus, peuple les régions montagneuses de l'Asie
et de l'Afrique subtropicales, alors que l'autre, représentée par
les genres Lama et Vicugna, (vigogne, guanaco, et
leurs variantes domestiques, l'alpaca et lama domestique), colonise les climats
montagneux plus froids d'Amérique du Sud. Malgré les différences
morphologiques et de distribution géographique entre ces mammifères,
les poux qui vivent dans leur pelage sont très semblables. Les camélidés
abritent donc tous les mêmes parasites, que l'on ne retrouve pas sur d'autres
animaux. Les lieux d'habitation du groupe dromadaires/chameaux et des lamas/vicognes
ne se recoupent pas, ils n'ont donc pas pu échanger leurs visiteurs.
Leur ancêtre devait déjà être accompagné de ce
parasite, qui a gardé son environnement et n'a pas ou peu évolué.
En effet, la température du corps, l'humidité ambiante dans la fourrure
et la composition générale du sang n'ont pas varié durant
la radiation des chameaux, dromadaires et lamas.
|
Pou
du groupe Camelus | Pou
de l'ancêtre | Pou
du groupe Lama | | |
(A)
Ancêtre (B) Vicugna vicugna (C) Lama
guanicoe (D) Camelus bactrianus (E) Camelus dromedarius |
Cet
exemple illustre plusieurs choses. - D'une part que la vitesse d'évolution
des parasites est généralement plus petite que celle de leurs hôtes
- ainsi est-il possible que des groupes d'animaux parents abritent les mêmes
parasites. D'un autre côté, les parasites font accélérer
l'horloge de l'évolution puisqu'en nuisant à leurs hôtes,
ces derniers développent des mécanismes de défense.
- Et d'autre part, illustrant parfaitement le phénomène
de coévolution, il démontre l'origine commune à tous les
camélidés. Sans cette (co)évolution, on ne pourrait expliquer
la présence de quasiment les mêmes parasites, ce sur des hôtes
dont la distribution est aux antipodes, sur différents continents. C'est
une nouvelle preuve de l'évolution. Le
principe de coévolution concerne cette interaction entre deux organismes
vivant ensemble qui, à chaque adaptation de l'autre, répondent par
une nouvelle modification. Les désavantages sont détournés
par l'apparition de nouvelles propriétés, qui peuvent représenter
un avantage sélectif dans certaines circonstances. L'apparition de nouvelles
propriétés implique une grande variabilité intraspécifique,
ce qui aboutit à un moment donné la distinction de deux sous-espèces
puis espèces. Ceci est valable autant pour l'hôte que pour le parasite.
On a aussi observé que la diversité des espèces végétales
était plus grande chez les familles parasitées.
Comment
sait-on que ces 4 mammifères ont tous un ancêtre commun ?
Toutes
les données et indices paléontologiques le confirment ! Plus récemment,
les moyens à disposition par la biologie moléculaire - faisceau
de preuves cumulées -, pointent tous vers la même conclusion. On
ne pourrait en faire le tour ici. On se limitera donc aux caractères anatomiques,
communs et dérivés des Camélidés. Le
groupe des Tylopodes, représenté à l'heure actuelle par la
seule famille des camélidés, se caractérise par :
- 2 ou 4 doigts ; appui sur les surfaces plantaires de deux doigts (coussinet
élastique épais) ; pas de sabot vrai, mais réduit au devant
de la phalange comme un ongle. - Canines supérieures développées,
molaires sélénodontes (cuspides en croissant de lune) - Une
seule paire de mamelles et absence de cornes - Ruminants à l'estomac
comprenant 3 parties, et quelques particularités anatomiques : rumen et
réseau possèdent des sacs glandulaires dits "cellules aquifères".
Les
Camélidés, famille subalterne des Tylopodes, ont pour caractéristiques
principales dérivées : - Seulement 2 doigts (didactyles).
Les doigts ou rayons latéraux ont disparu. - Os de l'avant-bras soudés,
et un os dans le diaphragme. - Souvent, les prémolaires ont la forme
de canines et sont séparées des autres molaires. - Pas de mufle,
les narines peuvent être fermées. Lèvre supérieure
fendue en deux. - Encolure allongée et très longues pattes.
Marche dite "à l'amble". - Globules rouges elliptiques
et plans, absence de vésicule biliaire, etc.
Questions
aux créationnistes et tenants du "dessein intelligent" :
-
Il existe environ 2500 espèces de Mallophages (poux), tous parasites de
différents animaux. Comment peut-on expliquer, autrement que par la coévolution
des camélidés et leur origine commune, l'extraordinaire similitude
de leurs parasites ? Problèmes
de distribution géographique Preuves à conviction
de l'évolution
En rouge, les
lémuriens : groupe très diversifié de primates,
comportant pas moins d'une trentaine d'espèces, sont réunis exclusivement
à Madagascar. Les félins
en revanche, redoutables
prédateurs et ennemis jurés des primates, très répandus
en Amérique,
Afrique, Asie et Eurasie, n'existent pas à Madagascar. En bleu,
les singes platyrrhiniens : singes arboricoles possédant une
queue le plus souvent préhensile, comprennent environ 90 espèces
qui habitent les grandes forêts équatoriales d'Amérique centrale
et du Sud. Leur longue queue préhensile est très utile pour s'agripper
aux branches des arbres et pour équilibrer le singe durant ses grands sauts
entre les arbres. Pourtant, en Afrique et Asie où les forêts équatoriales
ont des arbres eux aussi avec des branches, la queue des singes n'est pas préhensile... En
vert, les marsupiaux évolués,
soit tous les marsupiaux non américains. Il existe dans les Amériques
quelques espèces représentant deux familles de
marsupiaux - ou ordres
selon d'autres systématiciens - aux caractères très archaïques,
les sarigues et les caenolestes. Deux ordres de marsupiaux que, réciproquement,
on ne trouve pas en Australie. Pourquoi
ces particularités géographiques, pourquoi ces espèces n'existent-elles
pas ailleurs ? On peut répondre, pour le groupe des marsupiaux
australiens, que leurs ancêtres ont disparu partout où les placentaires
leur faisaient trop forte concurrence, ce qui est confirmé par les fossiles.
Mais cette réponse confirme l'évolution : les marsupiaux, suite
à l'arrivée d'espèces de plus en plus compétitives
de placentaires, ont fini par disparaître partout sauf dans le seul
continent que n'ont jamais colonisé les placentaires (chauve-souris exceptées,
vu qu'elles volent) ; et les marsupiaux s'y sont diversifiés au
point d'occuper les niches écologiques avec des formes similaires à
leurs analogues placentaires. (Et c'est de nouveau confirmé, entre autres,
par l'absence totale de fossiles de placentaires en Australie et Nlle Zélande).
Pour les lémuriens de Madagascar et les singes sud-américains
à queue préhensile, c'est là aussi un exemple de phénomène
de diversification par isolement géographique avec l'ancien monde. Des
phénomènes totalement inexplicables par un processus autre que l'évolution.
Les premiers Espagnols
qui atteignirent les Galápagos ne tardèrent pas à y découvrir
les tortues géantes, qui leur apparurent comme la réplique monstrueuse
des petites "galápagos" - chéloniens d'eau douce - qui
pullulaient dans les marais de la péninsule Ibérique ; c'est pourquoi
ils donnèrent à l'archipel ce nom qui est resté depuis lors.
Ces animaux gigantesques mesurent 1,50 m de longueur et pèsent
jusqu'à 250 kg. Originaires du continent sudaméricain distant de
1000 kms, leurs ancêtres du Miocène ont traversé cette distance
par voie de mer grâce à leur aptitude à flotter très
longuement et leur grande résistance aux besoins physiologiques. On ne
peut non plus écarter la possibilité d'un transport passif sur des
radeaux, tels des troncs d'arbres par ex. Actuellement encore, les îles
plus ou mois distantes du continent sont fréquemment colonisées
de la sorte par les espèces continentales.
Si
l'énigme de la conquête de l'archipel par ces chéloniens est
intéressante, que dire alors du problème posé par le fait
que chaque île en possède des variétés bien individualisées.
Force est d'admettre que, après la colonisation de ces îles par l'espèce
souche, la différenciation eut lieu in situ. Les tortues
des Galápagos sont ainsi l'exemple le plus remarquable de l'extrême
diversification à laquelle l'isolement géographique peut
conduire une souche unique à l'origine. En réalité,
les nombreuses formes de tortues des Galápagos ne constituent pas des espèces
fondamentalement différentes, mais sont seulement des sous-espèces
dérivées de Geochelone elephantopus. Les diverses
variétés de ces tortues géantes occupent le plus souvent
des îles différentes ; il ne peut ainsi pas y avoir d'hybridation
entre elles. Et même dans les endroits où plusieurs variétés
cohabitent, comme à Isabela, les croisements sont impossibles, étant
donné que les populations se trouvent confinées chacune sur l'un
des 5 volcans de l'île et qu'elles ne sauraient franchir la distance qui
les sépare. Madagascar,
un laboratoire du vivant
Madagascar est
une grande île de 590 000 km2, située au sud-est de l'Afrique. Le
point de l'île le plus proche du continent africain en est éloigné
de 340 km. Sur la côte est s'étend une large bande de forêt
humide, perpétuellement verte qui fut autrefois beaucoup plus étendue.
Les vents alizés apportent sur la côte pendant toute l'année
une grande humidité qui favorise une végétation exubérante.
L'une des zones est un peu plus sèche et l'on y trouve quelques bandes
de savane à végétation buissonnante. Le centre de l'île,
jusqu'au sud, est couvert de surfaces herbeuses étendues. Des savanes s'étendent
sur la côte occidentale, coupées parfois de forêts sèches.
Dans ces régions, le climat connaît des alternances de périodes
sèches et de périodes humides. Au sud et au sud-ouest de l'île,
les côtes sont semi-désertiques et ne portent qu'une végétation
d'herbes dures et d'euphorbes. Les sommets des plus hauts massifs montagneux,
qui s'étendent au nord de l'île, dépassent 2 800 m d'altitude.
|
On
estime la flore de Madagascar à environ 12 000 espèces, dont le
80% est endémique à Madagascar, et l'île est particulièrement
riche en représentants de lignées (taxons) archaïques, reliques
d'avant l'époque de la fission de l'île avec l'ancien continent appelé
le Gondwana. Ces taxons ont bien entendu évolué depuis, mais
confirment cependant ce phénomène géologique. On se
représente mal aujourd'hui la flore originelle de Madagascar. Une grande
partie des peuplements, surtout les forêts, a été détruite
par l'homme. Des secteurs forestiers très étendus ont été
défrichés ou brûlés. Des populations venues d'ailleurs
ont amené avec elles des animaux domestiques, tels que chèvres,
moutons, porcs, chats et chiens. Beaucoup de ces animaux sont redevenus sauvages
et ont causé des ravages, non seulement dans la faune autochtone, mais
aussi dans la flore. C'est pourquoi on ne trouve pratiquement aujourd'hui à
Madagascar que des restes de la faune et de la flore des origines. Parmi les plantes
importantes et d'intérêt économique se trouvent, par exemple,
les palmiers du genre Hyphaene, dont le tronc est ramifié, ce qui
est exceptionnel chez les palmiers. Le Ravenalla madagascariensis, autre
plante connue, voisine des bananiers, est considéré comme un réservoir
d'eau. La partie inférieure de ses feuilles flabellées forme une
sorte de cornet où s'accumule, pendant la saison des pluies, une réserve
d'eau (on l'appelle l'arbre des voyageurs). Un autre arbre caractéristique
de Madagascar est le baobab en forme de bouteille, qui croît dans les régions
sèches près du rivage occidental de l'île. Son bois spongieux
absorbe l'eau pendant la saison des pluies et garde cette humidité pendant
la saison sèche. Dans la région où il se développe,
il ne pleut que trois mois par an. Les arbres de Madagascar sont très
divers et leurs branches portent communément un grand nombre d'épiphytes,
surtout des orchidées. On connaît plusieurs centaines d'espèces
de ces plantes exotiques dans l'île, et les botanistes en décrivent
constamment de nouvelles. Les filicinées sont également très
nombreuses. Enfin de longues lianes grimpent sur les troncs élevés,
et l'on en compte aussi plusieurs centaines d'espèces. La
faune de Madagascar est aussi, quant à elle, particulièrement fascinante,
car on y trouve de nombreuses espèces et lignées d'animaux qu'on
ne rencontre nulle part ailleurs (certaines de ces espèces ont disparu
très récemment). Bien que Madagascar ne soit séparée
du continent africain que par une étroite bande de mer, on ne trouve pas
dans sa faune d'indices témoignant d'une liaison avec le continent au cours
des derniers 60 millions d'années. La faille qui existe entre l'Afrique
et Madagascar est géologiquement très ancienne ; elle atteint jusqu'à
900 m de profondeur. Les zoogéographes cherchent encore aujourd'hui à
quel continent Madagascar était, à l'origine, rattachée.
Était-ce l'Afrique, l'Asie, ou encore l'Amérique du Sud, ou bien
l'île s'est-elle formée indépendamment, par surrection des
fonds marins? On ne peut en décider aujourd'hui en toute certitude. La
faune et flore malgache a des traits continentaux qui attesteraient pourtant d'une
liaison avec l'Afrique, mais avec des caractères qui prouvent un long isolement.
On pourrait, pour conclure et expliquer l'origine de la biodiversité
de Madagascar, formuler d'une autre manière : Madagascar est probablement
une île continentale où des millions d'années d'isolement
ont engendré des phénomènes d'évolution et d'adaptation
semblables à ceux qui sont intervenus dans des îles océaniques.
C'est la raison pour laquelle - ainsi que le dit Carlquist - tous les phénomènes
caractéristiques de la vie insulaire se rencontrent à Madagascar
: rayonnement adaptatif, "fossiles vivants",
endémisme, gigantisme, oiseaux terrestres
et grande vulnérabilité des espèces aboutissant,
hélas, à l'extinction de certaines d'entre elles. Rafael
Terrón
«
La distribution géographique actuelle des espèces est révélatrice
de leur histoire. Ainsi, les espèces de plantes et d'animaux qui ressemblent
le plus à celles des îles Galápagos sont des espèces
vivant en Équateur, la terre ferme la plus proche, à environ 1000
km. Cette distribution géographique suggère fortement que des espèces
de l'Équateur ont émigré jusqu'aux Galápagos et s'y
sont transformées sous des conditions légèrement différentes.
Si toutes les espèces avaient été créées indépendamment
les unes des autres, alors pourquoi le Créateur aurait-il placé
tous les marsupiaux en Australie et aucun en Afrique ? Ou pourquoi avoir placé
tous les lémurs à Madagascar, ou tous les singes à queue
préhensile en Amérique du Sud, ou aucun ours en Afrique ? Ça
semble des caprices sans raisons. Rien dans le climat australien ne permet de
croire qu'une poche marsupiale est avantageuse seulement dans cette île
; rien dans la structure ou l'écologie des forêts d'Amérique
du Sud n'oblige à porter une queue préhensile plus qu'en Asie ou
en Afrique. Ces
distributions géographiques selon lesquelles plus les espèces qui
se ressemblent habitent près les unes des autres indiquent que ces dernières
ont évolué à partir d'ancêtres communs ayant émergé
à un endroit particulier. Tout comme la distribution des Tremblay au Québec
il y a cinquante ans. L'alternative serait que le Créateur n'aurait pas
distribué ses créatures n'importe où, mais aurait placé,
sans raison, les espèces les plus semblables tout près les unes
des autres, et mis une distance de plus en plus grande entre les espèces
de moins en moins semblables. L'évolution explique très bien toutes
ces distributions géographiques à première vue fantaisistes
et mystérieuses. » Extrait
du livre « Le Miroir du Monde » de Cyrille Barrette
Avec son aimable
autorisation Pour
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